Dans l'arène - 42
Cadavre dans le coffre, les contours de la cité de Nume percent enfin l'horizon. Plus nous nous rapprochons, plus ma mâchoire se crispe à m'en faire mal. Les doigts jouant avec l'alliance d'Ezio, je maintiens mon regard sur l'horizon. La main délicate d'Andy se pose sur ma jambe pour mettre fin à sa danse frénétique.
— Ca va aller May.
Je tente de la rassurer avec un sourire alors que mon esprit rejoue notre conversation.
"
— Seule la reine assure leur succession, leur survie et leur multiplication donc nous sommes bien d'accord que tout le mécanisme de survie s'effondre si nous tuons la reine. Seul soucis, si nous laissons les œufs, les ouvrières chercheront une nouvelle reine qui éclorera et suivra le chemin de son prédécesseur n'est-ce pas ?
— Attends, t'es en train de la comparer à une ruche d'abeille là ? s'était étonnée Andy.
— C'est ce à quoi ça me fait penser. Franchement ça lui colle plutôt bien.
— Elle va être redoutable et nous donner du fil à retordre. Il faudra partir sans laisser aucune chance de voir naître un jour une nouvelle reine. avait confirmé Andrea.
— Okay donc la on parle de la mort de plusieurs centaines de personnes plus d'une pauvre petite famille. s'était affolée Andy.
— On pose juste les bases, je n'ai pas dit qu'on allait tuer tout le monde bien au contraire, je ne veux pas en arriver là mais il faut qu'on trouve un moyen de garantir une fin pérenne à ce dictat. avais-je tenté de la rassurer."
Après évaluation des risques des idées qui nous venaient en gardant les scénarios les plus favorables, nous n'étions pas parvenus au plan parfait. C'est ainsi qu'à quelques mètres de poser le pied dans la cité de Nume, nous progressons dans le flou avec pour seul objectif de laisser la menace Attilia derrière nous pour toujours.
Étalée sur plusieurs kilomètres, la cité est très primaire. De simples bâtiments font office de maison et de la terre battue remplace les routes. Nous ne mettons pas longtemps à comprendre où nous devons aller puisqu'au loin se dessine un beau manoir surplombant la ville.
Nous progressons d'un pas rapide vers notre objectif ne voulant pas traîner trop longtemps dans les rues et en finir au plus vite.
Une fois devant les portes du manoir, une servante vient nous ouvrir sans poser de questions. Les bras chargés des ossements, nous pénétrons dans l'enceinte du bâtiment. La porte fermée derrière nous, la servante nous précède et nous emmène dans une grande salle vide où seul un trône sur une estrade est présent. Nous échangeons un regard moqueur avec Andy, à la vue de cette théâtralité digne d'un ancien temps.
Les portes nous confinent dans un bruit lourd dont l'écho résonne entre les murs immaculés de la salle. Des pas se font entendre et apparaît derrière son trône la grande Attilia. Elle dégage une aura hypnotisante, son charisme naturel intimide malgré son âge mûr. Vêtue d'un tailleur pantalon, son élégance et sa modernité tranchent avec l'environnement dans lequel elle évolue. Ses longs cheveux argent sont élégamment noués dans un chignon bas.
Tout en continuant à se dévisager mutuellement, elle prend place sur son trône avant de parler.
— Avancez. ordonne t-elle.
Nous nous exécutons puis Andrea dépose respectueusement les restes d'Emilia à ses pieds.
— Est-ce ? demande t-elle faiblement, la voix et les yeux gagnés par l'émotion.
— Ce qu'il en reste. souligne Andrea.
Bouche entrebâillée, elle se met à genoux devant le draps tout en tendant sa main tremblante pour découvrir sa fille. Elle marque une pause avant de révéler les ossements. Elle réprime un sanglot tout en cachant sa bouche de sa main. Les larmes la submergent alors qu'elle murmure un tendre:
— Mon enfant chéri.
Nous restons tous silencieux face à la scène bouleversante. Tous sauf Amadeo qui dérange de son insensibilité le moment.
— Vous avez quatre autres filles que vous utilisez comme des armes. Ne devenez pas soudainement un mère éplorée.
Nous écarquillons les yeux avec Andy alors qu'Andrea se tend à nos côtés.
