L'Art de s'attirer les foudres


Plus remontée que jamais et emportée par une nouvelle envie de vengeance, je m'empare de mon téléphone et appelle Andy.

— Andy c'est moi, saute dans ta voiture et viens me chercher, on doit agir vite.

Sans lui laisser le temps de répondre, je raccroche. J'entre dans mon téléphone l'adresse de l'appartement de Paola puis revêt une tenue confortable et sombre pour la suite.

Une demi-heure plus tard, les phares de la voiture d'Andy éclairent le salon, signe qu'il est temps pour moi de partir. Je la rejoins dans la voiture et la trouve complètement excitée et curieuse. Je lance le gps sur mon téléphone et lui dis de suivre l'itinéraire. Le temps du trajet, je lui explique la lettre de Paola et ce qu'on part faire.

— Oooh c'est super excitant !! Mais je maintiens que tu restes une grande malade ! Si Ezio apprend où tu es ce soir et que tu n'es pas alitée tu peux directement creuser ta tombe bébé.

— La tienne avec parce que crois-moi il ne va pas t'épargner sachant que tu m'y as conduit.

— Ah merde je n'y avais pas pensé. Oh tant pis foutue pour foutue je ne suis plus à ça près. J'espère que tu aimes la chaleur parce qu'on va avoir chaud au cul en enfer ma belle !

Je ris et Andy appuie plus fort sur l'accélérateur. Nous arrivons dans une rue calme mais peu éclairée.

— Brrr cette rue me donne la chair de poule, qu'est-ce-qu'elle est allée acheter un appart' ici ? s'interroge Andy dépitée.

— Reste dans la voiture je n'en n'ai pas pour longtemps.

— T'es sérieuse ? Mais tu vas mettre trop de temps toute seule, laisse-moi venir avec toi.

— Non je ne te laisse pas le choix ! Tu fais le guet et si jamais tu vois quoi que ce soit tu m'envoies un message.

Elle soupire, s'enfonce dans son siège et croise les bras comme une gamine frustrée. Je souris et sors. Je cours jusqu'à la porte d'entrée et l'ouvre.

Je tombe devant des escaliers qui desservent les appartements. Sur la lettre elle avait précisé être au premier étage. Je monte puis ouvre la porte de son appartement. Je vais directement voir aux fenêtres s'il donne côté cour ou côté rue et malheureusement il donne côté rue. Je décide d'allumer ma lampe sur mon téléphone pour ne pas éveiller les soupçons. Je commence à fouiller partout, évidemment elle ne pouvait pas me dire où ils étaient, ça aurait été trop facile. Je cherche dans des endroits insolites, dans la cuisine, les placards, je cherche des doubles fonds, je regarde dans le salon, sa bibliothèque, sous ses fauteuils, derrière les coussins. Je cherche partout. Les toilettes, la salle de bain, rien à signaler, je n'ai plus qu'un endroit à fouiller, sa chambre. C'est la seule pièce qui possède du parquet. Je tente de trouver une latte qui pourrait être amovible mais rien. Je cherche dans son placard et l'odeur qui s'en émane me serre instantanément le cœur. Envahie par son parfum, je ferme les yeux et revois instantanément son visage, son sourire et entends son rire au loin. Emue aux larmes, je décide alors de me reconcentrer et de finir au plus vite cette fouille de peur de ne pas arriver à contenir plus longtemps mon émotion. Le placard est vide d'appareils électroniques. Je referme les portes et me retourne face au lit. Je cherche dans les tables de nuit adjacentes mais rien puis je remarque que la tête de lit est un gros rectangle en bois. Je tape dessus et bingo, il sonne creux. Je cherche un moyen de l'ouvrir et trouve une poignée dissimulée sur le dessus. Je tire et souris quand je vois une sacoche. Je l'ouvre et en sors l'ordinateur et le téléphone portable. 

Je referme le tout et m'en empare, je me dirige vers la porte de la chambre pour en sortir quand j'entends du bruit. Je me plaque contre le mur et distingue des voix masculines et une voix féminine.

— Cherchez bien bande de crétins cette garce n'a pas dû nous faciliter la tâche.

Je reconnais immédiatement la voix d' Isabella. Mon cœur s'emballe et sans m'en rendre compte je retiens mon souffle. Je jure dans ma tête sachant que je suis en très mauvaise posture puisque je dois forcément passer par le salon pour sortir et qu'il y a très peu de moyens pour me cacher.

Je souffle un bon coup et tente de chercher une solution. Je pense tenir quelque chose alors je m'exécute le plus silencieusement possible. Je m'enferme dans la salle de bain attenante et ouvre la fenêtre. J'envoie un sms à Andy en lui demandant de venir sous la fenêtre. À travers la fenêtre de la voiture, je la vois regarder la façade du bâtiment alors je lui fais coucou pour qu'elle me voit. Dès qu'elle m'aperçoit elle vient sous la fenêtre comme je lui ai demandé.

— Qu'est-ce-que tu fous, on n'a pas le temps de jouer à Roméo et Juliette !! me lance-t-elle à voix basse.

Je lui réponds par sms:

Isabella aux trousses rattrape la sacoche et fais-toi petite en m'attendant dans la voiture.

Après l'avoir lu, elle acquiesce et tend les bras. Je lui lance la sacoche qu'elle rattrape puis elle retourne à la voiture silencieusement.

