L'Ode à la Vérité
Je commence à déplier la lettre quand j'entends Ezio, Raphaël et Isabella venir dans notre direction. Je m'empresse de tout remettre dans l'enveloppe et la cache dans ma poche. Avec Andy nous faisons mine de discuter quand tout le monde arrive au salon.
Ezio me tue du regard et je commence à paniquer pensant qu'il sait que je lui cache quelque chose.
— May pourquoi t'es debout ?
Je me détends quand je comprends qu'il ne sait rien.
— C'était juste le temps de dire au revoir à Andy et ensuite je retourne me coucher.
Il a l'air d'être satisfait de ma réponse puisqu'il raccompagne Raphaël et Isabella qui me lance un regard suspicieux que je lui rends. Elle a beau faire bonne figure, je sais qu'elle a entendu des bribes de ma conversation avec Sergio ce qui me déplaît fortement et me fait me méfier encore plus. Je dis au revoir à Andy et en lui faisant la bise, je lui glisse que je l'appelle dès que je le peux. Elle me fait un signe de la tête entendu et s'en va. Une fois tout le monde parti, Ezio se tourne vers moi. Je m'avance jusqu'à lui et commence à l'exciter en l'embrassant dans le cou puis en lui mordillant l'oreille.
— Qu'est-ce-que tu fais ? me murmure t il
— Je me fais pardonner pour avoir désobéit.
Je sens son pouls pulser à travers les veines de son cou signe que mes avances ne le laissent pas indifférent.
— Je ne suis pas sûr que ce soit très recommandé dans ton état.
— Il y a d'autres façons que la pénétration pour se donner du plaisir. lui chuchoté-je sensuellement.
Le regard rempli de luxure, il me prend dans ses bras et monte dans la chambre.
Je souris devant son manque de volonté et fière de l'avoir fait craquer.
Une fois dans la chambre, il me pose sur le lit, enlève son t-shirt puis me domine. Ne voulant pas me laisser faire, je le fais tomber sur le côté et le domine à mon tour. Son regard se voile d'un mélange de surprise et d'excitation.
En me mordant la lèvre inférieure, je retire mon haut laissant apparaître ma lingerie fine. Je me cambre sur lui et effleure de mes seins son torse puis m'empare de ses mains et les maintiens au-dessus de sa tête tout en l'embrassant. Notre baiser s'enflamme rapidement, je délaisse ses lèvres pour me concentrer sur son cou puis descends lentement le long de son torse tout en l'embrassant. Je m'arrête au niveau de son pantalon et le déboutonne puis lui retire avec son caleçon. J'embrasse l'intérieur de sa cuisse puis autour de son penis pour faire monter le désir et l'excitation. Une fois la température montée d'un cran, je m'empare de sa virilité et le masturbe. Après quelques va et vient je la prends en bouche et le suce. Nous sommes soudainement interrompu par son téléphone qui sonne. Je lui lance un regard qui veut dire « n'y pense même pas » mais il me fait une moue d'excuse et décroche. Je décide de continuer à sa plus grande surprise. Il essaie du mieux qu'il peut de rester impassible au téléphone malgré le plaisir qui l'envahît. Au bout de quelques minutes de conversation, il raccroche et jouit instantanément.
— Désolé ma belle, il fallait que je réponde.
Je m'approche sensuellement de son visage et lui murmure
— Ce n'est pas grave je sais comment te faire pardonner.
Il sourit puis baisse la tête puis la relève affichant un air désolé.
— Je crains que nous ne devions reporter, je dois partir pour affaires mais je reviens au plus vite et je me ferai pardonner.
Je le regarde frustrée et agacée mais me console vite à l'idée que je vais pouvoir lire la lettre de Paola tranquillement.
— Sois prudent s'il-te-plaît.
Il m'embrasse sur le front en reboutonnant sa chemise.
— Toujours mon amour.
