Je me redresse le nez retroussé et sens Ezio faire de même encore à moitié endormi à mes côtés.

— Mais qu'est-ce que tu racontes ?

— Regarde par toi-même, Greta est morte et c'est ma faute ! panique-t-elle en me lançant son téléphone.

Je découvre alors un article traitant de la mort de Greta. Ils expliquent qu'elle a été retrouvée inanimée à son domicile et qu'elle présentait tous les symptômes d'une overdose qui serait la cause de sa mort. Des analyses seraient en cours mais la piste de l'overdose est favorisée. Ils n'ont rien de plus, rien qui nous relie à elle pour l'instant.

— Andy, tu n'as pas tué Greta.

Affolée, elle ne me laisse pas finir et enchaîne :

— Mais bien sûr que si c'est de ma faute, si je ne l'avais pas invitée à rester, elle n'aurait pas rencontré Armando et elle n'aurait pas goûté à la cocaïne et serait toujours en vie. rétorque-t-elle en larmes.

Nous échangeons un regard avec Ezio et tout en se relevant il lui répond:

— Rien n'est ta faute Andy. C'est moi qui ai tué Greta.

Andy s'arrête net de pleurer.

— Quoi ? Mais pourquoi ?

— C'était une de mes fans finalement. Durant la soirée, elle m'a forcé à lui tenir compagnie sans quoi elle dévoilait où May se cachait sur les réseaux et on peut vite imaginer la suite. J'ai suivi sa demande jusqu'à pouvoir la mettre hors d'état de nuire.

Andy s'assoit sur le bord du lit en état de choc.

— Je crois que j'ai besoin d'un verre, il y a eu trop de morts en peu de temps. déclare-t-elle le regard dans le vide.

Je la prends dans mes bras puis Ezio nous laisse seule et quitte la pièce.

— Est-ce-que ça va aller ? demandé-je à Andy.

Sous le poids de ma question, elle fond en larmes. Je la laisse pleurer dans mes bras et la réconforte par mon étreinte, lui laissant le temps dont elle a besoin pour se calmer.

— Ça va aller. Je suis moi-même avec un gars de la mafia, je dois me faire à ce quotidien.

— Tu peux prendre le temps de t'y faire, tu n'es pas obligée de réprimer ta conscience parce que tu es avec un mafieux. Certes ce genre de situation risque de revenir souvent mais ça ne veut pas dire que tu dois t'empresser de t'y habituer. Tu as le droit d'aller mal, ça ne va pas te rendre faible aux yeux de Salvatore ou de quiconque. Ils sont dans ce climat depuis leur enfance. Ils ont grandi en ne connaissant que cette violence, pour eux c'est normal. Pour des personnes comme nous qui ont grandi dans un climat ordinaire, il nous est bien moins facile d'accepter et de vivre sereinement ce genre de choses. Alors ne sois pas dure envers toi-même et donne-toi le temps de te familiariser à tout ça et si tu n'y arrives jamais c'est normal après tout tu es complètement différente d'eux. Ça ne veut pas dire que tu ne mérites pas ta place auprès de Salva non plus, ça veut juste dire que tu es plus humaine qu'eux et c'est ce qui te rend précieuse.

Andy me sourit et se blottit de nouveau contre moi en restant silencieuse. Quelques minutes passent avant qu'elle ne se redresse et qu'elle me tende la main.

— Allez on ne va pas rester dans ce lit toute la journée, sortons de là et profitons de ma nouvelle année.

Avec un sourire mutuel, nous rejoignons Ezio et Salva installés au bar un café devant eux. Les derniers invités saouls sont partis ne laissant plus que nous quatre.

— Ça vous tente une journée de repos à chiller devant netflix ?

Je n'ai même pas le temps de répondre, qu'Ezio prend la parole.

— En fait, j'avais une autre idée en tête, May prépare-toi j'ai une surprise à te montrer.

Piquée par la curiosité, je m'empresse de me préparer et le rejoins rapidement. Nous partons dans la foulée excitée comme une enfant le matin de Noël. Sur le chemin j'essaie de cuisiner Ezio pour qu'il me donne un indice mais il ne lâche rien à mon plus grand désespoir.

Au bout d'une bonne heure interminable d'impatience, nous arrivons devant une magnifique maison de maître à l'orée de forêt. Toute en modernité, elle est épurée et est élégamment habillée de grandes baies vitrées noires qui viennent contraster la façade blanche et lisse de la maison. Bien qu'elle soit récente, elle a beaucoup de charme grâce aux pierres apparentes ajoutées sur le pignon principal ou se trouve l'entrée mais aussi grâce à la luxuriante végétation qui l'entoure.

Nous empruntons une allée de cyprès qui délimite l'accès à la maison et arrivons devant un bel escalier de pierres.

