Épilogue

Un an plus tard, je reviens enfin sur cette application pour vous faire lire l'épilogue de Le Phénix ! Si j'ai mis autant de temps pour le poster, c'est simplement parce que je ne l'avais pas fini avant hier soir. Il y a de grandes chances pour que vous ne soyez que 5 à cliquer sur la notification mais je ne vous en voudrais pas d'avoir déserté et de ne pas m'avoir attendue 😘

*****

- Et si l'un de vous ne l'a pas, vous partez quand même ?

La voix de mon père résonne une fois de plus dans ma petite chambre, éclairée par la seule lumière du soleil en ce matin de juillet.

- Ne nous porte pas la poisse en parlant de malheur, s'il te plaît.

Je lui tourne le dos, agenouillée par terre pour remplir ma valise de vêtements d'été et maillots de bain colorés mais je l'imagine en train de croiser les bras sur sa large poitrine.

- Envoie-moi un message si ça arrive, je tiens à être au courant s'il y a un changement de programme.

Je secoue la tête en attrapant ma trousse de toilette par terre, dans laquelle j'ai failli oublier de mettre un tube de crème solaire.

- Le seul texto que tu auras de moi, c'est celui dans lequel je t'écrirai que je suis bien arrivée à destination. (Les sourcils froncés, je me retourne vers lui.) Mais je vais forcément t'appeler pour te dire que ta fille a eu son baccalauréat ! Bon sang, tu es tellement stressé que tu me mets encore plus la pression que je ne l'ai déjà, jusqu'à me faire dire autant d'absurdités que toi.

- Comprends-moi, ma puce. Tu vas recevoir l'un des diplômes les plus importants de ta vie aujourd'hui et c'est aussi la première fois que tu pars en vacances sans être accompagnée par un adulte.

Je lève les yeux au ciel avant de me remettre à fourrer le plus de choses possible dans ma valise. Je ne pars qu'une semaine mais on dirait que mon voyage va durer un mois entier à cause de tous les vêtements « au cas où » que j'emporte avec moi. Simon va m'engueuler quand il va voir la taille de mon bagage mais au moins je suis certaine de ne manquer de rien.

- J'ai eu 18 ans le mois dernier. Je suis une adulte, papa. Tout comme Simon, Castiel et Jay. Il n'y a que Charlie et Izzie qui sont encore mineures.

- Il faut croire que mon bébé n'en est plus un...

Je lui adresse un sourire attendri en le regardant par dessus mon épaule et il me le rend avant de sortir de ma chambre. Au même moment, quelqu'un toque à la porte d'entrée. Je fronce les sourcils en attrapant mon téléphone, en mode silencieux et enfoui sous mes draps froissés. Il est 9h45 et j'ai 3 appels manqués de mon petit ami. Merde. Pas de doute, c'est Simon qui est monté me chercher parce qu'il en avait marre de m'attendre en bas de l'immeuble.

- Mon garçon ! (La voix chaleureuse de mon père résonne dans l'appartement.) Éléanore ne va pas tarder, elle est dans sa chambre, en train de faire sa valise. Et toi, comment tu vas ? Pas trop stressé par les résultats du bac ?

- Encore ? Je lui avais donné rendez-vous à 9h30 pour être au lycée avant que les résultats ne soient affichés. (Je ferme rapidement ma valise quand je l'entends se plaindre de moi auprès de mon père.) Et oui, je vais bien, je suis plutôt confiant, à vrai dire. Je n'ai qu'une hâte, c'est de prendre la route direction le Sud de la France.

Je traverse en vitesse le couloir pour les rejoindre dans l'entrée. Mon copain me lance un regard désapprobateur et soulagé à la fois en me voyant enfin arriver.

- Tu es en retard, me reproche-t-il avant de déposer un rapide baiser sur mes lèvres.

- Désolée, je n'ai pas vu le temps passé. Je n'ai pas l'habitude de partir en vacances, j'ai trop peur d'avoir oublié quelque chose.

Il secoue la tête, l'air à la fois amusé et exaspéré par le fait que je m'inquiète toujours pour rien. Si mon père n'avait pas été présent, il m'aurait à coup sûr dit que nous partons à 6, que si j'oubliais vraiment quelque chose, un membre de la bande aurait forcément de quoi me dépanner, sans oublier que nous allons dans l'une des nombreuses maisons que possèdent les parents de Jay, que par conséquent il y a déjà plein de trucs sur place, et il aurait bien sûr ajouté que des magasins se trouvent à proximité pour me clouer le bec une bonne fois pour toutes. Mais il garde son côté beaucoup trop factuel pour lui devant mon père et j'en suis ravie, d'autant plus que nous sommes déjà suffisamment en retard à cause de moi pour qu'il en rajoute une couche.