Puis il disparaît de la chambre. Je me laisse tomber sur le dos et tire la lettre de ma poche. La simple vue de son écriture me fait frissonner et me noue la gorge de mes larmes naissantes.
« Ma très chère May,
Si tu lis cette lettre c'est que malheureusement je n'aurai pas survécu. Je suis consciente que la mort m'attend peut-être au détour d'un couloir où derrière une porte de ce lugubre manoir. Il accueillera certainement mes derniers instants de vie et si c'est le cas je ne veux pas que ce soit en vain. Je tiens à être totalement honnête avec toi d'où cette lettre. Si j'ai accepté de vous aider dans ta vengeance c'est parce que tu m'as dévoilé qui avait assassiné Valentina. Je veux qu'Isabella paie pour ça et je sais que tu parviendras à le faire. Je dois t'avouer quelque chose, je ne suis pas totalement innocente dans ce drame. J'étais la marionnette d'Isabella, je t'explique mais pour ça il faut remonter un peu plus loin.
C'était lors du mariage de Giuseppe et d'Isabella. En ce temps-là, plus qu' aujourd'hui, mon orientation sexuelle était scellée sous silence. Je la refoulais moi-même n'assumant pas qui j'étais vraiment. Malheureusement pour moi, l'alcool n'est pas mon ami ou peut être l'était- il suivant de quel point de vue tu regardes les choses. Quoiqu'il en soit, ce soir là enivrée par la fête et l'alcool, mon vrai moi a pris le dessus et j'ai succombé aux charmes d'une femme dans les toilettes. Je sais ne me juge pas c'est très cliché et très gamin de ma part mais c'est ce qu'il s'est passé. Loin d'être discrètes, une fois notre affaire terminée, nous sommes sorties de la cabine du toilette et nous nous refaisions une beauté devant les lavabos puis elle m'a volé un baiser et à ce moment-là, Isabella est arrivée. Très gênée, je me suis vite détachée de ma conquête et j'ai essayé de me justifier mais en vain, elle avait compris. Elle m'a cependant assuré qu'elle n'en dirait pas un mot. Loin de me méfier d'elle vu qu'à l'époque elle était loin d'être la pute siliconée qu'elle est actuellement, je l'ai cru. Seulement il y a un peu plus d'un an, elle a demandé à me voir. Je ne comprenais pas ce qu'elle voulait mais je suis allée la voir par curiosité. C'est à ce rendez-vous qu'elle m'a montré tout le dossier qu'elle avait monté sur moi. Elle m'avait fait suivre depuis ce fameux soir et avait réunis pendant des années de nombreuses informations compromettantes à mon sujet, attendant le bon moment pour le sortir quand elle en aurait besoin. Quand elle m'a montré tout ça je n'ai pas compris où elle voulait en venir puis elle a enfin dévoilé son jeu. Elle voulait que je séduise Valentina pour la piéger et la faire passer pour une taupe. Si je n'obéissais pas, elle donnait le dossier à mon père et comme tu le sais ça aurait été dramatique pour moi. Alors prise de panique j'ai cédé à son chantage.
