Chapitre 15 :


Sarah gara sa voiture devant l'appartement de ses parents, ses mains encore tremblantes sur le volant. Le coup de fil inattendu de Nouria, sa future belle-mère, ne cessait de résonner dans sa tête. Pourquoi cette visite soudaine et, surtout, pourquoi seule, sans Yassine ni Ahmed ? Un étrange pressentiment l'envahissait, un malaise qu'elle n'arrivait pas à dissiper.

Elle soupira profondément, tenta de calmer l'agitation dans sa poitrine, puis saisit son téléphone. Après une brève hésitation, elle envoya un message : « Yassine, tu fais quoi ce soir ? »

Quelques secondes plus tard, son téléphone vibra. « Je suis sorti avec des collègues. Pourquoi ? »

Elle hésita à lui parler de l'invitation, mais se ravisa. « Rien, passe une bonne soirée. »

Elle rangea son téléphone et descendit de la voiture.
En arrivant, elle la vit déjà assise. Ensuite, la jeune femme s'approcha, le cœur battant et s'assit sur le canapé en face, ses yeux cherchant un indice sur ce qui l'attendait.

Khawlat croisa ses mains sur ses genoux et prit tout de suite la parole.

__ Je suis venue seule ce soir, sans mon mari ni Yassine, commença-t-elle d'une voix solennelle. Elle marqua une pause, puis continua : Je voulais être sincère avec vous.

Sarah sentit son estomac se nouer. Que veut-elle dire par là ? Quelque chose dans son ton me met mal à l'aise et j'ai ce sentiment que cela ne présage rien de bon.

__ Sarah, tu es une femme formirable, dit-elle en la regardant. Mais... avant que ce mariage n'aille plus loin, je dois clarifier certaines choses.

Sarah hocha doucement la tête, son esprit embrouillant à mesure que l'angoisse montait.

__ Tu peux me montrer ta carte d'identité ?

Cette soudaine demande surprit l'entrepreneuse, qui resta un instant immobile. Puis, elle échangea un regard confus avec des parents avant de fouiller dans son sac pour en sortir sa carte.

Sa future belle-mère l'examina en silence, ses yeux fixés sur son année de naissance. Par la suite, elle redressa la tête et la lui rendit.

__ C'est ce que je craignais, lâcha-t-elle d'une voix grave. Tu as le même âge que mon fils.

Sarah cligna des yeux, incrédule, ne comprenant toujours pas où elle voulait en venir ni pourquoi cet âge était un problème.

__ Sarah, je veux être franche avec toi, reprit-elle, comme pour enfoncer le clou. Ce n'est pas pour te blesser, mais il faut que tu saches ce que je pense de ce mariage. Tu vas bientôt avoir trente-un ans. Elle marqua une pause et la regarda droit dans les yeux, comme pour vérifier si elle comprenait ce qu'elle venait de dire. Mais je pense qu'il aurait été préférable que mon fils trouve une femme plus jeune, de cinq ans de moins peut-être. Mais là, c'est trop pour moi. Ton âge m'inquiète.

Le souffle de Sarah se coupa. Elle sentit une chaleur envahir ses joues, une brûlure de honte et de colère.

Khawlat poursuivit, implacable. La jeune fiancée avait envie de lui dire que ses craintes étaient infondées, que l'amour entre Yassine et elle, ne se mesurait pas en années. Mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge.

__ J'aurais aimé qu'il puisse se marier avec une femme capable lui donner des enfants facilement... Peut-être un homme divorcé serait plus approprié pour toi, ou même un homme qui a déjà des enfants, mais... un homme qui, comme mon fils, n'a jamais été marié...

Sarah la fixait sans pouvoir réagir, les larmes piquantes au bord de ses yeux. Les mots se bousculaient dans sa tête. Comment ose-t-elle me dire ça ? Et pourquoi maintenant, alors que tout était en place ?

