Je m'approche de la bande qui ne forme plus un cercle par terre mais plusieurs clans debouts. Andréa et la plupart des autres sont morts de rire en me voyant arriver, Charlie paraît ennuyée pour moi, quant à Pénélope, elle m'observe avec dédain puis s'en va.

- Alors ça ma belle, t'aurais dû t'en douter, dit Jay en rigolant.

- Je t'avais prévenu de ne pas le défier, me rappelle Izzie.

Je ris face à leurs réactions. C'était évident qu'il se vengerait et j'aurais pu deviner que ce serait en pire.

- Il fallait que quelqu'un lui rappelle qu'elle ne peut pas s'en prendre à n'importe qui, déclare Simon au groupe après être apparu à côté de moi.

- Bien joué mec, le félicite Castiel avant de lui taper dans la main.

Simon part à l'intérieur pour aller mettre des vêtements secs, sûrement ceux de Jay, et je me tourne vers Izzie.

- Tu n'aurais pas des habits de rechange ici, par hasard ?

- Non, désolée. Mais ne t'en fais pas, toutes les conquêtes de Jay ont dues oublier assez de trucs pour constituer une tenue complète.

Nous nous mettons toutes les deux à ricaner. Ça ne m'étonne pas du tout et même si porter des fringues de filles en chaleur ne me tente pas forcément, je n'ai pas d'autres options.

***

Jay revient 5 minutes plus tard avec quelques bouts de tissus à la demande d'Izzie. Je regarde rapidement de quoi il s'agit, le remercie et part à la recherche d'une salle de bain.

J'essaie de me frayer un chemin entre les jeunes surexcités et monte les escaliers. Cette maison est grandiose, ce qui explique le nombre ahurissant de portes qu'il y a à l'étage.

La première sur la gauche s'avère être celle des toilettes, ils sont occupés par une fille qui, la tête dans la cuvette, vomit tous les verres alcoolisés qu'elle a dû ingurgiter. L'odeur âcre me donne un haut le cœur. La deuxième, quant à elle, est fermée à clé. J'ouvre une des pièces situées à ma droite mais il s'agit d'une chambre qui, Dieu soit loué, est vide. J'avance un peu plus loin dans le couloir pour atteindre la seconde poignée du côté droit et ce que je découvre en la poussant me laisse sans voix.

La quatrième porte s'ouvre sur une chambre occupée par un jeune homme torse nu me tournant le dos. Je ne la referme pas tout de suite car le tatouage de cette personne musclée me laisse bouche bée.

Une sublime créature occupe tout son dos, si bien que seulement quelques centimètres carrés de sa peau sont encore visibles. Ce dessin rouge, orange et jaune est exceptionnel. Il représente un oiseau, un aigle probablement, encerclé par des flammes. Ses plumes sont longues et fines, ses gigantesques ailes sont déployées et ses griffes sont acérées.

Je n'ai jamais vu de tatouage pareil. Il est unique. Le détenteur de cette oeuvre d'art enfile un tee shirt, m'empêchant de l'admirer plus longtemps. Il se retourne subitement et je reste ébahie en reconnaissant Simon.

Ce tatouage est le sien.

- La vue t'a plu ? me demande-t-il prétentieusement.

- Oui, fais-je sans réfléchir, le faisant arquer un sourcil.

- Je suis flatté, répond rapidement Simon.

- Enfin, non ! m'écrié-je en me rendant compte de ma gaffe.

- T'as pas l'air sûre. Alors, c'est oui ou c'est non ? insiste-t-il pour m'embarrasser davantage.

- C'est non, affirmé-je. Je veux dire, je n'ai pas...

- Bref, qu'est-ce que tu veux ?

Il me coupe, visiblement agacé par mon irruption dans la pièce. Je secoue la tête pour tenter d'oublier cette conversation gênante.

- Je cherche une salle de bain.

J'indique ma robe mouillée d'un signe de la main, et il sourit d'un air satisfait avant de reprendre la parole.

- Tu en trouveras une en ouvrant la dernière porte sur la gauche.

Sans même le remercier, je sors précipitamment de la chambre. Je ferme la porte derrière moi et m'y adosse pour réfléchir une minute.

Qu'est-ce qu'il m'a pris de lui répondre oui ? Je suis vraiment pas douée. Et puis son dos entièrement tatoué... Je ne m'en serais jamais doutée. Pour quelle raison s'est-il fait un tatouage aussi extraordinaire ? En tout cas, d'après ma conversation d'hier en cours avec Izzie, il tient à ce que les tatouages aient une signification. Mais alors, que représente celui ci ? Beaucoup trop de questions de ce genre se bousculent dans ma tête.

