Précipité ?

Encore étonnés par la scène qui vient de se jouer, nous restons quelques secondes pantois avant qu'Ezio ne brise le silence.

— Bon bah c'était plus simple que prévu. conclut-il.

— Tu ne crois pas qu'on l'a un peu malmenée ?

— Oh certainement mais elle avait besoin d'un électrochoc. Quand tu veux obtenir ce que tu veux, dans la mafia il faut savoir ne pas prendre en compte les émotions des autres, sinon si tu es trop empathique et c'est eux qui te malmènent. Il faut savoir être sans pitié pour arriver à tes fins. Tu apprends vite mais je crains que ton empathie soit ton plus gros défaut en tant que novice. me dit-il en souriant.

— Désolée d'avoir un cœur. le charrié-je

— C'est bien ça le problème, c'est une bonne chose voire merveilleuse que d'avoir du cœur. Pour ta famille okay mais pour les personnes qui peuvent te trahir dès la première occasion ils ne le méritent pas et crois moi, beaucoup sont dans ce cas là. Rares sont les personnes qui méritent vraiment ton cœur. répond-il en me faisant un bisou sur le front.

— Tant que tu ne me trahis pas tout ira bien, le reste m'importe peu. rétorqué-je en le fixant.

— Pourquoi ça sonne comme une mise en garde ? m'interroge t-il, le front plissé.

— Tu peux m'expliquer ce que tu fous avec le téléphone de Valentina ?

Dans un soupir non dissimulé, il baisse la tête et pince ses lèvres.

— Je ne voulais pas t'en parler car la piste n'a rien donné.

— De quoi tu parles ?

— Suite à tes doutes, j'ai demandé à Salvatore de garder le téléphone pour chercher d'autres indices et voir qui la contacterait dans les jours à venir. Il me l'a ensuite redonné pour que je continue les recherches de mon côté vu qu'une certaine Andy n'arrête pas de lui demander des détails dessus. révèle t-il en appuyant son regard de son rictus.

Putain Andy.

Je lui adresse un sourire maladroit avant de me mordre la lèvre.

— Mais personne n'allait la contacter vu qu'elle était morte. changé-je de sujet.

— Sauf si la personne pour qui elle travaille n'était pas au courant.

— Et alors ?

— A part Paola et d'autres amis, personne ne l'a contacté.

— Ce qui veut dire ?

— Soit qu'elle n'était pas la taupe, soit que son recruteur savait qu'elle était morte.

— Comment aurait-il pu le savoir ?

— Soit par une deuxième taupe ou soit son recruteur est au sein de notre cercle le plus restreint.

— Tu penses à qui ?

— Tout le monde.

— Même ton père ?

— Tu n'imagines pas à quel point il peut être vicieux pour s'assurer le pouvoir.

Sa révélation me laisse un flot de questions qui vient agiter l'océan de ma réflexion.

                                                                                   *****

Le lendemain je me réveille tard en fin de matinée, la fatigue du début de grossesse est loin d'être une légende. Je me prépare et descends. Je sens une bonne odeur de pizza envahir l'escalier. Une fois en bas je découvre, salive en bouche, la succulente pizza qui refroidit sur l'ilôt central. Je sens les bras forts et musclés d'Ezio me serrer contre son torse.

— Bonjour ma belle, bien dormi ? demande Ezio au creux de mon cou.

— A merveille et le réveil est encore plus délicieux. déclaré-je en souriant les yeux rivés sur la pizza faisant office de petit-déjeuner tardif.

Nous nous mettons à table et mangeons. Le début d'après-midi arrive vite et nous nous mettons déjà en route pour notre rendez-vous médical.

Dans la voiture je sens Ezio se tendre.

— Tu es nerveux ?

— Assez, j'appréhende le rendez-vous.

— Pourquoi ?

— L'appréhension de l'inconnu, peur de ce qu'ils peuvent nous annoncer, ce genre de choses.

Je sens qu'il y a autre chose mais je préfère le laisser tranquille appréhendant également le rendez-vous.

En un temps record, nous arrivons à la clinique et sommes vite pris en charge par la gynécologue. Une fois installés nous débutons l'examen.

— C'est votre premier n'est-ce pas ?

On se regarde avec Ezio surpris de sa déduction.

— Oui ça se voit tant que ça ?

— Oui vous avez la nervosité des primo parents.

— Primo parents ? demande Ezio.