Je ferme la fenêtre et souffle un coup. J'allume la lumière, tire la chasse d'eau et fais mine d'être fatiguée en baillant tout en sortant de la salle de bain le plus innocemment possible. Je me retrouve alors face à deux armoires à glace qui me pointent une arme dessus et je vois derrière Isabella surprise.

— May ? Qu'est-ce-que tu fais là ?!

Je feins la surprise.

— Isabella ? Je te retourne la question.

Elle devient subitement idiote ne sachant pas quoi répondre ni comment se sortir de cette situation.

— Je euh nous... Paola m'avait pris un truc et je suis venue le récupérer.

— Et tu avais besoin de ces deux hommes ?

Elle ne prend pas la peine de répondre qu'elle devient suspicieuse à mon égard.

— Toi que fais-tu là ? Et comment es tu rentrée ? Et venue jusqu'ici ? Ton chauffeur est mort aux dernières nouvelles.

Je décide d'être en partie honnête sachant pertinemment qu'elle a écouté aux portes quelques heures plus tôt.

— Sergio m'a apporté une lettre toute à l'heure. C'étaient les derniers mots de Paola où elle me demandait de faire une dernière chose pour elle et elle avait joint ses clés.

— Et que t'a-t-elle demandé comme faveur ? demande-t-elle de plus en plus menaçante

— De réunir ses affaires et de les emmener chez son père. Ezio étant parti pour affaires je me sentais seule et j'avais besoin de me sentir utile alors voilà je suis venue ici pour commencer à tout rassembler.

Je sens qu'elle reste sceptique devant mon excuse bidon mais de peur de se tromper et d'éveiller plus les soupçons à son égard, elle me laisse tranquille et ne creuse pas plus.

— Je peux t'aider à trouver ce que tu cherches si tu veux, ou dis moi ce que c'est et peut être que j'y retrouverai en rangeant ses affaires. proposé-je sournoisement avec un sourire hypocrite

Elle soupire agacée.

— Non c'est bon laisse tomber je ferai sans. Allez venez les gars on en a fini ici. 

Je me sens soulagée quand je les vois disparaître de l'appartement. J'attends quelques minutes et regarde à la fenêtre si la voie est libre puis je quitte l'appartement sachant qu'elle reviendra dès que possible. Je dévale les escaliers et retourne à la voiture puis Andy démarre. Plus loin dans la rue, je remarque la voiture d'Isabella garée. Alors que nous passons à côté, je me cache comme je le peux espérant qu'ils ne nous aient pas remarqué.

— Putain ils sont encore là.

— Désolée je n'avais pas vu qu'ils étaient entrés. Mais comment as-tu fait pour t'en sortir ?

— En disant un gros bobard mais je ne suis pas sûre qu'elle y ait cru.

Je regarde dans le rétroviseur, la peur au ventre qu'ils aient compris et qu'ils nous suivent mais il n'en est rien ce qui m'apaise. Le sentiment d'insécurité continue malgré tout de me grignoter sachant que tôt ou tard, Isabella se rendra compte de mon mensonge et que ses doutes deviendront certitudes.

— Andy on doit aller chez toi pour faire une copie du contenu de l'ordinateur et du portable on ne sait jamais.

— J'ai une meilleure idée, ils ont certainement compris que c'était ma voiture donc s'ils se rendent compte de ton mensonge, ils vont certainement venir chez moi.

Je vais garder la sacoche avec moi et aller chez Andrea pour la lui donner. Il fera le transfert en un clin d'œil et chez lui est plus sécurisé que chez moi. Laisse-nous nous occuper de ça et toi repose-toi tu en as bien assez fait.

— Je ne sais pas si...

— Fais moi confiance May, on gère pour toi, ne garde pas tout sur tes épaules on est une équipe.

Je m'adoucis à ses mots et décide de lui faire confiance. Comme si mon corps réagissait à ses paroles, je le sens d'un coup se relâcher et m'envahir d'une intense fatigue que j'avais ignoré jusqu'à maintenant. Andy me ramène à la maison. Je me crispe en voyant la voiture d'Ezio garée dans la cour, comprenant que le temps de mon repos n'a pas encore sonné.

— Bon bah j'ai été ravie de te connaître, réserve-moi une place au chaud sur le barbuc' du p'tit cornu, blague Andy en faisant le signe de croix. Tu veux que je vienne avec toi ?

— Non ça va aller, rentre vite et on se parle demain, encore merci pour ce soir même si je retiens que le guet n'est pas ton meilleur rôle. la taquiné-je en lui faisant un clin d'œil.

— Je suis une femme de la lumière, rit-elle, ne t'en fais pas tu peux compter sur moi, on est un duo c'est normal, ajoute t- elle en me prenant dans ses bras. À demain, poulette sois forte devant ton homme des cavernes.

Je ris et sors de la voiture. 

Chargée de l'électricité d'un orage se préparant, l'atmosphère alourdit chacun de mes pas. C'est au ralenti et à reculons que je pousse la porte de la maison. L'estomac noué, je rentre en craignant les foudres sur le point de s'abattre sur moi. D'un pas tendu, je marche en direction de la lumière du salon où je découvre Ezio assis dans le fauteuil la tête entre les mains.

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