Nous sortons de la voiture et je sens Ezio sourire devant mon émerveillement. Il s'approche de moi et me dit tout bas :

— Es -tu prête à visiter notre nouveau chez nous ?

Je me tourne vers lui, les yeux ouverts comme des soucoupes ne réalisant pas que ce joyau est à nous.

— Tu n'es pas sérieux ?

— Je ne peux pas être plus sérieux, au contraire, elle est à nous. répond-il en me montrant les clés.

— Mais c'est allé si vite je pensais que ça prendrait des mois au moins !

— Ce genre de bien s'adresse à un certain porte-monnaie et puis quand nous cherchons un bien à acheter nous sommes les premiers à être prévenus avant même qu'il n'apparaissent en agence.

— Je commence à beaucoup aimer les avantages que la mafia vous offre. avoué-je en souriant

— Même si le revers de la médaille est dur à encaisser ?

— Ça compense un peu.

Ezio me tend la main et nous entrons dans notre demeure. Il me fait visiter de grands espaces lumineux qui sentent encore le neuf et ne demandent qu'à accueillir de la vie. Une belle hauteur sous plafond avec moulure et du parquet au sol contrastent avec l'extérieur moderne. Les tons choisis restent neutres pour laisser à l'acquéreur la possibilité de s'exprimer comme il le souhaite, ce qui me permet de me projeter dans chaque pièce et à imaginer notre vie future dans cette belle maison. Au fur et à mesure de la visite, je me rends compte que les pièces sont déjà meublées prêtes à accueillir les souvenirs de notre quotidien.

— Tout ça à l'air si irréel. Trop beau pour être vrai. ajouté-je les yeux remplis d'étoiles.

— Rien n'est impossible quand on a les relations et les hommes nécessaires. Ta sécurité étant en jeu, j'ai tout fait pour régler ce problème le plus rapidement possible.

N'arrivant pas à trouver les mots justes, je me tourne vers lui et le prends dans mes bras en signe de reconnaissance. J' ai à peine le temps de me détacher de lui que j'entends une voix stridente derrière moi.

— Aaaaah c'est magnifiiiiique ! s'exclame Andy toute émerveillée à peine la porte d'entrée franchie.

— Andy, Salva ? Qu'est-ce-que vous faites là ?

— Tu ne croyais quand même pas que je n'étais pas dans la confidence ? J'ai beau être ta meilleure amie, je suis la première à te cacher des choses !

— Y'en a beaucoup d'autres de choses que tu me caches ?

— Non déstresse juste quand c'est pour ton bien. me répond Andy en faisant un clin d'œil.

— May ! Ezio! Félicitation cet endroit est splendide !

— Paola ? T'étais aussi dans le coup ?

— Non là c'est ma faute, nouvelle maison veut dire crémaillère. Vous ne pensiez pas vous en tirer comme ça quand même ? interroge Andy.

— Ah si si c'est ce qu'on pensait. rétorque Ezio dépité.

— Oh fait pas ton prude et fêtons ça comme il se doit ! annonce-t-elle en lui tapant l'épaule.

— Félicitations les tourtereaux, c'est un magnifique nid que voilà !

Je souris faussement quand je vois qui nous rejoint puis glisse doucement à l'oreille d'Andy:

— Tu étais obligée d'inviter tout le monde même les plus indésirables ?

—Que tu le veuilles ou non, c'est ta belle famille, me répond-elle avec un grand sourire mâlin, et puis chaque fête a son lot de rats. ajoute-t-elle

— Merci à vous d'être venus Isabella et Raphaël, il ne fallait pas vous donner tant de mal. salué-je avec une pointe d'ironie.

— Crois-moi May, si nous avions le choix nous ne serions pas là et surtout pas en ta compagnie. Ezio étant mon fils je me dois d'être là pour lui.

— Une fois n'est pas coutûme. sifflé-je en le fixant.

Ma réponse réveille instantanément sa rage qui enflamme ses pupilles. Je le vois commencer à ouvrir la bouche mais Andy me sauve la mise en m'entrainant voir d'autres convives fraîchement arrivés.

La soirée bat son plein, nous profitons de chaque invité. Je prends évidemment soin d'éviter Isabella et Raphaël n'ayant pas envie de gâcher cette soirée. Je m'éclipse aux toilettes et une fois mon besoin assouvi, je tente de rejoindre les invités mais ne connaissant pas encore la maison, je me perds. Je fais des allers retour mais ne parviens pas à trouver mon chemin. Je passe devant une porte quand j'entends de drôle de bruits. J'entrouvre la porte et reconnais Andy en train de chevaucher... Andrea ?! De surprise j'ouvre la porte en grand et dis tout haut « Andy ?! ».