Cinq mois s'étaient écoulées et tellement de choses avaient changé. Nawal était désormais mariée et  pleinement épanouie dans sa nouvelle vie.

Quant à sa meilleure amie, elle était tellement contente pour son bonheur. Et le fait que Nawal avait pu arriver sans vraiment son aide lui faisait grandement chaud au cœur. Bon nombre de fois auparavant, elle lui avait proposé d'intégrer son entreprise mais elle avait décliné son offre, car selon ses dires, elle ne voulait pas abuser de sa gentillesse. Maintenant, grâce à Dieu elle avait réussi.

Ce matin, la trentenaire se prépara en choisissant avec soin un blazer noir, assortit à un débardeur blanc immaculé, une jupe crayon taupe tombant élégamment jusqu'à ses chevilles et un foulard en soie crème parfaitement noué autour de son cou. Elle glissa ses talons noirs confortables avant de sortir, se sentant prête à affronter son emploi du temps chargé.

Elle passa rapidement en revue son agenda électronique pour la journée : bientôt les clients viendront voir l'avancée des travaux et elle devrait s'assurer que tout était en place. En parcourant les pièces, elle s'attarda sur chaque détail.

Voir ses idées prendre forme sous ses yeux, était comme peindre une toile, mais en trois dimensions.
Ensuite, elle passa en revue les meubles, les tissus et les objets décoratifs, ajustant tout dans sa tête avant d'orienter ses employés.

Juste au moment où elle s'accordait un bref instant pour boire un cappuccino bien mousseux, son téléphone émit une notification : une demande d'amie sur Facebook. Samira, la plus jeune des belles-sœurs de Yassine, l'avait ajoutée.

La jeune femme sourit en se souvenant d'elle : bavarde et curieuse, elle lui avait interrogé la semaine passée avec une telle intensité qu'elle ne savait plus où de donner la tête.

Après une courte hésitation, elle cliqua à sur « accepter ».

Par la suite, des pensées s'égarèrent vers les jours à venir. Les choses s'enchaînaient si vite avec Yassine. Dans quelques jours, leurs parents respectifs allaient se rencontrer.

L'idée même lui faisait tourner la tête, à la fois exaltée et sereine. Après des années de travail et de solitude, elle était enfin prête à vivre ce bonheur qu'elle avait patiemment attendu,... cet amour auquel elle n'osait presque plus croire.

Mais, cela impliquait de nombreux ajustements, y comprit connaître davantage sa future belle-famille. Si Samira s'intéressa à elle, c'est un premier pas. Cela signifie : entrer dans une dynamique familiale, apprendre leurs codes, s'intégrer peu à peu. Samira, curieuse comme elle était à leur première rencontre, allait probablement lui envoyer un message, l'interroger, peut-être même lui prodiguer quelques conseils. Et la jeune femme de surprit à attendre ça avec impatience, comme un doux rite d'initiation.

Un sourire aux lèvres, elle parcourra chaque pièce de la maison avec attention, s'assurant que chaque détail était respecté. Les couleurs étaient neutres : beige sable au gris doux, en passant par des touches de blanc crème, elle voulait que l'ensemble rappela la quiétude d'un paysage naturel.

Dans le salon, Sarah se retourna vers Hamza et lui indiqua, en pointant du doigt les rideaux.

__ Monte-les juste un peu plus haut, pour allonger la hauteur de la pièce.

Il s'activa sur le champ, ajustant le tringle tandis qu'elle remplacait deux coussins aux teintes terreuses sur le canapé en velours beige. Juste en face, une table basse en bois clair était surmontée d'un vase minimaliste en céramique blanche, contenant des branches d'eucalyptus qui apportaient une touche de verdure discrète, parfaite pour ce style naturel et épuré.

L'entrepreneuse se dirigea ensuite vers la cuisine, où Amel était déjà en train de finaliser les choses.

__ Amel, le plateau de fruits sur le comptoir, tu peux le décaler vers la gauche, juste un peu ? Et n'oublie pas les tabourets en bois près de l'îlot central.

La cuisine brillait de propreté et de simplicité : chaque objet était posé à sa place : des pots en céramique avec des herbes fraîches, un présentoir à épices sur le côté de la fenêtre et quelques torchons en lin posés près de l'évier en inox.

Plus tard, avant de partir, elle jeta un dernier coup d'œil autour de moi, puis me tourne vers l'équipe.

__ C'est parfait, vraiment. Vous avez tous fait du bon travail... On va ajouter un tapis en jute dans l'entrée, histoire de renforcer ce côté naturel.

Une heure plus tard, , tout était en place. La maison respirait le calme et l'entrepreneuse était satisfaite du résultat final.

__ Je suis prête, répéta-t-elle en son for intérieur, en poussant la porte pour quitter le lieu.

Pour la première fois depuis longtemps, tout lui semblait prendre un sens.