Dexter - 49

— Dieu merci tu es sain et sauf. dis-je soulagée en prenant Enoro dans mes bras à l'arrière de sa voiture .

— Il en faut plus pour me tuer. blague-t-il en me libérant de son étreinte.

— Qu'est - ce qui t'es arrivé ? demandé-je en fixant son arcade ensanglantée.

— Je ne sais pas vraiment. J'étais sorti discuter sur le perron avec Franco pour le remettre à sa place vis-à-vis de toi. D'un coup j'ai senti quelqu'un me frapper à l'arrière de la tête. Déséquilibré, j'ai dévalé les escaliers puis tout est devenu noir. Ce sont les hurlements qui m'ont réveillé. J'ai mis du temps à reprendre mes esprits et une fois ma vision plus nette, je me suis rendu compte qu'il n'y avait plus Franco. Je me suis redressé puis je suis allé trouver la voiture et la suite tu la connais.

— Où est passé Franco ?

— Je ne sais pas, certainement déjà parti se réfugier tel le rat qu'il est.

— Mais pourquoi t'avoir frappé ? feinté-je pour ne pas éveiller les soupçons.

— Je pense que les pyromanes avaient besoin de passer par l'entrée pour mettre le feu et étant dans la voie, ils nous ont neutralisés. conclut-il convaincu.

Satisfaite et rassurée de la conclusion qu'il en tire, je ne creuse pas plus le sujet.

— Le principal est qu'on s'en soit tous sorti. sourié-je.

Il me sourit en retour et me prend la main avant de l'embrasser ce qui me fait sourire. Puis sans le comprendre, je le sens se tendre et devenir mal à l'aise. Je fais mine de ne rien avoir remarqué et détourne mon attention sur le paysage qui défile n'ayant pas la tête à creuser les choses. La fin du trajet se termine en silence. Arrivés à destination, je sors de la voiture suivie d'Enoro qui m'accompagne jusqu'à la porte.

— Merci pour cette soirée, même si elle a fini dans les flammes c'était agréable. dis-je avec un léger sourire.

— C'était une belle soirée à tes côtés. sourit-il en retour avant de grimacer de douleur.

J'ouvre la porte avant de me tourner vers lui.

— Allez viens je vais te soigner.

Je le vois hésiter puis accepter l'invitation. Son chauffeur arrête le moteur et nous rentrons dans la maison.

— Installe-toi dans le salon. Fais comme chez toi. Laisse moi deux minutes le temps de me changer et d'apporter le nécessaire puis je suis à toi. avertis-je en soulageant mes pieds de mes talons aiguilles.

Je file dans ma chambre où je troque ma robe contre un jogging et un gros sweat plus confortable et plus chaud. Je pars chercher la trousse de secours avant de retrouver Enoro dans le salon.

Assis sur le canapé, il m'attend la tête en arrière et les yeux fermés. Je m'installe à coté de lui ce qui lui fait ouvrir les yeux et se redresser rapidement. Je le vois me dévisager sans moins de désir dans les yeux que tout à l'heure sur la piste de danse.

— Tu veux quelque chose à boire ? lui proposé-je

— Je veux bien un verre d'eau s'il-te-plaît.

Je souris à sa demande m'attendant plus à de l'alcool que de l'eau. Je lui amène son verre qu'il vide en deux gorgées puis m'attèle au soin.

— Si ça peut te rassure, j'ai fait des études de biologie. Je connais un minimum de base de soins. détendé-je l'atmosphère en sortant mon nécessaire de ma trousse.

Je l'entends rire avant de répondre:

— Si je m'attendais à ça, tu es vraiment plein de surprises. Une scientifique devenue chanteuse.

— Tu t'attendais à une potiche qui n'a rien fait à part de la musique dans sa vie ?

Son regard s'assombrit et ses sourcils se froncent légèrement.

— Jamais je n'ai pensé ça de toi. répond-il sérieusement.

