Expier ses péchés

Visiblement contrarié, Ezio met les mains dans ses poches et baisse la tête. Je comprends que ma réponse n'est pas celle qu'il attendait.

— May, je salue ton courage et ta détermination, comme je te l'ai dit je te soutiendrai mais dès l'instant où le plan se mettra en marche, je ferai tout pour te protéger et te mettre en sécurité alors s'il-te-plaît ne prends pas de risques inutiles aveuglée par ton envie de vengeance.

— Je ne prendrai pas de risques inutiles mais je prendrai des risques quand même, si je veux mener à bien ma mission je n'aurai pas d'autres choix.

Impuissant, Ezio soupire et opine du chef.

— J'en suis bien conscient malheureusement.

Je me dirige vers lui et le prends dans mes bras, ma tête dans le creux de son cou, je le rassure à voix basse.

— Tout ira bien mon amour, je saurai être vigilante et je sais que tu feras tout pour assurer mes arrières.

Je dépose un doux baiser au creux de son cou et me détache de lui. Il me prend la tête entre ses mains et plonge son regard dans le mien.

— Promets le moi May.

Je lui prends les poignets et après lui avoir embrassé la paume de la main je lui réponds.

— Je te le promets Ezio.

Il me reprend dans ses bras et serre son étreinte comme si c'était la dernière fois qu'on se touchait.

La sonnerie de mon téléphone met un terme à notre moment de tendresse. Je regarde l'écran où s'affiche le nom d'Andy. Je m'écarte d'Ezio et pars sur la terrasse pour répondre.

— Salut Andy, ça va ?

— Alors la belle au bois dormant ! C'est ton prince charmant qui t'a extirpé de ton sommeil par son tendre baiser ou la bise poisseuse de la vieille sorcière ?

— Ni l'un ni l'autre, la brise froide du vide, blagué-je, mais Ezio était là à mon réveil.

— Oh c'est vrai ? Raconte !

— Finalement je me suis trompée, il n'est pas parti parce qu'il n'acceptait pas l'enfant mais parce que je l'ai déçu en lui cachant tout ce temps. Il l'a mal pris ne sachant pas quoi penser et ayant besoin de réfléchir et de se remettre en question il a préféré partir de colère.

— C'est qu'il réfléchit lentement le bonhomme...Comment ça va entre vous maintenant ?

— Mieux on a mis les choses à plat et il est heureux de devenir papa, vraiment très heureux.

— Super mais pourquoi j'te sens pas enthousiaste ?

— C'est que... Je me sens tellement nulle de lui avoir caché.

— May, c'est fait, arrête de te torturer. De un, tu l'as appris sur le tard toi aussi. De deux même s'il n'y avait pas eu la fusillade, il l'aurait su plus tôt mais tu aurais quand même mis du temps avant de le lui dire. Tu as fait ce que tu pensais être la meilleure option sur le moment avec les éléments que tu avais. Évidemment quand tu connais la finalité tu aimerais changer les choses mais sur le moment tu n'en savais rien et si tu as pris cette décision de ne pas lui dire tout de suite c'est que tu avais tes raisons. Maintenant il le sait, tu sais qu'il en est heureux c'est tout ce sur quoi tu dois te concentrer. Rien ne va te servir de ruminer encore et encore ce que tu as fait parce ça ne changera pas. L'essentiel est qu'aujourd'hui vous êtes réunis et heureux face à l'avenir qui s'offre devant vous.

— Tu as raison il faut que je me pardonne et que je pense à demain.

— En parlant de demain j'imagine que je suis exclue de voir ma cacahuète ?

— Ta cacahuète ?

— Oui j'ai décidé que ton bébé était ma cacahuète, ça pose problème ?

— Non, réponds-je amusée, et, ouais Ezio prend ta place désolée.

— Trahison, disgrâce ! Non sérieusement c'est normal c'est le papa, sa présence est plus légitime que la mienne mais t'as intérêt de me ramener des photos !

Je ris à sa réponse et nous continuons de parler quelques minutes avant que Paola ne nous interrompe pour me signaler son arrivée.

— Paola ? Salut ! Comment tu te sens ? demandé-je après avoir raccroché.

— J'ai l'impression de vivre une seconde vie, je suis en pleine forme ! répond-elle en me prenant dans ses bras, tu es toute seule ?

— Euh non, t'as pas vu Ezio dans le salon ?

— Non y'a personne.

Je quitte ses bras pour partir à la recherche du mari perdu. J'écume le rez-de-chaussée et finis par le trouver dans son bureau.

— Ezio tu v...

L'image du téléphone à la coque jaune entre ses mains brouille mon cerveau qui rompt toute communication avec le reste de mon corps.

— J'arrive. annonce t-il en fourrant le portable dans le tiroir de son bureau.

Les yeux encore figés sur l'endroit où a disparu le mystère, je sens à peine le baiser que me laisse Ezio sur mon front en passant.

— May tu viens ?

— O-Oui. affirmé-je en décrochant difficilement mon regard du bureau.

L'esprit embrumé par la découverte, je m'installe auprès d'eux dans le salon. L'échange de banalités qui suit me permet de me distraire et d'aborder la raison de la présence de notre amie.

