Chapitre 56 • Premiers moments
Il doit être près de 11h30 quand Simon gare son pick up devant la maison de Jay, où il habite aussi. Comme mentionné dans son programme, nous avons fait un détour par le McDo de notre ville afin de commander des repas très gras à emporter. Pendant que la bonne odeur qui émanait des sachets en papier marron se répandait dans l'habitacle, nous donnant l'eau à la bouche, je lui ai raconté en détails ce qu'il s'était passé à la récréation. Il était tout aussi fou de rage que moi à l'idée que ce soit Pénélope qui ait révélé à Izzie notre relation, surtout que nous étions sur le point de nous en charger, en faisant passer ça pour une trahison de notre part. Bien que j'ai insisté pour l'accompagner, il a décidé de rejoindre sa meilleure amie devant le lycée à la fin des cours après m'avoir ramenée chez moi dans le but de mettre les choses au clair entre eux.
En attendant 16h, nous allons donc passer la journée dans l'immense demeure dont Simon est en train de sortir la clé de sa poche. Dès qu'il ouvre la porte d'entrée, je m'engouffre à l'intérieur pour échapper au froid. Nous enlevons nos chaussures ainsi que nos manteaux puis, notre déjeuner à la main, je traverse le somptueux salon en direction de la cuisine, où je le dépose sur le comptoir. Je suis déjà venue une fois ici quand une fête ne battait pas son plein, mais ça me fait toujours bizarre de voir tous ces mètres carrés inoccupés par des jeunes surexcités. En tout cas, je ne me plaindrais pas de ce calme retrouvé, notamment après le bout de matinée que je viens de vivre.
- Les frites ont dû refroidir, supposé-je en m'installant sur l'une des chaises hautes.
Je sors mes nuggets, son hamburger, nos boissons et les frites que j'ai citées du sachet, tandis que Simon met le sunday que j'ai pris au frigo. Je souris toute seule face à cette scène de la vie quotidienne que j'ai la chance de partager avec lui en tant que petite copine. J'ai encore du mal à croire que je le suis, en même temps cela fait moins d'une heure.
- Au pire on les fera réchauffer au micro-ondes, élude-t-il avant de venir se poser sur le tabouret en face de moi. Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça ?
Ma joie soudaine lui étire les lèvres, faisant écho à ma propre expression. Je récupère les serviettes et les sauces que j'avais oublié d'enlever du sac dans ma précipitation avant de lui répondre.
- Rien de plus que le bon McDo qui va remplir mon estomac. (Je mens en croquant dans un nugget que j'ai enduit de beaucoup de sauce.) Merci d'avoir payé ma commande, au fait.
J'aurais préféré m'en charger mais je n'avais que quelques pièces dans mon porte-monnaie. De toute façon, je suis certaine qu'il aurait insisté pour régler l'addition même si j'avais eu assez de sous.
- De rien. (Il m'adresse un sourire des plus charmeurs face auquel je fonds complètement.) Je suppose que c'est l'un des rôles que doit jouer un petit ami.
Curieux, il se penche pour voir le petit récipient qui contient la sauce orangée dont je raffole. Alors qu'il s'apprête à me piquer un nugget pour la goûter avec, je lui réponds qu'il s'agit de sauce chinoise avant de m'en saisir pour l'éloigner de lui.
- Disons plutôt que tous les moyens sont bons quand on essaye d'allonger une fille, le taquiné-je en réponse à sa phrase de mec bien.
- Comme si j'avais besoin de ça !
J'explose de rire avant de lui jeter la frite que je venais d'attraper à la figure. Le pire c'est qu'il n'a même pas tort, sa prétention est donc légitime.
- Parfois je me demande si tu t'entends parler, lui avoué-je dans un ricanement.
- Je suis souvent trop occupé à t'admirer pour m'écouter parler.