Je le regarde en souriant puis me concentre sur ses blessures. La proximité de nos deux corps électrise silencieusement l'atmosphère. Les battements de mon cœur résonnent dans ma tête faisant vibrer chacune de mes veines d'excitation. Je reste tout de même concentrée sur son arcade que je suis en train de soigner puis, tandis que je retire lentement ma main de son visage, je croise son regard intense. Mes yeux n'arrivent plus à se détacher de lui et je sens mon souffle devenir irrégulier. Nos lèvres sont si proches qu'elles pourraient se rejoindre sans efforts. Mon corps entier s'embrase lorsqu'il pose sa main sur sa cuisse. Dans un léger mouvement, nos lèvres fondent dans un baiser passionné.

Au bout de quelques secondes, des flashs surgissent dans mon esprit. La scène d'Ezio en train de me soigner ressurgit. Ses yeux, son visage, son sourire, sa chaleur et notre amour défilent comme un film. Ebranlée par ces souvenirs, je me détache et recule brusquement d'Enoro qui me regarde surpris et déstabilisé.

— Je suis désolée, on n'aurait pas dû. m'excusé-je.

— Je... Je ne comprends pas. Je pensais qu'on en avait tous les deux envie. déclare t-il complètement troublé.

— Je le pensais aussi mais finalement je me suis trompée. Désolée. réponds-je sans pouvoir le regarder dans les yeux.

— Pas autant que moi. rétorque t-il en se levant pour partir.

Seule avec mes fantômes, je m'effondre sur le canapé, fragilisée par la pensée d'Ezio qui me manque terriblement. Même si j'ai envie d'aller de l'avant avec Enoro et que je meurs d'envie de lui, le souvenir et le sentiment de trahison envers Ezio me paralysent. Je reste quelques minutes en position fœtale avant de reprendre mes esprits et de partir pour libérer ma frustration sur Abiani.

A vive allure sur ma moto, je refoule mes émotions pour redevenir le robot que je dois être pendant les exécutions. J'arrive enfin au point de rendez-vous et découvre avec soulagement que tout le monde est bien là et le hangar toujours debout.

J'entre avec fracas pour découvrir Franco ligoté et bâillonné sur sa chaise avec derrière lui Andy, Amadeo et Andrea et devant lui Ginevra qui lui crache sa haine au visage.

A ma vue, j'entends Franco éclater de rire.

— Ris à plein poumons car tu ne sortiras pas d'ici vivant. annoncé-je en lui souriant sincèrement pour la première fois.

Je m'arrête devant lui et lui retire le bâillon.

— Je le savais, j'avais raison tu es bien cette merde de phénix !

— Epatant, je ne pensais pas que tu avais assez de jugeote pour penser à moi. Malheureusement pour toi tu es assez con pour penser que tu avais le temps.

— Il n'y avait pas grand monde qui pouvait être ce phénix. Quand je t'ai vu revenir en force sous les projecteurs, j'ai su que c'était toi. Aussi misérable que ta vie était avant d'épouser Ezio, elle l'est instantanément redevenue quand ce fils de pute nous a quitté. Alors pour donner une importance à ton insignifiante existence tu t'es plongé dans cette vendetta. Mais peu importe à quel point tu arriveras, tu resteras toujours cette pauvre fille pathétique qui ne mérite que de finir dans les égouts.

Je le laisse finir de parler puis me dirige vers une table où tout un tas d'instruments y sont posés. Je m'empare d'un bandage dont je recouvre mon poing puis ajoute par-dessus une ligne de barbelés que j'entoure. Je retourne vers ma victime qui me rit encore au nez.

— Tu ne sais pas dans quoi tu as mis les pieds. Une femme n'a rien à faire dans ce milieu et toi encore moins. Tu n'es pas crédible malgré ce que tu penses et encore moins redoutable.

Avec un grand sourire et de l'élan, je lui donne un coup de poing qui vient s'écraser dans son visage. Les pics bien enfoncés, je retire d'un coup sec ma main, lui arrachant quelques morceaux au passage ainsi qu'un cri de douleur qu'il essaie de contenir entre ses dents.

Il se redresse mais cette fois avec moins de fierté dans les yeux et un sourire déformés.

— Je veux que tu gardes les yeux bien ouverts et surtout que tu restes concentré pour la suite. C'est pour ça que je vais te laisser un peu de répit avant de continuer. annoncé-je en faisant signe à mes acolytes d'apporter la boîte magique.

