4. La reine en retard
Cela fait longtemps que j'attends avec le singe derrière la barrière rouge. On entend des trompettes au loin et des chants. Des grenouilles et des rats qui sont à peine plus petits que moi arrivent en fanfare. Nan mais ils sont vraiment une grande fanfare. Puis arrive des rats portant un siège caché derrière des rideaux rouges. Les rongeurs le posent devant le portail et un autre déroule un tapis rouge devant jusqu'au portail. Je lui ouvre la barrière pour qu'il continue de le dérouler tranquillement et il me remercie du regard entre deux respirations. Il a l'air si fatigué et court aussi vite qu'il le peut sans broncher. Lorsqu'il l'a posé au sol jusqu'à la fin, continuant son ascension "tapiseuse" jusqu'à loin dans le jardin, il revient aussi vite qu'il était parti pour ouvrir les rideaux et laisser sortir la reine. Elle doit être sacrément flemmarde pour ne pas être sortie depuis tout ce temps. Ou peut-être est-elle une hypocondriaque fanatique de l'hygiène. Je crois que c'est plus probable la flemmardise.
Bref, il ouvre les rideaux rouges en velours et il se trouve... Que la reine n'est pas là.
La foule qui s'était rassemblée derrière la barrière en bois pousse un long soupir collectif puis retourne vaguer à ses occupations. Pourquoi semblent-ils si indifférents?
«Excuse-moi, j'interpelle un petit garçon au cheveux noir au bol, mais pourquoi cela semble si normal?
- La reine Santana est toujours en retard. Mais on a fini par l'appeler Sentana à cause de "Sent" en retard en danois.»
Nous gloussons puis il repart dans la foule. Alors les personnes de ce "royaume" sont bien critiques... Il faudra que je fasses attention ici.
Je décide d'attendre, je suis tout de même curieuse de voir l'aspect de cette reine.
Je n'attendis pas longtemps car bientôt une jeune femme courait dans notre direction. Une longue tresse blonde battait dans son dos et elle était vêtue d'une robe blanche simple qui lui arrivait au-dessus des genoux, le tout complété par une cape en velours rouges qui traînait derrière elle et ralentissait sa course. Une multitude de montres aux poignets et d'autres qui pendaient à sa ceinture faisaient du bruit à l'unisson. Tic tac. Tic tac. Tic tac. Au rythme de mon cœur que j'entendais battre dans mes oreilles. Il battait en même temps que ces dizaines d'horloges et de montres et me donnait de l'adrénaline. Tic tac. Tic tac. Tic tac. Elle marchait au rythme de ses horloges, et de mon cœur.
Elle arrêta sa course devant le portail. Elle ne bougea pas d'un fil, droite, la poitrine bombée et le menton relevé.
«Et bien alors? Qu'attendez-vous!? s'exclama-t-elle.»
Je pointai ma poitrine du doigt, dubitative.
«Mais oui vous! Qui d'autre pour m'inviter à entrer?!
- Vous... Inviter?
- Oui, venez m'ouvrir ce fichu portail!»
Décidément, ce lieu était d'une autre époque... Je me dirigeais donc vers le portail et lui ouvrit la porte.
«Révérence ma chère!»
J'affaissais légèrement les épaules en baissant le tête. Curieuse reine dans un curieux monde. Je suis folle. C'est forcément un rêve. Un rêve de fou.
La reine me passa devant en me refaisant une révérence en retour. Son sourire était poli, mais pas heureux.
Elle se dirigea vers le pingouin qui m'avait aidé tout à l'heure. La retardataire lui chuchota quelque chose à l'oreille, si grâce les oiseaux en étaient dotés, et dès qu'elle se redressa, il claqua fort ses nageoires qui émirent un bruit de fouet.
La foule se tut et s'agglutina autours d'eux. Je m'approchais également, jouant des coudes pour être assez près pour voir la reine.
J'étais petite parmis ces adultes et ces animaux.
Oui.
Ces animaux.
Mais n'oublions pas que je suis folle. C'est un rêve de fou.
Donc. Les animaux étaient divers. Du lapin au grand cou de plusieurs mètres à la girafe miniature.
Quoi? J'ai inversé? Nan je ne crois pas.
Ils sont ainsi, en tout cas derrière moi. Bref, je reportais mon attention sur la reine Sentana, ou Santana c'est vous qui voyez, qui cria d'une voix perçante:
«J'ai besoin de volontaires contre la piteuse Armée Bleue! N'ayez pas peur et souvenez-vous de la dernière fois!»
La dernière fois? Que c'était-il passé?
J'avais pensé tout haut car toutes les personnes à proximité me dévisagèrent.
«La dernière fois nous les avons exterminés! s'écria la foule en cœur.»
La chaleur augmentait. Les humains criaient. Les animaux aboyaient, hurlaient, rugissaient et hurlaient. Les enfants riaient. Le peuple en délire acclamait leur reine. Elle les avait mené dans une bataille, et ils l'a remerciait de leur victoire.
Ce monde semblait encore plus fou que moi.
Mais moi je suis folle.
Ai-je donc ma place ici?
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