Chapitre 55 • La bombe a explosé (Partie 1/2)

J'ai carrément hésité à appeler cette partie « Best chapter ever ». Oui, je suis à ce point impatiente que vous la lisiez tant j'en suis satisfaite 🙊

*****

Cela fait maintenant plus d'une heure et demi que mon professeur d'histoire débite son cours, pourtant je n'ai pris en note qu'une dizaine de lignes sur mon cahier. Perdue dans mes pensées depuis le début de la leçon, je n'écoute absolument pas ce qu'il raconte à propos du 18ème siècle. Mon coude sur la table et la joue dans ma paume, je retiens ma tête qui devient de plus en plus lourde à cause de la fatigue.

Incapable de trouver le sommeil suite à ce qu'il s'était passé à la sortie du lycée avec Simon et Elliot, je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Je n'ai cessé de me tourner et de me retourner dans mon lit tout au long de celle-ci, sans parvenir à mettre mon cerveau en veille assez longtemps pour rejoindre les bras de Morphée.

Je trouve ça absurde de faire la gueule à Simon maintenant, alors que tout est rentré dans l'ordre. Nous avons tous les deux remplis la condition que l'autre avait posée, ce qui signifie que nous pouvons enfin révéler à tous nos proches que nous voulons être ensemble, officialisant ainsi notre couple. Nous serions les plus heureux de monde à l'heure qu'il est si hier il ne s'était pas comporté de cette façon, perdant son sang-froid au profit de l'impulsivité.

Il n'a même pas essayé de me retenir quand je suis partie, et il ne m'a pas non plus envoyé de texto dans la soirée pour s'excuser de son attitude. Le pire, c'est que son absence de réaction n'est pas due au fait qu'il se fiche que nous nous soyons engueulés, mais qu'il est persuadé de n'avoir rien fait de mal, donc de ne pas avoir à se faire pardonner quoi que ce soit.

Je suis complètement perdue, à tel point que je ne sais absolument pas quelle décision prendre. D'un côté, j'ai envie de passer l'éponge aujourd'hui pour m'afficher à son bras dès demain. Mais de l'autre, je tiens à marquer le coup pour qu'il ne se croit pas tout permis avec moi dans l'avenir. Voici le dilemme dont je désespère de sortir depuis des heures.

Le fil de mes pensées est interrompu par la sonnerie qui annonce la récréation. Je range mes affaires à la hâte dans mon cartable, pressée de sortir de la salle où je n'ai fait que me torturer l'esprit pendant deux longues heures. J'ai besoin de me changer les idées, et il n'y a rien de mieux que les chocolats chauds proposés par la machine de la cafétéria pour y arriver.

- Est-ce que je pourrais faire une photocopie des notes que tu as prises ? demandé-je à Charlie en quittant le cours. Je n'en ai pris quasiment aucune.

- Bien sur, accepte-t-elle. J'ai vu que tu avais la tête dans les nuages tout au long de la leçon. Tu as envie de parler de ce qui te tracasse ?

Tandis que nous nous frayons un passage au milieu des couloirs bondés de lycéens, j'ai un instant d'hésitation. Cela faisait des semaines que je n'envisageais plus la possibilité de répondre avec honnêteté à la rouquine quand elle me posait des questions de ce genre, ayant de toute évidence pris la mauvaise habitude de mentir. Pour la première fois depuis ce qui me semble être une éternité, je suis tentée de me montrer franche avec elle.

- Ces derniers temps, j'ai l'impression que tu gardes plein de choses pour toi, continue mon amie pendant qu'elle marche à mes côtés. Je ne sais pas si ça a un rapport avec Andréa ou pas mais saches que je suis là pour toi. Je te soutiendrais quels que soient les problèmes que tu rencontres en ce moment.

Je pousse un soupir après avoir lancé un regard en coin à Charlie, touchée par le fait qu'elle s'inquiète pour moi, mais surtout rongée par la culpabilité. Castiel m'avait dit qu'elle se doutait que quelque chose dont je ne souhaitais pas parler me prenait la tête, mais qu'elle pensait que c'était lié à Andréa. J'en ai assez de mentir et de culpabiliser, je crois que le moment est venu de tout lui révéler. De toute façon, ce n'est qu'une question de temps avant que je ne me mette avec Simon. Étant plus que lucide à ce sujet, je sais déjà que je ne réussirais à lui faire la tête que quelques jours et la rousse pourrait même m'aider à décider combien.

- C'est vrai, il y a bien un truc dont je me retiens de te parler depuis longtemps. (Je le lui confesse lorsque nous arrivons dans le hall, où se trouvent les portes de la cafétéria.) Je ne sais pas du tout par où commencer. Tu risques d'être surprise et de m'en vouloir d'avoir garder le secret pendant autant de temps. Alors voila, Simon et moi...

- Hé, toi ! hurle une voix aiguë qui m'est familière, interrompant mes aveux.

