Brieuc arriva devant l'entrée du chantier une vingtaine de minutes plus tard. Il salua le policier qui empêchait les curieux déjà agglutinés derrière le cordon de sécurité d'approcher de la scène de crime. Celui-ci le reconnut immédiatement et écarta la foule pour le laisser passer. Il gara sa moto à proximité et enleva son casque et sa veste. Il faisait déjà bien chaud malgré qu'il soit encore tôt. La journée s'annonçait caniculaire tout comme la veille et l'avant-veille.

D'un pas assuré, il se dirigea vers un groupe d'enquêteurs penchés au-dessus d'une fosse un peu plus loin.

- Salut, Bérénice. Qu'est-ce qu'on a ?

Sa coéquipière se retourna vers lui et il vit tout de suite à son air concentré que l'affaire était sérieuse. Bérénice avait à peine deux ans de plus que lui et avec son allure élancée et musclée et ses cheveux courts, elle n'avait rien à envier aux hommes du commissariat. Brieuc et elle s'étaient liés d'amitié depuis son arrivée ici et elle avait gagné sa confiance. C'était une femme droite et honnête. Il lui confierait sa vie sans hésitation.

- Un squelette. Je te préviens, lui glissa-t-elle, c'est une affaire sensible. On est sur les terres du maire et le commissaire s'attend à avoir le procureur sur le dos.

- Ok, voyons voir ça.

Brieuc se pencha à son tour au-dessus de la fosse où une équipe de la scientifique déterrait minutieusement le cadavre tout en prélevant les indices.

- Qu'est-ce qu'on sait déjà ?, demanda-t-il au médecin légiste.

- C'est un homme. Je dirais entre 25 et 30 ans, mais ça reste à déterminer. Vu l'enfoncement dans le crâne, il aura reçu un coup à l'aide d'un objet contondant qui pourrait avoir causé la mort. Je vous en dirais plus dès que nous l'aurons dégagé de là.

- A votre avis, il est là depuis combien de temps ?, intervint Bérénice.

- Vu l'état de décomposition du cadavre et de ses effets, je pense qu'il doit être là depuis 20 ou 30 ans.

Brieuc observa attentivement la tombe de fortune et les lieux aux alentours.

- T'en penses quoi ?, demanda-t-il à Bérénice.

- Avant de devenir un chantier, c'était un bois. Un endroit discret pour cacher un corps si tu veux mon avis...

Le jeune capitaine hocha la tête. Il était d'accord avec elle.

- Rien encore qui pourrait nous aider à l'identifier ?, interrogea-t-elle l'équipe scientifique.

- On n'a pas retrouvé grand-chose, malheureusement, lui répondit précipitamment un jeune homme. A part ce collier qu'il portait autour du cou.

Il lui tendit l'objet en la regardant avec envie, mais fut bien déçu de constater que celle-ci ne lui accordait pas un dixième de l'attention qu'elle réservait à l'objet enfermé dans un sac plastique. Brieuc se retint de ricaner devant la mine dépitée du scientifique. Depuis qu'il la connaissait, il n'avait jamais vu sa coéquipière avec qui que ce soit. Elle lui avait avoué vouloir privilégier sa carrière quand il l'avait interrogée sur le sujet et, pour elle, un homme n'était qu'une source de problèmes.

Il reporta son attention vers le collier que lui tendait Bérénice.

- Une croix en argent avec une pierre rouge ? Je ne suis pas sûre que ça nous aide beaucoup.

Un frisson parcourut le dos de Brieuc en entendant ces mots. Que venait-elle de dire ? Il s'empara avec brusquerie du sac plastique et s'éloigna de quelques pas sous l'œil attentif de sa coéquipière. Il observa le pendentif sous toutes les coutures pour s'en assurer, mais pas de doute possible : il connaissait ce collier. Il savait qui avait été enterré là !