🎹Chapitre 1 : Rencontre imprévue :
Vais-je réussir ? J'ai l'impression que mon existence est faite de questions rhétoriques qui me causent une migraine bien douloureuse.
Mon père, célèbre propriétaire d'une série d'hôtels luxueux dans les quatre coins du globe, organise une réception afin de fêter l'ouverture de son nouveau palace dans la capitale. Il avait invité les plus grands richards qui pouvait exister sur terre. Mais la principale raison de leur venue aujourd'hui, était pour voir le célèbre pianiste qui était connu de faire rêvasser chaque personne qui eut la chance de l'entendre jouer. On disait même qu'il avait des doigts féeriques, qu'à chaque fois qu'ils frôlaient le clavier de son piano, son auditoire se retrouvait dans une autre dimension, dépourvue de tous soucis et tracas qui pouvaient embrumer leur quotidien.
Le célèbre pianiste, ce n'est personne d'autre que moi. Oui, je ne ressens aucune gêne d'admettre que je suis l'un des meilleurs pianistes qu'a pu connaître le vaste univers des beaux-arts. J'ai commencé à m'adonner aux notes dès mes cinq ans, dans l'une des plus grandes et fastueuse garderie de la ville dans laquelle nous habitions à l'époque. Cet instrument est vite devenu le seul ami qui est resté à mes côtés, qui est resté toujours le même et qui ne m'a jamais poignardé dès que j'avais le dos tourné. Il était à mon écoute, ne me jugeait et ne se permettait de me conseiller sans mon consentement et sans même me connaître. C'est lui, ma perle rare et qui méritait mon amitié.
Habillé chiquement de mon costume que j'avais minutieusement choisi parmi les quatre-vingt-dix mille vêtements que je possédais, je m'avançais vers le centre de la salle où se tenait mon âme-sœur, mon piano.
On commençait déjà à m'applaudir. Ils n'ont encore rien entendu.
Dès que la première note retentit, je me sentais déjà en utopie. Le noir devenait blanc, la pression que j'avais accumulé durant mes vingt-et-un ans d'existence commençait à se dissiper tel un tas de fumée, le temps d'une mélodie. Je jouais un morceau que j'avais spécialement composé et j'en étais éperdument satisfait. L'inspiration m'avait saisie en admirant la voie lactée du haut de ma terrasse. Le ciel était si lumineux, ce soir-là, à m'en donner envie de survoler le ciel et me baigner avec les étoiles qui scintillaient de mille feux. J'avais ressenti, par la suite, de la jalousie. J'étais jaloux de ces pierres lumineuses dues à leur brillance, alors que moi, cet humain solitaire, était éteint. Cette multitude de sentiments m'ont poussé à donner naissance à ce chef-d'œuvre qui enivra les invités qui avaient l'air ravis par mon talent.
Ma prestation touchait à sa fin et les acclamations se faisaient de plus en plus bruyantes. Je saluais ce chaleureux public et mes parents me rejoignirent sur la petite estrade qu'ils avaient installée spécialement pour ma personne.
-Je profite de ce moment pour vous présenter mon cher fils, que vous devez sûrement tous connaître, débuta mon père, l'air fier.
- Et comment ! Son talent fait beaucoup parler de lui, répliqua le PDG de la plus grande société d'appareils d'électroniques dans le pays.
Ma mère laissa échapper un rire bien maîtrisé.
- Bonsoir à vous tous, je suis Livio, je suis honoré d'avoir pu vous jouer l'une de mes nouvelles compositions. J'espère qu'elle vous aura plus, fis-je poliment.
Le maire, en personne, vint à ma rencontre et me tint la main gauche. Je le toisais, surpris par une telle approche.
- Livio, mon garçon, tu fais la fierté de notre pays. Nous plaire ? Cette merveille que tu viens de jouer nous a époustouflés, me complimenta le vieil homme.
Je le remerciai en affichant un sourire radieux que je me suis tant entraîné à perfectionner.
En voulant me diriger vers le buffet, ma génitrice vint me rejoindre.
- Et ton régime ? Tu as déjà pris ton petit-déjeuner ce matin, me réprimanda-t-elle.
- Tu te rends compte que durant vingt-quatre heures, je n'ai pris qu'un seul repas fait d'un verre de jus d'orange et d'un petit bout de pain avec de la confiture. Dis-le que tu veux me tuer, je comprendrai !
Elle m'écrasa le pied à l'aide de son escarpin.
- Contente-toi de sourire, les gens nous regardent. Comment oses-tu t'adresser à moi de cette façon ? Murmura ma génitrice en souriant à pleine dent.