Je me redresse et me rend devant la porte que Simon m'a indiqué. Il s'agit effectivement de celle d'une salle de bain.

Je prends peur en voyant mon reflet dans le grand miroir. Mes cheveux sont trempés, emmêlés et me collent au visage. Je les essore rapidement et c'est dans ces moments là que je me sens chanceuse de les avoir lisses naturellement. Je me félicite de m'être maquillée comme à mon habitude, c'est à dire très peu, sinon tout aurait dégouliné. Je me déshabille mais je garde mes sous vêtements humides, la sensation est d'ailleurs très désagréable.

J'enfile ensuite la tenue que Jay m'a prêté. Il faut carrément que ce soit ma seule solution pour que je porte des choses pareilles. Il y a une mini jupe rouge très provocante et un débardeur noir plutôt étroit. Le décolleté en V met en valeur ma petite poitrine mais c'est bien trop osé à mon goût. Si mon père me voyait vêtue comme ça, je passerais un sale quart d'heure.

Une fois changée, je prends quelques minutes pour me préparer psychologiquement à redescendre. Moi qui ai l'habitude de passer inaperçue, je sens que dans un tel accoutrement, continuer ma soirée incognito va être compliqué.

Non sans recevoir des regards appuyés sur mon passage, je finis par retrouver Charlie en bas.

- Je n'aurais jamais cru te voir habillée comme ça un jour, m'avoue t-elle.

- Je n'avais vraiment pas le choix, soupiré-je.

- J'en connais une qui profite à fond de sa soirée, plaisante la rousse en me montrant la piste de danse d'un mouvement de tête.

Je regarde ce qu'elle m'indique et suis légèrement surprise en découvrant Andréa en train d'embrasser Jay près des enceintes, sans aucune retenu.

- Oui en effet, il y en a une qui ne perd pas de temps.

En plus, elle n'est même pas saoule puisque c'est elle qui nous ramène. A t-elle volontairement fait l'impasse sur le fait que Jay soit le pire des chauds lapins ?

- Bon aller, on va danser !

Charlie me tire de mes reproches silencieuses à ma meilleure amie en m'attrapant par le bras pour me conduire jusqu'au centre de la pièce.

La musique résonne dans mes oreilles pendant que je commence à me déhancher en compagnie de mon amie. Nous sautons partout comme des folles. Je ne me soucis pas du regard des autres et danse comme si je n'en aurais plus jamais l'occasion. Je me sens excessivement bien. Mes yeux tombent sur Pénélope en train de danser, ou plutôt de se trémousser devant Simon qui est adossé au mur, une bierre à la main pendant qu'il bavarde avec Castiel. Il ne prête pas attention à la poufiasse déchaînée devant lui et, inconsciemment, j'en souris.

***

Les chansons se succèdent et nous continuons de bouger avec toujours autant d'énergie. Andréa finit par nous rejoindre sur la piste de danse au bout d'un bon nombre de galoches. Il est aux alentours de 3h du matin quand nous décidons toutes les trois de partir.

Je me faufile entre les fêtards encore présents afin de trouver Izzie et de la remercier avant de m'en aller. Ce n'est qu'après peu de temps que je l'aperçois sur un canapé aux côtés de Jay, imbibé d'alcool, qui est étendu de tout son long sur la méridienne.

- Merci de nous avoir invitées, mes amies et moi.

Je me penche pour l'embrasser. Elle paraît incapable de se lever, étant saoule elle aussi.

- De rien. Plus on est de fou, plus on rit, comme on dit ! s'exclame t-elle. C'était sympa de passer ce début de soirée avec toi. T'as des airs de sainte nitouche mais t'es plutôt cool.

Elle me tappe l'omoplate en terminant sa phrase. Cette fille agit vraiment comme un mec et ça me fait rire. Je lui souris gentiment pour la remercier de son compliment et nous saluons ensuite Jay.

- J'espère que la fête vous a plu, mes jolies, articule-t-il, la bouche pateuse.

- Oui, c'était dément, lui répond Andréa.

Je la regarde suspicieusement car je suis étonnée de sa prise de parole soudaine et je remarque son attitude dragueuse. Elle n'en a pas eu suffisamment ? Cette fille n'est pas croyable !

Nous les laissons finalement là et nous dirigeons vers la sortie. Je récupère ma robe trempée que j'avais déposé sur un porte-manteaux en revenant de la salle de bain. Comme par hasard, en passant le seuil de la porte, nous croisons Simon qui rentre dans la demeure au même moment.

