Un ticket pour un ticket

Nos regards se scellent pour ne plus se défaire. Tout le chaos que je ressentais quelques minutes avant disparaît et laisse place à un calme profond. Apaisée et en sécurité dans son regard protecteur qui m'enveloppe.

Malgré ses efforts pour faire bonne figure, ses yeux et ses traits tirés trahissent sa fatigue et son désespoir. Les cheveux coiffés comme à son habitude seule une mèche rebelle tombe sur son front adoucit ses traits. Sa chemise déboutonnée le rend encore plus irrésistible.

Après quelques secondes à se dévisager, il brise le silence.

— May ? Q-Que fais-tu là ?

— Paola est venue me voir et m'a expliqué votre arrangement.

Ezio regarde Paola circonspect.

— Tu avais l'air d'avoir besoin d'aide. Même si ton égo t'empêche de l'admettre, j'ai pris les choses en main pour notre bien à tous.

— Paola j'aimerais m'entretenir seul à seul avec May dans mon bureau, peux-tu rester là pendant ce temps ? Fais comme chez toi.

Elle acquiesce d'un hochement de tête et je suis Ezio parti devant en direction de son bureau.

Je rentre derrière lui et ferme la porte. Il se retourne pour me faire face.

— May je...

Je ne lui laisse pas le temps de terminer que je m'empare de ses lèvres et l'embrasse fougueusement. Je le sens relâcher la pression et m'embrasser en retour.

Emportée par ma rancœur qui me consume, je me détache de lui puis lui donne une gifle. Pris par surprise, il fait un pas de recul et me regarde étonné.

— Ca c'est pour m'avoir menti et bernée pendant tout ce temps. On est censé se faire confiance merde et à la première occasion tu la trahis ! Comment veux-tu que je te fasse de nouveau confiance maintenant ?

— Je suis sincèrement désolé, je vais me rattraper. Je sais que j'ai fait le mauvais choix en te cachant l'engagement envers la famille Bartoni mais j'avais donné ma parole et je pensais pouvoir gérer seul sans que tu ne te rendes compte de rien.

— Tu vois ça, ça me fait mal, que tu me crois assez naïve pour me cacher ce genre de choses ou que tu n'aies pas assez confiance en moi pour ne pas me mettre au courant. Je comprends ton histoire de parole mais me le dire ne signifiait pas mettre à mal l'exécution du plan ou sa discrétion. J'aurais compris et aurais laissé faire. Ça m'aurait prouvé que je pouvais te faire confiance maintenant j'en doute et je ne sais plus quoi penser. Est-ce-que tu es réellement sincère avec moi ?

Ezio se frotte l'arrière de la tête démuni et gêné.

— Ces derniers jours sans toi ont été une torture. Plus rien pour moi n'avait d'importance, tout ce que je voulais c'était toi, que tu reviennes et te serrer à nouveau dans mes bras. Laisse-moi te prouver que je suis digne de confiance et que je peux réparer mon erreur. Laisse-moi cette chance, je veux être meilleur pour toi et je le serai.

Touchée par ses mots, je sens fondre mon coeur même si ma raison me crie de ne pas croire à ses mots aussi envoûtant que des chants de sirène.

— Je n'ai qu'une envie, te faire confiance à nouveau et te croire quand tu dis vouloir t'améliorer. Mais pour moi les paroles ne sont rien face aux actes. Je te laisse tout de même une chance mais ne la gâche pas tu n'en n'auras pas d'autres, aussi dure que soit l'idée d'une séparation je ne reviendrai pas si jamais ça se reproduisait.

Ezio se rapproche de moi et entoure mon visage de ses mains.

— Je ne te décevrai plus May je t'en fais la promesse.

Délicatement, il pose ses lèvres sur les miennes et nous nous embrassons tendrement. Soudain, nous entendons frapper à la porte.

— Désolée de vous déranger mais je n'ai plus beaucoup de temps devant moi si vous voulez qu'on parle c'est maintenant. annonce Paola à travers la porte.

Nous nous regardons en souriant puis Ezio ouvre la porte.

— On est prêt, on peut parler.

Paola entre et Ezio referme la porte derrière elle.

— Ezio au vu des circonstances es-tu d'accord pour maintenir notre arrangement comme il était prévu initialement ?

Il me regarde et j'acquiesce de la tête.