Je détache aussitôt mon regard de Charlie pour relever la tête en direction de la personne à qui elle appartient. La marée d'étudiants qui traversent l'immense couloir s'écarte pour offrir un passage à Pénélope Parks. Perchée sur ses hauts talons, elle avance vers moi à grandes enjambées, d'un pas déterminé qu'Andréa suit avec difficulté.

- Ouais, c'est bien à toi que je parle ! confirme-t-elle en pointant vers moi son index manucuré.

J'avais déjà remarqué la colère dans sa manière de se déplacer, mais ce n'est qu'à l'instant où elle s'arrête en face de moi que je constate la fureur dont sont remplis ses yeux. C'est là que je réalise ce qu'il va se passer. Elle s'apprête à venger son égo malmené en me réduisant en cendres en plein milieu du hall de La Sidoine, où une centaine d'élèves est entassée à l'heure de la recréation. Mon monde est tout bonnement sur le point de s'écrouler.

- Pour qui est-ce que tu te prends ? me questionne-t-elle, furieuse. Tu brises des couples et tu penses t'en sortir sans représailles ?

Je suis totalement prise au dépourvu. Alors que je venais tout juste de me décider à avouer toute la vérité à mon amie, cette dernière va l'apprendre de l'une des pires façons qui soient, de la bouche de quelqu'un d'autre. Je redoute par dessus tout le fait qu'elle ne soit pas la seule, et que tous les membres de la bande assistent à la scène, vu l'ampleur de l'esclandre qui est en train de démarrer.

- Qu'est-ce qu'il y a, tu as perdu ta langue ? poursuit-elle face à mon silence. Pourtant tu en avais bien une quand tu la fourrais dans la gorge de mon mec !

Le nombre de paires d'yeux qui sont braquées sur moi est incalculable. À chaque seconde qui passe, j'ai l'impression que des lycéens apparaissent par dizaine, venant s'ajouter à la masse déjà conséquente de spectateurs.

- Éla, tu peux m'expliquer ce qu'elle raconte ?

Abasourdie, la rouquine se met sur la pointe des pieds pour me chuchoter sa question à l'oreille. Elle est dans l'incompréhension la plus totale, mais je ne lui donne pas de réponse pour autant. Charlie, ainsi que toutes les personnes suivant des cours dans l'établissement, auront les détails de l'histoire au fil de la conversation.

- Simon et toi n'êtes jamais sortis ensemble, fais-je en sortant de ma paralysie. Ne fais pas ta victime en t'inventant un passé en commun avec lui. La seule chose que vous avez partagée, c'est des parties de jambes en l'air.

- Parce que tu crois qu'avec toi il a envie de plus que ça ? me demande-t-elle avec hauteur. Il veut juste dépuceler ton corps de vierge effarouchée pour la nouveauté que représente cette expérience. Une fois que ce sera fait, il reviendra vers moi pour me supplier de lui faire oublier ta maladresse.

Je serre les poings, sentant la colère monter en moi jusqu'à dépasser le niveau de la sienne. Je ne devrais pas laisser ses paroles remplies de haine m'atteindre, pourtant elles le font.

- Je laisserai le temps te prouver que tu te trompes. (La mâchoire contractée, je ne rends pas les armes.) Maintenant, va te trouver une autre pompe à sperme.

Je ne prête pas attention aux réactions des étudiants qui imitent celle de Pénélope, bouche bée. Au contraire, je fais volte-face afin de mettre un terme au spectacle, mais je n'ai pas fait un pas que l'on me tire avec brutalité par les cheveux pour me faire tomber en arrière. Sans avoir le temps de me rendre compte de ce qu'il m'arrive, je percute la fraîcheur des grandes dalles en carrelage du hall.

- T'es malade ! s'écrie tout à coup Andréa à l'intention de Pénélope.

Elle se précipite vers moi pour me demander si ça va, inquiète. Je hoche la tête pour toute réponse, soulagée de ne pas avoir fait une mauvaise chute, mais tout de même sonnée par la violence du choc. Accroupie, elle me tend une main pour m'aider à me relever.

- Pour une fois, tu m'arrives à la cheville, déclare celle qui m'a fait tomber à la renverse en me jetant un regard plein de mépris.

- C'est quoi ce bor... commence une voix derrière moi, que je reconnais être celle d'Izzie. Oh mon Dieu !

Une fraction de seconde plus tard, le bras d'Andréa qui me soutenait par la taille est remplacé par le sien tandis qu'elle lui balance un vague « Laisse moi faire, dégage de là ». Dès que je suis remise sur pieds, je souris malgré tout à la brune pour la remercier de son aide, étant donné qu'à l'instant où elle a couru vers moi, Pénélope lui a tourné le dos.

- Qu'est-ce qu'il t'a pris ? la questionne Izzie, stupéfaite.

