CHAPITRE 2

La jeune femme plongea son regard azur dans le mien, et je perçus ses pensées aussi facilement que l'on perçoit un caillou au fond d'une flaque d'eau limpide.
Ayant compris ce que mon amie désirait tant, je l'attrapai par la main et l'entraînai hors de la salle à manger. Nous traversâmes plusieurs couloirs, avant d'arriver face à une haute porte en bois. Je l'ouvrai, et pénétrai dans la pièce, mes doigts toujours entremêlés avec ceux d'Aloysia. Nous nous trouvions dans un immense bureau. Les murs, recouverts de pans de soie noire, s'élevaient à plusieurs mètres au-dessus du sol ; la grande armoire, unique meuble occupant les lieux, était couverte d'une poussière épaisse et grisâtre ; l'imposant piano à queue trônait au centre de la pièce, tel un monstre tapi dans les ténèbres ; le lustre pendant du plafond était dénué de bougies, et sa structure métallique, qui avait dû autrefois étinceler et refléter une ambiance de prospérité et de richesse, était tachée de rouille et de moisissures.

-"Ne faites pas attention à la saleté. J'ai défendu à la bonne d'entrer ici, le ménage n'a donc pas été fait depuis longtemps."

J'allai m'installer sur le banc face au piano, je positionnai mes pieds sur le pédalier, laissai mes mains aller sur le clavier, et me tournai vers Aloysia. Elle ne semblait pas très rassurée par l'obscurité des lieux, mais s'efforçait de sourire poliment.

-"Pourriez-vous me jouer la marche funèbre que vous aviez composée pour les funérailles de votre mère, Wolfgang ?", me demanda-t-elle joyeusement.

J'acquiesçai d'un signe de tête et commençai à jouer.

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