Le faux pas
Il me faut un peu de temps pour me réveiller et comprendre les paroles que mes oreilles accueillent.
— Ouvre les yeux May, t'es pire qu'une marmotte sous somnifères.
Nul besoin de plus de temps pour reconnaître le timbre de voix d'Andy teinté de son sens de l'humour singulier.
J'ouvre timidement les yeux et me redresse difficilement.
— Andy ? Mais qu'est ce que tu fais là ? demandé-je la voix encore endormie.
— C'est pas trop tôt ! Aller lève toi il faut qu'on parle.
Je grogne et retombe de tout mon poids sur le matelas puis me recouvre la tête de la couette, bien décidée à me rendormir.
C'est évidemment sans compter sur la détermination d'Andy à me voir sortir du lit. Elle tire alors la couette et hurle dans mon oreille.
— Debouuut !
Je râle et mets ma main sur mon oreille pour me la boucher. Je sens ensuite Andy monter sur le lit et sauter à côté de moi me faisant rebondir sur le matelas.
Je lui balance mon oreiller dessus puis elle me le renvoie en pleine tête.
— C' est bon c' est bon, t'as gagné ! grogné-je en me relevant pour m'asseoir.
Elle saute une dernière fois sur le lit et atterrit sur ses fesses.
— Dommage je m'amusais bien, ça m'a rappelé mon enfance.
A bout de nerfs, je la regarde dépitée et fatiguée.
— Bouh t'es pas belle à voir au réveil, tu m'étonnes qu'Ezio fuit de bon matin. me charrie-t elle
— C'est bon t'as fini ? Tu peux me dire pourquoi tout ce raffut ?
Elle me tend un magasine.
Tel un shot de caféine, les battements anarchiques de mon cœur face à la couverture chassent les derniers nuages de sommeil qui persistaient. Sur la couverture, je ne suis pas seule cette fois mais accompagnée d'Ezio qui est heureusement de dos. En titre est écrit :
« May Torre enceinte ! Mais qui est le père mystérieux du bébé ? »
— Merde ! pesté-je en tournant frénétiquement les pages.
— Cherche pas tu ne trouveras rien à part des hypothèses sans queue ni tête.
En regardant plus attentivement, je me rends compte que la photo a été prise dans la boutique de puériculture.
— Merde, j'étais tellement absorbée par la boîte à musique puis Ezio que je n'ai pas remarqué que la vendeuse nous prenait en photo, fait chier !
— Écoute, calme-toi objectivement ils n'ont rien juste un dos et les cheveux d'Ezio. Ce peut être n'importe quel gars.
— Et si la vendeuse savait qui il était ?
— Tu crois vraiment que si elle le savait elle aurait juste vendu la photo et pas l'information du père mystérieux alors que ça aurait pu lui apporter plus d'argent ?
— Tu marques un point. Ou sinon elle attend plus la vendre à plus offrant.
— Hmm j'suis pas convaincue.
— Ezio est au courant ?
— Certainement, l'information court partout depuis ce matin mais je ne peux pas te le dire avec certitudes il n'était pas là quand je suis arrivée.
— Fait chier qu'est-ce-que je vais faire?
— Et bien c'est marrant que tu demandes ça parce que depuis ce matin je suis harcelée par tous les journaux pour avoir une interview exclusive de toi.
Je la regarde déconcertée ne sachant pas si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle.
— Il est hors de question que je me jette dans la gueule du loup !
— Tu n'as pas le choix malheureusement car la vérité ils essaieront de la trouver quoi qu'il arrive. Ils te traqueront, te harcèleront. Tu ne pourras plus rien faire sans qu'il y ait un paparazzi dans le coin à l'affût du grand mystère.
— Même si je donnais une interview, il est hors de question de révéler qui est le père du bébé. Ça nous mettrait trop en danger vis-à-vis de Raphaël.
— Ce vieux babouin ? Qu'est ce que t'en as à foutre ? Il a bien des scandales à son actif, le dernier en date est celui d'être fiancé à la veuve de son fils, franchement on peut pas dire qu'il soit tout blanc le pépère.
Je souris à sa remarque.
— Je sais mais je ne suis pas sûre que ça me plaise que les gens sachent avec qui je suis, ça ne les regarde pas vraiment.
