🎹Chapitre 6 : Opéra de Paris :
Je me tenais devant l'énorme bâtisse si splendide, si seigneuriale. Garnier. J'en avais vu des villas, des châteaux et des palais mais celui-ci, pour une raison qui m'est encore inconnue, fait battre mon cœur. Ces statues dorées sont resplendissantes et témoignent de son histoire, si seulement pouvaient-elles parler, elles nous conteraient les secrets dont regorgent cette merveille. Inauguré en mille-huit-cent-soixante-quinze, cela représente un véritable patrimoine pour la capitale ainsi que pour toute la France.
Il est aussi connu pour être une académie pour tous chorégraphes, danseurs, chanteurs ou poètes. On a fait appel à moi pour les aider, pour leur accorder une mélodie qui fera enivrer tous ceux qui auront la chance de pouvoir en profiter.
En prenant un bon souffle bien profond, je m'engouffrais dans le bâtiment.
Je fus ébahi par la beauté, l'éclat et l'attrait de cet endroit. On se serait cru dans un film, ou encore meilleur, dans un rêve. Ces escaliers dignes d'un conte de princesse, ces lustres si lumineux, ces dessins si somptueux. Une véritable merveille !
Une femme, rousse, âgée et aux airs sympathiques m'approcha.
-Monsieur Livio, je suis contente de vous revoir, débuta-t-elle.
J'ai déjà eu l'occasion de travailler à plusieurs reprises avec Madame Perle. Elle est la directrice de cet établissement depuis une dizaine d'années. Une personne si respectable et très célèbre. Elle a été l'auteure de plusieurs chorégraphies aussi connues les unes que les autres.
-Moi de même. Je suis honoré de pouvoir retravailler avec vous, la remerciai-je en souriant largement.
-J'aimerais vous présenter les élèves choisis, cela vous aidera sûrement de connaître leurs caractères ainsi que leurs styles qui sont très diversifiés. Qu'en pensez-vous ? Proposa Madame Perle.
-Vous avez raison, allons-y !
*******
On pénétra dans la salle de danse. Cinq filles étaient en train de s'échauffer. Elles étaient très flexibles et leurs mouvements me donnaient mal aux os.
-Vous m'aviez informé que vous aimeriez n'avoir que cinq danseuses. Imira, Lia, Léa, Suzie et Miranda...
Elle fut interrompue par ladite Léa, qui alluma la musique et se mit à bouger son corps gracieusement et harmonieusement avec la douce mélodie. Ses cheveux étaient attachés en un chignon parfaitement arrangé et ses yeux étaient clos. On pouvait clairement apercevoir son amour et sa passion envers la danse classique.
-Elle est l'une des meilleures élèves qu'il ne m'a jamais été donné de rencontrer. Léa est très caractérielle et est loin d'être docile mais son talent me fait souvent oublier son impertinence, m'informa la directrice.
Je hochai la tête, toujours fasciné par le spectacle qui s'offrait à moi. Elle dégageait une aura qui lui était propre.
Quelques instants plus tard, après l'incroyable performance de la jeune femme aux cheveux bleus, la vielle dame à mes côtés s'avança au milieu de la place et prit la parole :
-Je tiens à vous présenter Monsieur Livio...
Une ballerine, Imira me semble-t-il, répliqua sans pouvoir se contenir.
-Le célèbre pianiste qui est trop beau et très charismatique !
Je ne pus résister d'afficher un léger rictus. La directrice rit de bon cœur.
-C'est bien lui. Il a gentiment accepté de nous composer une musique que nous utiliserons pour notre spectacle.
Elles applaudirent, comme elles le devaient. Je n'étais point n'importe quel pianiste, je suis Livio aux doigts féeriques.
-J'espère que ça ne sera pas une musique ennuyeuse, lâcha Léa en croisant les bras.
Je fis dévier mon regard sur sa personne et la dédaignais du regard.
-Sachez, mademoiselle, que ce n'est point à vous de me dire comment ma composition devrait être créée, rétorquai-je en souriant narquoisement.
Elle haussa les épaules.
-J'ai voulu vous prévenir d'avance, voilà tout, s'expliqua la fille à la bleue chevelure simplement.
-Merci mais je connais mon travail et j'ai entièrement confiance en mon talent.
-On n'en doute pas une seconde, monsieur Livio, répliqua madame Perle, en essayant de calmer la tension qui venait de s'installer.
Cette altercation m'a déconcentré. Mais je ne devais laisser une abrutie pareille me distraire de mon but ultime : créer une mélodie qui ferait trembler le monde de la musique classique et contemporaine. Ces bassesses, je m'en passe largement.
*******
Installé dans ma chambre d'hôtel, devant cet instrument aux touches noires et blanches, je me mis à réfléchir. La musique, en sa généralité, est la langue des sentiments. Qu'on soit heureux, triste, morne, mélancolique, joyeux, euphorique, énergétique, las, faible, abattu ou au contraire, plein d'espoir, rien de tel que de décrire ses émotions au rythme des notes. Elles arrivent à crier haut et fort ce que notre âme est en train de ressentir mais qu'on n'arrive à admettre, qu'on n'arrive à avouer.
Ce que je suis en train de sentir au plus profond de ma personne ? Du désarroi, un appel à l'aide silencieux, qu'on ne peut entendre, de la peine, une prison dans laquelle je resterais enfermé le temps que je respirerai encore, une chaîne entourant ma cheville tel un forçat qui me prive de ma liberté, de cette lueur d'espoir qu'il me reste, de vivre, de redevenir un être humain et non un monstre, vide, démuni de toute chaleur et de tous ressentis. En mon intérieur n'existe qu'une seule saison, l'hiver, le froid, la glace, la solitude et la noirceur. Un océan de pensées négatives.
Un océan noir.
C'est là que naquit un autre de mes chefs-d'œuvre.
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