ASMCDM
Depuis la sortie fracassante de la directrice, un silence oppressant pesait sur la pièce. Elle venait très clairement de nous faire comprendre qu'alors que nous n'étions que des mineurs, il était de notre devoir de combattre des monstres invincibles pour le commun des mortels. Ma dernière rencontre avec l'un deux m'avait d'ailleurs laissé un souvenir bien amer.
- Je ne sais pas pour vous mais, personnellement, je ne vois pas de mal à devenir le sauveur de l'humanité !
Tels des automates, nous nous retournâmes tous vers celui qui avait pris la parole : Will. L'atmosphère se détendit immédiatement alors même que j'entendais de légers rires résonner autour de moi.
- Il vaut mieux qu'on se présente avant de réfléchir la dessus, vous ne croyez pas ?
Cette fois ci c'était Sarnek qui venait de s'exprimer, son fauteuil roulant ainsi que son temps bien plus pâle que les nôtres ne laissaient aucun doute quant à son identité. Malgré son handicap, je remarquai chez lui une carrure imposante et des muscles développés.
Étant donné que tous acquiescions à sa demande, il commença à nous parler de lui, sa voix grave et solennelle résonnant dans la pièce. Régulièrement, il passait une main nerveuse dans ses cheveux noirs coupés à ras, alors même que rien d'autre, de son apparence ou de sa manière de se tenir, ne laissait deviner une quelconque gêne. Je compris rapidement qu'il s'agissait là d'un tic, sûrement dû à l'anxiété.
Chacun imita le nordiste, informant ainsi les autres sur son âge, ses pouvoirs et ses origines. Durant cet exposé, Kita et moi avions échangé mentalement, avant d'être rejointes par Will. Elle et moi ne tardâmes pas à apprécier le souriant métamorphe qui semblait très ouvert et enjoué, nous faisant d'ailleurs rire plus d'une fois avec ses commentaires décalés. Ayant très bien remarqué notre manège, Kol ne tarda pas à nous faire redescendre de notre nuage : nous apostrophant, il nous enjoignit à faire profiter à tous de notre conversation télépathique. Surprise par sa réaction pour le moins violente, je tardai à répondre à sa remarque accusatrice. Nous ayant cloué le bec, il continua son bref récit dans un silence plus pesant qu'auparavant.
Je le fixais, éberluée devant son arrogance. Avec ses manières froides et ses gestes calculés, il détonnait paradoxalement dans un cercle plus chaleureux et attentif que droit ou sévère. Ses pupilles ne reflétaient aucune émotion, me laissant une désagréable impression de malaise.
Sans surprise, nous finîmes par décider d'un commun accord d'accepter la proposition de l'organisation. A vrai dire, nul ne devait se sentir capable de refuser, cela aurait été un poids trop lourd à porter. De plus, Oriana semblait avoir revigoré certains avec ses remarques sacarstiques sur la lâcheté.
Quelques minutes plus tard, la directrice et nos tuteurs revinrent dans la pièce. Bien entendu, aucun ne s'attendait à une réponse négative de notre part, nous étions faits comme des rats. Après nous avoir, par pure politesse, demandé notre choix, on nous conduisit dans le dernier sous-sol du bâtiment. Celui-ci en comptait plusieurs, ce n'était pas une surprise étant donné sa taille. L'étage ou nous avions atterri semblait n'être composé que d'une seule pièce, immense bien entendu. Noir du sol au plafond, l'espace enjoignait peu à la gaieté.
Au cours de mon inspection je remarquai une division évidente de l'endroit : un côté semblait dédié aux entraînements sportifs et l'autre à la maîtrise des pouvoirs.
Une fois la phase de découverte passée, la directrice, madame F comme elle se faisait appeler, nous servit un speech sur les nombreux tests que nous devrions effectuer, la plupart dans la salle même où nous nous trouvions. Tout d'abord, il nous fallait découvrir nos pouvoirs, notamment ceux liés à la dernière vague, celle qui nous avait changé d'espèce. Bien entendu, un agent secret tel ce que nous étions censé devenir devait être en bonne forme physique, même si nous nous ne serions techniquement pas très secret. De plus il semblait important pour l'agence que nous soyons tous experts en arts martiaux. J'en avais déjà occasionnellement pratiqué, rien de plus, tout l'inverse de Kol et Oriana. Cette dernière nous gratifia d'ailleurs d'un ironique :
- Mais c'est fabuleux tout ça !
La présentation finie, on nous annonça qu'on nous renvoyait chez nous mais que nous reviendrions quelques jours plus tard pour deux semaines de stage intensif. Cette idée me fit froid dans le dos, les choses sérieuses commençaient déjà... Après avoir dit aurevoir à mes sept nouveaux camarades, je suivis Warren qui devait me ramener en France. Je cru comprendre qu'il allait me servir de garde du corps, ce n'était pas pour me réjouir, je chérissais mon indépendance. Néanmoins je savais que je n'avais pas mon mot à dire, aussi j'acceptai tout en m'en indignant télépathiquement avec Kita et Will. Je m'étonnais d'ailleurs de pouvoir continuer à leur parler, normalement personne ne réussissait à couvrir une telle distance.