— Les couples qui deviennent pour la première fois parents. explique t-elle en souriant.

Elle enchaîne en nous expliquant ce qu'on voit à l'écran et nous montre les membres puis les organes pour enfin nous faire écouter son cœur.

Ezio me serre tellement la main qu'il m'en fait mal, je tourne mon regard vers lui et le vois fixer l'écran les yeux humides. Je décide de détourner les yeux pour respecter son intimité. Je suis également très émue à l'écoute de son cœur mais n'arrive pas à réaliser qu'un bébé grandit en moi. J'ai beau le voir à l'écran, l'entendre, c'est comme si c'était quelqu'un d'autre à ma place.

Une fois l'examen terminé, je me rhabille et rejoins Ezio assis face au bureau de la gynécologue.

— Alors je vous rassure tout de suite, votre bébé se porte à merveille.

Nous nous regardons soulagés et nous nous sourions mutuellement. Ezio s'empare ensuite de ma main.

— Il se développe normalement, ses mesures sont dans les courbes et son cœur est en pleine forme. Pour ce qui est du sexe il est un peu tôt pour être sûr mais j'ai déjà une vague idée. Ce n'est qu'au cinquième mois que je pourrai vous le dire avec certitudes, enfin s'il veut bien se montrer car parfois les bébés sont farceurs. annonce t-elle en souriant.

— Je m'en fiche du sexe, tant qu'il est en bonne santé c'est tout ce qui m'importe. rétorque Ezio encore ému.

Nous terminons les formalités et partons. Avant de monter dans la voiture, Ezio me prend dans ses bras et me serre fort, il se recule puis m'embrasse fougueusement.

— Je t'aime tellement May.

— Je t'aime aussi Ezio.

Nous nous embrassons de nouveau avant d'entrer dans la voiture. Tout le trajet se passe dans le silence voyant Ezio l'esprit occupé, je le laisse tranquille et profite de ce calme.

Arrivés en bas de l'immeuble, Ezio s'arrête mais n'éteint pas le moteur.

— Je te laisse rentrer May je dois régler une affaire.

— Ah non tu ne te rebarres pas hein ?! blagué-je à moitié.

Il rit.

— Non promis je reviens au plus vite. 

Il m'embrasse sur le front puis je me dépêche de rentrer, le froid de l'hiver s'étant installé. Arrivée dans l'appartement, je décide de me réchauffer en prenant un bon bain chaud, rien de tel pour me relaxer.

Une fois à l'intérieur mes muscles se relâchent , je me détends tellement que je finis par m'assoupir.

Je me fais réveiller par des caresses sur le visage. J'ouvre les yeux et vois Ezio assis à côté, la main agrippée au bord de la baignoire, son menton reposant dessus.

— Tu es si belle quand tu dors.

Je lui éclabousse de l'eau à la figure.

— Menteur. souris-je

— Tu peux me qualifier de beaucoup de choses mais pas de menteur, allez habille toi chaudement j'ai une surprise pour toi.

La curiosité me pousse à sortir et me préparer rapidement. Je retrouve ensuite Ezio sur le pas de la porte de notre chambre. Il me prend par la main et me guide jusqu'au rooftop. La vue me coupe le souffle, il est illuminé grâce à des dizaines de bougies éparpillées, face à nous, une bulle de verre nous attend, une table dressée à l'intérieur.

— Je t'en prie. m'invite Ezio en m'ouvrant le passage.

J'entre à l'intérieur de la bulle, la chaleur me détend instantanément. Sur le côté gauche se trouve un salon de détente et au fond à droite une cuisine. C'est au milieu que trône notre belle table à la décoration épurée mais élégante. Ezio me tire ma chaise et me fait signe de m'asseoir puis me rejoint à la table en s'installant en face de moi. Sur la table je découvre notre plat déjà servi sous une cloche en argent. Je la retire et je salive devant cette magnifique côte de bœuf saignante qui s'offre à moi.

— Je vois que j'ai visé juste. rit Ezio face à mes yeux affamés.

— Tu ne pouvais pas tomber plus juste, franchement tu as mis les petits plats dans les grands. Qu' est ce que ça cache ? lui demandé-je suspicieuse avec un brin d'humour.

— Je voulais juste t'offrir une belle soirée parce que tu le mérites. Nous ne prenons pas assez le temps de nous poser et de savourer l'instant présent.

En levant mon verre de pétillant sans alcool je fais un toast :

— Alors à nous. Qu'il y ait beaucoup de moment comme celui ci où on profitera juste de l'instant présent.

