Le rouge à lèvres
C'est dans un soulagement général que nous foulons le sol en pierre du bar. Nous progressons sous la lumière tamisée, complice de notre anonymat, jusqu'au comptoir où nous nous installons.
— Un sex on the beach pour moi et un...
Andy se tourne vers moi, ses yeux émeraudes interrogateur.
— Un Bloody Mary pour moi s'il-vous-plaît.
— Oooh toi boire de l'alcool en pleine semaine qu'est-ce-qu'il se passe ? me taquine t-elle.
— Besoin de décompresser ce soir. rié-je.
Nous recevons nos commandes et trinquons.
— Allez tu m'as assez fait poireauter raconte moi tout. Je veux savoir les moindres détails et surtout les plus sordides.
Je ris et commence mon récit.
— J'ai rencontré quelqu'un.
— Ha Ha ! s'enthousiasme-t-elle en me pointant de son doigt manucuré, les yeux brillants du désir d'en savoir plus, j'en étais sûre ! Mon détecteur de phéromones en ébullition ne me trompe jamais. Alors raconte !
— Je ne sais pas si je peux tout te dire car il est plutôt du genre dangereux.
— Dangereux ??! crie-t-elle attirant les regards des personnes aux alentours.
— Parle moins fort Andy, les gens nous regardent ! rétorqué-je entre les dents.
Elle se retourne et offre un sourire de surface.
— Quoi ? Qu'est-ce que vous regardez ? Retournez à vos discussions si inintéressantes que vous devez écouter celles des autres pour être divertis, s'exclame-t-elle forçant les personnes à se retourner de gêne, putain May dans quoi t'es fourré ? me demande-t-elle une fois reconcentrée sur moi.
Je lui explique tout de notre première rencontre d'il y a six ans à notre nouvelle rencontre d'il y a quelques jours. De comment ma vie a complètement changé du jour au lendemain. Des hommes des Condore, l'incendie, mon envie de vengeance, l'intégration dans la mafia, Leone et pour finir Valentina. En même temps, Andy enchaîne les verres buvant à la fois mes paroles et son poison.
— Et voilà où j'en suis aujourd'hui.
— Putain si je m'attendais à ça, je comprends mieux l'inspiration de tes chansons.
— Évidemment si je te mets dans la confidence c'est parce que j'ai confiance en toi et qu'un jour ou l'autre tu aurais tout découvert. Je ne voulais pas te le dire jusqu'à maintenant car je ne veux pas te mettre en danger ou qu'on te fasse du mal.
— T'en fais pas pour moi je sais me défendre. La personne qui aura raison de moi n'est pas encore née. Tu as bien fait de m'en parler plus de secrets entre nous tu te rappelles ?
— Oui promis.
— Et puis si je me sens en danger je n'aurais qu'à appeler Salva il me protègera. mentionne t-elle d'un ton taquin avant de siroter son verre.
Je ris mal à l'aise puis ajoute:
— Je savais qu'il t'avait tapé dans l'œil.
— Pourquoi j'ai l'impression que tu dis ça à contre-cœur ?
Je la regarde sérieuse. En pleine hésitation entre lui faire part de mes doutes ou non, elle s'impatiente et me le fait savoir.
— Tu viens de me promettre quoi à l'instant ? Crache le morceaux sinon je vais le chercher de force. me menace-t-elle les yeux déterminés plantés dans les miens.
— Comme je te l'ai dit, je ne suis pas sûre que Valentina était la vraie taupe. Et je ne sais pas si ce sont simplement mes sens en éveil qui me jouent des tours ou si je tiens quelque chose mais Salvatore est suspect. Peut-être est-il juste de nature maladroite mais je ne sais pas, il y a un truc.
— Un truc ?
— Il a deux téléphones...
— Et alors ? Un pour les affaires, un pour la vie perso, je ne vois pas le soucis.
— Si tu m'avais laissé finir, je t'aurais justement dit que je lui avais posé la question mais qu'il m'avait assuré ne pas avoir de vie personnelle. L'un est du même modèle que celui de Valentina.
