Chapitre 65 • Belle vue

- Je commence à comprendre pourquoi tout le monde en fait tout un plat, lancé-je en fixant le plafond de ma chambre.

Allongée aux côtés de Simon, qui me laisse me remettre depuis quelques minutes déjà des émotions qu'il m'a procurées, je cherche à mettre des mots sur ces dernières. Mes efforts sont vains, étant donné qu'il est impossible de décrire ce que mon petit ami est capable de me faire ressentir.

- Des préliminaires, de l'orgasme ou du sexe en général ? me questionne-t-il dans un ricanement.

Une fois de plus, il se moque du fait que j'aborde ce sujet de manière évasive, ce qui me pousse à me cacher dans mes mains. Sans surprise, voir ma gène grimper en flèche accentue son rire.

- Tu sais ce qui me fait le plus marrer ? (Il tire sur mes poignets pour dégager mon visage, mais je résiste en secouant la tête.) Tu fais ta timide alors que j'avais ma langue entre tes jambes il n'y a même pas dix minutes de ça.

À peine a-t-il prononcé cette dernière phrase que j'enlève mes mains de mon visage pour lui flanquer une claque sur le bras.

- Tu crois vraiment que c'est en me sortant des trucs pareils que mon malaise va diminuer ? (Je roule des yeux quand un souvenir me revient en mémoire.) Quoi que, je ne devrais pas me plaindre car tu as utilisé le mot timide alors qu'avant tu me qualifiais de fille « coincée ».

Je mime les guillemets avec mes doigts, me rappelant avec amertume du fameux « pucelle coincée » qui m'avait tant rendue agressive avec lui à l'époque.

- Effectivement. (Couché sur un flanc, la tête posée sur un coude, il hausse les épaules.) Mais tu es actuellement dans le même lit que moi, complètement nue, alors je trouve que ce mot n'est plus du tout adapté à ton cas.

- Tu avais raison quand tu disais que tu étais en train de me dévergonder. (Je fronce les sourcils en m'enroulant dans la couette, tout à coup consciente de ma totale nudité.) Et si tu allais enfiler ton plus beau pyjama, celui que tu comptais demander à Jay de repasser ?

Je pourrais ainsi en profiter pour m'habiller de mon côté, parce que s'il reste en caleçon et moi en tenue d'Eve toute la nuit, je suis certaine qu'aucun de nous deux ne parviendrait à fermer l'œil.

- Rassure moi, tu avais compris que c'était du second degré ?

Il hausse les sourcils, faisant semblant de me poser une vraie question afin de rester le plus longtemps possible dans mon lit. Impatiente, je le chasse du matelas en le poussant avec mes bras mais aussi avec mes jambes, jusqu'à ce qu'il soit obligé de se mettre debout.

- Tu connais le nombre de filles qui tueraient pour m'avoir dans leur lit ? se plaint-il en se baissant pour ramasser ses vêtements par terre. Et toi tu oses me virer du tien comme ça ?

Je m'apprête à répliquer avec sarcasme lorsque Simon se redresse et que mes yeux se posent sur le tatouage qui recouvre l'intégralité de son dos. Même si je ne l'ai vu qu'une seule fois, lors de la première soirée que j'ai passé chez Jay, je me demande quand même comment j'ai pu l'oublier. Ses couleurs jaune, orange et rouge, m'avaient à l'époque laissée bouche bée, à l'instar de la taille de cette sorte d'oiseau entouré par les flammes.

- La vue te plaît toujours autant, on dirait.

Je délaisse la partie du corps tatouée de mon petit ami pour me concentrer sur son visage habillé par un sourire taquin au moment où il se retourne vers moi.

- Tu ne m'as jamais parlé de ton tatouage, remarqué-je avec une certaine désolation.

- Tu ne m'as jamais posé de questions dessus, rétorque-t-il en haussant les épaules. Et ce n'est pas un sujet que j'ai l'habitude d'aborder de mon plein gré.

Je suis sur le point de lui demander pour quelle raison, mais je parviens à retenir mes mots à la dernière seconde. Un jour, Izzie m'a dit que du point de vue de son meilleur ami un tatouage devait toujours avoir une signification, que c'est un acte trop important pour être fait simplement pour faire beau ou se donner un genre. J'en déduis donc que s'il n'évoque jamais le sien de lui-même, c'est pour éviter d'avoir à s'étaler sur les raisons qui l'ont poussé à le faire.

- Tu n'as qu'à aller te changer dans le salon où se trouve encore ton sac pendant que moi je fais de même ici, après quoi je te ferai subir un interrogatoire là-dessus. (Je lui souris, enthousiaste à l'idée d'assouvir ma curiosité.) Tu es d'accord ?

- Je pourrais tout aussi bien répondre à tes questions si nous étions entièrement nus, lance-t-il en avançant vers la porte d'un air désabusé. Mais cette situation serait trop tentante pour toi, alors je vais m'habiller.

Sur ces mots, son fessier moulé dans un boxer Calvin Klein disparaît de ma vue. Je me marre avant de lui crier à travers l'appartement que c'est plutôt pour lui que la situation serait trop tentante, et que c'est justement pour ça que je préfère qu'il y ait une barrière de tissus qui nous sépare.

