Un peu de pili pili - 13
Le lendemain, je me fais réveiller par le cyclone Andy.
— May ! Putain tu sais pas répondre à un appel ou un SMS ?!
— Pas sans téléphone non. réponds-je la bouche encore pâteuse.
— Qu'est-ce que tu racontes ??! May ! Je me suis bouffé les doigts pour toi ! Aies au moins la politesse de me dire ce qu'il se passe !
— Mais laisse-moi le temps aussi ! m'exclamé-je en me redressant sur mes coudes, j'ai eu un accident au retour du bar. Quelqu'un m'a suivi, m'a tiré dessus, j'ai perdu le controle de la moto qui a fini dans le ravin puis elle a voulu me tuer puis s'est résigné après un coup de tèl et enfin j'ai du marcher. C'est assez clair pour toi ?
— Okay bouge-toi on va te racheter une moto après l'entrainement au tir. annonce t-elle.
****
L'odeur de poudre mêlée au cliquetis métallique des armes réveille mon anxiété. Je m'approche doucement des pistolets disposés à notre stand. Elles me donnent froid dans le dos. Elles ont beau être de calibres différents, revoir une arme à feu depuis le drame me rend mal à l'aise et nerveuse. J'en prends une dans les mains mais Andrea me la retire aussitôt.
— Avant toute chose, on va aller apprendre à s'en servir.
— Je sais déjà me servir d'une arme.
— Ca c'était avant que tu affrontes la mort. Maintenant tout a changé, je peux sentir d'ici ta fébrilité. Tu dois réapprendre à t'en servir et aussi apprendre à te servir d'autres armes car elles ont chacune leur poids, leur particularité et leur mode d'armement donc tu ne peux pas prétendre savoir t'en servir tant que tu ne les as pas chacune eu en main.
Je hoche la tête de manière entendue et contemple les armes avec un regard lointain. Les détonations qui ont à jamais changé ma vie ricochent de nouveau dans mon esprit intensifiant un peu plus le dernier regard d'Ezio.
— Si je nous ai emmené ici c'est pour que nous revoyons les bases et comment tirer en sécurité. Avant d'aller plus loin, vous devrez avoir ses bases en tête, puis je vous apprendrai à déconstruire puis à reconstruire votre arme. C'est seulement quand elle n'a plus aucun secret pour nous qu'elle devient le prolongement de notre main et devient vraiment redoutable.
Nous acquiesçons de la tête comme deux élèves devant leur professeur et buvons ses paroles. Il nous montre comment charger notre arme puis comment viser.
— Il y a des armes avec lesquelles vous pourrez, avec de l'expérience, tirer d'une main mais il faut vraiment la connaître par cœur car le mouvement de recul peut vous déstabiliser. Donc ne tentez rien de stupide par soucis de style, on s'en fiche l'important est que vous atteigniez mortellement votre cible.
Après qu'il nous ait rappelé les règles de sécurité, nous chargeons nos armes et tirons sur nos objectifs. Malgré le casque sur les oreilles, j'arrive à distinguer les bruits des tirs. Les premiers me déstabilisent mais je me reprends et me concentre en imaginant le tueur d'Ezio face à moi. La rage s'empare de moi et les larmes aux yeux je vide mon chargeur sur la cible. Les balles ont toutes le même impact, le cœur. Quand je ramène la silhouette vers moi, Andrea me regarde impressionné et en même temps légèrement apeuré.
— Okay, pour cette fois je t'accorde mes félicitations mais dorénavant on va apprendre à contrôler tes émotions. Quand tu tires, tu dois être concentrée, tu dois maîtriser ton être entier, que ce soit ton esprit, tes émotions ou tes mouvements. Tu ne dois faire qu'un avec l'arme et pour ça tu dois faire le vide dans ta tête et ton cœur. Si tes émotions prennent le dessus, cela peut t'amener à des situation irréversible et indésirées. Je sais qu'aucunes des situations ne sera aussi calme que celle là d'où l'importance de savoir faire le vide et d'arriver à se concentrer en toutes circonstances, ce qui implique dans la rapidité et sous pression. On a beaucoup de boulot qui nous attend mais on va y aller par étape. Ne t'en fais pas, tout te paraîtra naturel en temps voulu.
