Les liens du sang


Je n'ai pas le temps de réaliser qu'Andy me prend par le bras et m'emmène à toute allure dans la voiture de Salvatore.

En nuisette, je suis encore sous le choc quand nous arrivons dans l'appartement d'Ezio.

Nous découvrons Raphaël et Isabella faisant les cent pas dans le salon affichant un air grave. Il y a également un autre homme que je n'avais jamais vu auparavant. Grand, ses cheveux bruns bouclés retombent sur son front. Sa peau métisse fait ressortir ses yeux gris et sa barbe de trois jours lui donne un air mature.

Il se tourne vers nous et pose son regard sur moi. Il s'avance dans ma direction le regard inquiet.

— May, enchanté je suis Andrea, le bras droit d'Ezio.

Je reste de marbre ne comprenant toujours pas ce qu'on fait ici et ce qu'il me veut. Il paraît si déstabilisé par mon silence et mon regard fixé sur lui qu'il détourne les yeux pour les poser sur Salva et Andy.

— Qu'est ce qu'on fait là Andrea et où est Ezio ? m'impatienté-je sèchement, le corps bouillonnant d'inquiétude.

Il s'éclaircit la gorge.

— A l'étage, il bénéficie de soins.

Je me précipite pour aller le rejoindre mais Andrea me retient par le bras.

— Vous ne pouvez pas aller le voir maintenant. Ils ne veulent pas qu'on les dérange pendant qu'ils le recousent.

Je le fusille du regard et me libère d'un coup sec de son emprise.

— Où étiez-vous, si vous êtes son bras droit ? Vous êtes censé le protéger mais vous m'avez l'air sain et sauf sans une égratignure. rétorqué-je la rage au bord des lèvres.

— Je crois que vous devriez vous reprendre May. interrompt Raphaël.

Je me retourne vers lui et lui aboie à la figure :

— Ne me dites pas quoi faire, je suis encore libre d'agir comme je le veux ! On m'emmène ici en ne me disant rien ! J'apprends qu'Ezio est blessé et si mal en point qu'il a besoin d'être recousu puis on me demande de rester calme ?! Mais vous avez perdu la tête ! Dites-moi ce qu'il s'est passé bordel !

Andrea prend la parole.

— Ils étaient dans leur loge, le plan se déroulait comme prévu, le concert était terminé et ils attendaient que le monde parte pour sortir tranquillement. Je les attendais en bas de l'escalier. Je venais de finir ma ronde pour m'assurer que la voie était libre et c'est là que tout a dérapé. Ezio et Paola descendaient les escaliers quand de nulle part a surgit un homme armé, je l'ai tout de suite reconnu c'était Julio le fils aîné des Guzzo. J'ai dégainé mon arme mais il avait déjà tiré sur Paola qui s'est effondrée dans les escaliers. Ezio, pris de surprise, n'a pas tiré assez rapidement et a pris une première balle dans l'épaule gauche. J'ai tiré sur Julio ce qui a fait dévier la deuxième balle mais elle a quand même touché Ezio dans l'abdomen. J'ai ensuite tiré une balle dans la tête de Julio et il s'est effondré mort. J'ai appelé du renfort pour rapatrier Ezio et Paola ici. Paola l'a échappé belle mais elle s'en sortira avec du repos et des soins constants. Quant à Ezio, nous attendons encore le diagnostic des médecins. Cela fait plus d'une heure maintenant qu'ils sont à l'étage.

— Vous avez pu le voir ?

— Pas depuis qu'il est avec les médecins, il est tombé inconscient suite à ses blessures.

Je me sens d'un coup oppressée et ayant besoin d'air, je quitte le salon et vais sur la terrasse. L'air frais me faisant du bien, je laisse mes émotions prendre le dessus. Je laisse couler mes larmes de peur, de colère, de chagrin et me sens dévastée par la tournure de la soirée. J'entends des pas derrière moi et je sens la main d'Andy se poser dans mon dos. Je me retourne alors vers elle et pose ma tête sur sa poitrine, me laissant complètement aller.

— Il est entre de bonnes mains, ils vont bientôt descendre nous donner leur diagnostic tiens le coup May.

Elle me serre plus fort, mes sanglots s'accentuant.

