L'impétuosité - 40
— Dis moi que c'est pour partir baiser avec Enoro que tu nous as laissé en plan hier soir. me réveille Andy avec énergie.
— J'ai l'air d'avoir baisé d'après toi ? grommelé-je encore frustrée en tenue de soirée emmitouflée dans mon lit.
— Non en effet et tu fais peine à voir d'ailleurs. Aller sous la douche l'épave et va mettre les choses au clair avec lui. Je veux que tu reviennes avec le sourire sinon d'ici la fin de la journée il pourra dire adieu à sa descendance. rétorque Andy en faisant un geste de ciseau avec ses doigts, les yeux écarquillés comme une folle.
Je grogne avant de me décider à me lever sachant que la douche revigorante d'Andy m'attend à la fin du décompte. Sous ces conseils, je sors habillée en femme d'affaire fatale pour je cite " lui donner une telle trique que ses couilles le supplieront des les vider sur le champs."
Toute la confiance que j'avais accumulée jusqu'ici s'évanouit à chaque pas qui me rapproche du bureau d'Enoro. Le cœur au bord des lèvres, j'entre sans m'annoncer.
— Bonjour Enoro. le salué-je.
— Mademoiselle Torre. Bonjour. répond-il sans daigner lever les yeux de son écran.
Agacée par son manque de respect, je claque la porte derrière moi ce qui s'avère être efficace puisqu'il me regarde enfin. J'ignore mon cœur qui manque un battement lorsque ses yeux rencontrent les miens, trop en colère pour laisser mon attirance envers lui prendre le dessus et me rendre vulnérable.
— Je vais faire vite pour les quelques secondes durant lesquelles j'aurai votre attention, présenté-je en m'avançant vers lui, je ne nous ferai pas l'affront de parler d'hier soir ayant conscience que c'était une grosse erreur. Par contre si vous comptez continuer à me manquer de respect comme ça a été le cas, je fais machine arrière et cherche un autre label.
Je n'ai pas le temps d'ajouter quoi que ce soit qu'il prend la parole.
— Nous sommes d'accord, l'incident d'hier n'aurait jamais dû arriver, maintenant en omettant cela, je ne vous ai jamais manqué de respect sur le plan professionnel. Avant que vous ne me coupiez, douter de vous n'est pas un manque de respect, juste une manière de vous faire sortir de votre zone de confort. Donc si ma manière de travailler ne vous convient pas, vous êtes libre de partir, la porte est grande ouverte. Malgré votre grand potentiel, je ne vais pas vous retenir car je n'ai pas besoin de vous contrairement à vous. réplique t-il avec son éternelle arrogance sans jamais dévier son regard du mien.
Aussi mal que cela puisse me faire de l'admettre, il a raison, j'ai besoin de lui. Aucun autre label ne voudra de moi, même si le scandale s'estompe un jour.
— Sortez le contrat que je le signe.
Tout en déviant son attention sur l'écran de son ordinateur et avec le ton le plus détaché, il me répond:
— Il n'est pas encore prêt. Revenez demain et vous le signerez auprès de ma secrétaire, pas besoin de nous affliger de la présence de l'un et l'autre une fois de plus. Dorénavant ce sera monsieur Dottrece, mon prénom étant réservé aux intimes. ajoute-t-il sèchement.
— Je n'y comptais pas, j'ai assez des merdes à ramasser de mon chien. rétorqué-je en partant en direction de la porte.
— Vous venez de me manquer de respect ou je rêve ? demande t-il furieux.
— Moi ? Jamais, je ne faisais que de vous pousser hors de votre zone de confort. objecté-je calmement avec un rictus avant de partir en claquant la porte derrière moi.
C'est plus frustrée et en colère que jamais que je quitte son bâtiment le maudissant sur cinq générations pour son irrespect et pour cette attirance magnétique que je ne peux contrôler. Pendant toute notre entrevue, je n'ai eu qu'une envie, celle de lui sauter dessus et de m'abandonner à lui à corps perdu. Je me hais et le hais de me faire sentir si vulnérable à ses côtés. Je dois me ressaisir et maintenir le cap sans flancher.
Le lendemain, comme prévu, je retourne au label signer mon contrat auprès de la secrétaire. La petite appréhension qu'il ne soit pas prêt retombe vite lorsqu'elle me le tend avec un large sourire.
Une note accompagne le dossier.
" En espérant que votre impétuosité ne vous mène pas à votre perte. Monsieur Dottrece."
Je broie le bout de papier entre mes mains en l'insultant de tous les noms en pensées. Une fois le contrat signé de ma plus belle calligraphie, je pars sans me retourner.
Le pas vif je me dirige vers ma moto quand j'entends mon téléphone sonner. Je fronce les sourcils en voyant le numéro inconnu qui s'affiche mais réponds malgré tout.
— Madame Madini ? Maître Filecci à l'appareil. Andrea m'a contacté pour vous représenter. Seriez-vous disponible pour une éventuelle rencontre ?
— Oh enchantée, bien sûr je suis actuellement disponible. Je suis en ville, on peut se retrouver à mon domicile dans une vingtaine de minutes, le temps pour moi de rentrer.
— Pas la peine, je suis également en ville. Je vous envoie l'adresse de mon bureau. A tout de suite.
Je n'ai pas le temps de répondre qu'elle raccroche déjà. L'adresse en main, je retourne sur mes pas en direction de son bureau.
Je prends la gauche de la patte d'oie où se situe le bureau d'Enoro et continue sur quelques mètres pour trouver celui de mon avocate. J'entre et monte les escaliers puis prends la porte attitrée.
