Chapitre 9 : objectif camouflage en milieu urbain

Alors que sa silhouette est sur le point disparaître, il s'arrête :

"-Une fois que je serai parti, il sera trop tard pour me retenir."

Sans trouver le courage de le rattraper, je ne peux m'empêcher de le fixer. Je me laisse glisser le long du mur.

"-Ne me laisse pas seule..., murmuré-je faiblement." ...Je ne le supporterai pas.

Chaque seconde dure une éternité. Qu'attends-tu de moi hein ? Tu vois bien ! Je suis incapable de faire quoique ce soit ! Pas même de te retenir.. 

 Il passe sa main dans ses cheveux avant de se retourner. D'un pas beaucoup plus lent, il revint et s'accroupit devant moi.

"-Je sais que c'est pas facile pour toi, mais si tu continues à t'opposer comme ça contre moi ça va être encore moins facile. Donc maintenant c'est soit t'acceptes mon aide  soit j'me tire pour de bon. 

-Pourquoi tu fais ça..?

-Par bonté de cœur, répond-t-il en haussant les épaules."

Cette réponse sonne tellement fausse. Je plonge mon regard dans le sien, que me caches-tu..?
Il attrape soudainement mon menton avec un petit sourire :

"Si t'as quelque chose à me demander fais-le plutôt que d'me fixer comme ça." 

Du revers de la main je le repousse et détourne la tête.

"Ne me touche pas, répondé-je uniquement."

Je n'ai pas besoin de savoir ça maintenant. Ni jamais d'ailleurs ! Tout ce qui compte c'est ma survie. Puis s'il me voulait du mal il aurait déjà pu m'en faire sans aucun problème. Alors qu'il garde ses secrets pour lui.

Après m'être relevée, nous retournons dans l'enceinte de l'église où nous attendons sagement sa fermeture pour ressortir. 


Nous voilà en route pour notre prochain objectif "camouflage en milieu urbain".  
Nous devons absolument trouver des chaussures car pieds nus nous ne pourrons aller nul part. Cet après-midi il a donc mis au point un plan pour atteindre notre but. Mes mains tremblent à mesure que l'angoisse monte en moi. Je déteste vraiment ce qu'on s'apprête à faire. Toujours en m'appuyant sur lui, nous cherchons une rue qui n'est pas trop fréquentée. Arrivés devant la porte d'un grand immeuble, il me lâche.

"-Les gens se laissent plus amadouer par les femmes alors à toi l'honneur Ariel."

Mon corps refuse de bouger, j'ai trop peur, je suis trop timide ..! Sans me laisser le choix, il pianote sur l'interphone et appel un nom au hasard juste avant de se reculer.
Une voix d'homme décroche. Prise au dépourvu je panique et oublie ce que je dois dire :

"-Bon..Bon..soir.."

Je ne peux m'empêcher de toucher nerveusement mon visage. C'est alors qu'il me pousse énervé. Je me recule tremblante.

"-Excusez-nous pour le dérangement mais ma copine a oublié le pass chez nous, souffle-t-il tout en massant sa tempe de son index et majeur. 

-Désolée... dis-je tristement"

Quelques secondes s'écoulent avant que nous entendions la porte se déverrouiller.

"-Merci, dit-il tout en ouvrant la porte du sas."

Il me tire à l'intérieur et attend la fermeture de la porte.

"-Rhaa pour qui je passe à cause de toi, me charrie-t-il, comment je pouvais justifier ton stress à part en me faisant passer pour un tyran ! Enfaite j'vais commencer à douter si tu sais vraiment parler notre langue ! Toi parler français ?".

Je penche la tête sur le côté et lui lance un regard noir. 

"-Merci pour l'aide, me contenté-je de lui rétorquer."

Je sais très bien parler, c'est à cause de lui ! Comment je pourrais être si naturelle alors que je compte les voler. Pas eux directement mais quand même..! Puis je n'ai aucune raison de lui parler à lui non plus.

Ceci dit, la première partie du plan est réussie sans trop d'encombre. Il ne me reste plus qu'à prier que les gens laissent leurs chaussures sur leur pallier. 
Etant handicapée, je ne m'occuperai de fouiller que le rez-de-chaussée ainsi que le premier étage.  

Je me retrouve seule au milieu de cet immense couloir, lui étant monté au dernier étage. Je prends une inspiration et me mets à inspecter tous les paliers. A part une poussette il n'y rien du tout. Le moindre bruit me terrifie. J'ai tellement peur qu'on me retrouve...