— Paola, j'ai un service à te demander.

— Houla May tu m'inquiètes, je n'aime pas trop entendre ce genre de paroles de la bouche des Madini.

— Je ne suis pas une Madini. rétorqué-je d'un ton brusque.

— C'est tout comme. réfute-t-elle en souriant, le regard posé sur mon ventre.

Je n'avais pas remarqué que son arrondis se dessinait sous mon T-shirt ce qui me décide à m'habiller avec des vêtement plus ample à partir de maintenant.

Je me redresse et reprends.

— Je sais que tu as beaucoup fait pour la famille Madini ou même la mafia en général mais laisse-moi t'expliquer.

— Je t'avoue que tu piques ma curiosité, je ne m'attendais pas à ce que tu t'adaptes aussi vite à la vie de mafia.

— Je n'ai pas vraiment eu le choix, c'était m'adapter ou me laisser sombrer et m'apitoyer sur mon sort.

— Je suis toute ouïe mais ça ne veut pas dire que j'accepte.

Je hoche la tête et lui donne le contexte, notre course poursuite depuis le restaurant "Chez Nonna", la balle reçue en nous échappant, l'incendie de mon appartement, le meurtre de Nonna et la raison de sa mort: avoir sauvé la vie d'Ezio six ans auparavant et enfin l'agression dans la rue devant le bar.

— Ils en ont encore après moi et ça ne terminera que lorsque j'aurais décimé leur famille.

Suite à mes mots, Paola ouvre des yeux comme des soucoupes.

— Attends tu veux tuer la famille Condore ? Mais tu prends conscience de l'ampleur de ce que tu dis ?

Elle se tourne estomaquée vers Ezio qui la regarde sérieusement.

— Et toi Ezio tu es d'accord avec ça ? Tu l'as vraiment mise au courant des risques et de tout ce que ça implique ?

— Tu ne connais pas May, rien ne l'arrête. Elle est bornée comme personne et a une détermination à toute épreuve. Rien ne la dissuadera donc je préfère être avec elle que contre elle. Et puis elle a raison ça ne s'arrêtera pas tant qu'il n'y aura pas eu de morts.

Paola secoue la tête désemparée ne réalisant toujours pas ce qu'il se passe.

— Et je viens faire quoi dans tout ça ?

J'éclaircis ma voix et lui réponds :

— Nous savons que Mario est en soins intensifs à domicile, et nous savons que tu es son infirmière.

Elle ne me laisse même pas le temps de finir qu'elle s'agite.

— Ah non May n'y pense même pas, il est hors de question que je le tue !

— Non ce n'est pas ce que je veux, je veux juste que tu m'aides à m'infiltrer pour que moi je le tue.

— Mais ça revient au même, je deviendrai complice et je te laisserai entrer en sachant pertinemment ce que tu viens faire. T'as complètement perdu l'esprit ! Je suis infirmière je soigne les patients pour les sauver je ne les tue pas !

— Arrête tes simagrées Paola ! Tu es fille de la mafia, tu as dû faire des choses déshonorables également. Ce ne serait pas la première personne que tu tuerais et en plus là tu n'aurais rien à faire. intervient Ezio agacé.

Je regarde Paola se renfrogner. Touchée elle va se chercher un verre de whiskey pour mieux digérer la conversation ou oublier des fantômes du passé je ne sais pas trop.

— C'était avant Ezio, justement je me suis reconvertie en tant qu'infirmière pour absoudre mes péchés.

— Si on va par là, il va falloir que t'en bouffes des kilomètres de queues pour expier ton péché d'homosexualité. pique sévèrement Ezio.

Bouche ouverte, sourcils arqués, je fusille Ezio impassible avant de découvrir Paola devenir blême.

— Co-Comment le sais-tu ?

Ezio se gratte l'arrière de la tête puis se racle la gorge sachant qu'il va raviver en Paola un sentiment douloureux que lui-même ne connaît que trop bien: le deuil.

— Avant d'exécuter Valentina, j'examinais son téléphone à la recherche de preuves de sa trahison et c'est à ce moment qu'elle a reçu un de tes messages coquins.

Paola s'enfonce dans le canapé abasourdie et rouge sous l'effet de la révélation. Soudain son regard devient noir et d'un ton menacant demande à Ezio.

— C'est toi qui a assassiné Valentina ?!

Je ne lui laisse pas le temps de répondre.

— Ce devait être moi mais je n'y arrivais pas, je la sentais sincère et encore aujourd'hui je la crois innocente.

— Alors c'est qui putain qui l'a tué ?! crache t-elle les yeux rougis par les larmes.

— Isabella. lâché-je.

Sa respiration s'arrête et son visage se fige. Au bout de quelques secondes, elle se relève du canapé et se dirige sans vie vers le bar se servir un autre verre. Elle le boit cul sec puis s'en sert un troisième. Elle se tourne vers nous, le regard vide et lointain et avale son dernier verre avant de le claquer sur le bar.

— Je veux bien vous aider mais ensuite ce sera à vous de m'aider à me venger.

Nous n'avons même pas le temps de répondre qu'elle disparaît déjà dans l'ascenseur.

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