La bombe à retardement

La semaine passe vite rythmée par nos retrouvailles chaudes avec Ezio, habitant toujours chez Andy, le manque nous rend plus imaginatif dans nos ébats sexuels. Quand je ne suis pas dans les bras d'Ezio, je travaille au studio pour apporter les dernières touches à mon album. Ce rythme effréné me permet de mettre de côté mon appréhension quant à samedi soir et de chasser toute pensée intrusive et négative de ma tête.

Samedi matin. Je me réveille la boule au ventre et anxieuse. Prise de nausées je fonce dans la salle de bain et vomis le contenu de mon estomac dans les toilettes. J'entends des pas accourir derrière moi et sent la main d'Andy me tenir les cheveux.

— Putain May c'est la troisième fois cette semaine que tu commences ta journée la tête dans la cuvette, tu veux pas aller consulter ?

— Ça va c'est rien juste mon anxiété qui prend le dessus.

— Mouais je ne suis pas convaincue et comme je savais que tu allais tenter de te défiler je t'ai acheté ça.

— Un test de grossesse ?! Sérieusement ? m'exclamé-je en regardant le bâtonnet que me tend Andy.

— On ne peut pas dire qu'avec Ezio vous soyez très vigilants sur la protection et vu la fréquence à laquelle vous baisez, le doute est permis.

Je soupire et me relève.

— Ouais on verra ça plus tard.

— Ah non t'as pas compris. Tu ne sors pas des chiottes tant que tu n'as pas pissé sur ce bout de plastique. S'il le faut, je te menotte aux WC et te regarde faire.

— Non ça ira je devrais y arriver par moi-même. me résigné-je en poussant Andy hors de la salle de bain.

— Je reste devant la porte et je veux voir le bâton utilisé en guise de preuve avant de te laisser sortir. crie Andy d'une voix déterminée que la porte fermée étouffe.

Je soupire suite aux paroles de mon bourreau et examine le bâtonnet, les battements de mon cœur pour métronome de mon anxiété.

— J'espère que tu te trompes Andy. marmonné-je en fixant le test entre les mains.

Je m'assois sur les toilettes et urine sur la languette. Je me rhabille, ouvre la porte et tends le test à Andy en lui disant:

— C'est bon Madame je peux sortir maintenant ?

Andy me regarde satisfaite et va s'asseoir sur le lit me laissant la voie libre.

— Plus qu'à attendre quelques minutes et on sera fixées.

Je m'affale de tout mon poids sur le lit en soupirant. Les minutes paraissent des heures et soudain j'entends Andy pousser un cri.

— Putain ne me dis pas que...

— Si May, je vais être marraine !!!! s'exclame pleine de joie Andy en agitant le graal dans sa main.

Je lui prends des mains et l'examine étant persuadée qu'elle me fait une blague. Mais malheureusement le résultat est sans appel, le test est bien positif.

— Putain ça ne peut pas être vrai ! Je ne peux pas être enceinte, pas maintenant!

Je commence à faire les cent pas et à paniquer puis Andy me prend par les bras et se met face à moi.

— Hé calme toi, ça va aller.

— Mais comment ça pourrait aller ? Ma carrière est en plein essor, mon mec est un putain de mafieux et sa famille me déteste. Notre quotidien est dangereux et absolument pas sain pour accueillir un bébé. Je ne suis même pas prête à cette idée alors imagine la réaction d'Ezio ?!

— Fallait peut-être y penser avant de baiser comme des adolescents en rute sans protection.

Je fusille Andy du regard puis me détourne d'elle.

— Okay May souffle, inspire, expire.

Je suis ses indications et je me calme plus rapidement que je ne le pensais.

— Restons pragmatiques, tu aimes Ezio et il t'aime, vous avez un toit sur la tête, un travail, scandaleux pour certain mais un travail quand même et vous avez les moyens financiers d'assumer ce bébé alors pourquoi ne pas envisager que cet événement soit heureux ?

— Parce que je ne suis pas prête, oui on a pris des risques mais c'était sans penser que ça arriverait.

— Laisse-toi le temps de digérer la nouvelle et en attendant je vais t'accompagner faire des analyses pour savoir depuis quand ce petit être habite sous ton nombril. déclare-t-elle en souriant de toutes ses dents.

Je souris à sa tendresse et l'enlace.

— Merci d'être là pour moi et de m'accompagner dans cette aventure.

— Mais de rien tu sais que je ferai n'importe quoi pour toi. Au fait j'étais sérieuse tout à l'heure. Sa marraine c'est moi et personne d'autre sinon je te laisse dans la rue avec un carton pour couverture.

Je ris et lui tape l'épaule.

— De toute manière demain je retourne vivre avec Ezio, toute cette histoire sera passée et nous pourrons aller de l'avant.

Andy acquiesce et nous partons au laboratoire. Je sors de la salle de prélèvement et je retrouve Andy.

— Ils m'ont dit que j'aurai les résultats par mail dans la journée.

— Bien allons manger un bout et s'aérer l'esprit ça nous fera le plus grand bien.