On aurait cru que nous étions en train de nous raconter nos plus belles histoires, pourtant, elle me privait de nourriture et m'obligeait à suivre un régime des plus stricts, afin que ma silhouette demeure svelte. Mais j'ai faim et j'ai mal. Malheureusement, elle s'en fiche et s'accroche à faire de moi une marionnette qu'elle seule puisse contrôler, à sa guise.
- Ecoute maman... je suis ton fils, tu es celle de qui je dois être le plus proche, pourquoi t'obstines-tu à me pousser à bout, j'en suis même arrivé à te détester par moment..., débutai-je, la voix brisée.
- Madame Lucy, quel plaisir de vous voir ! Quelle robe magnifique ! vous avez l'air éblouissante ! S'exclama celle qui m'a mis au monde.
J'étais à deux doigts de m'ouvrir à elle, mais voilà qu'elle continue à m'ignorer. Je souffle rageusement, avant de rejoindre ma chambre. J'y retrouvai une de nos innombrables femmes de ménage.
- Excusez-moi...
- Oui, monsieur ?
- Pourriez-vous m'apporter de quoi manger ? Bien sûr, sans le dire à ma mère, lui demandai-je, en douceur.
- Je suis désolée, mais Madame nous a interdit de vous donner de quoi manger pour ce soir, rétorqua la jeune femme en me laissant ahuri.
Que lui avais-je fait, bon sang ? Je ne mérite un tel traitement ! Combien de temps devrais-je supporter une vie aussi minable que la mienne ? Je n'ai que vingt-et-un ans, je suis encore jeune, je suis censé être vivant autant intérieurement qu'extérieurement, alors, pourquoi... pourquoi suis-je éteint ?
*******
Je m'étais endormi sans même m'en rendre compte. Les larmes que j'avais versé ont fini par sécher et mes joues me grattaient terriblement. Si mon père m'avait vu, il m'aurait sûrement craché au visage qu'un vrai homme ne pleurait guère, les pleurnicheries n'étaient réservées qu'aux fillettes et aux mauviettes. Ces gouttelettes n'ont jamais défini la masculinité, mais ne sont que de simples témoins des souffrances et de l'amertume de tout un chacun, mais à qui le dire ?
Aujourd'hui était la rentrée de la plus seigneuriale des écoles universitaires du pays. Ma grand-mère est la fondatrice de « N.I University ». Bien évidemment, je n'ai eu l'opportunité de choisir l'option qui me plaisait, on l'a fait à ma place. En vue de mes nombreux voyages dans différents pays en raison de ma carrière réussie de pianiste, qui me permet de me rendre dans les plus grandes festivités, je me dois de connaître pratiquement toutes les langues qui puissent exister. Ma très chère mère-grand a décidé de créer, spécialement pour son petit-fils, une filière de spécialité en langues étrangères.
Leur but ultime me semble, des fois, être me rendre complètement fou.
- Monsieur, nous partirons dans cinq minutes, m'informa George, mon chauffeur, de derrière la porte.
- J'arrive dans une minute ! M'écriai-je.
Quelques minutes plus tard, je me retrouvai devant le grand portail de l'université. Le cœur martelant, l'esprit appréhendant et les mains moites fut comment je pénétrai dans l'établissement.
Habillé de mon uniforme, avec quelques retouches pour le rendre moins ennuyeux et vieillot, je sentais les regards se poser sur moi. Contrairement à ce que vous pensez, je n'ai aucun ami. J'aime ma solitude. Je reste souvent dans mon coin, à réfléchir à tout et à rien, tantôt à mon avenir perdu, tantôt à mes peines camouflées par mon talent de compositeur. Je n'aime point être sorti de ma zone de confort car personne ne semble réellement me comprendre et...
- Tu as failli me rentrer dedans ! Me sortit une voix féminine de mes pensées.
Je baissai le regard et croisai celui d'une jeune fille qui semblait avoir mon âge. Elle respirait l'innocence d'une jeune rose qui venait à peine d'éclore, la fragilité d'une abeille et la grâce d'un flamant rose. Ses cheveux ondulés lui retombaient sur les épaules, ses joues étaient rosies et ses yeux bleus me rappelaient le Pacifique.
- Je suis désolé, fut tout ce qui sortit de ma bouche.
- Tu dois être drôle en soirée, toi ! S'exclama-t-elle.
- Pardon ?
- Tu t'es déjà excusé, répliqua l'étudiante en souriant légèrement.
