Chapitre 12: Méfiance

La nuit bat son plein. Différents bruits tels que des branches qui craquent, des hiboux ou encore des chauves-souris me font sursauter à plusieurs reprises. Je tente de rester forte mais ma peur prend le dessus et mes nerfs lâchent :

- Alors tu vas vraiment mourir maintenant hein ? Tu vas vraiment me laisser toute seule après m'avoir embarquée dans ce bordel hein ?! 

Des larmes de rages mêlées à la peur coulent le long de mes joues. 

-Pourquoi tu as fais ça ?!  Tu veux que je survives comment dans tout ça ?! T'es vraiment un beau salaud bordel ! Comment tu peux me faire ça !

Je suis terrifiée misérable et impuissante, alors tout ce que je trouve à faire c'est de crier sur un homme inconscient au beau milieu d'une forêt et en pleine nuit.

Soudain et sans que je ne m'y attende, il me tire faiblement contre lui et me prend dans ses bras. Il me souffle :

-C'est pour ce salaud que t'es en train de pleurer ?

C'est alors que j'éclate en sanglot blottie contre son corps toujours aussi brûlant. Non je ne pleure pas pour toi. Je pleure à cause de toi..!

-Juste.. reste vivant... putain...

A ça je ne reçois aucune réponse, il ne doit plus avoir assez de force pour me répondre. J'enfuie ma tête dans le creux de son épaule. Je ne le supporte pas mais je n'ai que lui. Mes larmes ne tardent pas à tremper son épaule que j'essuie de ma manche. Je me remets dans la même position et ses battements de cœur réguliers finissent par me calmer. Je ferme les yeux et aidée par la fatigue je parviens à m'endormir. Sa chaleur suffit à contrer la froideur de la nuit. 


Dans un sursaut je me réveille, toujours enlacée dans ses bras tressaillant. Je relève la tête et constate que des gouttes de sueurs ne cessent de couler de son front. Son visage est crispé montrant sa lutte contre la maladie. Je dois absolument trouver une solution, faire quelque chose pour l'apaiser.

N'ayant d'autre choix, et aidée d'un arbre, je me lève. Trouver de l'eau ici semble mission impossible mais je me dois de lui en trouver. Si ça continue comme ça  je crains vraiment qu'il y passe. Un pied devant l'autre j'avance difficilement. Après une quinzaine de mètres, je m'arrête et m'appuie contre le tronc d'un arbre. La tête contre l'écorce je regarde au loin dans l'espoir de trouver de quoi m'aider. Mais n'y a rien ici...! Rien d'autre que des arbres, des arbres et encore des arbres..!
 
Je devrais peut-être rejoindre la route, retourner à l'hôpital et demander de l'aide. Demander de l'aide à quelqu'un à n'importe qui. 

Je lève les yeux au ciel et passe mes mains sur mes tempes puis mes joues.

-Alors Dieu.. Tu n'existes vraiment pas hein.. Pas une seule fois tu me seras venu en aide. Tu m'as vraiment laissée tomber ou c'est plutôt que tu n'as bel et bien jamais existé ?

-Jeune fille, bien sûr que Dieu existe et qu'il est là pour vous... 

Je sursaute et me retourne brusquement. Prise par surprise, je bascule en arrière et m'écrase dans un mélange de terre et de mousse. Tout en me tendant une main, ce vieille homme continue son discours :

-... cependant, notre seigneur n'accepte que les meilleurs auprès de lui. Il ne fait que vous tester ma demoiselle. Alors relevez-vous et honorez son épreuve. 

Je regarde la main fripée qu'il me tend. Toujours à terre, je me recule.

-Partez.. ! 

Ma respiration est forte. Comment est-il arrivé sans que je ne l'entende ? Sans que je ne le vois ?! Il n'y a rien autours ! Comment c'est possible ? Voyant ma réticence et ma crainte, il retire sa main et se retourne. 

-Le jeune homme là-bas ne semble pas aller bien. Souhaitez-vous vraiment que je vous laisse livrés à vous-même dans la nature. Si Dieu m'a mené jusqu'à vous, ne pensez-vous pas que cela est pour une bonne raison ? 

Sa voix est anormalement calme, une aura étrange émane de lui. Comment peut-il déblatter ses conneries dans une situation pareil. Et que tente-t-il de faire ? De me mettre la pression ? Dans quel but ?!
Je jette un regard à Isaac; ses tremblements ne se calment pas.
Mon regard retourne sur l'étrange inconnu, je le scrute. Ce que je remarque en premier c'est le pendentif orné d'une croix qu'il porte à son cou. Il est habillé d'un costume et d'une chemise blanche faisant ressortir son ventre bedonnant. Ses cheveux grisonnant sont plaqués contre sa tête. Un homme des plus banals, sur lequel je ne me retournerais pas dans la rue. Mes yeux dévie à nouveau sur Isaac, à ce moment tout l'opposé de cet homme soigné. 

-Sauvez-le... S'il vous plaît.

Le vieillard me sourit puis m'aide à relever. Cependant pour bien lui faire comprendre que je ne lui accorde pas ma confiance, je me redresse seule. 

Tout en avançant vers Isaac, il me dit :

-Hélas à cause de mon âge avancé, je ne pourrai porter votre compagnon jusqu'à chez moi.