- Tu ne vas pas me faire croire que toi tu n'étais pas au courant. (Pénélope commence par lever les yeux au ciel, mais face au froncement de sourcils d'Izzie, elle se met à rayonner.) C'est impossible ! Alors comme ça, ton meilleur ami et ta petite protégée t'ont caché qu'ils étaient sur le point de se mettre en couple ?

- Hein ? (Les yeux d'Izzie se tournent vers moi, puis ils reviennent sur elle.) C'est n'importe quoi. Pourquoi tu crois de telles conneries ?

Ahurie, elle parle avec les mains, comme si les accusations qui venaient d'être faites étaient totalement absurdes. Quand je réalise qu'elle est vraiment loin d'imaginer ce qu'il se passe entre Simon et moi, mon cœur se serre douloureusement dans ma poitrine. Que ce soit Pénélope qui lui révèle la vérité ne fait qu'augmenter la haine que j'éprouvais déjà pour elle.

- Je n'invente rien ! se défend Pénélope alors que le cercle de personnes qui nous entourent ne fait que croître. Demande lui, vas-y.

La fille aux cheveux gris finit par céder devant tant d'insistance. Elle s'oriente vers moi en poussant un soupir, désabusée. Sauf qu'à l'instant où son regard atteint mon visage, ce n'est plus du tout la même expression qui habille ses traits. Dès que Izzie remarque mes yeux embués de larmes, elle se décompose.

- Donc elle a raison ? conclut-elle, prise de court. Mais je... Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ?

Elle me pose toutes ces questions à la suite, l'intensité de sa voix s'élevant à chacune d'elles. Izzie ne comprend strictement rien, je le vois à sa mine hébétée qui me fait l'effet d'un coup dans l'estomac. J'ai tellement de peine pour celle qui doit se sentir trahie par deux de ses plus proches amis.

- Je suis profondément désolée, articulé-je malgré le noeud que j'ai dans la gorge. On allait vous en parler. Je te promets qu'on comptait le faire dans la semaine.

Charlie n'a pas bougé depuis tout à l'heure, comme si elle était paralysée par les révélations de Pénélope. Quant à Izzie, elle ne cesse de secouer la tête, tentant avec désespoir de recoller les pièces du puzzle. Je lui présente des excuses, bien que je me rende compte de leur inutilité. Mes justifications, elles aussi, sont vaines.

- Tu as eu plein d'occasions de le faire, me répond-elle d'un ton douloureux. Je me rappelle que dimanche soir, on a émis l'hypothèse que Simon entame une relation. Dans ma voiture, tu m'as posé des questions sur lui, à propos de ma réaction s'il se posait avec une fille. (Elle marque une pause.) Alors qu'en fait, la fille en question, c'était toi.

La manière dont ses yeux bleus m'observent, comme si elle avait le sentiment que je l'avais mener en bateau, me donne envie de pleurer. Même dans les pires scénarios que mon imagination avait faits, jamais l'aveu de ma relation avec Simon s'était déroulé de manière aussi terrible.

- Elle se joue de toi depuis le début ! gueule mon ennemie jurée. Elle ne s'est rapprochée de toi que pour mettre le grappin sur Simon ! Elle avait tout calculer !

- Mais ferme-la, bordel ! hurlé-je encore plus fort qu'elle. Je n'avais absolument rien prévu ! (Je me tourne vers Izzie, la suppliant de me croire.) Ce sont des mensonges. Mon amitié pour toi a toujours été sincère.

Une larme roule sur ma joue au moment où je termine de parler. Il est hors de question que de telles théories lui soient mises en tête. Je ne supporterais pas qu'elle pense que je me suis servie d'elle. Izzie compte énormément pour moi, presque autant que son meilleur ami.

- Je... commence-t-elle avant de s'interrompre. J'ai besoin de temps pour réfléchir.

Elle me lance un dernier regard, me parcourant de haut en bas avec déception. Après quoi, elle baisse la tête vers le sol, récupère son cartable à terre, et disparaît en se faufilant au milieu de la foule.

*****

Vous l'avez vu dans le titre, le chapitre est en deux parties. La deuxième est la suite de l'esclandre, et elle comporte l'arrivée de Simon. Pour ne pas vous faire attendre une semaine alors qu'elle est plutôt courte, je la publierai à 200 votes. Ça peut être demain si vous êtes réactifs, alors à vous de jouer 😉

C'est un moment clé de l'histoire, sans aucun doute l'un des plus importants, celui où tout le monde est mis au courant de la relation qu'entretiennent les personnages principaux. Êtes-vous énervées contre Pénélope pour l'avoir annoncé à leur place ? Et comprenez vous la réaction d'Izzie ?

Si jamais il n'y a pas les 200 votes d'ici dimanche soir, je vous souhaite une très belle année 2018. Pour ma part, vous avez égayé celle qui se termine. Merci pour ça !

Charleen,
XO
💋

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top