— Okay et ? Justement c'est un avantage pour moi son absence de vie perso et on a quasiment tous le même modèle de téléphone, tu parles d'un scoop. rétorque-t-elle peu convaincue.
— Ouais laisse-tomber je me fais des idées.
— Le prends pas comme ça, tu as d'autres choses ?
Je soupire sachant qu'elle va certainement trouver une autre explication à ce que je suis sur le point de lui montrer. Je fouille dans mon sac à la recherche de mon carnet que j'ouvre puis lui tends la carte découverte plus tôt.
— Ok, je vois.
— C'est tout ce que ça t'inspire ?
— Là pour le coup oui mais écoute j'ai une idée. Je séduis Salva et je tente de t'apporter les indices dont tu as besoin pour ta mini enquête. Bon deal non ?
— Il est surtout bon pour toi ce deal ça te donne le parfait alibi pour pouvoir te le faire. ris-je.
— Autant lier l'utile à l'agréable... sourit-elle
Je m'esclaffe et acquiesce puis nous continuons à discuter et boire. Je prends deux minutes pour envoyer tant bien que mal, un sms à Ezio pour lui donner de mes nouvelles et nous partons danser.
La soirée devient vite endiablée, nous mettons le feu au dance floor quand deux mecs viennent à notre rencontre. Ils se frottent à nous et nous draguent mais nous les repoussons. Très vite ils deviennent insistant et menaçants. Heureusement les videurs sont alertés et les mettent dehors. Nous continuons notre soirée et à plus de trois heures du matin nous partons.
Nos pieds maladroits nous guident jusqu'à la sortie déformée du bar. De ma main incertaine, je m'empare de mon téléphone qui m'échappe. Je grogne et le ramasse avec difficulté. Portable en main, mon regard traîne sur deux paires de pieds s'arrêter devant moi. Je me relève et reconnais les deux mecs de la piste de danse.
— Et bien et bien et bien qu'avons nous là ? annonce l'un d'entre eux le sourire aux lèvres.
Je regarde autour de nous et ne voyant pas âme qui vive aux alentours, la solitude et la peur me saisissent.
— Pas la peine de chercher de l'aide il n'y a que nous quatre ici. déclare l'autre homme d'un ton menaçant.
Je me tourne vers Andy qui ne veut pas défaillir devant les deux hommes mais dont je sens la peur émaner. Elle croise mon regard et d'un hochement de tête, on se met d'accord pour fuir. Nous tentons de courir mais n'allons pas bien loin en talons, les laissant vite nous rattraper. Je tente de prendre mon téléphone discrètement mais mon agresseur le remarque. Il le prend et le fracasse par terre, l'autre agresseur fait de même avec celui d'Andy. Ils nous tirent par les cheveux et nous plaquent contre un mur.
— Alors comme ça on n'est pas assez bien pour vous ?
Sur ses mots, mon agresseur me lèche la joue, ce qui me dégoûte. Ne voulant pas paraître vulnérable, je le regarde et lui crache à la figure.
— Ca t'aurais pas dû, tu vas le regretter pétasse.
Sous la violence du coup de poing qu'il me donne, je tombe sur le côté en me rattrapant sur les paumes des mains. Je n'ai pas le temps de comprendre ce qu'il se passe qu'il me relève et me plaque violemment contre le mur faisant resurgir la douleur de mes lacérations. Je gémis et entends Andy essayer d'appeler au secours mais très vite son agresseur la réduit au silence en lui donnant un coup de boule. Il la laisse tomber à terre avant de l'assaillir de coups de pieds dans le ventre et les côtes.
— Arrêtez je vous en supplie arrêtez vous lui faites mal ! supplié-je les yeux remplis de larmes.
Mon agresseur pose sa tête contre la mienne et je me détourne. Ses lèvres effleurant ma joue, il pose ses mains de part et d'autre de ma tête.