__ C'est la seule chose qui compte ? demanda la trentenaire, d'une voix ferme. Plus que le lien que j'ai construit avec Yassine, plus que ce que nous ressentons l'un pour l'autre ?

__ L'amour c'est important, oui, mais il ne suffit pas toujours, répondit-elle calmement. Un mariage, Sarah, c'est bien plus qu'un sentiment. C'est une union qui doit durer toute une vie, avec des responsabilités. Moi, je veux que mon fils ait une famille, des enfants qui portera son nom et honorera sa lignée.

Sarah serra les poings, ses  ongles s'enfonçant dans ses paumes. Elle ouvrit la bouche pour rétorquer, mais aucun sont ne franchit ses lèvres. Ses parents jusqu'alors silencieux, se regardèrent, leurs visages tendus.

__ Avec tout le respect que je vous dois maman Khateb, intervint Zouleikha, la mère de Sarah. Ce que vous dites est injuste. Vous croyez vraiment que ma fille ne peut pas offrir cela à votre fils ?

Khawlat tourna la tête vers Zouleikha, son expression se radoucissant un peu .

__ Ce n'est pas une attaque personnelle, maman Samir. Je respecte profondément votre fille et votre famille. Mais il faut être réaliste. À trente ans, les chances de concevoir diminuent. Et si...

__ Et si quoi ? ! la coupa Sarah, les yeux brillants de rage. Et si je ne pouvais pas avoir d'enfants ? Cela effacerait-il tout ce que je suis ? Tout ce que je peux apporter à ton propre fils ?

Sa future belle-mère pinça les lèvres, visiblement prise au dépourvu par la force de l'attaque.

— Ce n'est pas aussi simple, murmura-t-elle. Tu ne comprends pas... je fais cela pour protéger mon enfant.

— Le protéger ? De quoi ? D'un avenir qu'il a choisi ? D'une femme qu'il aime ? Ou bien de votre peur de ce que les gens diront si votre fils épouse une femme de son âge ?

Le silence qui suivit fut presque palpable. La mère de Yassine détourna les yeux un instant, mais son visage resta fermé.

__ C'est une question de ce que je pense être le mieux pour lui. En tant que mère, c'est mon devoir.

__ Et en tant que mère, n'est-ce pas aussi votre devoir de respecter ses choix ? intervint le père de Sarah, d'une voix calme mais tranchante.

Une vague d'émotions monta en la jeune femme, comme une grenade qui explosa en silence dans son cœur. Tout ce qu'elle avait espéré, s'effondrait en un instant. Les larmes coulèrent malgré elle, brûlantes.

__ Je ne veux pas être hypocrite avec vous, dit Khawlat d'une voix plus douce. Quand je suis heureuse, ça se voit et quand je ne le suis pas bon plus. Je ne peux pas cacher mes sentiments. Je suis vraiment désolée, je devrais être honnête avec vous et si malgré tout ce que je viens de dire votre fille insiste toujours à se marier avec mon fils alors je ne m'y opposerai pas. conclut-elle.

__ Le mariage n'aura pas lieu. dit Sarah d'une voix tremblante, la gorge nouée. Elle se lèva lentement, chaque mouvement alourdi par un chagrin qu'elle ne contrôlait plus et se dirigea vers la chambre de ses parents.

Là, elle laissa enfin des sanglots éclater, sentant une douleur qu'elle n'aurait jamais cru possible. Ses parents ne tardèrent pas à la rejoindre, la retrouvant recroquevillée, submergée de tristesse. Sa mère vint doucement à ses côtés, posant une main apaisante sur son dos. Elle ne dit rien, mais son geste suffit à la faire calmer, sans chercher à parler, juste pour être là. Sa présence la réconfortait, mais la douleur restait, vive et profonde.

Dans un murmure entre deux sanglots :

__ Pourquoi c'est toujours comme ça, maman ? Pourquoi les gens jugent beaucoup ma situation par l'âge ? Je l'aime maman... je l'aime.

Sa mère n'avait pas de réponse et Sarah, au fond, n'en attendait pas vraiment.

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