7. Le grenier

La porte du grenier est ouverte, et quelqu'un est assis sur la derrière marche. Je ne vois que sa silhouette mais je la reconnais, c'est mon frère, mais il a quitté ses beaux vêtements et son pantalon de velours pour un bleu de travail, comme avant qu'il ne quitte la maison.
Il semble triste, la tête entre les mains et parcourut de sanglots, mais je n'entends pas ses pleurs.

Je monte les marches jusqu'à lui mais il ne bouge pas. Je m'assois à ses côtés mais il ne bronche toujours pas. Puis il se met à rire. Cela commence par un petit gloussement, qui s'intensifie jusqu'à devenir des cris qui camouflent sa douleur.
Ou bien est-ce moi qui rit?

Je n'en sais rien.

Je me lève, et rentre enfin dans le grenier. Il est remplit de bibelots fringuants et de vêtements. C'est tout autrement que dans mon souvenir. Des tapis recouvrent le sol, et des rideaux et tissus colorés sont suspendus un peu partout. Une table, entourée de deux confortables fauteuils rouges rembourrés, se tient au milieu de ce festival de couleurs colorées.

«Bonjour, m'accueille la truie transformée en magnifique jeune femme d'une voix guillerette.
- Bonjour, accompagné d'une petite révérence de courtoisie.
- Qui est le bellâtre qui se morfond juste devant ma porte? me demande-t-elle avec un regard sensuel vers l'endroit d'où je viens.
- C'est mon frère. Mais faites vous plaisir! ajoutai-je vivement. Il est célibataire et n'a personne en vue.
- Ma belle il n'est pas très bien vu de conseiller de se jeter sur son frère... mais tiens assieds-toi juste ici, en tapotant la table devant elle. Qu'on discute un peu.»

Je n'en suis pas particulièrement enchantée mais je m'assois et la dévisage.

«Tu es déjà venue plusieurs fois, n'est-ce pas? me dit-elle d'un ton un peu trop familier à mon goût.
- Je n'y suis apparue que trois fois. Deux fois par erreur et la dernière pour vous donner votre commande.
- Oh non, je crois t'avoir déjà vue auparavant!»

+++

Une personne sort enfin dans ce couloir froid et sombre, je commençais à me sentir très seule, c'est une jolie femme blonde, son sourire est emplis de chaleur, j'ai froid, ses yeux sont bleus comme le ciel, ça fait longtemps que je n'ai pas vu les nuages, sont teint est très pâle, j'ai faim et la gorge sèche, j'ai soif, je n'arriverais rien à avaler sans boire avant, je me demande comment j'arrive encore à avaler ma salive, j'ai de la peine à me concentrer sur une seule chose.

+++

Il n'y a plus que le tapis rond, la table en son centre et les deux chaises qui se font face, comme si nous étions en adversité. Nous sommes comme dans l'espace, le vide, les étoiles nous entourent et me narguent pour montrer mon infériorité.

La belle jeune blonde me dévisage, ses yeux bleus brillent d'une flamme de défi à présent.

«Ne t'inquiète pas, on se reverra. Et tu ne pourras y échapper.»

Sa voix avait résonné de partout à la fois, comme venue de l'espace infini qui s'étendait autour de nous.
Puis le silence. L'irrémédiable et délicieux silence. Il n'y a plus rien, ni de table, ni même de tapis. Juste le vide et l'immensité de l'espace. Emportée je ne sais où, je vois au loin comme la Terre. Je m'en approche dangereusement, je fonce dessus telle une comète. Je n'ai pourtant pas peur. Car la folie me rassure. Je suis folle, je ne peux pas avoir peur.
Je n'ai pas souvent peur.
J'ai plus souvent faim.
J'ai faim.
J'ai soif aussi.
J'ai mal aux genoux.
Je me suis écrasée au sol.
J'ai du sang sur les genoux.
La balançoire est cassée à côté de moi.
J'ai mal à la tête.
Je me la tâte.
Je crois qu'elle saigne aussi.
Aïe.
J'ai peur.
J'ai du sang sur les doigts et les jambes.
C'est chaud.
J'ai froid.
J'ai très envie de dormir.
Je vais dormir un coup.

+++

La dame me dit de rentrer, elle veut être rassurante, c'est faux, elle veut m'amadouer, j'ai peur, j'ai envie de crier et pleurer, je cries sans le vouloir parfois, je suis négligée paraît-il, je suis sale et seule donc je ne vois pas le problème NON PAS ENCORE LUI AVEC SES LUNETTES.

+++

Je suis dans mon lit. J'ai chaud. J'ai des croûtes sur la tête, de la boue sur les jambes, et de la vase dans les cheveux. Mes draps sont dans le même état. Je les laisse tomber au sol en me levant. Vu l'odeur dans la pièce j'ai aussi du m'uriner dessus.
Je suis dans le placard? Les balais colorés me piquent les yeux comme si ils brillaient, ma robe me gratte. Ça me démange beaucoup trop, autant la retirer. Je suis nue, j'ai trop chaud, Je pousse la porte et la lumière m'aveugle.
J'avance et... tombe.
Le vent fait du bien avec une telle chaleur. Francksh, je xeois que c'est la meilleure sensation au monde. Le vent dans les cheveux, sur le corps, c'est exquis. Oh! Il y a des piques en bas. J'xeois que je vais m'eacrasee

+++

Marc est pendu à l'arbre du jardin. Il est pendu par le cou, avec la corde de la balançoire qu'il a tranché pour faire un noeud. Il voulait mourir là car il y a embrassé son amour. Père et mère ne cessent de sermonner Harlan. Il reste muet, renfermé sur lui-même, il pleure en silence.
Il explose sans que personne ne s'y attende.

Il insulte Père et Mère, ils sont ignorants, fermés d'esprit, vieux jeux. Ils auraient dû les laisser forniquer.
Mais c'était trop difficile d'avoir un fils homosexuel. Je ne comprends rien. Je me souviens de quand il a détaché le corps et qu'il l'embrassa sur la bouche. Beurk. Quand il l'a brûlé ensuite avec de l'huile à moteur. Et je me souviens de quand il s'est jeté dans les flammes. De ses cris qui m'en arrachèrent d'autres. De la douleur qu'il diffusa en moi par la sienne. Je me souviens parfaitement de sa chair qui fondait et se mélangeait à celle de son amant. Des deux hommes qui, à la fin, étaient impossible à discerner.
Je me souviens d'avoir couru, d'avoir trébuché, et d'avoir pleuré longtemps. Puis de ne plus rien ressentir.





















Je suis folle.

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