- Bon, il est temps... Je ne me rappelle pas de la dernière fois où nous avons été séparés une semaine entière. (Je me blottie dans les bras de mon père pour lui dire au revoir.) Tu vas me manquer.

- Qu'est-ce que ça va être quand vous emménagerez tous les deux dans votre appartement à la rentrée... (Il me serre plus fort contre lui.) Toi aussi tu vas me manquer ma puce. Si tu n'as pas le temps de m'appeler et de me raconter toutes tes journées, envoie-moi au moins des textos pour me dire que tu vas bien et que tu passes de bonnes vacances.

Bien que je sois heureuse, impatiente et excitée à l'idée de prendre mon indépendance avec mon petit ami, je ressens un léger pincement au cœur parce que cela implique de dire adieu à l'appartement et la ville dans lesquels j'ai grandi ainsi qu'à ma petite vie tranquille, celle d'une enfant qui a toujours été couvée par son papa poule.

Après une longue période d'hésitation car j'ai été prise dans les deux filières, j'ai finalement décidé d'opter pour une prépa littéraire plutôt que pour la fac de psychologie. La pression constante et la compétition ambiante me font peur mais je suis sûre que les matières me plairont et que les cours seront à mes yeux passionnants. Le seul point négatif, et pas des moindres, c'est que je vais partir faire mes études à 70 km de La Sidoine. Quant à Simon et ses excellents résultats scolaires, ils ont évidemment obtenu leur place en première année de médecine ici. Mais à ma grande surprise, car je ne savais même pas qu'il y avait postulé, il a aussi été accepté dans la faculté de médecine qui se trouve dans la même ville que ma future école. J'ai littéralement sauté de joie quand il me l'a appris et j'avoue même avoir versé quelques larmes de bonheur, j'étais la copine la plus heureuse du monde.

Voilà comment on en est arrivés là, à prendre la décision d'emménager ensemble à l'âge de 18 ans, après seulement trois mois de relation officielle. Si on m'avait dit ça au début de l'année, je ne l'aurais jamais cru, et j'aurais même ri au nez de la personne en question tellement ses dires me seraient parus absurdes. Comme quoi la vie est vraiment pleine de surprises et que tout change en un rien de temps.

- Je viendrai te rendre visite un week-end sur deux, papa. Et oui, promis, je te donnerai des nouvelles de mon séjour ensoleillé.

Mon père me fait un bisou sur le front avant de me saisir par les bras pour m'éloigner de lui et me regarder de haut en bas. Ses yeux brillent d'émotions diverses, mais il y en a une qui est plus forte que les autres, et c'est la fierté.

- Quand je te reverrais, tu auras intérêt à être bachelière. Et toi aussi, Simon ! ajoute-t-il en le pointant du doigt d'un air sévère. Allez, dépêchez-vous maintenant. Plus vite vous serez au lycée, plus vite vous prendrez l'autoroute du soleil.

***

Je regarde autour de moi, dans la cours du lycée, où tous les terminales de La Sidoine sont réunis près des tableaux d'affichage. Les résultats du baccalauréat sont tombés ce matin à 10h pétante et un quart d'heure plus tard, tout le monde pleure de joie ou de peine. Sous le soleil, qui tape déjà fort de bon matin, des groupes d'amis se serrent dans leurs bras, soit pour se féliciter, soit pour se réconforter. Et pour Charlie et moi, c'est la première option.

- Je suis trop contente pour toi, tu l'as mérité ! Une mention très bien, tu te rends compte ? Tes parents vont être si fiers de toi ! Tu vas continuer sur cette lancée et tout déchirer en fac de droit, comme ton père, j'en suis sûre !

Des larmes de joie coulent sur son beau visage et glissent sur ses nombreuses tâches de rousseurs. Elle a révisé jour et nuit pour les avoir, ce bac et surtout cette mention, personne ne les mérite plus qu'elle.

- Merci, Éla. Ça me touche beaucoup. Tu vas tellement me manquer l'année prochaine...

Elle s'éloigne de moi et me regarde dans les yeux pour appuyer ses paroles, pleines de sincérité. Charlie est tellement émue par mon départ que j'en ressentirais presque de la culpabilité. Mais elle est entre de bonnes mains ici, avec des parents aimants et un petit ami aux petits soins.