Ce fut en sortant du bâtiment que je perdis tout contact avec Will, alors même que Kita gardait toutes ses connexions. Je finis par ne plus l'entendre elle aussi alors que je survolait l'océan Atlantique. Nous avions très bien compris que son don de télépathie s'était sans doute développé sur la distance.
Revenue chez moi, je m'effondrais immédiatement sur mon lit. Il était minuit largement passé et faisait nuit noire, je me sentais plus exténuée que jamais. Étant donné l'heure plus que tardive de mon retour, je n'avais croisé personne, ou du moins personne de réveillé. Malgré ma fatigue je fis un rapide calcul avant de m'assoupir, il était quatre heure, je me levais à sept heure : ô joie, cela me faisait un peu de sommeil !
- T'as l'air d'une déterrée !
La joyeuse exclamation ajoutée à mon réveil-matin et à mon petit frère sautant avec ardeur sur mon lit acheva de me réanimer. Me sentant déjà alanguie, je compris que la journée serait dure. D'un coup la revivification de mes souvenirs récents se fit dans mon esprit abruti de fatigue. L'ASMCDM, New York, les ombres, tout me retomba dessus d'un coup, me rajoutant une migraine et m'assurant un bel état d'épave pour le reste de la journée. Journée que je comptais bien passer avachie sur ma table, bien entendu.
Habillée, coiffée, nourrie et propre, je me dirigeai tel un zombie vers le lycée, tout mon être rêvant alors de mon lit bien douillet. Or, à mon grand dam, tout le monde sembla me sauter dessus à peine arrivée, j'avais oublié mon départ de la veille en limousine sous les feux des projecteurs. La cohue me vrillait le cerveau et je regrettai amèrement de ne pas avoir insisté pour rester me reposer chez moi. Une fois extirpée tant bien que mal de cette marée humaine j'arrivai enfin jusqu'à ma salle de classe. J'attendais avec impatience le moment d'annoncer à Estelle que j'avais rencontré Elmood Hoàng, elle qui semblait être la première de ses fans.
Vers dix heure pourtant, mon organisation de journée fut légèrement chamboulée quand un professeur affolé déboula en plein cours en m'appelant à l'aide. Une ombre était apparue dans l'enceinte du lycée, un véritable cauchemar pour l'enseignant semblant au bord de la crise de nerf. Néanmoins personne ne pouvait se sentir plus mal que moi, je n'avais aucun début d'idée sur ma façon de me débarrasser des ombres alors que tous comptaient sur moi. Me retroussant mentalement les manches, je me dirigeai rapidement vers le monstre qui terrifiait mon établissement, sentant sur moi le poids de bien des regards.
Sortie de ma salle, je traversai seule le couloir dans un état second. Avant de même de pousser la grande porte, je sentis un souffle brûlant provenant de l'extérieur. L'ombre se déchaînait au milieu de la cour, brûlant arbres et bancs sans se soucier de qui que ce soit. Grande d'une demi-douzaine de mètres, elle surplombait la cafétéria encore miraculeusement indemne.
Un tourbillon de pensées m'embourbait l'esprit, mes émotions s'agitaient comme des folles et je me sentais au bord de l'évanouissement. A ce moment précis je regrettais de ne pas avoir encore effectué mon stage intensif, il m'aurait sans aucun doute bien servi.
Je compris bien vite que ce monstre n'avait absolument rien à voir avec le dernier que j'avais pu rencontrer. Celui-ci dégageait une odeur écoeurante de soufre ainsi que d'oeuf pourri qui me prit immédiatement à la gorge, en plus d'une chaleur étouffante empêchant quiconque de l'approcher. Il dut un moment me voir puisqu'il se figea soudainement, accompagnant cette absence de mouvement par une sorte de condensation de sa propre matière.
La panique me paralysait, comme ma vie aurait été plus simple sans ces fichues vagues de pouvoirs ! Sans elles, je serais encore une jeune adolescente normale, n'aspirant qu'à avoir de bonnes notes et du temps à passer avec ses amis. C'est quand on se retrouvait au fond du gouffre qu'on se rendait compte à quel point notre ancien quotidien pouvait être agréable. Or, les vagues avaient bel et bien envahi la Terre, l'étouffant dans leur étreinte pernicieuse, la laissant se réjouir avant de lui envoyer les monstres les plus dévastateurs.
Je savais que je devais réagir face à mon ennemi, mais comment ? Lors de mon dernier combat, j'étais passée en vengeure et mon corps avait par la suite agi de lui-même, peut être était-ce la solution ?
Avant même d'avoir pris une décision, je vis le monstre former une masse trapue qui fondit à toute vitesse vers moi.
*
Une petite partie qui sort aujourd'hui, j'espère ainsi compenser le [ en pause ] du titre qui gêne certain ! XD
Néanmoins ne vous attendez pas à ce que je reprenne mes publications régulières, avec la rentrée qui approche ce serait vous donner des faux espoirs ^^'
En espérant que le livre vous plaise toujours autant !
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