🎹Chapitre 11 : Océan noir :

Quelques heures nous séparaient du grand spectacle, le moment que j'appréhendais le plus de toute ma carrière. Je n'avais jamais autant paniqué... que m'arrivait-il ? Serait-il temps de les ressortir ?

Je m'enfermai dans une des cabines des toilettes, je soufflai un bon coup puis tirai hors de ma poche un comprimé. Je l'avalais à l'aide de cinq bonnes gorgées d'eau. Ceci réussit à me calmer, je n'avais trouvé d'autres moyens plus fructueux pour me débarrasser de cette anxiété qui me tuait. J'avais cessé d'en prendre mais depuis que je suis devenu aussi célèbre, ces pilules ne me quittaient plus, ignorant quand et où ces maudites crises de panique me prendront.

A ma sortie, je croisai Léa toute habillée et maquillée.

-Êtes-vous prêtes ?

-Plus que jamais ! M'assura-t-elle, déterminée.

Je lui souris avant de me mettre derrière le rideau. Madame Perle monta sur l'estrade et s'adressa à son cher public.

-Bonsoir à vous tous. Je suis si heureuse de voir que notre spectacle ait attiré autant de bon monde. Avez-vous déjà ressenti le sentiment d'étouffement, de se noyer au fin fond d'un gouffre sans échappatoire, sans aucune lueur d'espoir. Maussade et morne, affaibli, vous essayez tout de même de vous échapper, vous battez des pieds et des mains, mais on vous retient, un être invisible que vous vous êtes créés vous-même vous ligote et vous empêche d'émettre le moindre mouvement. Et puis, vous vous perdez et vous sombrer dans cet--Océan noir.

Le public était captivé par son discours, et moi-même l'étais-je.

-A tous ceux qui sont en train de passer par des moments difficiles, qui sont en train de se débattre afin d'échapper à cette noirceur qui semble vous poursuivre, ne vous affolez pas, ne baissez pas les bras, gagnez de la force, aucune noirceur n'est éternelle. Bon, j'ai assez blablater, plaisanta-t-elle.

Tout le monde l'accompagna dans un éclat de rire.

-Applaudissez bien fort, le grand Livio !

Les mains tremblotantes, je m'avançai sur le devant de la scène. En saluant les personnes présentes, je remarquai mes parents ainsi que Grand-mère et... Aéna ? Que faisait-elle ici ? En me raclant la gorge, je m'installai sur cette chaise assez confortable, puis en prenant un grand souffle, le premier contact entre mes doigts qui témoignaient de ma nervosité et le clavier de cet instrument eut lieu. Tous les regards étaient rivés sur ma personne, je ne me suis jamais senti aussi petit et aussi agité.

Première note. La lumière s'alluma et les danseuses étaient en position. Léa me jeta un regard furtif et adouci, puis leva ses bras en l'air. Au premier pas de danse, Imira, Miranda, Lia ainsi que Suzie  s'en rapprochèrent et la retinrent en lui attrapant le bras et en essayant de l'attirer vers elles, tel du sable mouvant l'aurait fait. Elle essaya de se débattre, toujours en dansant, mais vainement. Elle se mit à terre, affaiblie, et les filles l'encerclèrent en tournoyant autour d'elle. Au moment où le rythme ainsi que la cadence de mes notes s'élevèrent, elle se releva en effectuant trois pirouettes pour chasser ces vagues noiraudes qui essayaient de l'engloutir. Par la suite, les danseuses se mirent à bouger, ensemble, et en parfaite harmonie.

Léa est très talentueuse, c'est le moins que l'on puisse dire. Son visage, tantôt fermé, exprimant sa colère, tantôt heurté, nous laisse imaginez à quel point est-ce périlleux de devoir se battre contre le méchant soi-même. Ses expressions m'ont touché, profondément.

A la fin du spectacle, les applaudissements retentirent abondamment. Nous avons véritablement créé une révolution.

Madame Perle nous rejoignit sur scène, les larmes aux yeux.

