La thérapie du shopping
Salva me rejoint, laissant Andrea prendre le volant. Très vite nous n'entendons plus que le bruit du pot d'échappement s'éloigner.
Une fois dans l'appartement d'Andy, je m'effondre sur le canapé.
— Andy n'est pas là ? demandé-je à Salva.
— Non elle est partie faire des courses en prévision de ta venue.
— Elle savait déjà que je venais ?
— Oui, après la nouvelle dans le magazine, Ezio l'a appelé. C'est comme ça qu'elle a appris. Il lui a demandé de venir te l'annoncer car il devait aller voir son père. Il redoutait de devoir faire une apparition en public et si apparition il y avait, il savait quelle tournure les choses allaient prendre donc il a prévenu Andy dès ce matin, et nous voilà.
— Elle le savait depuis ce matin et ne m'a rien dit ?
— Ezio le lui a interdit, il ne voulait pas t'inquiéter pour rien et encore moins te stresser dans ton état. Il a préféré tout gérer dans ton dos.
Je soupire en m'enfonçant dans le canapé. Malgré mon sentiment de trahison et d'exaspération je ne peux que comprendre la décision d'Ezio de vouloir me protéger. Néanmoins, ça me fait me sentir faible et spectatrice de ma propre vie et je déteste ce sentiment. Je veux reprendre ma vie en main et me montrer à la hauteur de ces événements, que je suis à même de pouvoir me protéger.
— Salva je veux que tu m'apprennes à me défendre. Ezio devait le faire mais au vu des circonstances je n'ai plus envie d'attendre et ne suis pas sûre qu'il ait le temps. Alors je veux que tu m'apprennes s'il-te-plaît.
— Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Je ne veux pas avoir cette responsabilité face à Don Ezio.
— Salva tu m'as mal compris, soit tu m'apprends ici soit je vais chercher moi-même un entraîneur quitte à me faire repérer dans la rue. Là ce sera pire pour toi, car tu auras failli à ta mission de me protéger et je serai en danger. Alors que préfères- tu ? Un regard de tueur de la part d'Ezio pour m'avoir appris à me défendre ou être littéralement tué de ses mains pour ne pas m'avoir protégé ?
Salva soupire conscient de son impuissance face à ma détermination.
— C'est bon t'as gagné mais j'aurai essayé de t'en dissuader.
— Si ça peut te faire plaisir, je défendrai ta cause auprès d'Ezio. rétorqué-je satisfaite.
Je reste assise dans le canapé, Salva à mes côtés, regarde la télé pendant que je me perds dans le dédal des réseaux sociaux. Curieuse de connaître les réactions de la toile, je regrette vite de m'y être intéressée en lisant toute la haine et les injures des fans d'Ezio. En totale opposition avec les miens qui ne me souhaitent que du bonheur à part peut-être une personne, Gioele.
"Je viens de regarder l'interview de May et Ezio, et je suis choqué. Vous vous êtes mariés en secret et maintenant May est enceinte ?!
May, tu mérites tout le bonheur du monde. Te voir si rayonnante et heureuse me remplit de bonheur. J'espère vraiment qu'Ezio réalise la chance qu'il a et qu'il ne te fera jamais souffrir. Parce que s'il te fait du mal, il devra répondre de ses actes.
Félicitations à vous deux ! Je te souhaite du bonheur, mais souviens-toi que nous veillons toujours sur toi. -G
#MayEtEzio #MayForever #AmourEtBonheur"
Récouverte de frissons, je me recroqueville dans le plaid. Mélange de soutien et de menace silencieuse, ses mots traversent l'écran pour former une épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Trop longtemps ignoré, je réalise que chaque nouvelle intervention me rapproche du faux pas, du mot de trop ou de la mauvaise réaction qui pourrait tout faire basculer.
Prise dans les mailles du temps, je ne remarque pas que mon téléphone s'est éteint. La voix de Salva m'arrache des griffes de Gioele.
— May tout va bien ?
— O-Oui oui, ça va t'en fais pas. mens-je.
Il s'éclarcit la gorge et se redresse.
— Je vois bien que t'es perturbée depuis que t'as regardé ton tèl. Tu as vu les messages sur les réseaux.