Le regard de Franco se voile d'incompréhension et d'appréhension. Dans un tintement de verre, Andrea vient déposer à mes pieds le carton.

Sans détourner mon regard de Franco, je prends le premier bocal et le dépose à ses pieds, puis je réitère l'opération avec les trois autres. Il alterne son regard entre les bocaux et moi.

— Oui et ?

— Comme tu as pu vite le reconnaître, chaque bocal contient un organe différent.

— Merci je suis dans le business je sais ce que c'est. C'est quoi un genre de truc à la Dexter Morgan où à la place d'exposer les photos de mes victimes tu vas mettre leurs organes ?

Je souris face à sa référence et à sa stupidité.

— Tu n'y es pas du tout, je te présente ta femme, dis-je en pointant le coeur, ton premier né, en pointant les poumons, ton second, en pointant le cerveau, et enfin ton petit dernier, en pointant le foie, vous êtes tous réunis ici. Ironique pour un trafiquant d'organes non ?

— Tu es complètement cinglée espèce de sale pute ! me crache t-il à la figure.

— Oh non je ne suis pas à ton niveau mon cher Franco. Mes victimes sont loin d'être innocentes. Enfin sauf les enfants mais on sait très bien tous les deux que si on ne les tue pas, ils viendront se venger quand ils en auront l'âge n'est-ce pas ? souligné-je en regardant Ginevra sur le point d'exploser de colère.

Je retourne mon attention sur Franco avant d'ajouter.

— Maintenant je vais encore m'amuser un peu avec toi avant de te laisser au bras de la mort.

Je fais le tour de sa chaise et me poste derrière lui puis m'empare d'une bouteille d'eau gazeuse posée par terre vers la chaise. Je lui remonte son t-shirt sur le visage et lui verse l'eau dessus l'entendant s'étouffer et subir chaque pétillement de chaque bulle sur sa peau. Une fois la bouteille vidée, et avant de lui remettre son t-shirt, je m'arme de nouveau des barbelés mais cette fois aux deux poings, et martèle son ventre de coups, évacuant ma frustration et mes émotions des heures précédentes. Malgré ses hurlements, je continue et frappe plus fort jusqu'à ce que je me sente vide. Je lui remets son t-shirt qui se déteint immédiatement de son sang. La tête pendante en avant et le souffle court, il tente de retrouver sa respiration et ses esprits. Je lui agrippe les cheveux et maintiens sa tête en arrière alors que je lui glisse lentement à l'oreille.

— On se revoit en enfer sale merde.

Je lui lâche alors les cheveux et sa tête retombe sur son torse. 

Je laisse la place à Ginevra qui déverse toute sa haine dans les coups de poings qu'elle lui assène au visage. Je rejoins le trio et demande à Amadeo et Andrea d'aller mettre le feu au manoir des Abiani le temps que Ginevra l'achève. Ils s'exécutent sans attendre. Nous restons en retrait avec Andy pour laisser Ginevra accomplir sa vengeance. Après qu'elle ait estimé qu'il était temps, elle plante une barre de fer dans le sol en parallèle de la chaise puis dans un dernier élan, elle pousse d'un coup de pied le siège qui se renverse. La tête de Franco vient se planter dans la barre de fer dans un craquement répugnant laissant échapper le sang qui se répand sur le sol froid et sableux du hangar. Ginevra reste plantée devant la scène comme vidée et hors de son corps. Puis elle tombe à genoux et s'effondre en larmes. Nous allons la réconforter avec Andy le temps qu'elle se calme. Les esprits retrouvés, Ginevra se redresse avant de parler.

— Merci, merci pour m'avoir aidé d'en finir avec lui. Je ne me sens peut-être pas mieux mais je suis soulagée de savoir qu'il ne fera plus de mal à personne.

— Finissons-en et réduisons tout ça en feu qu'on en parle plus. conclus-je.

Nous sortons laissant derrière nous le hangar se faire dévorer par les flammes. Nous nous retournons alors que le craquement du bois résonne dans la nuit silencieuse.

— Bravo pour ce final très bonne idée. dis-je impressionnée à Ginevra.