— Aïe Aïe Aïe May. Dès l'instant où tu as mis un pied dans le show business ta vie privée est devenue publique. Certes tu as réussi et encore maintenant à cacher certains aspects de ta vie mais là tu es complètement sous le feu des projecteurs et t'es foutu. Ce n'est qu'une question de temps avant qu' ils ne découvrent ta relation avec Ezio. Ton intimité ne t'appartient plus peu importe que tu sois d'accord avec ça ou que ça les regarde ou non, ils sauront.
Je soupire en me rendant compte de la véracité de ses paroles.
— Il faut que j'en parle à Ezio d'abord et ensuite j'agirai.
— Fais vite, garde l'avantage tant que tu peux encore.
Je hoche la tête déterminée à trouver une solution le plus rapidement possible. Après m'être préparée, je rejoins Andy dans le salon.
— Toujours pas de traces d'Ezio?
Comme s'il m'avait entendu, je le vois sortir de l'ascenseur en pleine réflexion.
Il sourit timidement à notre vue puis demande poliment à Andy de nous laisser seuls, ce qu'elle s'exécute de faire le plus vite possible.
Une fois disparue dans l'ascenseur, Ezio se tourne vers moi l'air grave.
— Tu es au courant de la nouvelle je suppose ?
— Oui. C'est pour ça qu'Andy était là. Elle est venue me l'annoncer. admets-je, tendue.
— On n'a pas été assez vigilants, c'est ma faute je pensais que cette sortie nous ferait du bien mais il en a été tout le contraire.
— Andy m'a dit que les journaux demandaient à ce que je donne une interview suite à cette révélation, qu'en penses-tu ?
Il me regarde surpris.
— Honnêtement je n'en sais rien, tu me prends au dépourvu.
— Je pourrais mentir ? Dire que c'est quelqu'un d'autre ou simplement dire qu'on veut garder notre relation secrète.
Il rit jaune.
— May c'est foutu pour le secret. Tout ce que ça va amener comme réflexion c'est que je n'assume pas d'être avec toi ou d'être papa. Que je ne t'aime pas assez pour me montrer où je ne sais quelle autre connerie qu'ils pourraient inventer. Quant à l'idée de dire que c'est quelqu'un d'autre, c'est inenvisageable. D' un je ne supporterais pas de te voir avec quelqu'un d'autre même si je sais que c'est de la comédie et de deux ce serait sans fin et il n'y aurait pas d'échappatoire sain à ce mensonge.
Je soupire de désarroi en m'affalant dans le fauteuil.
— Donc on n'a pas le choix ? On dévoile tout ?
— Je le crains, ils ne lâcheront rien.
— Tu es prêt à faire une croix sur ta réputation du célibataire le plus prisé de Sicile ? le taquiné-je, ce qui le fait sourire.
— Je n'ai jamais été aussi prêt.
— Que va dire ton père ?
— Oh il le sait déjà et est complètement furieux et impossible à calmer. J'ai essayé de lui faire entendre raison ce matin mais rien n'y a fait. Il te déteste à tel point que je le soupçonne d'être déjà en train d'élaborer une stratégie pour te mettre hors-circuit. Mais ne t'en fais pas, je suis là. Ça mettra le temps que ca mettra mais il s'y fera. Je lui ai interdit de t'approcher car j'ai peur de ce qu'il pourrait te faire.
Je déglutis de peur. Ezio le remarque et vient m'entourer de ses bras.
— Ne t'inquiètes pas, tu es une Madini maintenant, tu es de la famille et c'est sacré pour lui. Il ne fera rien même s'il a du mal à le digérer. D'autant plus que tu attends son premier petit enfant alors tu es devenue intouchable.
Il resserre son étreinte ce qui me réconforte et me soulage légèrement de mon angoisse sachant pertinemment que je demeure une menace pour Raphaël. Et comme toute menace, il voudra tôt ou tard s'en débarrasser.
— Allez viens allons voir Andy et allons donner cette interview. Tu ne seras pas seule face aux requins. annonce t-il en se relevant avec son magnifique sourire.
— Je vais l'appeler ce sera plus simple et ça nous évite de bouger.
Je m'exécute et appelle Andy. Nous convenons d'une interview auprès du journal leader pour l'après-midi même, ne voulant pas éterniser la situation.
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