Mes joues rougissent instantanément suite à son commentaire, d'autant plus que son air est sérieux. Intimidée par le changement d'atmosphère dans la pièce en quelques secondes, je n'ose plus rien dire, me contentant de finir mon repas en silence. Il fait de même, savourant son hamburger aux deux steaks hachées jusqu'à la dernière bouchée, puis nous fourrons tous les emballages de nourriture désormais vides dans le grand sac marron. Avant de monter dans sa chambre, respectant ainsi le déroulement de son plan, je pense à récupérer mon dessert dans le réfrigérateur. Je le suis ensuite à l'étage où il avait pour une fois laissé sa porte ouverte, ne craignant pas qu'un ado ivre mort n'entre par inadvertance.
- Le luxe de cette maison me coupera toujours le souffle, lancé-je en allant m'asseoir en tailleur au pied du lit. Ils font quoi comme métiers, les parents de Jay ?
Simon s'attèle à sortir ses affaires de cours de son cartable afin de les ranger dans le bureau. À première vue, l'intérieur de celui-ci semble aussi en bordel que le dessus.
- Son père est un ambassadeur français au Congo et sa mère est issue d'une des familles les plus importantes de ce pays. Elle dirige une entreprise de pétrole ou un truc du style.
Voilà qui explique la richesse du métisse. Je suis tentée de poser plus de questions au sujet de Jay, comme la raison pour laquelle il ne vit pas avec eux là-bas, mais ça ne me regarde pas. Du coup je ne fais que hocher la tête entre deux cuillerées de mon sunday quand je réalise que, le nez dans ses étagères, Simon ne peut pas me voir.
- Intéressant, commenté-je. Est-ce qu'ils savent que tu habites avec leur fils, chez eux ?
Comme il en a terminé avec son rangement, il se lève en arquant un sourcil dans ma direction. Il n'apprécie peut-être pas que j'insinue qu'il n'est pas chez lui mais, quoi qu'il en soit, il ne m'en tient pas rigueur.
- Évidemment. (D'un coup, il retire son pull. Bien qu'il porte un tee shirt en-dessous, je me retrouve tout de même troublée.) Figure-toi que je m'entends très bien avec ses parents. J'imagine qu'ils me sont reconnaissants de tenir compagnie à Jay.
Il hausse les épaules avant de balancer son vêtement sur la chaise qui en est déjà recouverte de plusieurs couches. Simon file ensuite se glisser sous la couette, d'où il allume l'écran géant de sa télévision. Je me tourne vers lui pour l'observer zapper avec la télécommande, les chaînes défilant maintenant dans mon dos
- Tu as beaucoup de chance. Grâce à sa famille, tu profites de nombreux avantages.
Je racle le plastique de ma glace dont le fond est encore plein de chocolat lorsque le nom d'Elliot me vient en tête, et par conséquent ce qu'il s'est passé entre lui et l'homme en face de moi hier soir aussi.
- On s'est réconciliés sans même avoir eu une explication sur le sujet de notre dispute, lancé-je en allant jeter mon sunday à la poubelle.
Quand je reviens vers le lit, je soulève la couette à mon tour pour m'asseoir à côté de lui, que mes paroles ont fait se redresser sur ses oreillers.
- Qu'est-ce que tu veux que je te dises à propos de ça ? soupire-t-il, déjà agacé. Je suis sorti de cours en ayant passé un après-midi de merde à cause du pétage de câble qu'avait eu Pénélope le midi. Et la première chose que j'ai vu, c'est toi en compagnie de ce mec.
Bien que le fait que Simon n'était pas dans son assiette n'excuse pas son intervention dans ma discussion, ça le justifie. Par contre, je reste convaincue qu'il est allé trop loin dans ses insinuations.
- À la limite, je comprends ce que tu as fait, à savoir nous rejoindre, mais pas ce que tu as dit. (Je le regarde dans les yeux.) C'était de la provocation, un défaut qui risque de vite m'insupporter.