Le plan était simple, séduire Valentina, l'emmener au restaurant quand Isabella me le demandait pour que je puisse lui donner le téléphone de Valentina. Pendant qu'Isabella, via le portable de Valentina, dénonçait à son interlocuteur les plans des actions Madini contre Leone ou d'autres ennemis car il y en a eu d'autres, je devais faire diversion et la maintenir concentrée sur notre conversation pour qu'elle ne se rende compte de rien, ce qui fut le cas. Nous avons fait ce numéro à plusieurs reprises mais à force de la voir et de se parler à cœur ouvert, je suis tombée amoureuse de Valentina. On se voyait sans qu'Isabella le sache évidemment et puis un jour c'en était trop pour moi et je lui ai dit vouloir arrêter. Ça n'a pas plus du tout à Isabella qui m'a instantanément montré une vidéo d'une caméra en direct de chez mon père où on voyait un garde du corps le tenir en joue alors qu'il dormait. Elle avait réussi à infiltrer le manoir de mon père et menaçait de le tuer si je ne continuais pas. Je n'avais pas le choix, j'avais beau aimer de tout mon cœur Valentina je ne pouvais pas risquer la vie de mon père. Alors j'ai continué et tu connais la suite. Je ne comprenais pas ce qui la motivait ni ne savais comment cette histoire allait se terminer sinon j'aurai agi autrement. J' aurai tenté de trouver des alliés ou d'en parler je ne sais pas mais toujours est il que je ne pourrai pas t'expliquer pourquoi Isabella a agit de cette manière mais je sens qu'elle est loin d'être honnête et cache beaucoup de choses.
Dorénavant, tu connais la vraie version de l'histoire.
Dans cette lettre tu as certainement dû trouver un jeu de clés. Ce sont celles de mon appartement, tu le trouveras à l'adresse que je t'ai notée à la fin de cette lettre. Là- bas se trouvent mon ordinateur portable ainsi qu'un deuxième téléphone dans lesquels j'ai renfermé les preuves de ce que j'avance dans cette lettre. Tu dois à tout prix les récupérer, ce n'est qu'une question de temps avant qu'Isabella n'ait connaissance de mon appartement et de ce qu'il peut renfermer. S'il-te-plaît, May trouve mes affaires et fais en bon usage. Tu dois arrêter cette cinglée quoiqu'elle ait en tête ce n'est rien de bon. Découvre le pot-aux-roses et tue cette pétasse.
J'ai été vraiment heureuse de te rencontrer May Torre. Nous sommes partie du mauvais pied et j'en suis encore vraiment désolée mais notre amitié a été des plus heureuses pour moi et je t'en remercie. Peu importe ce qui m'attend, je ne regrette rien à part peut être la durée de notre amitié bien trop courte, nous aurions pu faire de grandes choses toutes les deux. Soit heureuse May, prends soin de ta petite famille en devenir et surtout prend soin de toi. Pour ma part je te suivrais de là-haut, telle l'étoile que je suis devenue, je veillerai sur toi invisible dans la lumière mais étincelante dans l'obscurité à guider tes pas à travers la pénombre. Je sais qu'une part de moi sera toujours vivante grâce à tes souvenirs et je t'en remercie mais ne pense pas trop à moi non plus. Je sais que je suis, enfin que j'étais exceptionnelle, mais ta vie ne doit pas devenir triste à cause de ma perte car même si je n'ai pas vécu longtemps, ma vie était riche et belle. J'ai bien vécu alors ne prends pas pitié de ma mort car ce n'est pas un point final seulement une page qui se tourne pour toi. Et là où je suis qui sait, je suis peut être encore plus épanouie et libre d'être moi...
Une dernière chose May Torre, enfin pardon, May Madini quelle idiote, sache que tu es promise à un grand avenir, n'en doute jamais.
C'est sur ces mots que je te dis adieu et qu'un jour dans très longtemps nous nous reverrons et rirons comme nous le faisions si légèrement.
Ton exceptionnelle regrettée Paola. »
La lettre se termine sur l'adresse de son appartement. C'est en sanglots que je finis de lire le papier qui est devenu transparent sous mes larmes. Sans pouvoir m'arrêter, je relis encore et encore cette lettre qui est tout ce qui me reste d'elle. Devenue la bouée de sauvetage dans mon océan de culpabilité, je m'accroche à cette lettre qui me ramène vers la surface. Je reste quelques minutes à ne pouvoir me calmer puis petit à petit j'arrive à reprendre mes esprits. Je serre les clés si fort que ma main s'imprègne de leur empreinte. La tristesse laisse peu à peu place à la colère et l'envie de faire payer à Isabella les conséquences de ses actes.
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