CLAC !

D'un bond je me retourne tandis que l'une des portes s'ouvre. Dans la panique, je m'empresse de rejoindre la cage d'escaliers. Je n'ai pas le temps de prendre l'ascenseur ! Sans réfléchir je dévale les marches. Ma cheville se rebelle et cède sous mon poids. Je retiens un cris.
Tout s'enchaine si vite : je rate la marche et perds l'équilibre. Je tombe la tête la première sans réussir à me rattraper.

BOUUM

Un gros tas de poussière vient amortir ma chute. Mes côtes encore fragiles craquent sous mon poids. Une vive douleur me parcourt tout le corps.
Des bruits de pas retentissent rapidement mais je n'ai pas la force de me relever. Je suis complètement sonnée.

Un nouveau bruit résonne. 

"-Ariel.. ?! dit-il affolé.

-..."

Il me prend contre lui et nous adosse au mur. 

"- Ca va ?! T'as mal où ?! 

-Ca va.. J'ai juste.. trébuché, je lui balbutie."

Mes esprits me reviennent peu à peu.

"Désolée.. Je n'ai rien trouvé.."

Pourquoi tout ce que j'arrive à faire c'est me blesser et l'inquiéter ! 

"J'ai trouvé ce qu'il fallait t'en fais pas pour ça, le principal c'est que t'ai rien.

-..."

Je ne trouve rien à lui répondre. Tout ce que je peux faire est de dissimuler au maximum ma souffrance. Pendant qu'il retourne chercher les chaussures qu'il a laissé tomber dans les marches, je cache mon visage entre mes mains. 

Je finis par enfiler la paire qu'il me tend tout en essayant de ne pas frotter ma cheville. Je peine à les mettre vu qu'elles sont trop petites pour moi. Mais bon, je ne suis clairement pas en mesure de me plaindre. Ce sont des converses qui remontent suffisamment haut pour cacher ma cheville meurtrie. Je desserre au maximum les lacets pour rendre la douleur un peu plus supportable.
Lui, il s'est trouvé un genre d'espadrilles grises.

Cela fait nous ne nous attardons pas ici d'avantage. Nous sortons de cet immeuble et retournons sur la place qui nous sert maintenant de dortoir. Se rendant compte de ma douleur, il m'a portée les trois quarts du trajet sans dire un mot ni me taquiner. Comment peut-il être aussi attentionné avec moi ?

Je réalise maintenant à quel point tout ce que nous prenons pour acquis est enfaite si important. Jamais je n'aurais cru être aussi heureuse d'avoir des chaussures. Ou encore regretter le confort de mon lit. La faim me gagnant peu à peu j'en viens même à regretter mes repas.

Le lendemain matin nous pratiquons le même chemin pour retourner à la même église.
Une certaine routine s'installe, bien que de plus en plus de personnes, surtout les curés, se mettent à nous observer. Cette situation ne pourra durer éternellement.


Alors que nous nous apprêtons à regagner une fois encore notre refuge, nous remarquons des dizaines de camionnettes sur la grande place où nous passons la majeure partie de nos nuits. Il ne nous fallut que peu de temps pour comprendre que nous avions tiré le gros lot. Un marché ! 

Fou de joie, il me tire sur un banc à proximité et se réjouit :

"Voler ici va être un jeu d'enfant, me chuchote-t-il !"

Le seul vrai enjeu selon lui est le nombre de personnes susceptibles de nous reconnaître. Pour éviter ça, nous décidons de nous faire passer pour un jeune couple. Comme il me soutiendra mes boitements passeront plus inaperçus.

Petit à petit diverses odeurs de nourritures se mélangent et envahissent la place et ses environs. Cela me rend malade.

"-Ca va aller, me questionne-t-il suite à mes grimaces."

Je hausse les épaules. Nous nourrir devient vraiment vital alors oui ça ira. Je ne veux pas être davantage un poids pour Lui.
Nous attendons que le marché soit bondés pour s'y aventurer. Plus il y a de monde et moins nous serons remarqués.

Après avoir suffisamment patienté, nous rejoignons les allées truffées de monde. Au milieu de tous ces gens, ces odeurs et ces bruits je me sens comme étouffée.

"-Ca va aller, j'suis avec toi, me murmure-t-il à l'oreille."

