Chapitre 3 : Une nouvelle affaire

Ce même matin, Brieuc Moran, capitaine de police au caractère bien trempé, découvrait une inconnue dans son lit. La demoiselle, dont il n'apercevait que les longs cheveux blonds qui dépassaient des draps, dormait profondément. Il se leva lentement pour ne pas la réveiller. Il avait d'abord besoin de s'éclaircir les idées avant de la renvoyer chez elle sans autre forme de procès. Il alla donc prendre une douche rapide dans sa minuscule salle de bain et tenta de maitriser sa chevelure blond-vénitien devenue un peu trop longue à son goût. Il enfila ensuite un t-shirt blanc et un jean et se dirigea vers le pont du bateau où il prit une bonne goulée d'air frais.

Le port se réveillait autour de lui et il salua un jeune couple de touristes qui se dirigeait vers un catamaran amarré deux places plus loin. Il sourit.

Voilà un des points positifs de sa mutation à Calais : il vivait sur un bateau ! Cette vie de marin solitaire ne pouvait pas convenir à tout le monde, mais lui se sentait bien. C'était devenu son "chez-lui". Certes, le voilier n'était pas bien grand, mais comme il était célibataire et comptait bien le rester encore quelques temps, cela lui convenait parfaitement. Et puis, quand il grimpait à bord, il oubliait tout : ses difficultés au boulots, ses engueulades avec son père...

Un bruit dans la cale lui rappela qu'il n'était pas seul ce matin. Il soupira de dépit. Ce n'était pas la première fois que ça lui arrivait, mais il fallait avouer qu'hier soir, il avait fait fort ! Avec quelques amis marins avec lesquels il avait lié connaissance, ils avaient fêté le départ de l'un d'eux pour une course de voiliers et la soirée avait été plus qu'arrosée. Brieuc était loin d'avoir perdu le contrôle pourtant. Il n'aimait pas se perdre dans l'alcool, cela lui rappelait trop son père...

Il était donc à peu près sobre quand la blonde avait commencé à lui faire du charme, même s'il lui avait laissé croire le contraire. Il savait que les marins étaient prisés par la gent féminine, mais il ne l'imaginait pas autant ! Il avait accepté les avances de la demoiselle, préférant oublier ses soucis dans les plaisirs de la chair plutôt que dans les brumes de l'alcool, et avait fini par la ramener avec lui sur son voilier. Elle lui avait avoué que faire l'amour sur un bateau était un de ses fantasmes et il s'était empressé de la satisfaire. Maintenant, il allait falloir l'éconduire gentiment, mais fermement...

- Bonjour, lui dit la jeune femme, un fin sourire aguicheur aux lèvres.

- Bonjour Kate, lui répondit-il.

Il vit la grimace que tenta de dissimuler la blonde. Elle ne s'appelait pas Kate et il le savait pertinemment.

- Moi, c'est Sonia, lui répliqua-t-elle, son sourire commençant déjà à disparaitre.

- Ah oui, pardon ! J'ai dû confondre...

Un autre message que comprit bien la jeune femme.

- Bon... et bien... j'ai passé une bonne soirée, commença Brieuc. Maintenant, il va vraiment falloir que je file au boulot ! Ça va aller pour rentrer chez toi ?

Les petits déjeuners du lendemain, très peu pour lui. Elle eut l'air déçue, mais à quoi s'attendait-elle ? Après avoir attrapé son casque, il la poussa doucement pour fermer la porte derrière elle tout en enfilant sa veste en cuir. Sa dégaine de motard parut plaire à sa conquête d'un soir car elle passa la langue sur ses lèvres pulpeuses tout en le détaillant des pieds à la tête. Il fit semblant de n'avoir rien remarqué, espérant que la demoiselle prendrait son indifférence pour ce qu'elle était. Galamment tout de même, il lui tendit la main pour l'aider à descendre sur la terre ferme.

- Je vais prendre un taxi, lui dit-elle, semblant hésiter à poursuivre. Est-ce que... hum... on va se revoir ?

- Seul l'avenir nous le dira, répondit-il énigmatique.

Elle sembla s'en satisfaire et le quitta quelques instants plus tard après un rapide baiser sur la joue. Elle lui fit un petit signe de la main et il vit bien qu'elle n'avait pas perdu espoir de lui mettre définitivement le grappin dessus. Très peu pour lui ! Il allait éviter le bar où il l'avait rencontrée quelques temps, histoire qu'elle l'oublie et se trouve un autre pigeon.

Alors qu'il allait enfourcher sa moto, une triumph rouge qu'il avait pu se payer avec ses premières primes, son téléphone se mit à vibrer dans sa poche arrière. Il décrocha rapidement en voyant s'afficher sur l'écran le nom de sa coéquipière.

- Les ouvriers du nouveau centre de balnéo ont déterré un cadavre, lui annonça Bérénice sans préambule. Ramène-toi vite !

- J'arrive tout de suite, lui répondit-il avant d'enfiler son casque.

Les vrombissements de son moteur se répercutèrent dans tous ses membres et il sourit : il sentait l'excitation d'une nouvelle enquête et il adorait ça ! Toutefois, en démarrant, il eut un drôle de pressentiment... comme si cette affaire n'allait pas être comme les autres...


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