Coupable de ma vengeance - 53
A la surprise générale, c'est deux jours après que nous reprenons nos places respectives au sein de la salle solennelle.
— L'audience est maintenant reprise pour la conclusion de cette affaire. Après la suspension pour une enquête approfondie, de nouvelles informations cruciales ont été découvertes.
— Merci, Votre Honneur. Aux prémices de l'enquête, l'agent Maglione, qui était central à cette affaire, a été retrouvé mort dans des circonstances suspectes. Des preuves indiquent qu'il a été assassiné pour le réduire au silence. Des documents et témoignages confirment qu'il était impliqué dans une falsification des preuves sous la contrainte.
— Cela change profondément la dynamique de cette affaire. Procureur, quelles sont vos recommandations ?
— Compte tenu de ces développements et de la nature compromise des preuves initiales, nous recommandons l'abandon définitif de toutes les charges contre Madame Madini. Il est clair qu'elle a été victime d'une conspiration orchestrée par des tiers inconnus. Nous demandons également l'ouverture d'une nouvelle enquête pour identifier et poursuivre les responsables de la falsification et de l'assassinat de l'agent Maglione.
— Votre Honneur, nous soutenons cette recommandation et demandons que le nom de Madame Madini soit réhabilité. Elle a subi une injustice énorme et mérite d'être entièrement disculpée. me défend Maîttre Filecci.
— Madame Madini, les charges contre vous sont officiellement et définitivement abandonnées. Vous êtes libre de partir, et vos droits et réputation sont pleinement rétablis. Une nouvelle enquête sera lancée pour trouver les véritables coupables derrière cette conspiration. L'audience est levée.
Le marteau frappe pour la dernière fois le bois avant la levée de l'assemblée ordonnée par le greffier. Tous confus et désarmés regardent la salle se vider après que le juge est annoncé l'ajournement de la cour. L'esprit en effervescence, j'entends à peine le greffier lever l'audience. La froideur de la main de mon avocate posée sur la mienne me sort de mes pensées.
— May, vous pouvez bouger, votre totale liberté est rétablie. me sourit-elle.
Sans un mot je regarde derrière moi. Les carabiniers ont laissé place au vide laissant après eux l'accès dégagé vers la sortie. La bouche entr'ouverte, je me retourne vers mon avocate dont le sourire étire toujours les lèvres. D'un hochement de tête, elle m'incite à sortir de mon box. D'un pas hésitant, je sors tout en me retournant à plusieurs reprises pour m'assurer que je suis bien libre.
Au bout de quelques minutes, je retrouve les bras réconfortants d'Andy dans lesquels la tension et peur accumulées s'échappent par mes larmes.
— Désolée de vous interrompre mais j'aimerai m'entretenir avec ma cliente s'il-vous-plaît. Ce ne sera pas long.
La voix de mon avocate éclate la bulle dont la sérénité disparaît. Je lui adresse un sourire poli alors que je laisse derrière moi Andy, Andrea et Amadeo, mon cercle de soutien depuis le début du procès.
Tout en suivant Filecci, j'adresse de furtifs regards dans la foule mais ne peut que ressentir ce pincement au cœur face à l'absence de ses yeux ténébreux. Après quelques mètres, nous entrons dans une pièce dont les bibliothèques surchargée et le bureau central en bois massif trahissent sa fonction.
— C'était ça votre autre recours dont vous n'avez pas voulu me parler ?
Ses yeux s'écarquillent et sa bouche s'ouvre sans laisser aucun son s'échapper. La voix retrouvée, elle annonce:
— Vous n'êtes pas sérieuse là ? La mort de Maglione est une tragédie ! Je sais que je vous ai dit qu'on assurerait votre innocence mais pas en commettant un meurtre !
— Dé...Désolée. Je suis encore sous le choc de ma liberté retrouvée grâce à sa mort inattendue.
— Encore une fois, nous n'avons rien à voir avec son meurtre.
— Callegrio non plus ?
— Non plus May !
Je soupire non totalement convaincue de leur innocence dans le destin de Maglione.