— D'accord, on continue qu'est-ce-que tu proposes ?

— Dans tous les cas on en n'a plus pour longtemps, mon père a bien avancé de son côté et l'infiltration est en bonne voie. Il a des complices au sein de la famille Guzzo et le jour J ne devrait plus tarder. Nous devrions faire encore deux ou trois apparitions publiques. A l'heure d'aujourd'hui nous ne sommes apparus qu'une fois, c'est maigre pour convaincre nos ennemis. Je te propose une sortie au restaurant, une à l'opéra et pour finir une photo devant chez toi de nous deux nous embrassant.

A cette dernière requête mon cœur manque un battement et je serre les poings. J'essaie de dissimuler au mieux ma jalousie alors que ma mâchoire se serre.

— Okay pour le restau, okay pour l'opéra. Pour le baiser je ne suis pas certain.

— Ezio il faut plus qu'être main dans la main ou qu'un câlin pour les convaincre. Ce sera le dernier acte ensuite rideau et chacun retourne à sa vie.

Ezio soupire puis me regarde

— May ? Est ce que tu es à l'aise à cette idée ?

— Honnêtement ça ne me plaît pas du tout mais je dois admettre que Paola a raison. Il leur faut plus pour qu'ils y croient alors faites le nécessaire et ensuite on enterre cette histoire une bonne fois pour toute.

Ezio se racle la gorge et donne son aval à Paola.

— Parfait on se dit à vendredi soir pour le restau, je t'enverrai l'adresse par sms. Je vous laisse. Merci de jouer le jeu jusqu'au bout Ezio. May encore désolée pour tout et ne t'en fais pas tout sera vite terminé.

Sur ses mots, elle quitte le bureau d'Ezio.

— Tu crois qu'elle est digne de confiance ? Qu'elle n'a pas de plan derrière la tête ? demandé-je

— J'ai eu la même impression que toi mais finalement Paola n'a jamais été qu'une marionnette. Soit de son père, soit de son entourage. Elle n'a jamais agit par et pour elle-même donc même si elle a envisagé quelque chose à un moment, elle n'agira pas, la peur des conséquences prendra le dessus.

— Il n'y avait pas d'autres moyens pour les aider à se débarrasser de la famille Guzzo ?

— Si certainement mais en toute franchise ce plan me plaisait.

Mon sang ne fait qu'un tour, la colère me monte et si mes yeux pouvaient tuer, Ezio serait déjà par terre à se vider de son sang.

— T'es sérieux en disant ça ?!

Il s'approche de moi et me prend les mains.

— Calme-toi, ça ne me plaît pas dans le sens que tu penses. Ce plan me plaît car il me permet de me servir de Paola par la suite.

— Comment ça, je ne comprends pas.

— Tu dois savoir une chose sur Paola, c'est qu'elle est infirmière.

— Oui d'accord ça me fait une belle jambe de savoir ça. T'as un fantasme d'infirmière à assouvir ou quoi ?

— May laisse-moi finir s'il-te-plaît. Si tu as consulté le dossier que je t'ai donné, tu dois savoir que Mario est très malade.

— En effet mais impossible de savoir où il est hospitalisé et s'il l'est chez lui nous n'avons pas l'adresse.

Un large sourire illumine alors le visage d'Ezio.

— C'était un petit piège de ma part pour que tu reviennes me voir. avoue-t-il.

Je tente de réprimer un sourire et lui donne une tape sur l'épaule.

— Vous êtes vraiment sournois Don Madini.

Ezio rit puis redevient sérieux.

— Là où ça devient plus intéressant, c'est que Paola est l'infirmière personnelle de Mario et qu'elle a accès à sa chambre dans son manoir là où il est hospitalisé. Une fois que le plan de son père aura fonctionné, elle ne pourra pas me refuser ce service car Mario est également un ennemi de sa famille. Seulement Paola a un trop bon fond et ne veut pas tuer son patient. Son métier est de soigner et sauver des vies et non pas l'inverse. Mario étant condamné, elle ne veut pas non plus se causer des problèmes inutilement.

— Mais alors que peut-on faire ?

— On va la convaincre de t'aider à infiltrer le manoir puis la chambre de Mario.

— Et ensuite je pourrai enfin me venger.

Ezio et moi nous sourions mutuellement à l'idée de ce plan et de ma vengeance qui prend forme petit à petit.  

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