Après quelques minutes j'essaie de me reprendre ne voulant pas me montrer si vulnérable devant Raphaël et Isabella. Nous rentrons avec Andy et nous nous installons dans le canapé. Ne règne alors qu'un silence pesant, rempli d'inquiétude et de colère.

Ayant besoin de réponse, je brise le silence.

— Quelque chose m'échappe, le père de Paola, Sergio, ne devait pas se charger du cas des Guzzo ?

Des regards agacés s'échangent entre Raphaël et Isabella ce qui m'exaspère encore plus. Le jour où ces deux là trouveront la mort, je sais que je serai la première à faire péter le champagne.

Ne pouvant plus les supporter du regard, je me tourne vers Andrea qui comprend que c'est à lui de répondre.

— Sergio n'a pas réussi à mener son projet totalement à bien. Il y a deux jours, il a tué la plupart des membres de la famille sauf Julio. Sergio a gravement blessé Julio mais il a fait une erreur de jugement le croyant mort il s'en est allé mais Julio avait encore la force de lui tirer dans le dos. Sergio a été gravement blessé à son tour mais a vite été secouru par ces hommes ne laissant pas le temps à Julio de finir le travail. Alors il a décidé d'aller se venger auprès de sa fille ce soir. Il savait qu'elle devait retrouver Ezio à l'opéra, il a attendu le bon moment et tu connais la suite.

— Comment ça il savait qu'ils devaient se retrouver à l'opéra ? Ils étaient censés être pris par surprise.

Mal à l'aise, il passe sa main devant sa bouche avant de la ranger dans sa poche.

— L'information a fuité. révèle t-il en jetant un regard furtif à Andy et Salva derrière moi.

— Putain mais vous êtes vraiment con ! A cause de votre entêtement, vous n'avez pas tué la vraie taupe qui court toujours ! Et voilà le résultat ! crié-je en foudroyant Raphaël du regard.

— C'est à moi que tu parles comme ça ? demande-t-il en s'approchant de manière menaçante vers moi, tu te prends pour qui pour m'insulter sale garce ?! me crache t-il à la figure.

Main levée, il est sur le point de me frapper au visage quand Andrea intervient et retient sa main en le dévisageant.

— Lâche-moi crétin ou j'te réduis en miettes !

— Même s'il vous coûte de l'admettre, vous savez que si vous levez la main sur May, ce sera Ezio qui vous réduira en miettes et avec mon aide. avertit Andrea d'une voix posée.

Avec toute la volonté titanesque que ça lui demande, il baisse son bras en soupirant bruyamment.

— Fais bien attention à toi, ne crois pas que ce petit cul qui a su abrutir mon fils est intouchable. Rien n'est plus important que les liens du sang dans notre monde et tu vas vite le comprendre à tes dépens. me menace Raphaël le sourire machiavélique.

Insensible en surface, je ne prends pas la peine de lui répondre.

— Sache que si malheureusement Ezio venait à périr de ses blessures, notre première action avant même qu'il ne soit enterré sera de te vendre aux Condore bien trop heureux de pouvoir te retirer à jamais ton air suffisant. ajoute-t-il.

Je souris à ses paroles et le défie du regard.

— Vous me faites pitié Raphaël, votre dernier fils est entre la vie et la mort et vous ne pensez qu'à une chose, vous débarrasser de moi. Auriez-vous peur de moi ou est-ce que le fait de ne pouvoir avoir aucune emprise sur moi vous rend fou ? A partir de là qui est plus puissant et dangereux que l'autre ? lui réponds-je en souriant.

Ses cordes vocales pincées par la nervosité, il échappe un rire maladroit.

— Contrairement à toi qui n'a que la parole comme arme, moi je peux te détruire en deux secondes. Encore une fois, fais bien attention à qui tu te défies May.

Je détourne mon regard de Raphaël et découvre Isabella sourire du haut de ses grands airs, comme si c'était elle qui venait de vaincre la bataille.

Quel couple de tordus.

Les minutes d'après paraissent interminables puis nous entendons du bruit venant de l'étage. Nous voyons descendre une femme et un homme vêtus de blouses couvertes de sang.

— Comment va-t-il ? s'empresse de demander Raphaël.

— Son état est stabilisé, il se réveille tout doucement mais ne...