-Quelle prestation nous avons eu droit ce soir ! Incroyable ! Extraordinaire ! « Océan noir », une composition qui sans doute rentrera dans l'histoire de la musique contemporaine et classique. Applaudissez bien fort nos danseuses, Léa, Imira, Suzie, Lia et Miranda et notre pianiste Livio ! Leur demanda la directrice au chignon parfait.

Je remarquai au loin Aéna qui était debout, en train de m'applaudir et elle semblait émue, car derrière son large sourire, je pouvais apercevoir des larmes dégouliner sur ses joues. La revoir, après deux mois sans lui parler, m'a fait réaliser qu'elle m'avait, légèrement, très légèrement, manqué. Mais sans plus.

Après avoir quitté la scène, Léa me rejoignit.

-Faudrait fêter ça ! S'exclama-t-elle.

-C'est sans moi que cela se fera.

-Tu es toujours aussi ronchon à ce que je vois. L'air de Paris ne t'a pas trop changé...

Je lui fis signe de tête avant de m'éclipser afin de me changer. La soirée n'allait certainement point s'arrêter là pour moi, une fête organisée par mes parents, pour se vanter bien évidemment, a été organisée dans l'hôtel que j'occupais ces dernières semaines.

Je me vêtis chiquement avant de quitter l'Opéra de Paris.

*******

Beaucoup de monde me saluait, me félicitait, mais je me sentais étouffé. Au milieu de cette foule, des bruits des verres qui se claquaient, des conversations ennuyeuses, je me sentais de trop. Je m'assis sur l'un des fauteuils inoccupés et me perdis dans mes pensées. Ces deux mois ont été assez... mouvementés, c'est le moins que l'on puisse dire. J'ai produit une musique sur un piano électrique, que je n'avais jamais touché de ma vie. J'ai appris à mélanger les sons entre eux en regardant une cinquantaine de vidéos sur internet, bien que ça n'a été parfaitement impeccable, mais on m'a fait quitter ma zone de confort.

Je sentis quelqu'un prendre place à côté de moi. En me tournant furtivement, Aéna se tenait là, souriante.

-Ça fait longtemps ! Lança-t-elle.

-Oui, deux mois.

-L'école semblait vide sans toi. Pourquoi es-tu parti sans rien dire ? Je pensais que nous étions amis ! Me gronda cette fille en me tapant l'épaule.

Pourquoi en faisait-elle toute une histoire ? Plusieurs nous jetaient des regards étonnés ou interrogateurs...

-D'ailleurs, qui t'a ramenée ici ? La questionnai-je.

-Ta grand-mère... je veux dire, madame La Directrice, rétorqua-t-elle en levant les yeux au ciel.

-Comment ça, Grand-mère ? Pourquoi ferait-elle cela pour une simple élève dans son école ? Quelle relation te lie à elle ?

Elle se racla la gorge puis se leva.

-Je ne pensais pas que j'étais dans un interrogatoire de police. Je pensais que nous étions devenus amis, je pensais que tu serais heureux de me voir venir ici, te soutenir, et te féliciter. Mais je dois m'être trompée. Sur ce, répliqua-t-elle avant de quitter l'hôtel.

Je devais me sentir mal, mais je n'avais le temps de ressentir un quelconque sentiment de regret, mais j'aimerais découvrir ce qu'on me cache. Je savais que ses parents étaient connus, très connus même, mais d'autres élèves avaient des géniteurs bien plus populaires, plus riches, mais jamais n'avait la directrice établit un tel traitement particulier pour l'un d'eux.

Je finirais bien par élucider ce mystère un jour ! 

*********

Après une longue absence, me voilà de retour. J'espère que ce chapitre vous plaira. Si oui, n'hésitez pas à commenter et à voter, cela m'encouragerait à écrire davantage, car rien de mieux pour un écrivain que de recevoir des commentaires (positifs ou négatifs) afin qu'il puisse s'améliorer 😊.

Merci beaucoup pour votre lecture 🤍.


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