La sangsue
Salva se retourne et me lâche dès qu'il voit Ezio.
— Ce n'est pas ce que vous croyez, je l'entraînais. se justifie-t-il en panique.
Ezio nous regarde sceptique.
— Vous vous entraîniez à quoi exactement ?
— Cesse d'être aussi suspicieux, Salva m'entraîne à devenir plus rapide et redoutable pour la vengeance qui m'attend.
— Ce ne devait pas être moi qui devait t'entraîner ?
— Au vu des circonstances et ne voulant pas attendre plus longtemps, j'ai demandé à Salva de te remplacer. Tu repoussais le moment à chaque fois alors au moins avec lui je sais qu'on va avancer.
Ezio range ses mains dans ses poches et regarde le sol visiblement contrarié. Au même moment, Andy et Greta reviennent du traiteur. Salva en profite pour aller les aider et ainsi fuir les tensions.
— Oh Ezio salut, tu es en avance ça ne commence pas avant une bonne demi-heure et encore c'est seulement si les invités sont à l'heure.
— J'aime être en avance et il fallait que je vois May suite à ce qu'il s'est passé ce matin.
— Ah parce que maintenant tu te soucies de moi ? Depuis ce matin je n'ai pas eu une seule de tes nouvelles ou un seul appel.
Ezio me regarde amusé.
— As-tu seulement pris le temps de regarder ton téléphone depuis ce matin ?
La bouche ouverte, je suis sur le point de lui répondre quand les rouages de ma réflexion s'activent. Sous le doigt de la vérité ils s'arrêtent soudain me faisant réaliser que je ne l'ai pas consulté de la journée. Je me sens d'un coup idiote et regarde mon portable pour voir l'étendue des dégâts. Je palis quand je vois qu'il a tenté de m'appeler des dizaines de fois et qu'il m'a envoyé sms sur sms. Je redresse ma tête et lui fais une moue d'excuse. Il m'offre un sourire qui veut dire « tu vois que j'ai raison. »
— Comment vous sentez-vous suite à ce matin ? demande Ezio à tout le monde.
— Écoute on peut dire qu'on s'en est bien sortis grâce à mon héros. répond Andy en draguant des yeux Salva.
— Ca aurait pu être pire apparemment mais hâte d'oublier ça avec un peu d'alcool ce soir. admet Greta.
Ezio la regarde interrogateur, ne reconnaissant pas qui elle est.
— Pardon mais vous êtes ?
— Oh excusez-moi, je suis Greta, la collègue d'Angie. J'étais malheureusement là au moment de son exécution alors vos amis m'ont gentiment proposé de venir ici pour ne pas être seule suite à ce traumatisme. dit-elle visiblement mal à l'aise et déstabilisée devant le charisme d'Ezio.
Elle le regarde un peu trop insistement à mon goût et je décide d'interrompre le contact visuel.
— Ezio tu voulais me parler ? Parce que je dois aller me préparer.
Il ancre son regard dans le mien avec un rictus qui signifie qu'il a décelé ma jalousie.
— Ouais allons dans la chambre.
Il me suit jusqu'à ma chambre puis ferme la porte derrière nous. Je me retourne pour lui faire face et m'assois sur le lit.
— Vas-y je t'écoute. annonçé-je distante, encore prisonnière de ma colère.
— Ne t'avais-je pas demandé de rester chez Andy et de ne pas prendre de risques inutiles ? demande-t- il d'un ton froid.
— Non rien de tel, tu m'as juste déposé ici et après silence radio, même si je reconnais que c'est en partie de ma faute vu que je n'ai pas consulté mon téléphone. Tu ne pensais quand même pas que j'allais rester sagement à attendre que tu daignes revenir pour me sauver de ma tour tel mon preu chevalier ?
— Même si je ne te l'ai pas dit explicitement May, il va se soi que si je t'éloigne de moi pour rester chez ton amie, tu ne dois pas sortir pour risquer de perdre ta couverture. Je fais au mieux pour agir rapidement de mon côté alors s'il-te-plaît essaie de faire des efforts du tien et d'agir avec un minimum de réflexion. Et je ne peux pas revenir comme je veux puisque j'ai une horde de psychopathes qui me suit partout, je dois prendre toutes les précautions pour revenir vers toi.