En parlant de ça, je n'ai pas le temps de lui dire qu'elle aussi que Castiel a déjà passé ses gros bras autour de sa petite taille et posé son menton sur le dessus de son crâne.

- Je sais que ce sont des larmes de bonheur mais je n'aime pas te voir pleurer. Quant à Éla, elle et Simon ont intérêt à rentrer un week-end sur deux comme ils l'ont prévu, sinon ils auront affaire à moi.

Il me fait les gros yeux et je n'arrive pas à me retenir ; un sourire moqueur étire mes lèvres. Malgré son mètre 90 et ses 85 kilos de muscles, Castiel est l'un des mecs les plus gentils que je connaisse, alors le voir me faire des menaces est plutôt comique.

- C'est promis... je leur réponds, sincère.

Tout à coup, alors que je mettais ma main sur mon cœur et sans que je ne l'ai vu arriver, je me retrouve dans les bras de Simon. Mes pieds ne touchent plus la terre ferme et il me fait tourner, encore et encore. Je ris aux éclats quand mon copain perd l'équilibre et, pour ma sécurité, se décide enfin à me reposer.

- Putain, les gars, on va bien fêter ça !

Il est si heureux que nous ayons tous les deux eu notre baccalauréat et que toute la bande aussi... Cela officialise le fait que nous prendrons notre indépendance dans quelques mois et que notre vie de couple commencera mais surtout que, d'ici ce soir, nous serons tous réunis dans une grande maison au bord d'un lac pour une semaine de vacances bien méritée. L'immense sourire de Simon ne fait que décupler ma propre joie.

- Ah ça, il y a intérêt ! Je n'en veux pas un de sobre ce soir, sinon je le vire de cette maison à coups de pied au cul !

Jay, le seul que je n'ai pas encore vu et donc pris dans mes bras pour le féliciter, fait son apparition aux côtés d'Izzie et je me jette à son cou.

- Bravo, Jay ! Je suis super fière de toi !

Je lui fais un bisou sur la joue et, touché par ma réaction, il passe une main dans mon dos. Je me rapproche tous les jours davantage de lui et, en apprenant à le connaître, j'ai compris qu'il avait toujours eu de grosses difficultés scolaires. Un jour, pendant que Simon, qui lui donnait un cours de maths pour le faire réviser, était au téléphone avec sa tante, il m'a avoué avec un regard triste qu'il ne se pensait pas capable d'obtenir ce diplôme, alors je suis plus que satisfaite qu'il se soit prouvé le contraire à lui-même. Jay va pouvoir intégrer l'école de commerce dont ses parents rêvaient tant pour lui.

- Merci ma belle. (Il m'embrasse dans les cheveux avant de me relâcher.) C'est en grande partie grâce à tes encouragements et à l'aide de ton mec, qui au vu de son regard n'apprécie pas trop la proximité de nos deux corps, contrairement à moi.

Il me fait un clin d'œil et je lui mets une claque sur le bras. Simon, quant à lui, lève les yeux au ciel, comme toujours lorsque son colocataire ouvre la bouche.

- Tu vois, tu n'es pas si con que ça ! lui dit Izzie en secouant sa main dans les cheveux bouclés de Jay pour le décoiffer. Tu vas pouvoir te faire plein d'étudiantes superficielles et blindées de tunes, comme tu aimes.

- Tu resteras la première dans mon cœur, même de l'autre côté de la Mer Noire, je te le promets. Aucune d'elles ne sera aussi charismatique que toi, j'en suis certain.

- De la Manche, Jay. De la Manche...

Tout de même attendrie, elle lui lance un regard qui veut clairement dire « tu vas énormément me manquer, espèce d'idiot », des mots que Izzie est bien trop pudique et fière pour prononcer à voix haute. Je n'arrive pas à réaliser que dès la rentrée prochaine, elle sera en Angleterre pour parfaire son anglais et continuer ses études dans la mode. Je la vois déjà, elle et son look atypique, déambuler dans les rues de Londres avec ses croquis sous le bras. Elle sera tout à fait à sa place, là-bas, et je sais qu'elle a besoin de ce nouveau départ après les lourds événements de ces derniers mois.

- On prend tous des chemins si différents... Mon cœur se brise rien que d'y penser. On va tellement s'ennuyer, les uns sans les autres.

Le soutien de Castiel, le franc-parler d'Izzie, la connerie de Jay, la bonté de Charlie... Ils vont terriblement me manquer mais à leur façon, tous autant qu'ils sont.

