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Les jours passaient, mais rien ne semblait changer. Sirius se levait chaque matin avec une lourdeur insupportable dans la poitrine, une fatigue profonde, comme si ses membres étaient faits de plomb. Il se levait mécaniquement, sans enthousiasme, sans but. Les regards de ses amis, leur inquiétude silencieuse, l’avaient à peine effleuré. Il les ignorait, fuyant le contact, les mots, l’espoir.
Ses amis ne comprenaient pas. James, Peter et Remus étaient là, mais Sirius se sentait trop éloigné, trop fatigué pour leur permettre de l’aider. Ils tentaient de l'atteindre, de l’amener à parler, à sortir de ce silence glacé, mais à chaque fois, Sirius se renfermait davantage. Chaque tentative était un coup de plus dans une bataille qu’il pensait perdue d’avance.
Le pire, c'était la nuit. La nuit était le moment où il se sentait seul avec ses pensées les plus sombres. La nuit était la scène de ses plus grandes souffrances. C’était là que tout se passait. Quand le château se taisait, que l’obscurité s'étendait autour de lui, Sirius se retrouvait seul avec sa culpabilité, avec le fantôme de Regulus qui le hantaient, sans pouvoir échapper à cette torture interne.
Dans l’ombre de sa chambre, Sirius se retrouvait là, tremblant. La souffrance était insupportable, cette douleur qui le rongeait de l'intérieur. Le poids du regret, de la culpabilité, du sentiment de ne pas avoir été à la hauteur, l’écrasait. Alors il faisait ce qu’il savait faire pour se soulager, même temporairement : il se faisait mal.
Il n’y avait pas de logique. Il n’y avait pas de raison autre que celle de sentir quelque chose. Cette douleur physique qui pouvait un instant faire oublier la souffrance plus profonde qui le dévorait. Ses doigts tremblaient légèrement, ils cherchaient quelque chose, un objet quelconque qui puisse le soulager, le libérer de cette tension invisible.
Il finit par attraper un morceau de verre brisé qu’il avait trouvé dans un recoin de la pièce. Il l'observa un instant. La lame rugueuse, irrégulière, brilla un instant sous la lumière de la bougie. Il savait ce qu’il allait faire. Il s’était promis à maintes reprises qu’il ne se laisserait pas aller à ce genre de gestes, mais là, dans cette nuit noire où il se sentait plus seul que jamais, il n’avait pas la force de se retenir. Ses pensées étaient brouillées, ses émotions trop fortes. La souffrance était devenue une compagne fidèle, une compagne qui ne voulait pas le lâcher.
Il posa doucement le morceau de verre sur sa peau, juste au-dessus de son poignet. Un frisson parcourut son corps. Puis, lentement, il appuya. La sensation de la lame perçant la peau, de la douleur immédiate, fit remonter en lui une vague de soulagement. C’était comme si chaque coup de lame pouvait effacer un peu de ce mal profond, comme si chaque coup le libérait, ne serait-ce qu'un instant. Le sang roula lentement sur sa peau, mais la douleur, elle, ne s'arrêta pas. Elle se mêlait à une forme de soulagement, une douleur différente, plus tangible, plus supportable.
Il n'avait pas l’intention de se tuer, pas encore. Mais il voulait sentir quelque chose, tout simplement. Il voulait pouvoir respirer à nouveau, même si c’était juste pendant quelques secondes. Il replia la main, la serre dans un poing fermé, les yeux fermés, comme pour se concentrer sur cette sensation. La douleur était vive, mais elle n’était pas nouvelle. Elle faisait partie de lui maintenant, une façon de gérer l’incontrôlable.
Il se laissa tomber sur le sol, tremblant, les bras tendus devant lui. Ses poignets étaient marqués, mais ce n’était qu’une fraction de la douleur qui l’habitait, de la douleur qu’il sentait à chaque battement de cœur. Un soupir s'échappa de ses lèvres. Les larmes ne coulaient plus, elles étaient à l’intérieur de lui, coincées dans une gorge qu’il n’arrivait plus à dénouer. Le sang s’écoulait lentement, mais c’était presque secondaire. Ce n’était pas cela qui comptait. Ce qui comptait, c’était qu'il puisse, juste un instant, se sentir un peu plus vivant.
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