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Le matin, Sirius se leva comme à son habitude, sans un mot, sans un regard. Ses gestes étaient mécaniques, ses yeux vides. Mais ce matin-là, il y avait quelque chose de différent. Un bruit léger, comme un souffle trop fort, l'avait tiré de son état de torpeur. Il s'était précipité, trop vite peut-être, sur son poignet pour cacher les marques de son dernier acte de souffrance. Son corps tremblait encore des conséquences de la douleur infligée, mais il n'avait pas le temps de se concentrer là-dessus.

Il l'avait fait : il avait caché son mal, son secret. Il n'avait pas eu à répondre aux questions de ses amis, pas encore. Mais il sentait qu'il ne pouvait plus le faire indéfiniment. Le poids de sa culpabilité et de sa douleur devenait insupportable, une pression constante sur sa poitrine. Il vivait dans un tourbillon d'émotions qu'il ne comprenait plus.

La journée s'étira, interminable, dans un silence oppressant. Sirius fuyait tous les regards. James, Peter, et surtout Remus, étaient plus présents que jamais, mais il les repoussait systématiquement. Il savait qu'ils essayaient de l'approcher, de le comprendre, mais ils ne pouvaient pas. Ils ne pouvaient pas savoir ce qu'il portait à l'intérieur, tout ce qu'il ressentait. Ils n'étaient pas lui, et Sirius ne voulait pas qu'ils le soient.

Le soir arriva finalement, lourd de promesses d'affrontements qu'il n'était pas prêt à affronter. Alors qu'il s'apprêtait à s'enfermer dans sa chambre, une main se posa soudainement sur son épaule. Il sursauta, avant de se retourner brusquement. Là, juste devant lui, se tenait Remus. Son regard, inquiet mais déterminé, l'attrapa instantanément. Remus était toujours là. Il était toujours là, malgré tout. Mais Sirius ne voulait pas de cette compassion. Pas maintenant. Pas de cette manière.

- "Sirius... je..." Remus commença, mais sa voix se brisa avant qu'il puisse continuer.

Sirius détourna les yeux, agité par une panique soudaine. Il pouvait sentir l'intensité de Remus, mais il avait tellement peur. Peur d'être vu, peur de voir ses faiblesses exposées. Alors il se renferma encore davantage.

- "C'est bon, Remus. Laisse-moi tranquille," dit-il d'une voix froide, presque sans émotion, bien qu'un tremblement fût perceptible dans ses paroles. Il n'était pas prêt à entendre ce que Remus avait à dire.

Mais Remus, déterminé à ne pas laisser Sirius se couper de lui encore une fois, avança d'un pas.

- "Non, Sirius. Je ne vais pas te laisser tout détruire. Pas comme ça." La voix de Remus tremblait, mais il n'y avait plus de doute dans ses mots. Il se tenait là, devant Sirius, avec une force qu'il n'avait jamais montrée auparavant.

Sirius se crispa, ses poings se fermèrent. Pourquoi Remus cherchait-il à l'aider ? Pourquoi insister alors qu'il était clair que Sirius ne voulait pas de cette aide ? La colère monta en lui, incontrôlable. Sa respiration s'accéléra, ses yeux se noircirent d'une rage qu'il n'avait pas l'intention de laisser éclater.

- "Pourquoi tu me cherches encore ?!" hurla Sirius, la voix brisée par l'angoisse et l'agitation."Pourquoi tu t'entêtes à vouloir m'aider alors que je ne veux rien de toi, rien de personne ?!"* Ses mots étaient venimeux, pleins de douleur et de rejet. Mais il ne pouvait pas s'arrêter. Il continuait, comme si chaque mot jeté pouvait faire partir ce sentiment qui l'étouffait. "Tu veux m'aider ?! Pour quoi faire ? Pour que tu sois déçu, pour que tu sois encore plus blessé ?!"

Remus, déstabilisé par la violence de la réaction de Sirius, recula d'un pas, mais il ne baissa pas les bras. Il se rapprocha une nouvelle fois, presque imperceptiblement.

- "Parce que je t'aime, Sirius. Parce que je t'aime, bordel !"

Les mots explosèrent, comme un éclat de verre frappant le sol. Sirius se figea, les yeux écarquillés, une étrange chaleur montant dans ses joues. Il n'avait pas prévu cela. Pas cette déclaration. Pas de la part de Remus, pas maintenant. Il n'avait jamais imaginé que Remus ressentait ce genre de choses pour lui.

Le silence qui suivit semblait durer une éternité. Les deux garçons se fixaient, mais aucune parole ne semblait pouvoir briser cette tension. Remus, les yeux remplis d'émotion, attendait la réaction de Sirius, son cœur battant à toute vitesse dans sa poitrine. Il avait dit ce qu'il ressentait, et il savait que cela pourrait tout changer. Mais Sirius, les poings serrés, se retrouvait perdu dans un tourbillon d'émotions contradictoires.

Finalement, il se détourna. Il ne pouvait pas affronter cela, pas encore. Trop de douleur, trop de confusion. Ses yeux s'humidifièrent, mais il refusa de laisser les larmes couler. Il détourna la tête, les lèvres tremblantes.

- "Ne dis pas ça...", murmura Sirius, presque dans un souffle. "Ne dis pas ça, Remus. Je suis un monstre. Je ne mérite pas ça."

Remus s'approcha doucement, son regard plein de tristesse mais aussi de détermination.

- "Tu n'es pas un monstre, Sirius. Et tu mérites d'être aimé. Plus que tout. tu es le premier à me l'avoir dis " Ses mains se posèrent doucement sur les bras de Sirius, cherchant à apaiser cette tempête qui faisait rage en lui.

Sirius, submergé par un tourbillon d'émotions, finit par se laisser tomber contre Remus, son corps tremblant de tout son être. C'était comme si un poids invisible se relâchait lentement, comme si la déclaration de Remus avait ouvert une porte qu'il ne savait pas comment franchir.

- "Je... je ne sais pas comment faire, Remus. Je..."
Sa voix se brisa, noyée par la douleur et l'incertitude.

Remus le serra dans ses bras, fermement, mais avec douceur, comme si, pour une fois, il avait réussi à le sauver de lui même

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