— Oh mais ne te donne pas autant de mal la prochaine fois si c'est pour que tu m'engueules à chaque fois qu'on se retrouve. Je fais de mon mieux pour rester calme, ce matin était un malheureux accident, je voulais juste offrir une belle journée à Andy et faire du shopping sans que mes problèmes ou plutôt tes problèmes ressurgissent.
— Tu parles de nouveau comme hier, mes problèmes, tes problèmes. Putain May on est mariés ! Il n'y a plus de moi ou de toi c'est nous et d'autant plus dans la mafia ! Si tu ne peux pas être mon plus fidèle bras droit et soutien, comment peut-on avancer sereinement ? Je fais tout pour te soutenir et te donner les armes dont tu as besoin pour ta vengeance même si ce n'est pas mon combat et même si ça me déplaît au plus haut point. Je le fais pour toi car je sais à quel point c'est important. Je le fais aussi pour nous. Tes problèmes sont devenus les miens à partir du jour où nous nous sommes dit oui. Tu peux avoir totalement confiance en moi quoi qu'il arrive je serai toujours à tes côtés pour te soutenir et ne pas t'envoyer la pierre dès la première occasion ou agir comme une gamine impulsive. Ce matin j'ai failli te perdre, je sais pertinemment pour quelle raison et j'ai conscience que j'en suis fautif. J'essaie de régler ça au mieux sans faire de bruit et rapidement pour notre bien. Je suis responsable, j'assume les conséquences et je suis désolé que tu doives les assumer aussi. Mais malheureusement la mafia c'est se faire confiance et s'être fidèle. Je plonge tu plonges on est une équipe et plus on avance plus je comprends que tu n'étais peut être pas prête à cette idée.
Sans même me laisser le temps de répondre, Ezio quitte la pièce en claquant la porte derrière lui. Je me retrouve seule et idiote. Ma soif de vengeance et ma peur face aux fanatiques m'ont aveuglé. Je n'étais concentré que sur ma personne sans voir les efforts ou les actes d'Ezio pour me protéger. Il m'a toujours soutenu dans toutes mes décisions mêmes les plus risquées et à la première occasion je le laisse tomber et le laisse agir seul en me retournant contre lui.
L'éclat éblouissant d'Andy pénétrant dans ma chambre éclipse les ombres de ma réflexion.
— Woah Andy tu es superbe ! Une vraie bombe !
— Merci mais pourquoi toi , tu n'es toujours pas prête ? Les invités arrivent bientôt !
— T'inquiètes je file me changer !
— Profite aussi de cette soirée May et laisse le temps de quelques heures tout ça derrière toi et faisons la fête !! dit-elle joyeuse en me claquant la fesse alors que je me relève.
Une fois dans la salle de bain, je me prépare. Je revêts ma belle robe qui me rappelle instantanément Angie. Je chasse ce souvenir de mes pensées et finis de me pomponner.
Je sors enfin de la chambre et remarque qu'il y a déjà des invités d'arrivés dont Paola qui s'est aussi rapprochée d'Andy durant ces derniers mois.
— May ! tu es époustouflante ce soir ! Où est ton imbécile de mari, te laisser seule ce soir dans cette tenue en proie à tous les prédateurs est une belle erreur.
Je ris et regarde autour de moi pour trouver Ezio mais le repère en compagnie de Greta. Ils rient tous les deux et je m'enflamme de jalousie quand je vois Greta poser sa main sur le bras de mon mari. Il détourne son attention sur moi verrouillant nos regards. Mâchoire serrée, il est comme envoûté par ma tenue de ce soir et décèle une lueur de luxure mélangée à de la colère. Le cocktail parfait pour une partie de jambe en l'air endiablée si je n'étais pas si furieuse contre lui. Je romps le contact visuel et me reconcentre sur Paola.
— Crois moi personne ne va venir m'attaquer ce soir, dis-je en pointant mon ventre, et toi alors tu es toute seule pas de proie en vue ?