Il remarque ma présence et s'arrête au beau milieu de l'entrée, bloquant ainsi mon passage et m'empêchant d'avancer davantage. Il me regarde de bas en haut, allant de mes jambes casiment nues à mon visage embarrassé en passant par ma poitrine dénudée. Mon corps s'enflamme à cause de la manière osée avec laquelle il me reluque. Lorsque ses yeux finissent leur chemin et qu'ils rencontrent les miens, il se lèche les lèvres.

- T'es vachement sexy habillée comme ça. J'ai bien fait de te mettre à l'eau, me dit-il.

Mes joues rougissent instantanément à son commentaire déplacé et je déglutis difficilement. Aucun homme ne m'avait jamais parlé de la sorte.

- Ne rougis pas voyons. J'ai bien le droit de mater à mon tour, non ?

Je mets quelques secondes à comprendre qu'il fait allusion à l'épisode de la chambre. J'ai envie de lui crier que ce n'était que pour son tatouage et que je n'ai absolument pas "mater", ou du moins rien qu'un peu.

Malheureusement, sans que je ne puisse répliquer, il me contourne pour passer.

***

Dans la voiture, les discussions en tout genre vont bon train. Je ne participe que très peu à la conversation, encore irritée par l'attitude supérieure de Simon.

- Dis donc toi, c'était chaud dans la piscine, me lance Andréa.

Je tourne ma tête vers elle, interloquée par ce qu'elle vient de dire. Je vois un sourire malicieux sur son visage.

- Le beau Simon Menzer plaît à la jolie Éléanore Rhodes, apparemment.

- N'importe quoi, nié-je. Il m'a noyé je te rappelle. Je hais ce mec, et c'est réciproque d'ailleurs.

Même si je prononce cette phrase avec conviction, je ne le pense pas. Bien-sûr que Simon se conduit comme un abruti, et Dieu sait qu'il m'insuporte, mais je n'irais pas jusqu'à dire que je le déteste. En revanche, pour je ne sais quelle raison, lui il éprouve de la haine envers moi, c'est une certitude.

- Et puis tu n'es pas bien placée pour parler, toi qui a partagé ta salive avec le serial lover du lycée.

J'essaie tant bien que mal de me défendre quand je trouve la réponse parfaite. Je lui adresse un sourire en coin, et ses lèvres s'étirent en un immense sourire.

- Ce mec embrasse comme un Dieu, si tu savais !

Ça ne m'étonne pas, avec la pratique qu'il a. Je n'accepterai de refaire la bise à ma meilleure amie que lorsqu'elle se sera brossée les dents 10 fois.

- Je ne veux absolument pas savoir ! m'exclamé-je en faisant une mine de dégoût.

- Je ne suis pas la seule à avoir craqué sur quelqu'un ce soir. Elle marque une pause et regarde dans le rétroviseur central. Pas vrai, Charlie ?

Je me tourne pour pouvoir voir la rouquine qui est assise à l'arrière. La pauvre est rouge comme une tomate.

- Je ne vois pas du tout de quoi tu parles, Andréa.

- Avoue-le, continue-t-elle. Tu crois qu'on ne t'a pas vu regarder Castiel tout le temps ?

- Il est juste très intriguant, lâche Charlie avec un air détaché.

Afin de mettre un terme à sa honte, je décide de la rassurer hypocritement.

- D'accord, on va dire qu'on te croit.

***

Je regagne mon appartement avec satisfaction, épuisée par cette folle soirée. Aux côtés d'Andréa, je regarde dans chacune des pièces pour vérifier que mon père ne soit pas encore rentré, on ne sait jamais. Nous allons dans ma chambre après un rapide passage par la salle de bain, nous nous déshabillons de nos habits vulgaires, puis nous enfilons nos pyjamas confortables. Enfin, nous rejoignons mon lit. Je tombe aussitôt dans un sommeil profond, plein de souvenirs de ma courte immersion dans le monde des populaires.

*****

Ça y est, vous connaissez l'origine du titre de mon histoire. Ou plutôt, vous l'avez compris en lisant ce chapitre 🙌🏻

Du coup, quels sont vos avis à propos du tatouage, de sa symbolique, du surnom qui en ressort, etc ?

J'oubliais, certains de vos commentaires m'ont fait sourire sous la dernière partie. J'aime vous répondre, alors je vous remercie pour vos rapides retours à chaque publication !

Charleen,
XO
💋