— Okay je comprends tout ça mais je n'arriverai pas à devenir un robot et puis si je ne suis pas guidée par mes émotions comment veux-tu que je réussisse ?
— Je ne te demande pas de devenir un robot, simplement que tes émotions ne prennent pas le pouvoir et c'est ce qui te permettra d'atteindre ta cible à coup sûr. L'émotion n'est qu'illusion. Tu crois qu'elle te donne le pouvoir et l'élan pour atteindre ta cible mais il n'en est rien. Elle n'est en rien responsable de la trajectoire de ta balle quand elle est maîtrisée, par contre elle peut faire des dégâts quand l'enjeu émotionnel est trop important. Une balle guidée par la colère, le stress, la pression, la tristesse ou autre n'est qu'une bombe à retardement car tu feras forcément une faute aveuglée par l'émotion et cette faute pourra vite donner l'avantage à ton adversaire et sceller ton avenir. Alors le contrôle de soi est le maître mot pour réussir.
Je l'écoute attentivement et décide de lui faire confiance de par son expérience et par sa conviction.
Nous continuons l'entraînement et il enchaîne les explications à chaque changement d'arme. J'essaie chacune d'entre elles mais je me sens très rapidement plus à l'aise avec des petits calibres légers. La session se termine après avoir passé une grande partie de l'après-midi à tirer.
— Est-ce-que vous pouvez m'accompagner à la concession ? J'aimerai m'acheter une nouvelle moto et je vous avoue que je n'y connais pas grand chose.
— Attends tu as passé ton permis sans rien connaître de ce que tu allais conduire ? rit Andrea.
— Moque-toi mais c'était juste un rêve de gosse. Nonna m'a permis de le réaliser et je ne me suis pas posée plus de questions. Je conduisais la sienne quand je venais en vacances mais je ne me suis jamais plus penchée sur le sujet en détail. Tout ce que je voulais c'était maîtriser ma moto et devenir une méchante badass comme dans les films d'action que je regardais.
Andrea laisse échapper un éclat de rire.
— Après un long apprentissage tu pourras te rapprocher des méchants des films mais jamais tu n'arriveras à leur niveau puisque c'est de la fiction t'en as conscience ? me taquine-t-il
— Tu serais étonné des miracles dont je suis capable.
*******
Sur la route du retour, je retrouve ma liberté. Chaque mètre parcouru me vide la tête de mes pensées négatives, comme une thérapie, elle me permet de me sentir réellement vivante et décuple mes sens. Avec l'adrénaline en passagère, je vis de réels moments intenses et suspendus pendant mon échappée. Seule la moto me permet de ressentir ces sensations si fortes qu'elles en donnent des sueurs froides à mon ange gardien. C'est lorsque nous sommes pratiquement couchés sur le bitume que l'on se sent puissant et vivant de pouvoir se relever et d'accélérer sans jamais s'être arrêté. Nous défions la mort à chaque accélération, chaque virage et nous la repoussons en lui disant avec le sourire aux lèvres "reviens demain, tu seras peut-être plus chanceuse".
Pour certains, la moto n'est peut-être que la machine du diable, à frôler la mort à chaque sortie mais finalement il n'y a qu'avec elle que nous nous sentons plus vivant que jamais.
— J'ai presque failli vous attendre. ris-je en retirant mon casque et en m'éloignant de la moto.
— Tu as de la chance qu'Andrea est presqu'aussi cinglé que toi sur la route sinon tu nous attendrais réellement.
— Oh ça va je suis pas autant un danger publique quand même. se moque Andrea.
— Tu rigoles ? Vous allez tellement vite que vous êtes déjà dans le futur alors que moi j'essaie juste de suivre dans le présent. A cette allure là c'est avec le monsieur de là-haut que vous rigolerez après votre prochaine balade !
— On est plus branchés flammes et torture. Le petit cornu du bas nous siérait plus. admet-je en rigolant.
