Chapitre 67 • Une nuit à deux
- C'est exactement ce que représente mon tatouage : l'espoir. Celui que j'ai en mon futur parce que je vais renaître de mes cendres au cours de celui-ci. Je suis déjà en train de le faire au fil du temps, à l'instar de ma mère pour qui il en est de même de son côté, quelque part à l'autre bout du monde.
Je me retiens de lui parler du grand amour et du bonheur, les deux notions que celle qui l'a mis au monde a citées, quand il m'évite de me lancer dans un débat avec lui sur ce thème périlleux en se souvenant de mes paroles précédentes.
- Au fait, tu ne m'as forcé à rien. Si je n'avais pas ressenti l'envie de me confier à toi, je ne l'aurais pas fait. (Il hausse les épaules, comme pour dire : « tu sais comment je suis, à force ».) D'ailleurs, tu aurais pu m'harceler de questions depuis longtemps mais tu as attendu que je sois prêt pour aborder certains sujets, alors je te remercie pour ta patience. (Il me sourit, en essuyant la dernière larme séchant sur ma pommette avec son pouce.) Il en faut pour rester avec un gars comme moi.
- Je ne te contredirai pas là-dessus, affirmé-je en levant les yeux au ciel pour détendre l'atmosphère en le faisant rire, ce qui fonctionne. Si ça ne te dérange pas, j'en aurais une dernière, de question à te poser.
- Vas-y, je ne suis plus à ça près, répond-il d'un ton ironique comme je l'ai fait juste avant.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé, après ? lui demandé-je, étant quand même restée sur ma faim. Je veux dire... Comment a réagi ton père en apprenant qu'elle était partie ? Comment fais-tu pour subvenir à tes besoins sans recevoir d'argent de la part de tes parents ? À partir de quand es-tu allé vivre chez Jay ? Ce genre de détails importants, quoi.
- Ça fait beaucoup plus qu'une seule question, constate-t-il avec amusement en plissant les yeux. Dévasté, je suis allée me réfugier chez mon oncle et ma tante dès que j'ai fini de lire la lettre de ma mère, pour leur dire ce que j'avais sur le coeur depuis tant d'années, alors je ne sais pas quelle réaction a eu mon père quand il a compris qu'elle s'était enfuie. À vrai dire, je ne l'ai revu que pour des rendez-vous au sujet de mon émancipation après ça, ainsi que le jour où j'ai été récupéré mes affaires pour aller habiter chez Anne et John. C'est tout, et je ne lui ai pas adressé la parole une seule fois lors de ces rencontres. Il n'a pas entendu un unique mot qui lui était destiné sortir de ma bouche depuis ce fameux soir, parce qu'il ne mérite même pas que j'utilise mon énergie pour lui hurler dessus toutes les horreurs que je pense de sa personne. (Je ne pensais que Simon était capable d'un tel self-control mais je suis ravie de l'apprendre, l'ignorance est le meilleur des mépris, comme on dit.) En fait, je l'ai aussi vu pour l'enterrement de mon oncle. C'est là que j'ai su qu'il avait refait sa vie puisqu'il était au bras de la femme avec qui il trompait ma mère. Quel culot de se ramener avec elle en un jour pareil, comme si je n'étais pas déjà assez au fond du trou... Bref, malgré tout c'est encore lui qui subvient à mes besoins en me faisant un virement chaque mois, et même si j'ai hâte de pouvoir me démerder tout seul, je ne peux pas me permettre de cracher sur son argent pour l'instant. (Il hausse les épaules, comme s'il s'en voulait mais qu'il n'avait pas le choix.) Mon oncle m'a aussi laissé en héritage une belle somme d'argent, en plus de mon pickup d'ailleurs, mais je préfère ne pas y toucher pour le moment et la garder de côté pour plus tard.
Je suis étonnée que son père continue de lui donner des sous, mais on dirait qu'il n'a jamais été capable d'entretenir une relation avec son fils autrement, et que c'est sa façon de compenser. Ça me rappelle les rapports que Izzie partage avec ses parents, d'ailleurs. Quant à sa voiture, je comprends maintenant pourquoi il y tient autant.
- Pour ce qui est de mon amitié avec Jay, elle s'est construite naturellement. Je ne sais pas si tu es au courant, mais j'ai un an de plus que vous. Après tout ce qu'il s'est passé cet été là, je suis devenu exécrable avec la plupart des gens, la rentrée au lycée a donc été très dure pour moi. Mon comportement, qui n'était déjà pas celui d'un mec sympa au collège, s'est empiré pour faire de moi un vrai connard avec les élèves du lycée, au point de leur faire peur et qu'on me colle l'étiquette du bad boy populaire à la con qui me suit encore aujourd'hui. À cette époque, j'avais tellement de mal à remonter la pente que, comme si je le faisais exprès dans le but de parfaire ma panoplie de dur à cuire, je n'ai pas bossé un seul de mes cours de l'année. Résultat, j'ai été obligé de redoubler ma seconde pour être accepté en S, ce à quoi je tenais vraiment depuis que j'étais gamin. Izzie avait un an de moins alors ça m'a permis de me mettre sur un pied d'égalité avec elle niveau scolarité et par chance je me suis retrouvé dans la même classe qu'elle. C'est comme ça qu'on a connu Jay, puisqu'il était aussi en cours avec nous. Et tu ne vas jamais me croire si je te dis qu'on s'est rapprochés de lui parce que, comme il le fait avec toutes les filles qu'il rencontre, il s'est mis à la draguer.
