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La pluie battait contre les fenêtres de la Salle Commune des Serpentard. Regulus était assis à son bureau, une plume à la main, mais il ne parvenait pas à écrire. Le carnet noir était ouvert devant lui, chaque page remplie de pensées sombres et de mots qu’il n’avait jamais osé dire à personne.

Ce soir-là, le silence dans sa tête était assourdissant.

"Je ne suis qu’une ombre. Tout ce que je fais, c’est essayer de tenir. Mais à quoi bon ? Personne ne voit ce que je ressens. Personne ne s’en soucie."

Regulus lâcha sa plume et passa une main tremblante dans ses cheveux. Son regard tomba sur une photo posée sur son bureau. C’était une vieille photo de lui et Sirius, prise dans le jardin des Black quand ils étaient enfants. Ils riaient tous les deux, insouciants.

Il murmura doucement : 
—"Où est-ce que ça a changé, Sirius ? Quand est-ce que tu as arrêté de me voir ?"

Il prit la photo et la glissa dans son carnet.

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Plus tard dans la nuit, Regulus se mit à écrire. Cette fois, ce n’était pas dans son carnet, mais sur un parchemin.

"Sirius, 

Je ne sais pas si tu liras cette lettre. Peut-être que tu ne la trouveras jamais, ou peut-être que tu ne voudras pas la lire. Mais je dois te parler une dernière fois. 

J’ai essayé, Sirius. J’ai vraiment essayé. De faire ce qu’on attendait de moi, de porter le poids de notre nom, de notre famille. Mais tout ce que j’ai trouvé, c’est le vide. 

Tu m’as abandonné. Tu es parti et tu m’as laissé seul avec eux, seul avec tout ce que je ne pouvais pas affronter. Tu ne le sais pas, mais j’avais besoin de toi. J’avais besoin que tu sois là, que tu me guides. Mais tu n’as rien vu. 

Tu n’as rien vu…"

Il s’arrêta, les larmes coulant silencieusement sur ses joues.

"Peut-être que c’est mieux comme ça. Peut-être que tu seras enfin en paix sans moi."

Il posa la plume et replia la lettre avec soin avant de la glisser dans un livre posé sur sa table de chevet.

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Le lendemain, les élèves de Serpentard se réveillèrent dans un silence inhabituel. La rumeur se répandit rapidement dans le château : Regulus Black avait été retrouvé dans son dortoir, la baguette à la main, un flacon vide à ses côtés.

Les professeurs firent tout leur possible pour garder la nouvelle discrète, mais à Poudlard, les secrets ne restaient jamais cachés longtemps.

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Dans la Salle Commune de Gryffondor, Sirius discutait avec James, Peter, et Remus quand un hibou vola vers lui, laissant tomber une lettre officielle. Sirius ouvrit le parchemin avec un sourire narquois, s’attendant à une nouvelle missive de sa mère, mais son expression changea brusquement en lisant les mots.

"Monsieur Black, 

Nous avons le regret de vous informer que votre frère, Regulus Arcturus Black, est décédé dans la nuit. 

Nos pensées vous accompagnent dans cette épreuve difficile."*

Sirius sentit le sang quitter son visage. Le parchemin tomba de ses mains, et Remus, inquiet, s’approcha.

— "Sirius ? Qu’est-ce qu’il y a ?"

Mais Sirius ne répondit pas. Il se leva d’un bond et quitta la Salle Commune en courant, ignorant les appels de ses amis.

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Sirius entra dans l’aile réservée des Serpentard, ses pas résonnant sur le sol de pierre. Il n’avait pas le droit d’être là, mais il n’en avait rien à faire.

Dans le dortoir de Regulus, il trouva la chambre plongée dans une étrange tranquillité. Le lit de son frère était soigneusement fait, mais sur la table de chevet, il vit le carnet noir et le livre où la lettre était dissimulée.

Sirius s’assit sur le bord du lit et ouvrit le carnet. Les mots qu’il lut lui glacèrent le sang.

"Je ne sais pas combien de temps je peux tenir. 
Je me demande si quelqu’un remarquerait si je disparaissais. 
Est-ce que je compte pour quelqu’un ?"

Ses mains tremblaient alors qu’il tournait les pages, découvrant un flot de pensées sombres, d’appels à l’aide silencieux qu’il n’avait jamais entendus.

Il trouva enfin la lettre, glissée dans le livre, et la lut. À chaque mot, son cœur se serrait davantage.

Quand il termina, il s’effondra, la lettre toujours dans ses mains.

— "Reg... Pourquoi tu ne m’as rien dit ?" murmura-t-il, sa voix brisée.

Mais au fond de lui, il savait. Regulus avait essayé, à sa manière. Il avait juste été trop aveugle pour le voir.

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De retour dans la Salle Commune de Gryffondor, Sirius refusa de parler à quiconque. Il s’enferma dans sa chambre, la lettre de Regulus serrée dans sa main.

Il resta là pendant des heures, à relire les mots de son frère encore et encore, jusqu’à ce qu’ils soient gravés dans son esprit.

"C’est ma faute," pensa-t-il. "Tout est de ma faute."

Et ce soir-là, pour la première fois de sa vie,
sirius pleura.

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