— Je vous accueille dans ma cité que vous n'avez aucunement le droit de fouler et vous osez en plus m'insulter ?! s'exclame t-elle en se redressant les flammes de fureur dans ses yeux.
— Attilia ne vous en prenez pas à lui, il n'a pas beaucoup de jugeotte, interromps-je, nous avons remplis notre part de marché. Votre fille est v...
— En effet. Vous pouvez partir maintenant. déclare t-elle en s'agenouillant vers sa fille.
— C'est ce qu'on va faire mais pas sans vous avoir tué. insiste Amadeo.
Elle se met à rire à gorge déployée qui emplit le vide de la salle puis s'arrête d'un coup en s'approchant de nous.
— Tiens donc et pourquoi ?
— Notre confiance est rompue. Peu importe comment les choses vont évoluer, nous resterons l'une pour l'autre des menaces. Tu n'es pas sans connaître la rumeur du phénix je pense.
— Alors c'est toi ? Une femme qui les met tous à genoux c'est exaltant ! Si je m'attendais à ça et quelle fierté ! C'est toi qui veut faire tomber mes ennemis un à un sans me laisser une chance de les tuer de mes mains ? demande-t-elle en me tournant autour.
— Tu n'auras plus cette occasion car après mon passage, ce seront les flammes qui régneront sur ton royaume et non plus toi Attilia.
Elle rit de nouveau avant de me faire face.
— Tu es bien insolente de croire que tu arriveras à me vaincre. Ton aplomb m'impressionne et je dois admettre que tu es intimidante. Je pense que tu ne t'attends pas à ce que je te rende la tâche facile et tu as raison. Cependant ton parcours est admirable et mérite une faveur. Au lieu de jeter mes quatre filles en même temps sur ta peau immaculée, je vais te les laisser affronter une à une. Evidemment dans un combat à mort. Si tu réussis nous deviendrons adversaires sinon la mort deviendra ton refuge. Ce combat c'est toi et toi seule qui devra le mener donc tes amis resteront sagement à mes côtés. Comme tu as pu le constater, ici on est un peu vieux jeu et les armes à feu sont donc proscrites. Combat au corps à corps avec arme blanche et le vainqueur remporte sa vie. annonce-t-elle en me tendant la main pour que je lui donne mes armes.
Je les rassemble et sans la quitter du regard, les confie à Andy n'ayant aucune confiance en Nume. Face à ma désinvolture, elle sourit et hoche la tête.
— C'est bien dommage que tu ne veuilles pas nous rejoindre car tu serais parfaite. déclare-t-elle en retournant à son trône accompagnée de mes acolytes.
Assise sur son siège le regard dominateur, elle tape dans ses mains et quatre femmes font leur entrée. Toutes confortablement vêtue d'une combinaison, elles sont plus fières et confiantes les unes que les autres. Différentes par leur âge, elles restent très similaires dans leur comportement comme des copies les unes des autres.
— Alma à toi l'honneur. tonne Attilia.
La plus âgée se détache des autres et dans un regard fixe et menaçant, elle court jusqu'à moi un couteau à la main. Voyant le coup venir, je me décale au dernier moment sur le côté évitant l'attaque. Elle dérape et se retourne vers moi les yeux remplis de haine. Sans prévenir, je sors mon couteau et lui lance dans l'œil. Le choc est brutal et l'acte rapide. La bouche ouverte, elle tombe raide morte mais pour m'en assurer, je me penche sur elle et lui tranche la gorge d'un coup assuré et vif. Je me redresse et fais face à la mère et ses trois filles.
— Attilia si tes filles sont toutes aussi redoutables, tu as perdu ton temps à les entraîner. la défié-je.
Je la vois se crisper de colère avant d'appeler sa deuxième fille.
— Bianca, à ton tour.