— Plus aucune charge n'est retenue contre vous. Ca signifie que vous pouvez quitter le pays en plus d'être libre. Nous y sommes arrivés May, vôtre innocence a été rétablie. déclare-telle avec un large sourire.
Je m'empare de sa main tendue tout en lui rendant son sourire sans pouvoir effacer ma suspicion de mon esprit.
Elle et Callegrio sont-ils vraiment innocents ?
" Dans un dénouement inattendu, May Madini a été officiellement innocentée des accusations de meurtre au premier degré concernant les cinq domestiques retrouvés morts en mai dernier. Cette décision fait suite à l'abandon des charges en raison de la mort inattendue de l'agent Pietro Maglione, un témoin clé dans cette affaire.
L'affaire Madini, qui a captivé l'attention du public pendant des mois, a pris une tournure dramatique lorsque l'agent Maglione, a été retrouvé mort dans des circonstances suspectes. Il devait fournir des preuves essentielles qui auraient pu renforcer les accusations contre Madini ou potentiellement prouver son innocence.
Le procureur a annoncé que sans le témoignage de l'agent Maglione, les preuves restantes ne suffisaient pas à maintenir les accusations de meurtre contre Madini. "Nous n'avons d'autre choix que d'abandonner les charges. La justice doit reposer sur des preuves solides, et sans le témoignage de l'agent Maglione, ces preuves font défaut."
"Ma cliente a toujours clamé son innocence, et la vérité commence enfin à émerger," a déclaré l'avocate de la défense, Maître Filecci. "La mort tragique de l'inspecteur Esposito met en lumière les insuffisances de l'enquête initiale. Nous espérons que les véritables coupables seront un jour traduits en justice."
Le procureur a également annoncé l'ouverture d'une nouvelle enquête pour faire la lumière sur les circonstances entourant la mort de l'inspecteur Esposito. "Nous devons comprendre ce qui s'est passé et nous assurer que de tels événements ne se reproduisent pas," a-t-il affirmé.
Ce cas soulève des questions cruciales sur la protection des témoins clés dans des affaires de grande envergure. Les experts en sécurité suggèrent de renforcer les mesures de protection pour éviter que des tragédies similaires ne se produisent à l'avenir. La libération de May Madini et l'abandon des charges de meurtre soulignent les complexités et les défis du système judiciaire. Tandis que la communauté cherche à tourner la page, l'affaire continue de soulever des questions sur l'intégrité de l'enquête et la protection des témoins."
— May qu'est-ce que tu fous plantée devant la télé ?! T'es toujours cul nu alors que les invités arrivent d'une minute à l'autre !
— Rho tais-toi je veux juste écouter deux minutes ce qu'ils ont à dire.
— Ca fait deux jours depuis ta libération que tu ne fais qu'écouter deux minutes ce qu'ils ont à dire. me charrie Andy en agrémentant ses paroles de ses doigts qui forment des guillemets.
L'image de la journaliste devient soudainement noir. Je soupire en regardant Andy fière d'avoir mis un terme à mon visionnage.
— Tu trouves pas ça curieux quand même qu'il soit mort pile au bon moment ?
— May arrête avec ça ! Tu as fait chier Callegrio à tel point qu'il ne voulait plus venir ce soir. Il faut te le dire en quelle langue ? Ils n'y sont pour RIEN, R, I, E, N, RIEN ! Nothing ! Nada ! Nichts ! Niente ! Nic !
— Et si c'était Gioele ?
— Le psychopathe ? Pourquoi lui ?
— J'ai reçu une lettre de lui avant le procès. Elle était explicite sur le fait qu'il allait tout faire pour me rendre ma liberté jusqu'à même passer au-dessus de la loi s'il le fallait.
— Tu l'as encore cette lettre ?!
— Non j'ai eu tellement peur sur le moment que je l'ai brulé dans le baril sur la terrasse.
Elle soupire en fermant les yeux, les lèvres pincées.
— Putain May tu comptais me le dire quand ?
— J'ai pas trouvé le moment ni l'utilité.
— T'es sérieuse ?! Ce mec devient de plus en plus dangereux ! Un jour ce ne sera plus que des mots mais des actes ! Y'a d'autres trucs sur lui que tu me caches ?