Andy lève les yeux au ciel avant de me tendre un paquet.
— Tiens c'est pour toi.
— Qu'est-ce que c'est ? demandé-je intriguée.
— Un cadeau de toi à toi. me répond-elle le sourire aux lèvres en me tendant ma carte bancaire.
Je lui prends des mains un rictus amusé en coin et je déballe le paquet pour trouver un téléphone portable.
— Ah bah je comprends mieux pourquoi je vous ai attendu en ville. ris-je.
— Il était hors de question que tu restes asociale plus longtemps. Déjà que tu vis reculée de toute civilisation, tu ne vas pas en plus communiquer par pigeon voyageur.
— Tu abuses tellement, c'est une maison sur la plage à une vingtaine de minutes de la ville, il n'y a rien d'extraordinaire.
— C'est toujours plus isolée que ce qu'on a connu.
Je soupire et me concentre sur mon téléphone, laissant Andy à ses exagérations. Je l'allume et c'est sans vraiment grande surprise que je tombe sur sa grosse tronche en fond d'écran. Je lui montre exaspérée mais amusée.
— Bah quoi, c'est pour te rappeler chaque jour de ta vie à quel point je suis le centre de ton monde.
Je pouffe à sa réponse et regarde Andrea.
— Mais dans quelle merde tu t'es mis en tombant amoureux d'elle. ris-je.
— J'te le fais pas dire. avoue t-il taquin en regardant Andy.
— Hé ça va tous les deux, j'amène du pili pili dans votre vie vous devriez être plus reconnaissants ! s'offusque-t-elle boudeuse.
Accompagnés de notre sourire aux lèvres et de l'air dépité d'Andy, nous rentrons . En passant la porte, le souvenir d'hier me revient en tête et c'est en appréhendant de voir l'état de mon salon que je progresse dans l'entrée. Un léger soulagement s'échappe de ma bouche ce qui éveille la curiosité d'Andy.
— Je te sens vachement tendue May, ça va ?
— Oui tout va bien. C'est juste qu'hier lorsque je suis rentrée, tout était sans-dessus sans-dessous.
— Tu t'es fait cambrioler ? s'enquit Andrea.
— Non c'est ça le plus bizarre, rien ne manque. C'était simplement retourné comme si la personne cherchait quelque chose sans être parvenue à le trouver.
Il baisse la tête et se ferme comme s'il était en pleine réflexion.
— Vous auriez une idée de qui cela aurait pu être ?
Andy hoche la tête pour me dire non et je regarde Andrea avec l'espoir qu'il tienne une piste.
— Tu me parais bien pensif, tu penses à quelque chose ?
— Rien de concret mais entre la personne qui t'a agressé à moto et ce nouvel incident, il y a peut-être un lien.
— C'est ce que je pense aussi mais ce ne sont que des hypothèses je n'ai pas l'ombre d'une piste.
Un long silence plane sur la pièce alors que nous prenons place, l'esprit ailleurs, dans les canapés. Au bout de quelques minutes de réflexion, je brise le silence.
— Et si c'était Isabella ou l'un de ses hommes qui serait venu rechercher les affaires de Paola ?
— Ils sauraient où tu habites ? s'inquiète Andy.
— Forcément, je ne me fais pas d'illusions sur le fait qu'il ne gardent pas un œil sur moi. Étant un élément instable aux yeux de Raphaël, tu penses bien qu'il ne va pas me laisser vivre librement sans continuer à me surveiller de loin.
Soudain, une idée paranoïaque prend possession de moi et je me mets à fouiller dans toute la maison.
— May qu'est-ce-que tu fais ? demande Andy inquiète.
— Je cherche des caméras dissimulées, et s'ils en avaient profité pour en glisser quelques-unes ?
Après avoir échangé un bref regard, Andy et Andrea m'aident à chercher les possibles caméras. Au bout d'une bonne heure à avoir regardé dans chaque recoins, nous nous rendons à l'évidence qu'aucunes caméras ou micros n'ont été dissimulés dans la maison.
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