Chapitre 3 : L'Épreuve

Les jours passaient, et Camelot semblait plus tendue que jamais. Des rumeurs couraient à travers les couloirs : un sorcier aurait été aperçu à la lisière de la forêt voisine. Uther, fidèle à sa haine implacable de la magie, avait ordonné une chasse immédiate. Des soldats patrouillaient, interrogeant tout le monde, tandis que l'atmosphère se chargeait d'une peur diffuse.

Merlin, lui, faisait de son mieux pour garder son calme, mais chaque cri d'un garde ou chaque bruit de bottes dans les couloirs lui donnait l'impression qu'il allait suffoquer. Sa magie, si intuitive, semblait vouloir se manifester d'elle-même, comme si elle répondait à son anxiété.

Ce matin-là, alors qu'il accompagnait Arthur dans la cour d'entraînement, les choses prirent une tournure inattendue.

Arthur Pendragon ! rugit une voix que Merlin reconnaîtrait entre mille.

Uther, accompagné d'un groupe de chevaliers, descendit les marches de la grande salle. Son visage était marqué par une colère froide. Les soldats tenaient un vieil homme, vêtu de haillons, les mains liées par des cordes.

Ce misérable a été surpris en train de pratiquer la sorcellerie dans la forêt, annonça Uther, ses yeux fixant Arthur. Il sera exécuté au lever du jour. Mais avant cela, je veux que chacun comprenne la gravité de ses actes.

Arthur, qui s'était instinctivement redressé à l'approche de son père, hocha la tête, bien qu'une ombre traversa brièvement son visage. Merlin, debout à quelques pas, sentit son cœur s'arrêter.

Le vieil homme tremblait de peur, mais son regard croisa celui de Merlin. Pendant une fraction de seconde, une compréhension silencieuse passa entre eux. Merlin savait que cet homme n'était pas un criminel. Il était juste comme lui : un survivant dans un monde où la magie était une condamnation à mort.

Arthur, prépare les chevaliers. Je veux une démonstration publique cet après-midi, ordonna Uther avant de se tourner et de disparaître dans les couloirs du château.

Arthur ne répondit pas immédiatement. Ses poings se serrèrent légèrement, mais il se tourna vers les soldats avec un air impassible.

Obéissez au roi. Placez-le dans les cachots.

Les chevaliers s'exécutèrent, entraînant le vieil homme à travers la cour. Merlin, les mains moites, sentit son estomac se tordre.

C'est injuste, murmura-t-il, à peine audible, mais assez fort pour qu'Arthur l'entende.

Ce n'est pas à toi de décider ce qui est juste ou non, répondit Arthur sèchement, bien qu'il évitait de croiser le regard de son serviteur.

Merlin se mordit la lèvre, mais il n'insista pas. Pourtant, il savait qu'il ne pouvait pas rester sans rien faire.

Cette nuit-là, alors que le château plongeait dans le silence, Merlin descendit discrètement dans les cachots. Il avait attendu des heures que les gardes relâchent leur vigilance. Enveloppé dans une cape sombre, il se faufila dans l'ombre, guidé par une bougie vacillante.

Le vieil homme était là, enchaîné contre le mur. Son regard fatigué s'éclaira légèrement en voyant Merlin.

Pourquoi es-tu venu ? chuchota l'homme, sa voix rauque. Ils te tueront si tu es découvert.

Je ne peux pas vous laisser mourir pour quelque chose que vous n'avez pas fait, répondit Merlin en se plaçant devant lui. Je vais vous libérer.

L'homme secoua la tête.

Ils te traqueront. Et même si tu me fais sortir d'ici, où irais-je ? Camelot n'a pas de place pour ceux comme nous.

Merlin serra les dents. Il savait que l'homme avait raison, mais son esprit s'agitait, cherchant une solution.

Je ne peux pas... ne rien faire, murmura-t-il, presque pour lui-même.

Un bruit de pas interrompit leur échange. Merlin se retourna brusquement, ses yeux scrutant l'obscurité. Une silhouette émergea de l'ombre.

Arthur, souffla Merlin, son cœur battant à tout rompre.

Le prince se tenait là, une lanterne à la main, ses traits fermés.

Tu es vraiment l'homme le plus imprudent que je connaisse, Merlin, dit-il, son ton plat, mais avec une étincelle d'émotion dans ses yeux.

Merlin ouvrit la bouche pour protester, mais Arthur leva une main pour l'interrompre.

Je savais que tu viendrais ici. C'est pourquoi je t'ai suivi.

Il s'approcha lentement du vieil homme, observant ses chaînes d'un air calculateur.

Tu veux qu'il parte ? demanda Arthur.

Merlin resta figé.

Oui... mais je ne veux pas te mettre en danger.

Arthur roula des yeux.

Tu es mon serviteur. Et apparemment, mon problème à gérer.

Sans un mot de plus, Arthur sortit une clé de sa poche. Il la glissa dans la serrure des chaînes et les libéra, sous le regard éberlué de Merlin.

Tu as exactement une heure pour le faire sortir de Camelot avant que les gardes ne s'aperçoivent de sa disparition, déclara Arthur en se tournant vers Merlin.

Merlin, incapable de parler, hocha la tête.

Merci, murmura-t-il finalement.

Arthur s'arrêta, se retournant une dernière fois.

Un jour, Merlin, tu devras m'expliquer pourquoi je fais tout ça pour toi.

Puis, sans attendre de réponse, il disparut dans l'ombre.

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