— Un en particulier. admets-je les yeux rivés sur l'écran noir.
— Tu veux en parler ?
— Seulement si tu n'en parles à personne.
Il incline la tête et inspire.
— May...
— Non s'il-te-plaît. Je sais ce que tu vas me dire mais je ne veux pas qu' Ezio soit au courant.
— C'est déjà le cas. Il le suit de près.
— Je ne veux pas qu'il intervienne ! Il est un de mes fans et même si ces mots sont inquiétant ils restent des mots. Il n'y a aucune action. Le jour où vraiment il y a menace physique alors là d'accord on agit mais pour l'instant on le laisse tranquille et on ne tente surtout pas le diable c'est compris ? insisté-je.
— On veut justement éviter d'en arriver là. Essaie-t-il de me convaincre.
— Pas de vague Salva, promet-moi de le dire à Ezio et que vous respecterez ma décision.
Il soupire profondément puis se gratte l'arrière du crâne.
— Promis. sermente t-il à contre-coeur.
— Merci Salva.
La voix joyeuse et chantante met un terme à notre conversation.
— Hey mais si c'est pas ma baleine préférée ! Parfaitement échouée sur son sable chaud. se moque-t-elle à ma vue.
— J'ai rien d'une baleine. gromelé-je.
— Pas encore, mais ce n'est qu'une question de temps avant que tu me supplies de t'aider à mettre tes chaussures. sourit-elle en déposant ses achats sur le bar de la cuisine.
Puis avec une citronnade à la main, elle vient s'asseoir entre Salva et moi.
— Alors comment tu te sens après ce désastre ?
— Déprimée, pathétique, furieuse, triste avec des envies de meurtres c'est assez concis pour toi ?
— Plutôt en effet. acquiesce-t-elle en sirotant son verre.
—Trahie aussi, tu m'as caché le plan d'Ezio.
Dans un tintement de glaçon, je comprends sans la regarder, que mon reproche l'a piqué à vif si bien qu'elle s'est dressée en ma direction pour se défendre.
— Hé ne me traite pas de traîtresse ! C'était pour ton bien, à rien ne servait de te stresser plus encore. Tout ce que je fais c'est pour ton bien avant tout même si ça implique de te cacher des choses. Alors sois en colère après moi si ça te fait plaisir mais je ne regrette pas ma décision.
— Je ne t'en veux même pas, je suis juste dépitée par tout ça. Je me sens si nulle. Je ne peux même pas assurer ma protection. J'ai besoin d'assistance et de compter sur autrui pour ça et ça ne me convient pas. Je veux retrouver mon indépendance et être capable de me protéger par moi-même.
— Je te comprends Brienne de Torth, mais tu as fait un choix de vie un tantinet dangereux. En épousant Ezio tu as épousé l'insécurité, le risque, la menace, tout le cocktail explosif qui ne peut te mener qu'à dépasser tes limites certes mais aussi à accepter l'aide qu'on t'offre. Tu dois accepter de ne pas pouvoir assurer ta protection absolue. Regarde même Ezio malgré tous ses entraînements et son expérience il a Andrea qui le protège. Tu peux arriver à te défendre par toi-même mais quoi qu'il arrive tu auras toujours besoin de quelqu'un de confiance pour assurer tes arrières car tu vis un quotidien tumultueux riche d'ennemis assoiffés de vengeance. Malgré toute ta bonne volonté et ta détermination tu ne peux pas vaincre tout le monde par toi-même, ça n'existe que dans les films et encore ceux réalistes prouvent que j' ai raison. Si tu veux vaincre, entraîne-toi, mais entoure toi également de personnes de confiance qui t'aideront à atteindre ton but.
— Tu m'énerves à toujours avoir raison.
De frustration, je me redresse et lui pique sa citronnade sous ses yeux offusqués.
Le lendemain matin je me fais réveiller par le bruit de ma porte s'ouvrant brusquement laissant s'inflitrer la voix tonitruante d'Andy.
— Ça y'est, c'est le grand jour !
Je la vois courir partout et sauter sur mon lit super enthousiaste.
— Oh je suis excitée comme une pute !
— C'est comme une puce l'expression. grogné-je en me rabattant la couette sur la tête.