Mes mots sont sortis tout seuls et Simon m'attrape par la taille en signe de réconfort. Il caresse ma hanche tandis que Izzie tend la main vers moi et serre très fort mes doigts entre les siens.

- Personnellement, je vois le bon côté des choses... commence Jay pour détendre l'atmosphère. À la rentrée, et même pendant cette semaine de vacances en fait, je n'aurais plus à être en concurrence avec ces deux beaux gosses pour serrer des meufs. Elles n'auront toutes d'yeux que pour moi.

Il désigne Simon et Castiel, qui sont évidemment morts de rire. Izzie, au contraire, fronce les sourcils et lui donne même un petit coup dans le ventre.

- Tu oublies que je suis toujours célibataire et que, cette semaine, c'est moi ta plus grande concurrente. On chasse les mêmes proies, je te rappelle.

Cette fois, Charlie et moi rions aussi devant le regard désemparé de Jay. Je sais de quoi je parle étant donné que je l'ai déjà vue à l'œuvre à quelques soirées et, niveau drague, Izzie est plus que douée. C'est une adversaire de taille ; elle est capable de rivaliser avec chacun des mecs de la bande, d'autant plus maintenant qu'elle assume pleinement sa sexualité. Il n'y a rien de plus séduisant qu'une femme qui déborde de confiance en elle.

Jay et Izzie parlent déjà des défis ridicules qu'ils vont se lancer dès que nous serons arrivés dans le Sud de la France, du genre « celui qui chope le plus de numéros de téléphone en une heure sur la plage » ou « le premier qui embrasse la jolie fille assise seule au bar », quand une silhouette qui m'est familière apparaît dans mon champ de vision. Andréa, dont les longs cheveux bruns volent au rythme de ses pas, se dirige étonnamment vers nous.

Sa démarche est maladroite, ses yeux sont fuyants et ses mains tremblantes. Cette fille a été ma meilleure amie pendant de nombreuses années, alors je peux sans prétention me permettre de dire que je la connais bien, et je ne l'ai jamais vue dans un tel état.

Elle a l'air d'être sur le point de tomber dans les pommes et, par pur automatisme, je me fraye un passage entre Jay et Izzie pour l'attraper par les épaules avant que ses jambes fines ne soient plus capables de la maintenir debout.

- Ça ne va pas ? (Je me penche vers elle pour essayer de capter son regard mais elle baisse la tête sur ses chaussures, comme si elle avait honte.) Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu n'as pas eu ton bac ?

Andréa émet un petit rire amer, puis elle secoue légèrement la tête de gauche à droite. Je fronce les sourcils, inquiète à l'idée que son problème soit plus grave encore, et sens le regard interrogateur de chacun des membres de la bande posé sur nous.

Quand elle lève enfin les yeux vers moi, j'en ai le souffle coupé, tant ils sont remplis de tristesse, de culpabilité et surtout de peur. Sauf que ce n'est pas moi qu'elle regarde, mais quelque chose, ou plutôt quelqu'un, juste derrière.

- Jay, je... je...

Elle a la voix qui tremble, comme tout son corps que je porte désormais à bout de bras. Je la sens prête à éclater en sanglots à tout moment et je me tourne vers Jay à la recherche d'une explication, voire même d'une solution, mais ce dernier est visiblement aussi perdu et alarmé que moi. Il avance vers nous d'un pas prudent, sans se douter que dans quelques secondes il ne sera plus capable de faire le moindre geste supplémentaire.

Des larmes se mettent à couler sur les joues bronzées d'Andréa au moment où elle passe ses doigts frêles sur le bas de son tee-shirt à volants et commence à le soulever. Elle pose alors une main vernie sur son ventre nu et... arrondi.

- Je suis enceinte, Jay...

*****

Ne me détestez pas pour cette fin, mais si vous faites appel à vos souvenirs, vous me connaissez et vous savez que l'écriture est pour moi synonyme de suspens et de frustration. Même si je tenais à offrir une fin heureuse, à vous toutes et à mes personnages, je me devais quand même à moi-même de rompre le charme d'une quelconque façon. Et c'est à votre tour de faire travailler votre imagination, comme ça...

J'espère que ça vous aura fait plaisir de retrouver la bande une toute dernière fois. Merci pour tout et à bientôt peut-être, si l'un de mes rêves se réalise et que j'ai un jour une bonne nouvelle à vous annoncer, sait-on jamais.

Charleen,
XO
💋

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