Chapitre 10 : L'ombre du doute

Les jours qui suivirent furent marqués par une étrange distance entre Arthur et Merlin. Le prince semblait plus attentif à son serviteur qu'à l'accoutumée, presque comme s'il essayait de percer un mystère. De son côté, Merlin redoublait d'efforts pour paraître normal, mais il savait que ses propres doutes et la vision qu'il avait eue pesaient sur son comportement.

Un matin, alors qu'Arthur inspectait les plans pour la construction d'une nouvelle aile du château, il interrompit brusquement Merlin.

Assieds-toi, Merlin.

Euh... pourquoi ? Vous avez besoin de moi pour...

Juste, assieds-toi.

Surpris, Merlin obéit, se laissant tomber sur une chaise face à Arthur.

Qu'est-ce qui se passe, Sire ? Vous avez l'air sérieux. Et quand vous êtes sérieux, ça signifie souvent que je vais devoir nettoyer quelque chose après.

Arthur le fixa longuement, ignorant la tentative d'humour.

Tu me caches quelque chose. Et cette fois, je ne vais pas laisser passer. Je veux savoir ce que c'est.

Le cœur de Merlin s'emballa.

Moi ? Cacher quelque chose ? Je suis un livre ouvert, Arthur, vous le savez bien. Rien ne m'échappe, sauf peut-être... les horaires des repas.

Arthur posa les coudes sur la table, se penchant légèrement en avant.

Arrête, Merlin. Depuis quelque temps, tu agis bizarrement. Et ne crois pas que je n'ai pas remarqué cette pierre que tu caches dans ta poche ou que tu murmures des choses quand tu crois que personne n'écoute.

Merlin sentit une sueur froide perler sur son front.

Ce n'est rien, juste une vieille superstition de druide. Vous savez, des objets qui portent bonheur. Rien d'important.

Arthur plissa les yeux.

Tu es un terrible menteur.

Merci ?

Ce n'était pas un compliment.

Un silence tendu s'installa. Arthur semblait peser ses mots, mais Merlin savait que ce moment était inévitable.

Très bien, Merlin. Je vais te poser une question simple, et tu vas me donner une réponse honnête. Compris ?

Merlin hocha la tête, bien qu'intérieurement, il paniquait.

Es-tu mêlé à quelque chose qui pourrait me mettre en danger ou mettre en danger Camelot ?

La question surprit Merlin. Il s'attendait à quelque chose de plus personnel, mais il réalisa que, même dans son insistance, Arthur restait préoccupé par son devoir avant tout.

Non, Arthur. Jamais.

Arthur le scruta encore quelques secondes, puis hocha la tête, visiblement satisfait, mais pas entièrement convaincu.

Bien. Mais sache que si tu me mens, je le découvrirai. Et ce ne sera pas joli.

Merlin forçat un sourire.

Vous devriez vraiment travailler sur vos discours d'intimidation, Sire.

Arthur secoua la tête, mais un sourire amusé se dessina brièvement sur ses lèvres.

Cette nuit-là, Merlin se rendit dans les profondeurs de Camelot, dans une salle secrète où il pouvait pratiquer sa magie sans être dérangé. Il voulait interroger la pierre une nouvelle fois, espérant une réponse plus claire sur la manière d'aborder la situation avec Arthur.

Montre-moi ce que je dois faire, murmura-t-il en activant la pierre.

Une nouvelle vision apparut, plus brève mais tout aussi intense. Il se vit aux côtés d'Arthur, les deux unis dans une bataille désespérée. Mais cette fois, Arthur lui tendait la main, prononçant des mots qu'il ne pouvait entendre.

La vision s'éteignit, et Merlin resta immobile, le souffle coupé.

Il saura... Il saura un jour, et il acceptera.

Le lendemain, Merlin accompagna Arthur dans les bois pour une chasse. La conversation était légère, mais Merlin ne pouvait s'empêcher de réfléchir à la vision et aux paroles d'Arthur la veille.

Alors qu'ils faisaient une pause près d'une rivière, Arthur rompit le silence.

Tu sais, Merlin, je plaisante souvent en disant que tu es inutile, mais je sais que ce n'est pas vrai.

Merlin, surpris, leva les yeux.

Oh ? C'est rare que vous disiez des choses gentilles. Vous êtes sûr que tout va bien ?

Arthur roula des yeux.

Ce que je veux dire, c'est que... tu es toujours là. Peu importe la situation, tu trouves un moyen de m'aider. Même si c'est maladroit et agaçant, je sais que je peux compter sur toi.

Merlin sentit une chaleur étrange dans sa poitrine.

Toujours, Sire. Vous pouvez toujours compter sur moi.

Arthur hocha la tête, satisfait.

Bien. Parce que, quoi qu'il arrive, j'ai besoin de gens comme toi à mes côtés.

Merlin sourit, mais intérieurement, il savait que la véritable épreuve de leur lien approchait.

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