Toujours nue, je me dépêche de me diriger vers mon armoire en ramassant mes habits restés sur le sol au passage. Je termine à peine d'enfiler un simple legging noir ainsi qu'un débardeur rouge sélectionné au hasard lorsque la voix de Simon se fait entendre juste derrière la porte de ma chambre.

- Est-ce que tu tiens aussi à ce que je toque avant d'entrer alors que je te balançais sur ton lit il y a environ une heure ? (Je lui ouvre en penchant la tête sur le côté, perplexe face à son énième plaisanterie.) Je ne faisais que demander vu que les trucs illogiques ça a l'air de te connaître.

Il se défend en levant ses mains devant lui, ce qui me fait une fois de plus rouler des yeux. Ensuite, il me passe devant pour aller se mettre directement sous ma couette, maintenant vêtu d'un jogging gris et d'un tee-shirt blanc.

Je dois admettre qu'en voyant Simon allongé dans mon lit, en train d'attendre patiemment que je le rejoigne, une part de moi a une puissante envie de lui sauter dessus pour lui faire un énorme câlin et ne plus le lâcher jusqu'à demain matin. De plus, je suis sûre qu'il ne se plaindrait pas le moins du monde si je le faisais, mais pour l'heure ma curiosité prend le dessus.

- À quel âge t'es-tu fait faire ton tatouage ?
commencé-je en me dirigeant vers le matelas.

Je m'assoie en tailleur face à lui, l'obligeant à en faire de même pour me laisser de la place, ce qui lui fait pousser un léger soupir. J'ai hésité à lui demander si c'était le seul qu'il avait mais, à moins qu'il en ai d'autres sur les fesses, ce qui est peu probable, je les aurais remarqués tout à l'heure.

- Un peu plus de 16 ans, dit-il en s'adossant à la tête de lit. Il faut avoir une autorisation parentale pour se faire tatouer quand on est mineur, c'est pour ça que je l'ai fait un mois après que ma demande d'émancipation ait été acceptée.

J'ai fait quelques recherches sur internet à propos de l'émancipation lorsque j'ai appris que Simon y avait eu recours. Grâce à ça, un adolescent pourtant mineur n'est plus considéré comme tel aux yeux de la loi, mais comme un adulte à part entière. Cependant, les circonstances doivent être atténuantes pour qu'elle soit accordée par la justice, puisqu'il s'agit quand même d'ôter toute autorité des parents sur leur enfant.

- Il a un rapport avec ça ? le questionné-je. Avec tes parents, plus précisément ?

- Oui, se contente-t-il de répondre en serrant légèrement les dents. Tu ne commences pas par me demander si j'ai eu mal, combien de séances il m'a fallut ou je ne sais pas... simplement ce qu'il représente ?

Il termine de parler dans un rire, mais ce dernier sonne faux. Je suis consciente que Simon tente de changer de sujet, ou du moins d'esquiver les questions les plus personnelles, et je n'ai pas envie de l'agacer en remuant le couteau dans une plaie dont je ne connais absolument pas l'étendue, mais j'ai besoin de savoir certaines choses sur lui, d'apprendre à le connaître plus en profondeur, alors je prends le risque de poursuivre sur ma lancée, en ajustant néanmoins le ton de la conversation au départ.

- Si, dis-moi ce que c'est. (Je visualise à nouveau le dessin dans ma tête, notant avec soin ses détails.) Il s'agit d'une espèce d'oiseau, je me trompe ? Il a un bec pointu, de longues griffes, des ailes immenses. Une créature surnaturelle, peut-être, étant donné qu'il est encerclé par des flammes ?

La moue qui habille mon visage tandis que je suis en train de lui faire part de mes hypothèses semble amuser mon copain. Il affiche un sourire qui dévoile carrément ses dents, ce qui m'ennuie un peu car j'en conclus que je n'y suis pas du tout malgré l'effort fourni.

- Qu'est-ce qu'il y a ? (Je souffle bruyamment parce qu'il continue de se marrer.) Arrête, je ne peux pas être à ce point à côté de la plaque.

- Non, tu as presque vu totalement juste, en fait. (Il se reprend mais un rictus subsiste au coin de sa bouche.) Je trouve ça drôle que le nom exact de cette « créature surnaturelle » qui ressemble à un « oiseau » ne te soit pas venu à l'esprit, c'est tout.

Il mime les guillemets en reprenant mes mots, puis il hausse les épaules. Je m'apprête à le secouer pour qu'il lâche enfin le morceau sauf que, tout à coup, une ampoule s'allume au dessus de ma tête, ce qu'elle aurait dû faire il y a déjà bien longtemps.

- Je sais ! m'exclamé-je, fière de moi. Il s'agit d'un Phénix, n'est-ce pas ?

*****

Je sais que beaucoup d'entre vous attendaient ce moment avec impatiente, celui où les personnages parlent enfin du tatouage duquel est tiré le titre de l'histoire !

Comme d'habitude, n'hésitez pas à me laisser vos avis sur le chapitre. Ils sont mignons nos amoureux dans ce dernier, quand même.

Au fait, que pensez-vous que le Phénix tatoué dans le dos de Simon signifie ?

Charleen,
XO
💋

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