— Une puce, une pute c'est pareil elle se font autant sauter qu'elles ne sautent. Et puis on s'en fout, May sors de là-dessous c'est la fête aujourd'hui !
— Y'a vraiment que toi pour être super contente de vieillir. la taquiné-je.
— Quelle rabat joie ! Je ne suis pas contente de vieillir, c'est juste une merveilleuse excuse pour se bourrer la gueule et faire la fête !
Je ris et lui tends les bras pour lui faire un câlin, elle s'y engouffre et je resserre mon étreinte.
— Alors joyeux anniversaire ma belle, il sera tellement inoubliable que tu l'oublieras.
— Ah j'aime cette perspective, allez sors de là, on a plein de choses à faire aujourd'hui.
— Attends, avant je veux poser ma condition, laisse-moi juste deux heures dans l'après-midi pour m'entraîner avec Salva.
— Oh t'es lourde avec ça, tu peux pas attendre demain ?
— Non plus tôt sera le mieux car demain on ne sait pas dans quel état zombifique vous serez avec Salva ce qui veut aussi dire que demain je serai votre baby sitter. Donc non, je veux commencer mon entraînement dès aujourd'hui.
— Comme tu voudras. s'incline Andy en sortant du lit tout en me tendant sa main pour m'aider à me lever.
— En attendant, il est temps d'aller nous préparer pour aller chercher nos tenues de pétasses sexy !
Nous rions ensemble puis nous partons prendre le petit-déjeuner avant de nous préparer pour notre session shopping.
Nous sommes sur le point de partir quand Salva nous retient.
— Désolé May mais je ne peux pas te laisser y aller, Ezio a été très clair, il ne veut pas que tu prennes de risques inutiles.
— Je ne vais pas rester cloîtrée dans l'appartement le temps qu'Ezio nous trouve une maison. Viens avec nous et tu assureras ma protection si nécessaire mais il est hors de question que je reste ici. lui proposé-je avec l'arrière-pensée de pouvoir espionner ses faits et gestes.
Salva soupire comprenant que quoi qu'il dise ou quoi qu'il veuille tenter, je ne céderai pas et n'en ferai encore qu'à ma tête.
Avant de sortir, nous prenons les précautions nécessaires, grâce à l'hiver qui s'est bien installé, nous avons le choix pour se dissimuler au mieux, bonnet, écharpe qui remonte jusqu'au nez, long manteaux et gants. Nous ne pouvons distinguer que nos yeux tellement que nous sommes emmitouflés.
Salva sort le premier et regarde si la voie est libre avant qu'on ne lui emboîte le pas. Personne à l'horizon, on dirait bien que le plan d'Ezio de me cacher chez Andy fonctionne. Nous marchons dans les rues du centre ville à la recherche de notre boutique préférée où nous savons être en sécurité. Même avant cette histoire de groupies fanatiques d'Ezio, jamais en dépit de ma notoriété, je n'ai eu de problème de paparazzis ou de fan surgissant de nulle part. Très discrets sur leur clientèle, cette boutique est réputée pour accueillir nombre de célébrités sans jamais compromettre leur sécurité.
A notre arrivée chez "Isadora Couture", Salva demande discrètement une salle privée pour nous accueillir. La vendeuse s'exécute au moment où il prononce mon prénom.
Nous entrons dans une pièce luxueuse et cosy, avec des canapés, machine à café et à thé et cabines d'essayage à notre disposition.
— Je me présente, je m'appelle Greta et je suis enchantée de vous servir aujourd'hui. Vous pouvez vous mettre à l'aise en paix, personne ne viendra vous déranger. Avec ma collègue, nous allons nous occuper de vous personnellement, vous amener nos articles selon vos exigences et vous pourrez ensuite les essayer et faire votre choix ici même dans cette pièce. S'il-vous-plaît n'hésitez pas à vous servir en café ou thé, sentez-vous ici comme chez vous.
Nous retirons nos manteaux et nos accessoires puis nous nous installons dans les canapés de velours gris.
Entre alors une autre femme, certainement la collègue de Greta. Elle nous sourit à tous et lorsqu'elle pose ses yeux sur moi, je vois une lueur de rage dans son regard et son sourire faiblir si fugacement que je me demande si je ne l'ai pas imaginé. Je comprends alors qu'elle peut vite me poser problème.