— Oh ce n'est pas de moi, j'ai vu ça dans un film et j'ai voulu essayé et heureusement ça a fonctionné. répond-elle le regard lointain et illuminé par les flammes dansant dans ses pupilles.

— Allez rentrons il est tard et on a besoin de repos.

— C'est ici que nos chemin se séparent May. Merci beaucoup pour m'avoir aidé mais maintenant j'ai assez perdu de temps et je dois reprendre ma vie en main. Mon avenir n'est plus ici mais ailleurs loin de tout ça. J'espère que tu me comprends.

Je lui souris attendrie.

— Je ne peux que te comprendre. J'espère que tu trouveras enfin la paix que tu mérites. dis-je en l'enlaçant de toute ma compassion.

— Je te le souhaite tout autant May. répond-elle en me rendant mon étreinte.

Nous nous éloignons puis prenons chacune la route de notre côté abandonnant Franco aux flammes de l'enfer. 

Après une courte nuit, je me réveille avec une migraine assourdissante. Malgré une bonne douche chaude, elle ne désemplit pas et ne s'arrange pas avec la lumière éblouissante du salon. Je lutte pour arriver jusqu'au canapé où je m'affale sur Andy en me couvrant les yeux avec le plaid posé sur le dossier.

— Bonjour à toi aussi May, et tu es super lourde t'abuses !

— Et toi super confortable alors laisse moi tranquille. marmonné-je dans mon plaid.

— Je ne peux pas te laisser tranquille bien longtemps, les nouvelles vont déjà bon train.

— Qu'est-ce qu'ils disent ?

— Qu'une fois encore le phénix semble avoir frappé. Cette fois c'est la famille Abiani qui a été visée et que tout a été réduit en cendres comme pour les autres. Ils parlent également du hangar où rien à part le corps et les bocaux n'a été retrouvé. En gros, ils ont juste exposé les faits sans avoir de quelconques pistes. résume Andy comme si elle parlait de banalités.

— Ils n'ont pas fait le rapprochement entre ce qui est arrivé à la réception et la suite ?

— Non, ils ont parlé des deux faits sans les mettre en lien.

— Parfait rien d'alarmant je peux aller me recoucher alors.

— A part ta migraine t'es sûre qu'il y a rien d'autre ?

Je me referme aussitôt et soupire.

— Qu'est-ce-qu'il y a ?

— J'ai tout foutu en l'air hier soir. avoué-je en m'affalant tête la première sur ses genoux.

— Putain May qu'est-ce que t'as fais encore ? soupire-t-elle.

Je me relève avant de poursuivre.

— On s'est embrassé mais le souvenir d'Ezio est apparu et ça m'a paralysé, j'ai ensuite rejeté Enoro qui est parti énervé.

— Aïe je vois. Écoute, ça va faire bientôt trois ans qu'Ezio est mort et je comprends que le pas soit difficile pour toi à franchir et que tu culpabilises mais tu ne peux pas t'empêcher de vivre une belle histoire pour un fantôme. Ezio ne reviendra plus, il ne vit plus mais toi si et tu ne dois pas culpabiliser de vouloir connaître à nouveau l'amour. Ezio fera toujours partie de toi, il restera à jamais dans ton cœur mais il n'a pas à prendre toute la place. Tu peux faire cohabiter deux hommes surtout quand l'un d'eux est mort. Alors oui c'est difficile mais ne t'en veux pas de ressentir quelque chose pour un autre homme parce que c'est normal. Ça fait trois ans May, rends-toi compte. Tu sais mieux que personne que la vie est courte alors ne la gâche pas pour un souvenir qui ne fait de mal qu'à toi. Donne toi cette chance de vivre des instants de bonheur car tu en chies assez à côté pour faire une croix dessus alors que l'occasion se présente. Tu as le droit de prétendre au bonheur même si tu penses l'inverse. Alors dès que tu le revois, tu dégoupilles la grenade et tu l'exploses au lit.

Je ris à sa dernière phrase et la prends dans mes bras.

— Merci Andy, mais c'est pas si simple. Je crois que son égo en a vraiment pris un coup.

— Il n'y a qu'une façon de le savoir.

— T'as raison, en attendant je vais me recoucher je ne tiens plus. dis-je en partant dans ma chambre.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top