Victoire ?


Elle me touche au cœur. Choquée, je mets du temps à réaliser que le gilet par balle d'Ezio me protège. La surprise se lit également sur le visage d'Agnès lorsqu'elle voit que je suis toujours debout malgré son tir. Je m'empresse de rentrer dans la cuisine alors que je l'entends me suivre. Je me cache alors derrière l'îlot central. Je m'empare d'une poêle rangée dans l'îlot et la jette à l'opposé de ma position. Comme prévu, Agnès va en direction du bruit.

— Où te caches-tu ma toute belle ?

Je me relève rapidement de ma cachette.

— Là pétasse.

Elle n'a même pas le temps de se retourner que ma balle se loge dans sa tête. Dans un bruit sourd, elle tombe en avant de tout son poids. Je m'empresse de lui prendre son arme puis après avoir vérifié que la voie était libre, je vais chercher Paola. Andrea est toujours allongé à côté d'elle, inconscient. N'ayant pas assez de forces pour tirer les deux corps, je me concentre d'abord sur Paola. J'arrive douloureusement et avec difficultés à la tirer jusqu'à la cuisine. Je pousse doucement la porte sans la fermer puis commence à chercher la porte dérobée. Je fouille partout le plus silencieusement possible, à la recherche d'un meuble qui pourrait cacher une porte ou s'ouvrir en coulissant puis après quelques minutes, mes efforts paient. Je trouve enfin la fameuse porte dans le garde-manger attenant. Je remarque un léger décalage au niveau des étagères.

D'un revers de main, je vire tout ce qu'il y a dessus et tape sur le fond pour écouter si ça sonne creux ou non, puis bingo j'entends une différence de son. J'appuie alors sur la partie creuse et un rectangle s'enfonce dans le mur. Un déclic se fait entendre et l'étagère s'entrouvre légèrement. Je la pousse et me décompose quand émerge de la pénombre un canon de révolver face à moi tenu par Fabio.

— Tu ne croyais pas sincèrement que j'allais te laisser partir sans te dire au revoir. annonce t-il en s'avançant me faisant reculer.

Je recule jusqu'à arriver aux côtés de Paola.

— Ne crains rien, je n'ai pas envie de te tuer tout de suite, ce serait bien trop rapide et facile.

Je dégaine mon arme et le pointe sur lui.

— Oh non tu n'en feras rien crois moi.

Il sourit et sort quelque chose de sa poche, c'est son téléphone.

— Permet moi. me dit-il en me montrant l'écran de son téléphone.

Je retiens ma respiration en voyant l'image. Ezio est ligoté à une chaise et retenu par un homme qui le tient en joue.

— Un simple signal de ma part et mon homme de main explose la cervelle de ton grand amour. menace-t-il, l'œil sadique et malveillant.

Acculée, je baisse mon arme et il en fait de même.

— Qu'est-ce-que tu veux ?

— Ta mort évidemment mais avant je te dois des remerciements.

— Des remerciements ?

— Oui tu as fais le sale boulot à ma place en tuant mon père et mon frère. Je dois dire que tu m'impressionnes je ne t'en croyais pas capable.

— Il reste un de tes frères et une fois que je vous aurais tué tous les deux, là tu pourras être vraiment impressionné.

Il rit à gorge déployée ce qui me fait froncer les sourcils d'incompréhension.

— Ettore a disparu des radars depuis des années. Impossible de savoir où il est et aux dernières nouvelles, la reprise de l'entreprise familiale ne l'intéressait pas. Alors comme tu peux le comprendre, nous n'étions que deux aujourd'hui pour la petite réunion de famille et tu m'as permis d'accéder plus rapidement au trône de baron de la mafia. Quand le jour arrivera où mon frère sortira de sa cachette, j'aurai un tas d'alliés qui me permettront de l'achever sans salir mes belles mains innocentes.

Un sourire machiavélique se dessine et déforme complètement son visage le rendant encore plus menaçant et fou qu'en temps normal.

Je recule jusqu'à me plaquer contre le mur à côté de la porte entrebâillée ce qui me permet de garder un œil sur Andrea qui reprend tout doucement ses esprits. Je décide de continuer à faire parler Fabio pour découvrir où se cache Ezio pour qu'Andrea le libère.

— C'est parce que tu sais que tu es faible que tu retiens Ezio ligoté ? Tu sais qu'avec lui tu ne vivrais pas plus de deux minutes ?

Il me prend et me plaque contre le mur puis me tourne la tête en direction de l'ouverture de la porte et serre ma gorge. Je vois Andrea debout et lui fais un signe léger de la main pour qu'il attende.