Comme pour appuyer mes propos il me serre un peu plus contre lui. Si on m'avait dit que je finirais aussi proche de lui sans que je ne réagisse, je n'y aurais juste jamais cru.
Tout en marchant il me susurre :

"Ta couleur de cheveux ça n'va pas le faire longtemps. Dès q'tu peux prends un truc pour les couvrir."

Alors que je lutte contre l'angoisse naissante, il scrute chacun des stands. Tous sont mélangés, nous passons d'un stand de fromages, à un fleuriste, à un étalage de chaussures...

Sans prévenir, il me pousse sous l'une des bâches et me tapote sur l'épaule comme pour me donner du courage. Suite à ça, il part aborder le commerçant avec un naturel déconcertant. Je sais qu'il fait ça pour me laisser le champ libre. Mais comment peut-il le distraire aussi facilement ? On dirait qu'il a fait ça toute sa vie ! Je me retrouve une fois de plus seule livrée à moi-même. Je canalise ma respiration.

Je dois faire vite. Je regarde tout autours de moi et remarque quelques chapeaux suspendus le long d'une barre en fer. Sans réfléchir j'en prends un au hasard et l'enfile. Je lui lance un regard mais il est trop occupé à distraire le vendeur. Des personnes s'approchent de moi. Qu'est-ce qu'elles me veulent ? Elles m'ont vue voler ?! Ne sachant quoi faire, je panique et décide de m'enfuir le plus vite possible. Je tente de me faufiler dans cette foule mais suis rapidement rattrapée par la panique. Tout ces gens, ces bruits, ces odeurs, leurs regards ! Qu'est-ce qu'ils me veulent ! Oui j'ai volé ! J'ai volé !! Je bouche les oreilles avec mes mains et me retrouve complètement tétanisée. Des sueurs froides me parcourent. Je manque d'air. De plus en plus d'yeux me fixent. Arrêtez ! DEGAGEZ ! Ma vue se brouille et mon cœur bat la chamade.

Alors que j'allais m'effondrer, je me retrouve prisonnière. Avant que je ne puisse hurler, il s'empresse de me chuchoter :

"-C'est moi, j'suis là. Ca va aller.."

Il me sert d'avantage contre lui. Il continuer de murmurer je ne sais trop quoi. Mes muscles se contractent si fort que j'en ai mal.

"-Bougez de là !" S'écrie méchamment un passant. "Vous bloquez tout le monde  !!".

Alors qu'il s'apprête à lui répondre, je m'accroche faiblement à son bras. Il sert le poing et, tout en me gardant contre lui, nous éloigne loin de ces ruelles. Il m'aide à m'asseoir sur un banc et en fait de même.

"-Bon.. Malgré ce p'tit accident tu t'en es bien tirée."

Il essaye de prendre un ton enjoué comme pour dédramatiser ce qui vient de se passer.

"-Dé.. Désolée... je..

-J'aurais dû prévoir ça donc t'inquiète pas trop."

Un silence s'installe. Mes larmes s'écrasent sur le sol. Je suis si pathétique. Je suis incapable de supporter tous ces gens, toutes ces odeurs, tout ça ! Je ne suis pas prête.. Pas encore. Je veux juste m'enfuir loin de tout ça... Nous restons ainsi jusqu'à ce que je réussisse à me calmer. Que ma respiration retrouve un rythme normal et que mes pleurs cessent.

"Tu permets, me demande-t-il doucement."

Je tourne la tête en sa direction, septique, fronçant fébrilement les sourcils. Il retire délicatement la casquette volée et enroule mes cheveux au dessus de ma tête. Il repose le chapeau qui recouvre alors intégralement mes cheveux.

"-Voilà, comme ça plus moyen de te reconnaître par ta couleur.

-Merci.., dis-je en détournant le regard."

Ce contact est différent de tous ceux qu'il y a eu jusque là. Mes joues se teintent de roses. Et mon cœur, qui avait enfin réussi à se calmer, recommence de plus belle.


"-J'imagine que tu veux pas retourner là-bas. Mais je peux pas passer une journée de plus sans manger alors attends-moi là. J'fais au plus vite."

Le voilà reparti, sa silhouette rapidement engloutie dans cette foule.


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Bonjour bonsoir,

Désolée pour la semaine sans chapitre ! J'essayerai de ne plus recommencer :c 

En espérant que ce chapitre vous ai plus ! 










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