Chapitre 6 : l'épreuve du cœur
Le tournoi battait son plein, et Camelot vibrait d'une énergie palpable. Les spectateurs acclamaient les chevaliers qui s'affrontaient dans l'arène, et Arthur dominait chaque combat avec une aisance qui ne surprenait personne. Merlin, posté près des gradins, observait en silence, ses pensées embrouillées par le poids des récentes révélations.
Mais sa contemplation fut interrompue lorsqu'un homme s'approcha de lui. Grand, vêtu d'une cape sombre et le visage en partie dissimulé par un capuchon, il émanait une aura étrange, presque intimidante.
— Emrys, murmura l'inconnu, si bas que seul Merlin pouvait l'entendre.
Merlin tressaillit et se retourna vivement, scrutant l'homme.
— Qui êtes-vous ? demanda-t-il à voix basse, son regard méfiant.
— Un ami. Et un avertissement.
L'homme tendit un parchemin à Merlin, mais avant qu'il ne puisse poser la moindre question, l'étranger disparut dans la foule, comme un mirage.
Merlin, les mains moites, déroula le parchemin. Les mots inscrits étaient énigmatiques :
"Le choix approche. Le prince ou le royaume. Une seule vie peut en sauver des milliers."
Un frisson parcourut son échine. Que signifiait ce message ? Était-ce une menace contre Arthur ?
Le soir même, dans les quartiers de Gaius, Merlin exposa le parchemin à son mentor.
— Ce message... ils parlent d'un choix. Et ils mentionnent Arthur. Est-ce une prophétie ? Une menace ?
Gaius examina le parchemin, son visage grave.
— Cela ressemble à une énigme. Mais elle n'a rien d'anodin. Si cela vient des druides, alors ils te préviennent que quelque chose d'important se profile.
Merlin se laissa tomber sur un tabouret, l'esprit agité.
— Ils parlent d'un choix, Gaius. Et si je fais le mauvais ? Et si je mets Arthur en danger ?
— Les choix les plus difficiles sont souvent ceux qui définissent qui nous sommes, Merlin. Mais souviens-toi : ton destin est lié à celui d'Arthur. Peu importe ce que cette énigme signifie, il est clair que tu devras te battre pour le protéger.
Merlin acquiesça, bien qu'un sentiment de doute persistait en lui.
Le lendemain, alors qu'Arthur s'entraînait dans la cour, Merlin sentit une agitation inhabituelle dans l'air. Un groupe de chevaliers était réuni près de la grande salle, et leurs murmures remplis d'urgence atteignaient ses oreilles.
— Un sorcier a été aperçu près des murs de la ville, entendit-il.
Son cœur se serra. Était-ce l'homme qui lui avait donné le parchemin ?
Avant qu'il ne puisse y réfléchir davantage, Arthur apparut à ses côtés, une expression déterminée sur le visage.
— Merlin, on dirait que ton après-midi tranquille vient de s'écourter. Prépare-toi, on va chercher ce sorcier.
Merlin hésita, une boule au ventre.
— Vous êtes sûr que c'est une bonne idée ? Et si c'était un piège ?
Arthur haussa un sourcil, amusé par l'inquiétude apparente de son serviteur.
— Ne sois pas ridicule. Je suis Arthur Pendragon. Aucun sorcier ne pourra me faire du mal.
Merlin ne répondit pas, mais intérieurement, il savait que cette confiance aveugle d'Arthur pourrait un jour leur coûter cher.
Dans la forêt, Merlin marchait aux côtés d'Arthur, scrutant les environs avec nervosité. Il pouvait sentir la magie dans l'air, une énergie familière et pourtant inquiétante.
Soudain, un éclair de lumière jaillit devant eux, les forçant à reculer. Une silhouette encapuchonnée apparut, et Arthur dégaina son épée.
— Montre-toi ! ordonna le prince.
L'homme retira lentement son capuchon, révélant le visage du druide Balnor. Merlin sentit son souffle se couper.
— Je ne suis pas ici pour me battre, déclara Balnor d'une voix calme. Je viens parler à Emrys.
Arthur fronça les sourcils et jeta un coup d'œil à Merlin.
— Emrys ? Qui est-ce ? demanda-t-il, visiblement confus.
Balnor ignora Arthur et fixa Merlin.
— Tu dois choisir, Emrys. Le prince ou le royaume. Sauver l'un pourrait condamner l'autre.
Arthur se tourna vers Merlin, l'air déconcerté.
— Qu'est-ce qu'il raconte ?
Merlin ouvrit la bouche, mais aucun mot ne sortit. Comment pouvait-il expliquer tout cela à Arthur sans révéler son secret ?
— Réponds, Merlin ! exigea Arthur, son ton devenant plus dur.
Mais avant que Merlin ne puisse parler, Balnor leva une main, et une vague de magie balaya la clairière.
— Le temps viendra bientôt. Prépare-toi à affronter ton destin.
En un instant, il disparut, laissant Arthur et Merlin seuls dans le silence pesant.
Arthur rengaina son épée, visiblement frustré.
— Tu sais quelque chose, Merlin. Je le vois dans tes yeux.
Merlin baissa la tête, évitant le regard du prince.
— Je... je ne sais pas tout, Sire. Mais je sais que je ferai tout pour vous protéger.
Arthur, bien que perplexe, sembla accepter cette réponse, du moins pour le moment.
— Alors reste à mes côtés. Je n'ai pas besoin de mystères supplémentaires.
Merlin acquiesça, mais au fond de lui, il savait que le moment où il devrait tout révéler se rapprochait dangereusement.
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