Cette fois, elle se dirige vers moi paisiblement. Elle essaie de me déstabiliser par son calme mais je reste concentrée à l'affût du moindre de ses mouvements. Nous tournons face à l'autre formant une ronde avec assez d'espace entre nous pour être en sécurité. Les yeux rivés l'une sur l'autre, nous nous scrutons cherchant la moindre faiblesse. En un mouvement rapide, je fonce sur elle en brandissant habilement mon arme. Dans une esquive agile, elle m'assène un coup de couteau dans le dos ce qui m'arrache un cri de douleur. Je me retourne avec vigueur alors qu'elle m'attaque de sa lame, je pare le coup à l'aide de mes avant bras les lacérants au passage puis je lui donne un coup de pied dans le ventre. Le coup la déséquilibre. Penchée en avant à cause de la douleur, je fonce sur elle pour lui asséner un coup fatal mais elle me prend par surprise par la taille en mode bélier et me plaque contre le mur. Munie de son couteau, elle me menace au visage. La lame à quelques centimètres de ma peau, j'arrive à retenir son bras. Puis de toutes mes forces, je lui donne un coup de pied dans le genou. Un craquement osseux suivi d'un hurlement de douleur emplissent la pièce. Affaiblie, elle tombe à genou et sans perdre une seconde, je lui donne un coup de pied dans la tête. Propulsée par terre et désarmée, je la chevauche pour lui donner le coup fatal au cœur. Dans ses dernières forces, elle retient ma poigne, son endurance faiblissant et ma vigueur prenant le dessus, la lame s'enfonce doucement dans sa chair malgré ses efforts pour l'en empêcher. A bout de souffle et de vie, elle lâche prise laissant la lame s'enfoncer entièrement dans son cœur. Essoufflée, je me relève en retirant mon arme et me tourne de nouveau vers Attilia plus en colère que triste.
— Chiara ! hurle-t-elle les yeux injectés de sang.
Alors qu'elle progresse vers moi, je respire profondément pour retrouver mon souffle. Comme la première sœur, elle fonce sur moi mais cette fois je fonce également vers elle en la prenant par la taille. Nous tombons toutes les deux avec fracas. Un peu sonnée, je mets du temps à me relever alors qu'elle me domine déjà. Elle s'apprête à dégainer mais je roule sur le côté pour esquiver son attaque. Rapide et agile, elle me rattrape vite sans me laisser le temps de me relever. Debout au-dessus de moi, elle reste figée me donnant l'opportunité de lui envoyer un coup de pied dans le bas du ventre. Recroquevillée sur elle-même, j'en profite pour lui trancher la gorge. Mon attaque la fait tomber sur moi, mains au cou. Je repousse son cadavre et me relève ensanglantée et poisseuse.
— Donia, achève-la moi ! rugit Attilia animée par toute sa haine.
Elle ne se fait pas prier et vient vers moi à grandes enjambées. Cette fois c'est elle qui me lance un couteau mais je l'esquive in extremis. Alors qu'elle est désarmée, je fonce sur elle mais elle me prend avec force par la taille et me renverse. Je tombe sur le dos, la respiration coupée par le choc. Elle se met à quatre pattes sur moi, la fureur au visage et je lui donne un violent coup de poing qui la déboussole. J'enchaîne les coups sans lui laisser de répit jusqu'à ce qu'elle tombe sur le côté. Le visage en sang, elle se relève. Accroupie par terre, dans un mouvement vif je lui coupe le tendon d'Achille ce qui la fait instantanément tomber un genou à terre dans un hurlement de douleur. Je me relève, prends de l'élan et lui donne un coup de pied brutal en pleine tête, ce qui la fait chavirer. Essoufflée, je pars récupérer son arme qu'elle a échappé en tombant mais elle me retient par la cheville me faisant tomber. Je la regarde par-dessus mon épaule, à plat ventre et les yeux sortant de leur orbite, elle crache sa salive tout en essayant de prendre le dessus. Violemment, je lui donne un coup de pied en plein visage. Un affreux craquement résonne alors que sa tête part en arrière. Sous la douleur, elle lâche prise me permettant de me relever. Je la chevauche par-dessus son dos. Je tire ses cheveux relevant sa tête et exposant son visage à sa mère puis en fixant Attilia dans les yeux, le souffle court, je tranche rapidement la gorge de Donia. Je relâche sa tête s'écrasant face contre terre dans un bruit sourd puis me relève. Couverte de sang, je fais face à Attilia qui me regarde pour la première fois vaincue et apeurée.
— A nous deux maintenant. la défié-je droit dans les yeux.
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