— Non c'est tout. Désolée j'étais effrayée je pensais pas que le procès allait finir comme ça. sangloté-je.
Les bras d'Andy m'entourent et me rassurent de leur chaleur.
— Shhh. Tu n'y es pour rien. L'enquête prouvera vite sa culpabilité si c'est le cas. En attendant on va faire gaffe ok ?
J'acquiesce d'un hochement de tête.
—Maintenant vas te préparer !
Je soupire avant de traîner des pieds en direction de ma chambre.
— Tu devrais être plus reconnaissante que ça ! Ta fête d'indépendance se serait passée autrement si je t'avais laissé l'organiser.
— Y'en n'aurait pas eu, c'est tout ce que je souhaitais moi ! m'exclamé-je en rejoignant ma chambre.
— Faux ! Tu me remercieras plus tard !
Je ferme la porte derrière moi coupant court à la conversation et à la voix tonitruante d'Andy. Adossée à la porte, je pose mon regard sur la robe étendue sur mon lit qui n'attend que d'être portée.
Malgré mon soulagement et ma joie d'avoir été innocentée, le fait de ne pas l'avoir été de manière légitime me prend la tête. Je ne sais pas ce qu'en pensent les gens. Avec mon nom inscrit en lettres de sang mafieux dans leurs esprits, mon innocence leur est-elle évidente ou douteuse ? Cette mort leur est-elle une aubaine orchestrée ou un malheureux hasard ? Sans cette tragédie, serais-je vraiment libre aujourd'hui ?
Toutes ces questions qui tournent en boucle dans ma tête m'empêchent de profiter de l'instant et de ma vie depuis la délivrance du jugement. J'ai beau tenter de les mettre sous silence rien y fait elles resurgissent. Plus que de simples pensées, elles dictent ma conduite. Je deviens suspicieuse de tout le monde. Sans le vouloir, je m'éloigne de mes alliés qui clament leur innocence.
Les doigts à mon cou jouant avec l'alliance d'Ezio, je m'avance jusqu'à mon lit où je m'assieds. J'ouvre le tiroir de ma table de nuit et prends le petit coffret qui s'y trouve. Je retire le couvercle et contiens mes larmes face à la seule photo qui a jamais immortalise mon unique enfant.
Tremblante, j'effleure le cliché alors que mon autre main se pose inconsciemment sur mon ventre vide. Les battements de son coeur s'intensifient dans mes souvenirs lorsque je ferme les yeux. Les joues perlées de larmes, je m'octroie une dernière fois cette pause.
Au bout de quelques minutes, j'ouvre mes paupières lourdes de chagrin. Je retire la chaîne de mon cou puis embrasse l'anneau avant de le placer sur la photo. En refermant la boîte, jardin secret de mon cœur, je me fais la promesse de terminer ce que j'ai commencé.
Peu importe mon innocence aux yeux de tous, je demeure coupable de ma vengeance.
Vêtue de la longue robe en crochet dorée, j'apparais auprès des invités déjà bien nombreux. La douce brise de la mer vient rafraîchir cette chaude nuit printanière et caresser mon dos zébré dévoilé à la vue de tous.
— May ! s'exclame Armando plus heureux que jamais.
— Armando, ça fait un bail ! réponds-je en ignorant le frisson qui me parcourt en repensant à notre dernière soirée ensemble.
Il me prend par le bras et m'emmène sur la plage.
— Qu'est-ce-que tu deviens ? lui demandé-je curieuse.
— Eh bien j'ai arrêté la musique pour me concentrer sur un business plus florissant. répond-il en prenant une gorgée de sa bière.
— Tu piques ma curiosité, ai-je le droit d'en savoir plus ? dis-je en lui donnant un coup d'épaule.
— Hmm si t'es sage peut-être mais ce n'est pas quelque chose dont je peux parler tout haut. précise-t-il à voix basse.
— C'est bon tu peux me le dire on est tout seuls.
— Pas vraiment.
Je regarde autour de moi et sursaute quand j'aperçois une silhouette familière à quelques mètres de nous.
— On se revoit plus tard. m'annonce-t-il avant de me faire un bisou sur la joue et de partir.
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