Simon a un rictus au coin des lèvres en se remémorant ses premiers souvenirs avec Jay. Quant à moi, j'ouvre la bouche en grand, choquée d'apprendre que ce dernier a un jour jeté son dévolu sur celle qu'il traite comme un mec aujourd'hui, avant d'éclater de rire si fort que j'en ai vite mal au ventre.
- J'y crois pas ! m'exclamé-je, hallucinée mais surtout morte de rire. Ce mec est un phénomène.
- Il me désespère, soupire-t-il en secouant néanmoins la tête d'un air amusé. Elle n'était tellement pas réceptive à son charme que ça en était hilarant, même pour lui qui se prenait des vents si énormes qu'il en riait facilement. C'est comme ça que leur relation pleine de clash a commencé, et même s'ils s'insultent toujours h24 aujourd'hui, ils sont devenus inséparables depuis. Elle se tape même plus de délires avec lui qu'avec moi, c'est pour dire. (Il ne parait pas jaloux en disant ça, il s'agit juste d'un constat.) Après, je ne me rappelle pas vraiment de la façon dont on a créé des liens si particuliers. Ça a été très rapide, on s'est simplement mis à traîner ensemble à longueur de journée. Je me souviens juste qu'un soir on s'est posés tous les deux entre mecs dans un parc avec un pack de bières et qu'on s'est mis à parler de nos familles bancales. Il m'a alors proposé de vivre en collocation avec lui, étant donné que ses parents ne sont jamais là et qu'il ne supporte pas la solitude, à condition que je paye la bouffe et participe aux tâches ménagères. Une semaine plus tard, après qu'il en ait quand même parlé avec eux et moi avec mon oncle et ma tante, je me suis installé chez lui avec un extraordinaire sentiment d'indépendance.
- Vous vous êtes vraiment bien trouvés tous les quatre, avec Castiel quelques mois plus tard. (Toujours assise sur ses genoux, je cède enfin à l'envie de déposer un baiser sur sa bouche, si près de la mienne depuis tout à l'heure.) Je suis fière de toi. De la manière dont tu es parvenu à reprendre ta vie en main malgré les épreuves que tu as traversées, grâce à la bande ainsi qu'à ton oncle et ta tante. (Un bâillement m'échappe, ce qui me fait terminer ma prise de parole avec une drôle de voix.) Tu vas faire un très beau Phénix.
- Merci, dit-il avec sincérité en mettant mes cheveux en arrière, avant de lâcher un ricanement. Cette longue conversation a l'air de t'avoir épuisée, et pas qu'émotionnellement parlant. Tu as sommeil ?
Je hoche la tête, puis je suis le regard de Simon qui se pose sur le réveil placé sur ma table de nuit. Il est près de minuit, et nous avons tous les deux notre premier cours de la journée à 8h demain matin.
- D'accord. (Je me déplace pour me mettre sous la couette, et il en fait de même.) Il était temps de dormir de toute façon.
Je me penche pour éteindre ma lampe de chevet et, lorsque c'est fait, je sens les bras de mon petit ami qui enserrent ma taille. Il m'attire vers lui, collant son torse contre mon dos, et je me suis rarement sentie aussi détendue qu'à ce moment précis, m'apprêtant à passer ma première nuit dans le même lit que celui dont je suis éperdument amoureuse.
- Bonne nuit, Simon.
Un « je t'aime » me brûle la langue, mais je ne suis pas certaine que notre relation en soit déjà au stade des déclarations. Nous venons tout juste de passer celui des révélations, et je m'en contente avec joie pour le moment.
Il embrasse ma nuque, sur laquelle je sens la chaleur de son souffle quand il prononce les quelques mots qui sont la raison du sourire avec lequel je m'endors.
- À toi aussi, mon amour.
*****
Je sais que je publie en retard mais j'ai dû préparer mon départ pour 3 mois alors j'ai été un peu occupée, j'en suis désolée !
Ce chapitre permet de répondre aux questions qu'il pouvait vous rester, j'espère que tout est clair désormais.
Je suis en vacances depuis le 15 mai, j'ai du mal à réaliser. Ça fait partie des joies de la fac, aha. Et vous, des examens en cette fin d'année scolaire ?
Charleen,
XO
💋
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