-Où vivez-vous ? je le questionne sèchement. 

-Dans une modeste maison à peine plus loin.

On dirait le début d'un mauvais film d'horreur. Il faut se méfier des personnes comme lui qui arrivent quand on est vulnérable. Arrivés devant Isaac je m'agenouille et lui murmure :

-Je t'en supplie réveille-toi.. J'ai trouvé de l'"aide"... 

Il grommelle et entrouvre les yeux.

-C'est quoi... Ce bordel..? 

-Dans cet état c'est tout ce à quoi tu penses putain..? Tu as vu ton état ?!, je lui crie presque. Lève-toi.. Tu dois être soigné.. 

Il fronce les sourcils pour désapprouver mais n'ayant la force de lutter, il se plie à mon ordre. Le vieil homme m'aide à le relever et nous nous mettons en route. A plusieurs reprises il tente de me parler mais aucun son ne sort de sa gorge.

-Que faites-vous ici, m'interroge l'homme qui nous accompagne.

-On s'est perdu, je réponds prise de cours.

Il n'insiste pas, ce qui est étrange. Comment quelqu'un pourrait gober ça sans poser plus de questions ?
Plus les minutes avancent et plus ma cheville me brûle. J'ai l'impression qu'elle va céder à tout moment. Mes côtes encore cassés quant à elles me font un mal de chien à cause d'Isaac qui s'appuie de tout son poids sur moi. 

-Aller, votre épreuve est bientôt finie, nous encourage le vieil homme. 

Je relève la tête et voit devant moi une petite bâtisse dont la façade est recouverte d'un lierre verdoyant. Le bonhomme se libère du bras d'Isaac, qui s'appuie alors d'avantage sur moi, et s'avance pour nous ouvrir la porte fermée à clef.  Il l'ouvre et me fait le passage. 
Je peine à tirer Isaac à l'intérieur de la demeure. 

L'homme m'indique le salon où je me "précipite". Je lâche Isaac sur le canapé avant de m'écrouler à mon tour cependant sur le sol. Je prends de grandes respirations, le corps souffrant.  
Moi qui m'attendait à le voir nous rejoindre, l'homme qui nous a accueillit s'en va dans une autre pièce.
Plus les secondes passent et plus mon angoisse s'intensifie. Ai-je bien fait de nous emmener ici ?
Je m'accoude sur le bord du canapé et pose une main sur son front toujours aussi bouillant. 

Des bruits étranges proviennent d'une pièce adjacente et je sursaute. Je regarde tout autours de moi, la pièce est des plus anodins. C'est un petit salon comme on imaginerait le salon d'une personne âgée. Deux canapés en cuir encerclent une petite table basse décorée d'une nappe en dentelle et d'une statuette de la vierge Marie. Sur le sol est disposé un petit tapis rond. En face de moi, se trouve une buffet en bois rempli de vaisselle en porcelaine et de diverses symboles religieux.
Dans cette pièce je ne vois rien d'inquiétant si ce n'est qu'il n'y ai ni télé ni téléphone. Vivrait-il complètement coupé du monde..?  Mais pourquoi ? Surtout à cet âge. Mais ceci explique la raison pour laquelle il ne nous a pas reconnu. A moins qu'il nous ai très bien reconnu et que...

Je secoue la tête. Il faut que j'arrête de psychoter. Qu'aurais-je pu faire d'autre ? J'aurais dû le laisser mourir ? Appeler l'hôpital ? Non, ce n'était pas une option. 

Ses pas lourds résonnent dans le couloir. Le voilà qui arrive avec un petit plateau de service en fer avec deux tasses, des serviettes et autres objets que je ne distingue pas. Il s'approche doucement et pose le plateau sur la petite table, tout en faisant attention de ne pas déplacer la statuette.

Il me tend une serviette froide :

-Mettez-lui ceci sur le front pour faire baisser sa fièvre. 

Je m'exécute aussitôt. Je tourne la tête et regarde l'homme qui farfouille dans une boite de secours. Il en sort un bandage et une paumade. 

-Retirez votre chaussure jeune fille, m'ordonne-t-il à nouveau. 

-Comment ..?

-J'ai eu une petite fille savez-vous, une vraie casse-cou. 

....

Ma cheville est si enflée que je ne peux la laisser dans cette état. Je finis par lui obéir et le voilà qu'il se met à me soigner. Il m'applique la crème et la fraîcheur de celle-ci me fait un bien fou. Je m'adosse au canapé et mes muscles se détendent.  Je suis cependant gênée qu'un homme aussi âgé prenne autant de temps à s'occuper de moi. Après ma cheville bandée, il me tend une tasse :

-Essayez de le faire boire c'est important. Sur ce, je vous laisse vous reposer, je reviendrai plus tard m'assurer de votre rétablissement, dit-il en quittant la pièce maintenant silencieuse. 
 











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Merci d'avoir lu ce nouveau chapitre ! J'espère qu'il vous a plu ! 

N'hésitez pas à laisser un commentaire sur vos impressions, sur ce que vous pensez de ce vieille homme, ou de si vous pensez que Isaac va s'en sortir. Peut-être même que vous avez des théories !



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