Raphaël ne les laisse même pas finir qu'il monte déjà le retrouver. La femme médecin le rappelle alors.

— Monsieur, votre fils ne veut voir personne, seulement sa femme.

A ces mots, le visage de Raphaël se contracte et il me fusille des yeux. Je maintiens son regard et lui passe devant en souriant, lui dégainant mon plus beau doigt d'honneur en pensées.

J'arrive sur le pas de sa porte et le vois allongé dans son lit. La chambre sent le désinfectant, le sang, le métal, l'alcool, on se croirait dans un bloc opératoire.

— May c'est toi ? interroge Ezio d'une fois faible presque inaudible.

Je me dirige vers son lit tout en essayant de retenir mes larmes puis m'assieds à son côté et prends sa main dans la mienne. Je l'embrasse sur le front en lui murmurant " Je suis là"

Il a le visage fatigué et le teint blafard. Je le sens s'apaiser à mon contact.

— Repose toi mon amour. le réconforté-je avant de lui faire un bisou sur la joue mais il me retient.

— Reste avec moi cette nuit j'ai besoin de toi.

J'acquiesce et m'allonge à côté de lui. Je lui caresse le visage pour le détendre ce qui à l'air de fonctionner puisqu'il ne met pas longtemps à s'endormir.Vient ensuite mon tour quelques minutes plus tard.

La semaine qui suit, Ezio dort énormément, guérissant lentement de ses blessures. Les balles ont traversé son corps et ont fait peu de dégâts lui évitant une rééducation. Il a un traitement lourd et des soins quotidiens malgré cela quand il est en période d'éveil, il garde son sourire et se plaint rarement ne voulant pas m'inquiéter. Il arrive à plaisanter et chaque jour son état évolue en bien, ses temps d'éveil s'allongent, sa douleur diminue ainsi que son traitement.

Ce n'est que la semaine suivante qu'Ezio se sent assez fort et en forme pour se mettre debout et marcher. Au début ses pas sont hésitants, il perd l'équilibre puis petit à petit il retrouve son rythme malgré sa fatigue qui le pousse à faire des exercices courts. Il ne se démotive jamais et chaque jour il repousse un peu plus ses limites. C'est seulement après un long mois que je retrouve un Ezio normal.

En parallèle je prends des nouvelles de Paola qui va elle aussi bien mieux se rétablissant plus rapidement qu'Ezio. Prendre de ses nouvelles quotidiennement nous a rapproché et malgré nos débuts compliqués, elle se dévoile comme étant une bonne amie, quelqu'un sur qui on peut compter. Notre rapprochement me permet aussi d'envisager plus sereinement ma vengeance, peut-être qu'elle sera plus encline à nous aider et que nous n'aurons pas besoin de trop argumenter. Même si notre relation a évolué, je me méfie toujours d'elle. Je ne peux lui faire totalement confiance, n'ayant toujours pas levé le voile sur sa relation avec Isabella.

De mon côté, j'ai respecté mes rendez-vous médicaux. Andy m'ayant accompagné à chacun d'entre eux plus excitée que jamais. J'accepte de mieux en mieux l'idée de devenir mère mais je perds vite mes moyens quand j'imagine la réaction d'Ezio. Pourtant je ne peux pas reculer plus longtemps, étant maintenant à trois mois de grossesse, je ne vais bientôt plus pouvoir cacher mon ventre qui s'arrondit doucement. En plus de ça, il est aussi temps d'impliquer Ezio dans cette grossesse d'autant plus qu'une échographie morphologique est prévue dans deux jours.

Je sors de mes pensées en sentant les bras d'Ezio m'entourer la taille et ses lèvres dans mon cou. Nous sommes sur son rooftop et admirant la vue j'essaie de rassembler mon courage pour lui annoncer la nouvelle.

A la sensation de mon corps qui se tend sous le poids de mon stress, Ezio recule.

— May, tout va bien ?

Je mets quelques secondes avant de me retourner, les yeux humides je lui fais face.

— Ezio il faut qu'on parle.

Il affiche un air déconcerté, ne comprenant pas ce qu'il se passe.

— May tu m'inquiètes qu'est-ce-qu'il y a ?

— Ezio je suis enceinte, ça fait trois mois maintenant.

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