— A nous mon amour.

Nous trinquons puis buvons nos coupes et entamons le repas.

— Je suis réellement heureux May, chaque jour passé à tes côtés me rend meilleur. Tu es tout ce que j'ai de plus précieux.

Je souris et rougis à cette ouverture de cœur.

— Je suis également très heureuse Ezio. Même si notre quotidien n'est pas toujours évident, on trouve toujours le moyen de se retrouver sans jamais arrêter de s'aimer. Tu sais quand Paola est venue me voir au studio elle nous a qualifié d'âmes sœurs.

— Woah âmes sœurs carrément ? Elle n'a peut-être pas tort. Finalement tout est évident avec toi. Je ne me pose aucunes questions sur mon avenir je sais que je le passerai avec toi et pas une autre. Je n'ai pas besoin de jouer un rôle à tes côtés ou de cacher qui je suis. Tu es ma bouffée d'oxygène, ma zone de confort, et j'en passe. Tu es simplement la personne indispensable à ma vie dorénavant.

L'émotion me submerge, accentuée par les hormones de grossesse, je fonds en larmes. Ezio surpris, se lève pour me rejoindre et me prendre dans ses bras pour me réconforter.

— Je suis désolé je ne voulais pas te faire pleurer.

— Ce n'est pas ta faute. Je suis vraiment très émue que tu m'ouvres ton coeur et avec les hormones je suis à fleur de peau alors je me laisse vite emporter par mes émotions.

— Si ce n'est que ça, j'agis en parfait connard et deviens macho le temps que le bébé arrive et le problème est résolu.

Je souris à sa blague et le tape à l'épaule. Il rit à son tour puis après m'avoir embrassé, retourne à sa place.

La soirée se déroule délicieusement, nous rions, nous échangeons des anecdotes, nous dansons également laissant les heures défiler sans même nous en rendre compte. Après avoir bien mangé nous décidons de sortir de notre bulle. Le froid me faisant du bien, je décide d'aller admirer le paysage depuis le rooftop.

— La vue est magnifique.

— Je suis totalement d'accord. répond Ezio en me regardant.

Sans détourner les yeux, de ma main je lui tourne la tête face à la ville. Je le regarde ensuite en souriant et le vois sourire à son tour.

— Je ne me lasserai jamais de cette vue, on se sent si loin de tout, si haut que rien ne peut nous atteindre, on se sent...

— Intouchables ? suppose Ezio en souriant.

— Ça te plairait que je l'admette hein ? réponds-je en le regardant avec un sourire en coin. J'allais dire libre.

— Avoue le May, depuis que tu veux intégrer la mafia et que tu vois l'intérieur de la mécanique tu comprends pourquoi on dit qu'on est intouchables.

Je pouffe à sa phrase.

— Ouais c'est votre ego surdimensionné qui vous fait dire ça. Vous êtes dans le déni. Vous êtes peut être puissant mais aucun homme n'est intouchable sinon on serait tous des Dieux.

— Alors c'est à ma Déesse que je m'adresse.

Ne comprenant pas sa réponse je me tourne vers lui et le vois un genou à terre, un boîtier à la main.

— Ezio qu'est ce que tu fais ? m'empressé-je de demander le cœur battant la chamade.

— May, je sais que nous ne sommes pas ensemble depuis longtemps, que nous avons déjà connu des hauts et des bas. La vie nous a offert la chance de nous retrouver puis un avenir avec le bébé que tu portes. Finalement y'a t-il vraiment un temps pour les choses ou seuls nous, décidons de ce que nous voulons ? Peu importe qu'on soit ensemble depuis quelques mois ou quelques années, le temps n'est rien face à l'amour que je te porte. Tout ce que je sais c'est que je te veux à mes côtés pour le reste de ma vie. C'est tout ce qui m'importe. Je sais qu'il nous reste beaucoup à accomplir et que notre quotidien est tumultueux. Alors, sans attendre, j'ai envie de prendre ce que la vie a de plus beau à m'offrir et de le garder jalousement pour moi. Je veux profiter de l'instant présent car même si demain est inconnu, je n'ai aucuns doutes sur toi, la femme de ma vie. Mon amour ce soir c'est sous un nouveau ciel étoilé, que je me permets de te demander de m'épouser.

Il ouvre le boîtier dévoilant une bague aux milles éclats. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top