Je hochai la tête puis, en m'apprêtant à la quitter, elle me retint par le bras.
- Attends ! c'est mon premier jour ici et je ne connais personne... tu sembles être quelqu'un de sympa, alors peut-être pourrions-nous être amis ?
« Amis » était le mot qu'il ne fallait dire en ma présence.
- Je n'ai pas d'amis, dégoisai-je sèchement.
Elle enroula son bras autour du mien, puis lâcha :
- Très bien ! Maintenant tu es à moi toute seule ! Alors, tu as choisi quelle option ?
Je n'arrivais à prononcer la moindre lettre. Mais de quel trou est sortie cette fille ? Je n'aimais qu'on me touche de la sorte.
- Moi, j'ai opté pour 'langues étrangères', et toi ? Demanda la brune.
« De quoi je me mêle ? » fut ce que je voulais lui répondre, mais je ne voulais paraître trop brutale. J'avais une réputation à maintenir.
- Pareil.
Elle hurla, ce qui me semblait, de joie, en tapant fort dans ses mains manucurées joliment.
- Mais dans quelle direction est notre classe ? M'interrogea-t-elle.
Silence.
- D'ailleurs, c'est quoi ton nom ?
Elle ne se taisait donc jamais ?
- Livio.
- Moi, c'est Aéna ! Je suis enchantée de faire ta connaissance. Tu sembles être quelqu'un de gentil, me dit-elle en décidant d'enfin me lâcher hors de sa prise.
On s'arrêta devant la porte de la salle de classe. Je me retournai en sa direction.
- Aéna, c'est bien cela ? C'est ici qu'on aura cours. Je dois me rendre quelque part, lui annonçai-je.
- Moi aussi.
- Ah bon ? Où ça ?
- Chez la directrice, riposta-t-elle.
- Pourquoi ? La questionnai-je, curieux.
- Pour des documents, sans doute.
Son expression avait changé, son visage, qui était si éblouissant, était soudainement devenu grave.
D'ailleurs, que faisait-elle dans cette école ? Elle était dans le même niveau que moi alors qu'elle vient tout juste d'arriver ? Etrange...
*******
Ma grand-mère était installée dans son bureau et nous fixait sans cligner des yeux.
- Comment allez-vous, Grand-mère ? Osai-je avancer.
Aéna fit les gros yeux en me toisant, surprise.
- Très bien, merci. Ce n'est pas comme si tu prenais de mes nouvelles, de toute façon.
Je me grattais l'arrière du crâne, assez gêné.
- Je vois que vous avez déjà fait connaissance avec mademoiselle Bluemoon, déclara la directrice.
Non, serait-ce la fille du célèbre écrivain « Jordan Bluemoon » ?
- Nous nous sommes rencontrés par hasard, confirma la concernée.
Cette dernière agissait bizarrement. Se connaitraient-elles ?
-Je vois. Mademoiselle Bluemoon est l'enfant du célèbre écrivain Jordan et la peintre Emandine. Elle vient tout droit d'Angleterre où elle a poursuivi ses études en langues et communication pendant trois ans. C'est pour cette raison qu'elle sera dans la même classe que toi cette année. Nous ne pouvions nous permettre de laisser filer une étudiante aussi prometteuse et importante qu'elle, énonça la vielle dame.
Je vis mademoiselle Bluemoon serrer des poings.
- En ce qui te concerne Livio, je compte sur toi pour l'aider à bien s'adapter.
- Oui, Grand-mère.
En quittant le bureau de la fondatrice de cette école, je pus apercevoir Aéna s'essuyer violemment le visage d'un revers de main. Pleurait-elle ?
- Tiens, fis-je en lui tendant un mouchoir que j'avais tiré hors de ma poche.
Elle me toisa, éperdue avant de me remercier.
- Tout va bien ? Tentai-je.
- Oui, ne t'en fais pas. Ça m'arrive à chaque fois que je suis stressée. Etre demandée auprès de la directrice dès le premier jour m'a beaucoup effrayée...
Elle donnait trop de détails. Elle mentait, j'en suis certain.
- Et puis, je suis amie avec son petit-fils, je n'ai plus rien à craindre ! Lança-t-elle tout sourire, avant de rejoindre notre salle de classe.
Cette année, ça promettait...
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Hi guys ! C'est tout pour ce chapitre. J'espère qu'il vous aura plus. N'oubliez pas de voter si ça a répondu à vos attentes et de commenter ainsi que me donner votre avis afin que je puisse m'améliorer. Merci beaucoup !🤍
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