Chapitre 8 : Le secret du destin
Les jours s'étaient écoulés depuis leur retour à Camelot, mais Merlin ne trouvait pas le sommeil. Les mots du druide, le regard insistant d'Arthur, et ce parchemin énigmatique résonnaient encore dans son esprit. Ce n'était pas seulement son secret en tant que sorcier qui le troublait, mais celui, bien plus grand, de leur destinée commune.
Assis sur le rebord de la fenêtre de ses quartiers, Merlin contemplait la lune, son cœur lourd. Il savait qu'Arthur méritait de savoir la vérité, mais il craignait les conséquences.
Gaius entra, portant un plateau avec une infusion apaisante.
— Tu n'as pas fermé l'œil depuis des jours, Merlin. Cela ne t'aidera pas à penser clairement.
Merlin prit la tasse, mais il n'y toucha pas.
— Gaius... et si je disais tout à Arthur ? Pas seulement sur ma magie, mais sur notre destin ? Sur Albion, sur cette prophétie qui dit que nous devons unifier les royaumes ?
Gaius s'assit près de lui, son visage empreint de gravité.
— C'est une décision risquée, Merlin. Arthur est peut-être prêt à entendre certaines vérités, mais pas forcément toutes en même temps. La révélation de votre destinée commune pourrait renforcer votre lien, ou au contraire, le briser si Arthur ne se sent pas prêt à porter un tel fardeau.
— Mais il le porte déjà, qu'il le sache ou non, rétorqua Merlin. Chaque jour, il fait face à des ennemis qui veulent sa mort, à des responsabilités qu'il n'a pas choisies. Et moi, je suis là, à cacher ce que je sais, alors que je pourrais l'aider à comprendre sa véritable place dans ce monde.
Gaius posa une main réconfortante sur son épaule.
— Il y a une différence entre être prêt à entendre la vérité et être prêt à l'accepter. Pose-toi cette question, Merlin : Arthur te croira-t-il ? Et si oui, te pardonnera-t-il de lui avoir caché cela si longtemps ?
Merlin détourna le regard, le cœur en conflit.
Le lendemain, Arthur, comme à son habitude, s'entraînait dans la cour avec ses chevaliers. Son épée brillait sous le soleil, et chaque mouvement témoignait de sa maîtrise. Merlin, posté non loin, observait en silence.
Arthur, remarquant son regard, s'approcha, légèrement essoufflé.
— Quoi ? Tu as l'air de vouloir dire quelque chose. Allez, parle.
Merlin hésita, cherchant ses mots.
— Je me demandais... vous êtes jamais curieux de savoir pourquoi les choses arrivent comme elles arrivent ? Pourquoi vous êtes toujours au centre des événements ?
Arthur haussa un sourcil, intrigué.
— Tu veux dire, pourquoi je suis constamment entouré de complots, de magie et de batailles ?
— Oui, exactement.
Arthur posa son épée, croisant les bras.
— Je suppose que c'est parce que je suis destiné à être roi. Les responsabilités viennent avec le titre, Merlin. Et toi, pourquoi cette question bizarre ?
Merlin détourna les yeux, un sourire nerveux sur les lèvres.
— Oh, juste une réflexion. Vous savez, je passe beaucoup de temps à me poser des questions philosophiques pendant que je nettoie vos bottes.
Arthur roula des yeux, mais son regard se fit plus sérieux.
— Tu sais, Merlin, parfois, j'ai l'impression que tu en sais plus que ce que tu veux bien me dire. Comme si tu gardais un secret.
Le cœur de Merlin s'emballa, mais il força un rire léger.
— Un secret ? Moi ? Jamais. Vous savez tout de ma vie insignifiante, Sire.
Arthur, bien que sceptique, ne poussa pas plus loin.
Cette nuit-là, Merlin retourna voir le dragon Kilgharrah. S'il y avait une entité capable de le conseiller sur ce dilemme, c'était bien lui.
— Grand dragon, appela Merlin, sa voix résonnant dans la caverne.
Kilgharrah apparut, ses yeux brillants d'une sagesse millénaire.
— Emrys, te voilà encore tourmenté. Qu'est-ce qui te trouble cette fois ?
— Arthur. Je veux lui dire la vérité, pas sur ma magie, mais sur notre destinée. Sur Albion, sur le rôle qu'il doit jouer.
Kilgharrah poussa un profond soupir, son souffle chaud faisant trembler les murs.
— Le destin d'Arthur est grand, tout comme le tien. Mais ce n'est pas à toi de forcer son éveil à cette vérité. Le moment viendra où Arthur découvrira par lui-même l'ampleur de son rôle. Ce jour-là, il aura besoin de toi plus que jamais.
— Mais s'il ne le découvre pas assez tôt ? protesta Merlin. Et si je rate une occasion de l'aider à comprendre ?
— La patience, Emrys. Le destin ne peut être précipité. Mais écoute ton cœur. S'il te dit de parler, alors choisis tes mots avec soin. Rappelle-toi : ce n'est pas seulement ton secret que tu risques de révéler, mais aussi celui du futur de tout un royaume.
Merlin, bien que toujours indécis, sentit un certain apaisement dans les paroles du dragon.
De retour à Camelot, Merlin passa la soirée à réfléchir. Finalement, il se rendit dans la chambre d'Arthur.
— Merlin, qu'est-ce que tu fais ici à cette heure ? grogna Arthur, visiblement fatigué.
Merlin prit une profonde inspiration.
— Arthur, il y a quelque chose que je dois te dire. Quelque chose d'important.
Arthur se redressa, intrigué.
— Je t'écoute.
Merlin ouvrit la bouche, mais les mots restèrent coincés. Il sentit le poids de la prophétie, des attentes, et des possibles conséquences.
— Vous êtes destiné à accomplir de grandes choses, Sire. Des choses que personne d'autre ne pourrait faire. Et je serai toujours là pour vous, quoi qu'il arrive.
Arthur fronça les sourcils, visiblement perplexe.
— C'est tout ?
Merlin hocha la tête, un sourire forcé sur les lèvres.
— C'est tout... pour l'instant.
Arthur roula des yeux et se rallongea.
— Tu es vraiment étrange, Merlin. Mais merci, je suppose.
En quittant la pièce, Merlin sentit à la fois un soulagement et une frustration grandissante. Il avait choisi de retarder la vérité, mais il savait. que ce moment ne pouvait être repoussé indéfiniment.
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