Le premier jour d'entraînement était enfin arrivé. Madame Perle avait failli s'évanouir, émerveillée par la splendeur de ma composition. Alors je vous laisse imaginer sa réaction lorsque je lui ai expliquée l'histoire que conte mon nouveau chef-d'œuvre.

En salle de danse, Léa, Lia, Miranda, Imira et Suzie se tenaient droites devant moi. Je décidai de prendre la parole :

-Je vais de suite vous expliquer l'histoire de ma composition. Océan noir est par quoi j'ai qualifié ces idées lugubres et dérangeantes, qui viennent nous habiter afin de nous gâcher l'existence. L'impression d'étouffer, de s'éteindre à petit feu, de se sentir, émotionnellement, meurtri, que le jour devienne nuit à nos yeux qui ne broient que du noir, sentir les vagues du désespoir s'abattre sur nous et nous immobiliser. Léa, tu seras cette personne qui passe par cette dure période, qui nous représente tous, à une certaine période de notre vie, Lia, Miranda, Imira ainsi que Suzie vous serez l'océan noir. Vous êtes les vraies stars, vous devez essayer de représenter la dépression, à travers vos gestes et vos expressions.

Je me retournai vers la directrice de l'établissement.

-Si vous me le permettez, madame Perle, je sais que ce n'est mon domaine, mais j'aimerais qu'elles dansent toutes ensemble à la fin, afin de prouver qu'on doit accepter d'être souffrant d'anxiété, d'être déprimé par moments et qu'on dansera avec ces démons qui essaient de nous gâcher notre joie de vivre, achevai-je.

Elle clappa tellement fort dans ses mains, qu'elle fit sursauter les danseuses.

-Mais quelle idée ingénieuse tu viens d'avoir ! Bien sûr que j'accepte, avec un grand plaisir ! S'enthousiasma la dame, le visage illuminé.

Je considérais alors que ma partie du travail était dorénavant achevée. Je m'entraînerai de temps à autre. Je devais performer en direct et je devais être irréprochable, mais je ne m'en faisais guère pour cela.

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Les semaines passaient, et le jour-J s'approchait à pas de loup. Ma tenue était prête. Un costard, très chic ainsi que des bottines provenant d'Italie. Je reconnus la signature.

Deux jours nous séparaient de la grande performance. Durant ces dernières semaines, j'assistais de temps à autre aux répétitions des danseuses, je les dirigeais et elles avaient véritablement fait du bon travail. La prestation était le portrait craché de ce que j'avais imaginé, durant cette longue nuit de pensées profondes.

Léa ressortit, vêtue d'une robe bleu obscure, ces ornements étaient en argent, on aurait dit une voie lactée en un ciel d'hiver.

-Cette tenue va très bien avec le thème de la chanson, lui fis-je remarquer.

-Je l'adore. Elle fait ressortir mon teint.

Je ne pus m'empêcher de rire. Elle ne pensait qu'à cela.

-En tout cas, j'espère qu'ils nous offriront des petits fours à volonté durant cette fête. J'ai très faim. Cela fait plus d'un mois que je ne mange qu'un repas par jour..., se plaignit-elle.

Je ne mangeais qu'un mince repas chaque jour, mais à mon plus grand bonheur, depuis mon arrivée en France, j'ai réussi à gagner des kilos en plus, je me sentais vivant à nouveau. Je me nourrissais de ce que bon me semblait-il et je ne pouvais être d'autant plus heureux.

On rejoignit Madame Perle sur la grande scène où allait se tenir la performance tant attendue. Un piano à l'allure fière se tenait à son autre bout. Les danseuses ne pouvaient réprimer leur stupeur face à la beauté du grand théâtre.

-Wow ! C'est magnifique ! S'exclama Miranda, les étoiles pleins les yeux.

-Magnifique, tu dis ? C'est carrément extra ! Lâcha Lia en sautillant légèrement.

-Trêve de bavardage mesdemoiselles ! Nous allons tout de suite commencer les répétitions. Je compte sur vous pour m'épater, les interrompit la vieille rousse.

Je me dirigeai machinalement vers cet instrument qui m'attirait tant, et pendant que les filles s'échauffaient, je me mettais à jouer et je quittai ce monde infâme le temps de deux notes. Plus rien ne m'importait, nos âmes se scellaient et je me sentais apaisé. Tout ce stress, ces doutes que j'avais accumulé se dispersèrent en un tas de fumée noire.

Je fermais les yeux et essayai d'apprécier ma propre création. Je rouvris les yeux et admirai le spectacle qu'offrait ces ballerines. Nous étions prêts !

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Hi ! J'espère que ce chapitre vous a plu. Si vous avez des remarques à faire, n'hésitez pas ! Merci pour votre lecture 🤍