Désillusion
Ils se tournent vers moi et je vois le visage d'Andy se décomposer. Sous le choc je referme la porte, je n'ai pas eu le temps de faire dix pas qu'elle me prend par l'épaule et me tourne face à elle.
— May ce n'est pas ce que tu crois !
Je la regarde d'un air incrédule.
— Bon c'est exactement ce que tu crois mais je vais tout t'expliquer.
Elle m'emmène d'un pas rapide à l'extérieur de la maison sur la terrasse.
— Woah tu connais mieux ma maison que moi. admet-je, le regard perdu autour de moi.
— Le sens de l'orientation est l'un de mes nombreux talents.
— La tromperie aussi ?
Elle me plaque sa main sur ma bouche.
— Chut pas si fort, Salva pourrait nous entendre.
Je lui mords la main qu'elle retire aussitôt en m'affligeant de sa plus belle grimace.
— Il y a encore quelques minutes ça ne t'inquiétait pas de te faire entendre. Depuis combien de temps ça dure ?
Andy se recule et avoue honteusement.
— Tu te rappelles du soir où nous avons fait la rencontre d'Andrea au domicile d'Ezio quand il a reçu une balle à l'opéra ?
— Tu te fous de moi ? Dès ce soir-là ?
— Non , laisse-moi finir. Depuis ce soir-là on est resté en contact, on se voyait de temps en temps puis plus régulièrement jusqu'à ce qu'on franchisse le pas.
— Et c'était il y a combien de temps ?
— Le soir de votre mariage c'était la première fois.
— Putain Andy à quoi tu joues ? Je croyais que tu étais amoureuse de Salva ! Pourquoi tu lui fais ça ?
— Je le suis mais avec lui tout est tranquille, trop tranquille et je me lasse. J'ai besoin de pep's dans ma vie amoureuse et je trouve ça chez Andrea. Il est le bad boy dont j'ai besoin.
Je ris à sa phrase.
— Tu t'entends parler on dirait une ado ! Je croyais que c'était fini de mal choisir tes mecs et que tu voulais te poser avec quelqu'un de respectueux.
— Châsse ton naturel et il revient au galop comme on dit... Andrea est respectueux et j'aime sa vie dangereuse. Avec lui c'est de l'adrénaline tout le temps, il est imprévisible et hors de contrôle, rien ne l'arrête, il est sans peur et aujourd'hui c'est ce dont j'ai besoin.
Je soupire comprenant qu'elle a développé des sentiments et que quoi que je dise elle ne m'écoutera pas.
— Que comptes-tu faire pour Salva ?
— Je n'ai pas encore eu le courage de lui annoncer, je ne veux pas lui faire de mal.
— C'est trop tard pour ça Andy, tu lui fais déjà du mal et ça ne va pas l'aider que d'attendre. Dans tous les cas la douleur sera présente alors mieux vaut en finir le plus vite possible.
— Tu as sûrement raison je vais le faire en douceur en rentrant je veux qu'il passe une dernière bonne soirée en notre compagnie à nous tous.
— Est ce que tu es sûre de ton choix Andy ? Andrea est-il ta fin heureuse ?
— Je sais que c'est lui que je désire. Je veux passer mon quotidien avec lui, partager les bons comme les moments dans ses bras, me réveiller à ses côtés. Je ne sais pas où cette histoire nous mènera mais j'ai envie de lui donner une chance.
— Tant que tu es heureuse et que tu sais ce que tu fais malgré les conséquences, je te suis. C'est ta vie, tu la vis comme tu l'entends mais par contre plus jamais tu me caches ce genre de choses. l'avertis-je avec un sourire.
Nous nous enlaçons puis rentrons auprès des convives. Je la laisse retrouver Salva et ne lâche pas Andrea du regard voulant épier ses moindre faits et gestes pour m'assurer de son sérieux.
— Dois-je être jaloux de la personne que tu dévisages comme ça ? s'élève la voix d'Ezio me faisant sursauter.
Je me tourne alors vers lui et souris.
— Pas le moins du monde mon amour.
Je place mes bras autour de son cou et l'embrasse tendrement.
— Essaierais-tu de détourner mon attention ? demande-t-il le sourire aux lèvres.
— Non absolument pas, si tu veux tout savoir je regardais Andrea.
Il me regarde surpris.
— Je t'avoue que ça ne me rassure pas.
— Et pourquoi ça ?
— Il est plutôt beau mec et malgré notre amour tu pourrais avoir envie d'aller voir ailleurs.
— Tu n'as pas confiance en moi ?
— Bien sûr que si mais je ne te prends pas pour acquise c'est toute la différence.
— Je te rassure tout de suite, je n'ai envie de personne à part toi. Si je regardais Andrea c'est parce que je les ai surpris ce soir avec Andy en train de baiser alors je voulais l'analyser un peu pour voir quel genre d'homme c'est.
Stupéfait, Ezio se détache un peu de moi, les bras toujours autour de ma taille.
— Alors celle-là je ne m'y attendais pas.