- On est ensemble depuis même pas 24h et tu me menaces déjà de me quitter ? (Il rit, mais amèrement.) Tu m'as dit chérir mes qualités et accepter mes défauts, pourtant. C'était ici, dans ce même lit.
Le regard qu'il m'adresse est indéchiffrable. Simon n'est pas juste en répétant les mots que j'ai prononcé au cours de la fête pour s'en servir contre moi. Je souffle bruyamment, ce qui le force à poursuivre.
- Ma jalousie a pris le dessus. C'était plus fort que moi, il fallait que j'intervienne. (Il marque une pause.) Pardonne-moi si tu en as été mal à l'aise. Je m'engage à ne plus le faire de façon aussi brutale.
Il hésite avant de sortir le dernier adjectif, qui est en fin de compte choisi à la perfection. Dans les moments comme ceux-là, je me rends compte d'à quel point il fait des efforts pour moi. Ça peut sembler insignifiant, mais s'excuser est rare pour Simon.
- Tu n'as aucune raison d'être jaloux de qui que ce soit. Je me fiche des autres, il n'y a que toi que je veux et ça tombe à pique vu que c'est toi que j'ai.
Je lui souris, et c'est un geste qu'il me rend. Le brun ne parle pas, mais avance la main pour repousser une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Néanmoins, il ne retire pas ses doigts une fois que c'est fait, à la place de quoi il approche mon visage du sien.
- Oui, tu m'as Éla. (Ses lèvres effleurent les miennes.) Il y a une place pour toi dans mon coeur que personne n'a jamais eue.
Sa bouche est douce quand elle se pose contre la mienne, avant de l'embrasser avec une tendresse que je ne lui connaissais pas. Nos précédents baisers étaient sauvages, échangés dans l'urgence. Bien qu'il soit tout aussi passionné, celui que nous nous faisons maintenant, le premier en tant que couple, est différent. Il contient les déclarations d'amour que nous ne nous sommes jamais faites, sûrement car les plus belles sont celles que l'on garde pour soi.
- Si seulement tu pouvais entendre tous les mots que je ne suis pas encore prête à te dire, murmuré-je contre sa bouche.
Je ne sais pas quand je le serai, ni si lui le sera un jour, mais j'attends ce moment avec grande impatience. Il glisse une de ses mains sur mon corps, un passage suite auquel je m'allonge dans le lit sans m'en rendre compte. L'humidité se joint à nos lèvres pendant que nos langues se cherchent, se trouvent, puis s'enlacent dans une danse aussi lente qu'excitante. Il place sa main dans l'une des poches arrières de mon jean afin de me rapprocher de lui, jusqu'à ce que nos poitrines se touchent. Le moindre de ses gestes sur ma peau engendre une sensation incroyable.
- Quand je t'embrasse, c'est tout ton corps qui tremble, remarque-t-il en décollant nos lèvres. Tu n'as pas besoin de me les dire, il s'en charge à ta place.
Tandis que je passe les bras autour de son cou, il ouvre ses paupières lourdes du désir qu'il ressent pour moi, dévoilant un regard qui me donne encore plus chaud que ce n'est déjà le cas. Haletante, je vois dans ses yeux ce que sa bouche ne m'a jamais dit non plus. Sans doute car il y a en lui autant de choses qu'il pense mais qu'il ne dit pas que de choses qu'il dit mais qu'il ne pense pas.
*****
Comme j'ai été très malade, je n'ai pas pu poster le chapitre avant alors désolée pour ce retard de quelques jours.
Étant donné que vous étiez très divisées sur la dernière dispute de Éla et Simon, je prie pour que tout le monde soit satisfait par cette réconciliation...
Au vu de la fin de la partie, vous devinez sûrement ce qui se passe dans le prochain. Avez-vous des idées sur les événements, ou plutôt que voulez-vous lire ?
En tout cas, j'espère que la rentrée n'a pas été trop dure. Au fait, je vous souhaite à toutes une excellente année 2018 !
Charleen,
XO
💋
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