— Bonjour je m'appelle Angie et je serai la deuxième vendeuse à vous servir.
Je me tends à sa présence. Je ne saurai dire comment mais la menace se cache sous son sourire. Je me tourne vers Salva et je lui fais part dans l'oreille de mon ressenti, chose à laquelle il acquiesce alors que son regard se voile de méfiance.
— Vous trouverez à votre disposition deux tablettes sur lesquelles vous pouvez voir tous nos articles et faire votre sélection. Une fois que c'est fait, vous n'aurez qu'à appuyer sur valider, cela nous enverra votre sélection sur nos propres tablettes et nous vous rejoindrons le plus rapidement possible avec vos choix pour que vous les essayiez. C'est tout bon pour vous ? demande Greta.
Nous acquiesçons puis les deux vendeuses nous laissent en privé.
— J'ai un très mauvais pressentiment avec Angie, je ne suis pas sûre qu'elle tienne sa langue.
— Je vais la surveiller de près, reste sur tes gardes et tiens-toi le plus éloigné possible d'elle.
m'avertit Salva vigilant.
Je ne sais pas si son comportement avec moi est sincère ou une pure couverture mais malgré tout, sa présence me rassure à tel point que je me sens étrangement en sécurité.
Nous faisons notre sélection de tenues de soirée, aussi bien des robes que des jupes ou encore des pantalons et des hauts, nous nous faisons plaisir.
Quelques minutes après, nous voyons débarquer les deux vendeuses avec deux grands portants remplis de vêtements. Greta sert Andy et Angie s'occupe de moi, ne voulant pas mettre mal à l'aise Greta ni défier Angie, je laisse faire tout en restant vigilante.
Les essayages se passent sans accroc, nous défilons dans nos tenues pour voir comment elles nous vont et si on se sent à l'aise mais également pour avoir l'avis de l'autre.
Andy jette son dévolu sur une robe argentée scintillante de mille feux sulfureusement courte qui met en évidence ses longues et belles jambes mais aussi sa poitrine grâce à son magnifique décolleté.
Je reste plus sobre mais pas moins sexy. Je choisis une longue robe de satin rouge à bretelles. Un col bénitier drape élégamment ma poitrine. Un décolleté plongeant dévoile mon dos jusqu'à deviner la naissance de mes fesses. Une fente latérale révèle ma jambe gauche lorsque je marche. Le tissu fluide épouse parfaitement mes formes et dessine les courbes de mon ventre. Je reste un peu sceptique à la vue de mon dos zébré par les cicatrices qui me rappellent l'épisode douloureux de Leone. Andy le remarque et vient me voir. Elle me souffle tout bas:
— Cette partie de ta vie est peut-être marquée sur ton corps mais elle ne te rend pas moins forte, bien au contraire. Tu as été plus forte que ce que tu as enduré et même si ce souvenir est douloureux, tu as survécu et c'est tout ce qui compte. Dévoiler tes cicatrices à la vue des gens te rend courageuse. Tu es magnifique dans cette robe May et même si les invités remarquent ton dos, il sera vite éclipsé quand ils verront à quel point tu es éblouissante en te retournant. Ne sous-estime jamais la force qui est en toi pour affronter ce que la vie te réserve, tu peux te tenir fièrement malgré ses cicatrices car elles te rendent plus redoutable que tu ne le crois.
Je me tourne vers elle et l'enlace si fort qu'elle en a le souffle coupé. L'émotion me gagne et une larme coule sur ma joue. Délicatement, elle se détache de moi et sèche la larme de son pouce puis m'embrasse sur la joue.
La voix nasillarde d'Angie interrompt notre moment.
— Bien je crois que vous avez fait votre choix ?
— Tout à fait. confirme Andy.
Nous allons nous rhabiller puis je sors de la cabine. Je vois Angie me tendre la main pour prendre ma robe et je la lui tends. Sans comprendre, elle dégaine un couteau et me plaque contre le mur, lâchant la robe par terre. Je n'ai même pas le temps de réagir que j'entends un coup de feu.
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