— Vous devez être Madame Madini. m'accueille une voix chaleureuse.
— En effet. souris-je à la secrétaire dont la tête dépasse à peine de l'imposant bureau.
— Par ici je vous prie.
Je la suis jusqu'à la porte qu'elle frappe avant d'entrer.
— Maître Filecci ? Voici votre cliente Madame Madini.
— Merci Giuletta.
Disparue derrière la porte fermée avec précaution, je demeure seule face à mon avocate.
— May entrez et installez vous je vous en prie. m'invite t-elle de son timbre chaleureux souligné de son sourire éclatant.
Je marque une pause face à ce regard qui ne m'est pas inconnu. Ses cheveux ont peut-être pris la couleur de l'automne mais ses yeux, eux, sont du même noisette qui attisait ma jalousie. Ce même sentiment que je ressens en cet instant à la différence que cette fois ce n'est pas une image projetée au mur du hangar mais bien une véritable personne.
Je chasse les souvenirs de ce moment pénible et me concentre sur ma situation. Ancienne conquête d'Ezio ou non, c'est elle qui va me défendre dans cette affaire.
Rien ne doit t'atteindre May, tu en as assez chié pour ne pas laisser une vulgaire ex te déstabiliser.
Assise à la table à ses côtés, je reste de marbre en attendant la suite.
— Au vue de la situation qui nous réunit, je préfère avoir un contact moins formel et plus amical. Oh avant que je n'oublie c'est pour vous. Elle est arrivée ce matin. rapporte t-elle en me tendant une enveloppe blanche.
Les sourcils froncés, je la prends et la retourne mais aucun expéditeur n'est mentionné.
— Bien commençons. J'aimerai que vous me donniez votre version des faits s'il-vous-plaît. demande-t-elle en s'armant d'un calepin et d'un stylo pour prendre des notes.
Face à mon hésitation évidente, elle se ravise et me sourit.
— Pardon c'est vrai, j'ai oublié que c'est la première fois qu'on se rencontre. Je travaillais pour Ezio depuis si longtemps que c'est comme si je vous connaissais depuis tout autant. Je suis Delia et comme je viens de vous le dire je collaborais avec votre époux depuis pas mal d'années. Je suis donc bien au courant de toute la partie d'ombre qui obscurcit le nom de Madini et vous demanderai de parler sans détour, vous pouvez totalement avoir confiance en moi. Andrea m'a contacté car il sait que je suis la plus à même à vous aider et vous sortir de là.
Je fuis son regard pour le poser sur mon annulaire gauche nu que je masse avec mon pouce.
Pourquoi il a fallu que tu couches avec toute la Sicile ?
— Je peux à peine imaginer votre souffr...
— Passons à l'affaire si vous voulez bien. la coupé-je avec un sourire de convenance.
Elle hoche la tête et me rend ma politesse avant d'entamer :
— Encore une fois parlez librement. Pouvez-vous me parler de votre arrivée au manoir ?
J'expose alors la découverte de la scène de crime puis la cause de ma présence pour ensuite passer sur mon entrevue avec Isabella et terminer sur mes propres suspicions. Ces doigts manucurés couchent les mots sur le papier à une vitesse folle trahissant son expérience.
— Je pense donc que c'est elle qui m'a piégé. Elle a tué les domestiques avant de venir me voir. Elle savait pertinemment que j'allais me faire du soucis pour Yolanda. Et si je n'étais pas allée sur place, elle avait malgré tout mon arme en sa possession pour me relier à ces meurtres. Elle a tout orchestré.
— Bien merci pour votre franchise. Concentrons nous sur les faits si vous voulez bien. La cour n'a que faire des suspicions, les faits sont tout ce qui compte. Revenons un peu plus en arrière. Vous m'avez dit que l'arme vous a été perquisitionnée il y a quelques mois de ça ?
— Oui en effet. Lors d'un contrôle suite à un excès de vitesse, l'agent l'a vu et m'a emmené au poste pour me justifier. A ce moment là, l'arme était sous sachet et était destinée à aller sous scellé. Je ne l'ai jamais récupérée.
— D'accord. Si l'agent a bien fait son travail, il doit avoir une preuve informatique de votre passage. De plus les commissariats disposent de caméras. Nous devrions avoir les preuves que vous n'êtes pas repartie avec. Avez-vous encore des contacts avec l'agent qui vous a arrêté ?
— Oui.
— On doit s'assurer qu'ils ne retournent pas cette relation contre vous. Corrompu ou non cet agent doit être un atout et pas un boulet qui va vous enchaînez. J'aimerais m'entretenir avec lui car je pense qu'il deviendra un témoin. On y reviendra plus tard mais j'ai besoin d'avoir d'autres informations. Pour vous rendre à ce manoir devez vous prendre l'autoroute payante ou non ?
— Oui il n'y a qu'une seule route pour y aller et c'est par la E45, j'ai franchi deux péages.
— Parfait, on devrait pouvoir demander de consulter les vidéos de surveillance et prouver que ça ne coïncide pas avec l'heure du crime.
— Vous en savez plus là-dessus ?
— Oui les autopsies sont terminées. Les victimes seraient mortes aux alentours de 15h40, toutes tuées d'un balle de votre arme.
Les informations s'entrechoquent dans ma tête créant une effervescence incontrôlable. Les doigts jouant avec l'alliance d'Ezio à mon cou, mon esprit défile à toute allure les scénarios possibles et entrecoupe les données. D'un battement de paupières, j'arriver à calmer la tempête en me concentrant sur une information.
Je ne suis pas coupable. On arrivera à me sortir de là.
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