La tasse dans la main, je regarde l'eau marronnasse qu'elle contient. Je dois vraiment lui faire boire ça ?
J'approche la porcelaine à mes narines et hume l'odeur qui s'en émane. 
Ca me rappelle les tisanes que me préparait ma mère chaque fois que j'étais malade. Ce n'était jamais très bon mais me soignait toujours.
Je la porte finalement à mes lèvres et bois une infime gorgée. S'il y a quoique ce soit dedans je m'en rendrais compte en espérant n'avoir trop d'effet néfastes.

Je repose la tasse et m'adosse au canapé. Je n'ai plus qu'à attendre. Je repense à cet homme, il a dit qu'il allait revenir. C'est peut-être pour voir si le somnifère allait faire effet. 

Aucune horloge n'est accrochée dans la pièce je n'ai alors aucune idée du temps qui passe.

J'ai beau attendre mais aucun effet ne vient. Je bois une plus grosse gorgée et recommence à patienter. 

Toujours rien.

Ai-je raison d'autant me méfier..? Pour le moment il n'a rien fait de suspect, bien au contraire. Je porte donc la seconde tasse aux lèvres de Isaac et redresse sa tête. Même inconscient je tente de l'hydrater tout en prenant soin de ne pas le faire s'étouffer.
Je me sens presque bête d'avoir pu croire que cette tisane était empoisonnée. Après ceci fait, je change la serviette sur son front. 
Ses tremblements se sont arrêtés à mon plus grand soulagement. 

Je pars ensuite m'allonger sur le dos sur l'autre canapé. Je soupire, étant enfin allongée sur quelque chose de moelleux. Jamais je n'aurais pu pensé que ce confort était si précieux. 
Mais malgré ça, je suis incapable de fermer l'œil et de temps en temps je jette des regards à Isaac mais il dort profondément.

Les grincements du planchers précèdent une voix un peu chevrotante :

-Jeune fille je vous ai fait couler un bain.

Je retorque aussitôt :

-Je ne peux pas le laisser seul ! 

-Je veillerai sur lui, ne vous en faites pas. Mais d'ailleurs comment vous appelez-vous vous deux ?

Lui donnez nos noms ne pourra pas nous nuire. Et s'il ne nous veut pas de mal c'est le minimum de politesse de lui répondre. 

-Isaac et Anastasia.

 Il me sourit faiblement tandis que ses yeux sont plissés montrant sa "bienveillance". 
Il reprend :

-Si vous attendez trop l'eau sera froide.

Je m'assois sur le bord du canapé. Il est vrai que je n'avais été aussi sale... 

-C'est au bout de couloir à gauche !

Un peu forcée, je quitte la pièce après m'être assurée qu'il n'avait rien de suspect sur lui. Le couloir est étroit, mais cela n'empêche qu'une petite commode en bois longe celui-ci. Je rentre finalement dans la pièce indiquée où il fait particulièrement chaud. Au fond de la pièce se trouve une grande baignoire fumante, débordante de mousse. Un rideau beige est retroussé sur un des bord de la baignoire. Une sorte d'euphorie m'envahie et je me jette dans la baignoire.





Je ne peux dire combien de temps j'y suis restée, mais suffisamment pour que ma peau se fripe. Je ne m'étais jamais sentie aussi bien après un bain. Je sors et m'enveloppe dans une serviette avant de chercher mes vêtements qui ont... disparu ?! Une décharge électrique me parcourt le corps; je panique. C'est un violeur qui nous a recueilli ?!  C'était pour ça ?! D'anciens souvenirs me sautent au visage et me manque de basculer sous le choc. ISAAC ?! Je reprends mes esprits et sors en trombe de la salle de bain malgré ma cheville encore souffrante. Je me rue dans le salon affolée pour lui. 
Je m'arrête net quand je vois le vieillard assis sur le canapé en train de feuilleté un vieux livre. Il tourne la tête en ma direction et semble surpris, gêné.

Je rougis me rendant compte de la situation : je suis vêtue d'une pauvre serviette, les cheveux dégoulinants après avoir gravement suspecté l'homme qui prend soin de nous malgré notre état.
Il brise le silence :

-Oh Anastasia, veuillez m'excuser vos vêtements sont à sécher, je ne pensais pas que vous sortiriez aussi rapidement, dit-il en laissant tomber ses lunettes accrochées à son collier. 

-Vous.. Vous avez lavé mes vêtements...? 

-Bien sûr, quel hôte serais-je sinon ?

Je me sens vraiment honteuse, il faut vraiment que je me détende... 

-Ils doivent être prêts, je vais vous les chercher. 

-Non. Je peux y aller, je l'interromps.

Il se lève.