— Tu veux jouer aux mafieuses et nous défier nous ? La famille Condore ? Tu crois que tu fais le poids sale chienne mal baisée ?
A sa phrase, les frissons recouvrent ma peau. Alors qu'une part de moi se recroqueville de peur face à ce moment que je redoutais, une autre partie, aidée par l'alcool, se met à les défier. A gorge déployée, je ris sans arriver à me contenir avant quelques secondes.
— Tu peux me traiter de tout ce que tu veux sauf de mal baisée. le provoqué-je, l'air méprisant.
Stimulée par mon rire et l'alcool qui me font regagner en confiance illusoire, j'exécute ce que m'a appris Ezio. Je lui donne un coup rapide dans l'aisselle, un coup de poing puis un coup de boule et enfin un coup dans les parties ce qui le met K.O.
Moi même étourdie, je découvre ensuite l'autre agresseur qui me regarde menaçant, un sourire pervers aux lèvres.
— Tu te crois forte salope ?
Je n'ai pas le temps de réagir qu'il me saute dessus et me donne un coup de poing ce qui me déséquilibre et me fait tomber. Il me tourne sur le dos et presse son pied contre de ma gorge. Lentement, il se baisse vers moi, ses traits agressifs se précisant mesure qu'il se rapproche de mon visage.
— C'est bien l'étranglement ton truc c'est ça hein ? m'interroge t-il en accentuant de son pied la pression sur ma gorge réduisant considérablement ma respiration, aller montre-moi de quoi tu es capable. Je peux te laisser partir si tu me lèches les pieds ou que tu me suces apparemment tu sais très bien y faire.
Une rage s'empare de moi et un pic d'adrénaline me donne la force de lui prendre le pied et de l'éjecter vers la gauche. Déséquilibré, il ne tombe pas pour autant. J'ai malgré tout le temps nécessaire pour m'échapper de son emprise. Rapidement, je me relève mais sens mon premier agresseur me maintenir les bras dans mon dos et me soulever. Il me jette ensuite par terre. Le choc est tel qu'une intense douleur me parcourt le corps.
Assommée, le souffle court, j'ai du mal à reprendre mes esprits. Les deux agresseurs en profitent et se ruent sur moi puis m'assaillent de coups de poings et de pieds.
— Jamais tu n'arriveras à nous avoir pétasse. Tu es une moins que rien, une minable. Tu n'as rien à faire dans la mafia et on va en finir avec toi dès ce soir. me crachent-ils en me rouant de coups.
Leur enchaînement rebondit sur les séquelles de mon cœur, attisant la flamme de ma vengeance et nourrissant ma haine profonde envers eux. La souffrance que j'endure est dérisoire comparée à mon ardent désir de leur faire expier chaque souffle qu'ils osent prendre. Malgré la douleur, je trouve la force de leur insuffler un avant-goût du destin sombre qui les guette.
— Je vous aurai sales fils de putes. marmonné-je péniblement.
— Quoi ? Qu'est-ce qu'elle dit la pute ? J'ai pas très bien entendu ? Je crois que t'es foutu ma belle plutôt ouais.
Leurs rires glacent la tranquillité de la nuit quand soudain des coups de feu retentissent.
— Putain mec on se tire !
Mon corps endoloris par les sévices qu'il vient de subir, peine à réaliser que les coups ont cessé. Chaque partie de moi pulse d'une intense douleur battant au rythme de mon cœur affligé. Dans cette brume de souffrance, mes yeux ne discernent pas les alentours mais mes oreilles arrivent à percevoir des bruits de pas qui s'éloignent en courant et d'autres tout aussi hâtifs se rapprocher.
— Merde merde merde, putain May ouvre les yeux, reste avec moi !
Je rassemble mes dernières forces pour tenter de distinguer quelques paroles qui demeurent inaudibles. Malgré la volonté de rester éveillée et le réconfort apporté par la présence d'Ezio, le choc de mes coups prend le dessus et m'emporte dans les profondeurs de l'inconscience.
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