— Non pour l'instant j'observe, tu sais c'est plus compliqué pour nous de savoir qui est attiré ou non par les femmes. Surtout pour moi qui fait croire à la terre entière que je suis hétéro. admet Paola en me faisant un clin d'œil le sourire aux lèvres.
— May, Paola, mes deux femmes préférées ! s'exclame Andy, déjà otage des effluves d'alcool.
— Me dis pas que tu es déjà saoule ? l'interrogé- je en connaissant déjà la réponse.
— Non c'est vous qui êtes trop sobre et puis il fallait bien que quelqu'un ouvre les hostilités !
La fête bat son plein, les derniers retardataires sont enfin arrivés et l'appartement est sur le point de s'écrouler avec tout le monde qui s'y trouve.
Andy passe d'invités en invités toujours un verre à la main et son sourire aux éclats sur les lèvres. Elle est joyeuse, heureuse et sans filtres comme d'habitude. Je suis rassurée de la voir comme ça, même si je sais que l'alcool y est sûrement pour quelque chose aussi, l'accident de ce matin n'ayant pas entaché sa fête ni sa gaieté. Andy est ce genre de personne qu'on aime ou qu'on déteste et de la voir aussi épanouie ce soir à profiter au maximum entourées de nous tous qui l'aimons me rend vraiment heureuse pour elle. Comme une sœur pour moi, je ne veux que son bonheur avant tout.
De mon côté j'évite Ezio, il flâne lui aussi d'invités en invités mais toujours avec la sangsue de Greta accrochée à son bras. Je vois bien que ça commence à l'exaspérer mais ce n'est pas pour autant qu'il la repousse franchement. Ne voulant pas l'affronter et simplement profiter de la soirée je reste avec les personnes qui me font rire et oublier toute cette tourmente.
C'est ainsi que je reste en compagnie de Paola et d'Armando un chanteur avec qui j'ai pu sympathiser lors de galas et qui est devenu petit à petit un ami. C'est le genre d'ami qu'on ne voit pas régulièrement mais qui, quand on se retrouve, donne l'impression qu'on ne s'est jamais quitté.
— Alors comme ça on me fait des cachotteries et on ne m'invite pas à son mariage ? me taquine Armando.
— Si ça peut te rassurer, je n'étais pas invitée non plus. réplique Paola en sirotant son verre.
— C'était imprévu et impulsif. Seuls Andrea et Andy étaient présents en tant que témoins.
— Mouais essaie de te rattraper comme tu veux mais tu me dois une fête May Torre et ça je ne l'oublie jamais. rétorque t-il avec un grand sourire.
Nous continuons à nous taquiner et à rire quand je sens une main se poser dans le creux de mes reins. Nul besoin de me retourner, je reconnaîtrais ce touché entre mille. Le contact de la peau chaude d'Ezio me fait frissonner et appelle les chevaux de mon coeur à galoper.
— Oh mais qui voilà , notre cher Ezio daigne enfin venir nous saluer. salue Paola.
— Désolé finalement je connais pas mal d'invités alors le temps que je discute avec chacun me voilà seulement. Mais je dois dire que je ne vous connais pas, vous. souligne Ezio les yeux rivés sur Armando.
— Vous m'offensez. Je crois que de ce monde vous devez être le seul à ignorer qui je suis. En revanche on ne peut pas en dire autant de vous, même les morts se rappellent de vous. siffle Armando.
Je remarque Ezio plisser légèrement les yeux et sens son agacement monter.
— Étant donné que vous avez l'air proche de ma femme, j'aimerai que vous répondiez à ma question et que vous me disiez qui vous êtes plutôt que de me défier.
Je soupire exaspérée par ce combat de testostérone et met fin à leur jeu.
— C'est Armando un vieil ami qui fait partie du domaine de la musique également.
— Hé surveille tes mots je ne suis pas si vieux que ça !
— Si vieux que je n'ai jamais entendu parler de vous, Armando.
— May sait être très mystérieuse quand il est nécessaire. lâche -t-il, son regard fixé dans le mien tout en s'éloignant de nous avec Paola.
— Ça voulait dire quoi ça ? demande Ezio entre ses dents en se tournant vers moi.
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