-Je vous les apporte dans la salle de bain, sauf si vous souhaitez vous changer ici, rigole-t-il.

Il ne me laisse pas le choix, ça qui me rappelle quelqu'un. Fait-il ça par politesse ? Il quitte la pièce et j'en fais de même afin de retourner dans la salle de bain.

 En l'attendant, je vais face au miroir et regarde chaque partie de mon visage. Je ne pensais pas que mes cernes pouvaient être encore plus marquées. 
Je prends la brosse à cheveux placée sur le bord du lavabo et les brosse, encore humides, en chignon. Ce sera plus pratique pour les rentrer dans la casquette. Puis, à l'aide d'un chouchou, je les attache. 
Vit-il avec sa petite fille ? Sinon pourquoi aurait-il ce genre d'affaires ? Ou peut-être vit-il avec sa femme. 

Un soupire s'échappe. Sa vie privée ne me regarde pas. 

**Toc toc** 

La porte s'entrouvre:

-Je vous dépose vos vêtements secs de l'autre côté.

Et aussitôt sa phrase finie, les bruits de pas s'éloignent. 








Le soir arrive et me voilà à dîner avec lui tandis qu'Isaac dort toujours. La cuisine est assortie au reste de la maisonnette : petite et assez ancienne. Nous mangeons sur une petite table ronde nappée. Sur celle-ci sont cuisinées dans un plat en verre des pommes de terres fumantes accompagnées d'un bouillon de bœuf. Mon ventre gargouille et je me sers avec appétit. Ma mère serait agréablement étonnée ! Elle me manque tellement..

-Qu'a-t-il ma chère Anastasia ?

-Oh.. Heu... 

Plus j'en dis et plus il risque de me trouver suspecte. 

-Je repensais à ma défunte mère...

Dans l'empressement c'est la seule explication facile qui l'empêchera de me poser des questions. Comment puis-je lui dire que je ne vois plus ma mère car je me suis évadée d'un hôpital ? 

-Je m'en vois désolé, dit-il avant de se servir.

Je fixe mon assiette soulagée, ça a marché. Désolée maman de m'être servie de toi de cette manière. J'espère que tu vas bien.. Et que tu ne t'inquiètes pas trop. 

-Où on est..? 

Je me retourne brusquement et voit Isaac appuyé dans l'entrebâillure de la porte. Je lâche immédiatement mes couverts en me jette à ses côtés. 


-Tu es réveillé !

- Bien joué Sherlock. On est où?!

-Tu ne te rappelles pas..?

-Réponds.. !

Notre hôte prend la parole :

-Ne paniquez pas jeune homme, vous êtes en sécurité. Dieu m'a mis sur votre route pour que je vous aide à vous rétablir.

Il y a vraiment quelque chose qui cloche chez cet homme.. Qui dirait ça dans ce genre de situation. Enfin je peux parler car dans cette situation rien n'est normal...
Isaac me regarde :

-Ariel qu'est-ce t'as foutu..! 

Le vieil homme se lève après avoir vidé son assiette.

-Je vous laisse les jeunes, dit-il avant de partir une fois sa vaisselle posée dans l'évier. 

-C'est quoi ce bordel ?! T'as oublié qu'on...

Je hausse la voix :

-Bien sûr que non mais tu voulais que je te laisse crever putain ?! Tu t'es vu ?! Tu ne te rappelles même pas de ce qu'il s'est passé ... !!  TU..

Il me couvre la bouche de la main et murmure :

-Alors la meilleure idée qui te sois venu c'est d'être à la merci d'un inconnu ?! Et s'il appelait un hôpital ?! 

Je le repousse violement et retourne m'asseoir à table après lui avoir murmuré un "Vas te faire *****".

Il vient de se réveiller après avoir passé deux jours dans le coma et tout ce qu'il fait c'est de me crier dessus alors que je lui ai sauvé la vie ?! C'est quel genre d'ingrat ?! Je bouillonne de rage. Il vint s'asseoir en face de moi et fixe le plat :

-J'ai juste eu peur qu'on ai fait tout ça pour rien. Ce mec peut réduire à zéro tous nos efforts. Mais de c'que j'vois c'est que tu t'es inquiété pour moi Ariel. Alors j'suis désolé de t'avoir parlé comme ça.

Je reste muette. C'est quoi ce sentiment..? Je devrais être furieuse mais je me sens...
...Triste...

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Yo ! Ravie de voir que vous êtes encore là ! Alors ce chapitre vous a plu ? La longueur vous convient ?

Et dites-moi, pourquoi pensez-vous qu'Anastasia est triste ? 
Et à sa place, douteriez-vous, vous aussi, autant de ce vieil homme ?