— Crois-moi moi non plus. Est-ce-qu'il est digne de confiance en amour ?
— Sincèrement le Andrea que je connais est plutôt frivole et aime s'amuser et ne pas se prendre la tête avec les femmes. Après peut-être qu'Andy saura le dompter.
— Comme je t'ai dompté toi ? ris-je.
— On peut dire ça. rit-il à son tour.
— C'est peut-être mieux comme ça finalement. conclus-je en regardant Andy et Salva.
— Tu dis ça par rapport à ce que tu m'as confié hier soir sur Salva ?
Sans détourner mon regard du futur couple d'inconnus, je hoche la tête pour acquiescer.
— Malgré son passé, il n'est pas rongé par la rancœur.
— Et les frères Condore alors ? Comment ont -ils été prévenus ?
— Ta notoriété May. Que tu veuilles l'admettre ou non, elle te sera à la fois ton alliée et ton ennemie.
Je fronce les sourcils ce qui l'encourage à poursuivre.
— Même si Salva ne m'avait pas dit où tu étais, je l'aurais su grâce aux réseaux. Quelqu'un avait partagé un post sur toi en précisant où tu étais. Tu as certainement été reconnue.
A sa révélation, le souvenir de la soirée me revient comme un éclair de lucidité. Installées au bar, je revois la foule se tourner vers nous lorsque, surprise par mes mots, Andy avait laissé échapper un éclat de voix . C'est à ce moment que les gens ont dû me remarquer. Je me sens soudainement idiote de me penser encore invisible et de soupçonner à tort mon entourage alors que je suis la seule fautive de mon propre destin.
— Par contre ça n'explique pas la fuite pour l'opéra, je suis toujours sur le coup mais je n'ai aucune piste fiable. annonce-t-il crispé par les rouages de sa réflexion.
— Sa proximité avec Valentina le laisse en tête de ma liste des suspects.
— Pour moi tu fais fausse route, il est bien des choses mais pas un conspirateur.
— Peut-être... Enfin bon, tout porte à croire que Valentina s'est bien faite piégée et que la taupe court toujours...
— On dirait bien mais ce n'est pas ce soir qu'on arrivera à la déterrer. me sourit-il en me rapprochant de lui.
Je lui rends son étreinte puis nous nous embrassons.
— Allez chasse toutes ces questions de ta tête qui te font fumer le cerveau et allons profiter de notre soirée. me convainc t-il de son plus beau sourire.
Je lui offre un sourire pour toute réponse puis nous retrouvons les invités. La soirée se termine et nous partons nous coucher pour la première fois dans notre nouveau foyer.
Les semaines suivantes sont rythmées par les cours de tirs où je me découvre une nouvelle passion mais également où je me surprends à être plutôt douée.
Ezio a pris le relai et m'entraîne à devenir plus redoutable. Toujours conduite par Salvatore, notre relation s'améliore malgré mes doutes allégés mais pas. Le temps passé avec lui me permet de mieux le connaître et de l'apprécier presqu'autant qu'un ami.
Comme elle l'avait dit, elle a rompu le soir même de notre crémaillère. J'ai su par Andy qu'il avait eu beaucoup de mal à digérer la tromperie mais qu'il l'avait laissé tranquille. Avec moi Salva n'a jamais rien laissé transparaître et est toujours resté professionnel. Quant à Andy, elle est vite passée à autre chose et vit passionnément son idylle avec Andrea que je continue de surveiller de loin n'ayant pas pleinement confiance depuis qu'Ezio m'a dépeint son portrait.
Depuis notre déménagement, nous n'avons plus de problèmes avec les fanatiques ni pour lui ni pour moi, du moins jusqu'à présent. En ce qui concerne la mort de Greta, ils ont bien conclu à une overdose sans pour autant omettre qu'elle faisait partie d'un groupe de fan d'Ezio. Le journaliste a publié à ses risques et péril son article mais comme l'avait prédit Ezio, personne n'a creusé la piste et sa mort est maintenant un lointain souvenir.
Dorénavant la maison n'a plus de secrets pour moi, je ne me perds plus dans les couloirs et je connais chaque recoin par cœur. Nous personnalisons de plus en plus notre cocon et particulièrement la chambre du bébé, même si nous ne connaissons pas encore le sexe nous avons décidé de la décorer dans des tons mixtes.
Je termine de donner le dernier coup de pinceau sur l'un des pans de mur de la nurserie puis je prends du recul pour admirer le travail terminé. Je sens alors les bras d'Ezio venir m'envelopper.
— Fière de ton travail ?
— De notre travail tu veux dire. Oui c'était comme je l'imaginais.
— J'en suis content, c'est vraiment très beau. Le bébé sera merveilleusement bien ici.
—Je l'espère, on fait tout pour en tout cas.
— Je suis désolé de prendre le rôle du rabat joie mais le moment est venu de se préparer. Paola arrive dans une demi-heure pour que vous partiez ensemble chez Mario. Tu te sens prête ?
Je me retourne pour lui faire face.
— Plus que jamais.
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