Nous nous installons sur la terrasse d'un restaurant et commandons. Nos plats arrivent très vite ce qui m'arrange car je meurs littéralement de faim.

— Tu as pris une décision pour le bébé ?

— Je ne peux pas envisager l'avortement. C'est certainement pour une raison qu'il a pointé le bout de son nez et puis il reste le fruit de notre amour avec Ezio. Tu avais raison tout à l'heure, nous avons tout pour bien l'accueillir alors pourquoi ça n'irait pas ?

— Certes mais je n'ai pas pris en compte tes sentiments et tu avais besoin de digérer et encore maintenant et j'ai été peut être un peu trop directe.

— Non ne t'en fais pas c'est ce que j'avais besoin d'entendre et tu es comme tu es je ne vais pas te changer, malgré tout tu sais toujours trouver les mots pour me réconforter.

— Tu te sens comment ?

— Complètement chamboulée, je suis encore perdue sur ce que je ressens face à cette nouvelle et d'autant plus anxieuse à l'idée de l'annoncer à Ezio, j'ai vraiment peur de sa réaction.

— Vous n'avez jamais abordé le sujet ?

— Non jamais. Je pense que pour nous deux ce n'était pas un projet à court terme.

— Tu sais quand ou comment lui annoncer ?

— Absolument pas. Je pense qu'il faut déjà que je digère tout ça et que j'ai l'esprit clair avant de lui en parler. Ça l'aidera peut-être à mieux l'accepter.

— Prends le temps qu'il te faut et tu sentiras quand ce sera le bon moment, ou pas peut-être que finalement il n'y a jamais de bons moments pour ça.

Nous rions ensemble et continuons à discuter jusquà ce qu'une ombre obscurcisse les rayons du soleil sur mon visage.

— May, quelle surprise ! Je viens souvent ici aussi. annonce-t-il en s'asseyant sans attendre une invitation.

— Oh, Gioele. Bonjour.

— Je voulais juste vous dire à quel point ta dernière chanson m'a touché. C'est comme si tu l'avais écrite pour moi. affirme-t-il, son regard intense fixé sur moi.

— Me-Merci, c'est gentil. lâché-je le front plissé malgré mon sourire de façade.

— May tu viens ? On doit y aller. tranche Andy en se levant de sa chaise.

D'un hochement de tête je suis son exemple mais la main de Gioele sur mon poignet me retient.

— On se revoit bientôt Mayina. déclare-t-il, le sourire dément en me relâchant.

Je reste quelques secondes figée face à lui avant que la main d'Andy ne me déracine de ma tourmente.

— Faut en parler à Ezio, il devient vraiment inquiétant t'as vu son regard ?!

— J'vais être vigilante mais pas la peine de l'inquiéter pour l'instant.

— Tu repousse l'inévitable May, ce gars est un psychopathe !

— Arrête de dramatiser, il va se calmer. conclus-je.

Arrivée à l'appartement, je décide de commencer à rassembler mes affaires en vue de mon déménagement de demain quand je sens mon téléphone vibrer. Je regarde l'écran et vois la notification du mail contenant les résultats de mon analyse s'afficher. Le cœur palpitant, je retrouve Andy pour ouvrir le mail ensemble. Je le parcours et dis à haute voix.

— Putain ça fait déjà deux mois !

— De quoi qui fait déjà deux mois ?

Je me crispe en reconnaissant cette voix et devient blême à la vue d'Ezio. Voyant la panique me gagner, Andy s'empresse de me couvrir.

— Ça fait déjà deux mois qu'on planche sur l'album et qu'on est loin d'avoir fini. crédibilise t-elle.

Ezio fronce les sourcils, l'air perplexe et peu enclin à y croire mais ne pose pas de questions.

— Qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne dois pas te rendre à l'opéra ? demandé-je en essayant de dissimuler mon angoisse.

— Si mais je ne pouvais pas y aller sans venir te voir avant. répond-il en s'avançant vers moi pour m'enlacer.

Nous nous embrassons tendrement et Andy s'éclipse pour nous laisser tranquille.

— Ta journée s'est bien passée ? m'interroge-t-il.

— Une journée comme les autres et toi ? menté-je.

— Elle s'est faite, j'ai hâte d'en finir ce soir et de passer à autre chose. déclare-t-il en me passant la main sur la nuque pour me rapprocher de lui et m'embrasser à nouveau. Il regarde ensuite sa montre.

— Merde je vais être en retard, je dois te laisser mais je pense fort à toi, je t'aime May. annonce-t-il avant de m'embrasser.

— Je t'aime à demain Ezio.

Il me sourit et disparaît dans les escaliers.

La soirée se déroule tranquillement, entourée d'Andy et Salva nous passons une bonne soirée.

Je pars me coucher et une trentaine de minutes après, des coups à la porte de ma chambre me réveillent. 

Encore endormie je distingue mal les voix que j'entends puis je discerne Salva entrer comme une furie dans ma chambre.

— May ! Dépêche-toi on doit partir à l'appartement d'Ezio, il y a eu une fusillade à l'opéra !

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