— Espèce de traînée tu te crois supérieure parce que tu es mariée à un Madini ? Tu crois qu'il me fait peur ? C'est lui qui est ligoté comme le faible qu'il est, pas moi !

— C'est votre bras droit qui l'a eu pas vous. suffoqué-je.

Il m'éloigne puis me plaque encore plus fort contre le mur faisant heurter ma tête violemment. Un peu sonnée par le coups, je m'affale par terre. Il me donne un coup de pied dans le ventre ce qui m'enrage malgré la douleur.

— Allez relève-toi ! J'en n'ai pas fini avec toi.

Je me redresse mais reste assise, la douleur étant trop intense.

— Espèce de lâche tu t'en prends aux femmes alors que ton vrai ennemi est gardé par ton toutou. le défié-je en plantant lentement mon regard dans le sien.

Il me donne un coup de poing ce qui fait valser ma tête sur ma droite. Je crache du sang et le fixe de nouveau du regard sachant que je touche une corde sensible.

— Relâche Ezio. Si tu veux devenir le baron de la mafia, prouve que tu le mérites et affronte quelqu'un à ta hauteur et pas une simple chanteuse un peu trop têtue. le provoqué-je en affichant mon sourire sanguinolent.

— Ton mari est très bien là où il est, en plus il voit tout ce qu'il se passe de là où il se trouve. Grâce à l'œil de Moscou, il me voit en train de te battre lamentablement ce qui doit le rendre fou. révèle-t-il la position d'Ezio sans s'en rendre compte, avec un grand sourire.

Menaçant, il s'accroupit vers moi puis me lèche la joue. Je tourne la tête du côté de la porte et vois Andrea qui est hésitant. J'essaie de lui faire comprendre par le regard de sauver Ezio puis après de longues secondes il opine du chef et se met en route. Je ferme les yeux, soulagée de savoir qu'il va le retrouver. Puis je tourne la tête pour regarder Fabio.

— C'est tout ce que tu sais faire ? Ton père doit bien rire de toi d'en bas. Lâche et faible que tu es et que tu resteras, tu ne feras pas long feu en tant que baron de la mafia.

— Tais-toi ! Ou je tire sur ta pote ! Elle est déjà bientôt à bout. Une balle de plus n'est plus qu'une formalité.

Je me crispe ne voulant pas qu'il s'en prenne à Paola. Il s'accroupit devant moi.

— Alors on se tait là ? On ne fait plus la maligne ?

Je lui crache au visage, ce qui le rend furieux. D'un revers de main, il essuie le sang qui tâche sa peau mate. Il me prend par les épaules et me redresse. Je réunis mes dernières forces et lui donne un coup de genou dans les couilles. Penché en avant, il se tord de douleur, puis je lui donne un nouveau coup de genou dans la tête. Il s'effondre inconscient et j'en profite pour tirer Paola jusqu'au passage secret.

J'arrive à l'entrée et continue à la tirer par les bras quand j'entends des pas rapides venir jusqu'à nous. Impuissante, je vois Fabio tirer sur Paola. Je lâche un de ses bras pour dégainer mon arme et tirer à mon tour. Je l'ai une première fois à l'épaule puis en criant je m'avance vers lui et vide tout mon chargeur sur son corps. Une fois que son corps ne bouge plus et que son sang se répand sur le carrelage de la cuisine, je reprends mes esprits et rejoins Paola. 

Je la sens respirer faiblement et avec difficultés, je m'accroupis et pose sa tête sur mes genoux.

— Paola, reste avec moi, c'est fini, on va te soigner. dis-je en sanglots.

Elle pose sa main sur la mienne et esquisse un faible sourire.

— Tu sais que c'est fini May. chuchote-t-elle.

Mes larmes s'intensifient et je hoche la tête refusant d'y croire.

— May, May écoute-moi, Isabella n'est pas celle que tu crois.

Étonnée par ses dernières paroles, je retiens mon souffle et je me perds dans mes pensées. Je me reprends et j'essaie de réanimer Paola encore sous le choc de ses mots.

— Paola ne meurs pas, reste avec moi !

Les mains recouvertes de son sang, je tente de la réanimer, de lui comprimer la plaie mais rien n'y fait elle s'est éteinte. Les yeux encore ouverts et la bouche ensanglantée, elle gît là sur mes genoux inerte, sa main encore sur la mienne. Je reste un moment en pleurs au-dessus d'elle puis je sens des bras s'enrouler autour de moi et me tirer.

— May viens. C'est fini on ne peut pas rester là on doit partir.

Mon corps suit les indications d'Ezio mais mon esprit reste auprès de Paola seule dans le passage secret. Nous retrouvons la voiture et son chauffeur, puis nous partons laissant derrière nous les corps encore chauds, vides de vie, de Paola et de Salvatore.

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