Chapitre 44 • En couple ?

- D'ailleurs, on a fait tout ça pour quoi, au final ?

J'ai envie qu'il me dise que tout ça n'était rien d'autre qu'une façon de prouver à l'autre ses sentiments, mais aussi et surtout de se les avouer à soi-même.

Malheureusement, la vie ne nous donne pas toujours ce que l'on désire.

- "Au final" ? répète-t-il. C'est-à-dire ?

Il se contente de froncer les sourcils, ce qui me fait lever les yeux au ciel. On dirait que lui non plus, il n'est pas aussi futé que je le croyais.

- Rien, fais-je en me détachant de lui à la hâte. Rien du tout.

Je refuse de dire à voix haute ce à quoi je pensais car, au vu de sa réaction, il paraît évident que je me trompais sur toute la ligne. Sans le vouloir, j'ai donné sa réponse à lui. Rien du tout, c'est bien ça qu'il voyait à la fin.

- Tu vas où comme ça ?

Je n'ai pas le temps de faire un pas en arrière qu'il m'a déjà saisie par la taille. Je me retrouve serrée contre son torse, ses expirations s'abattant sur mes joues et son parfum s'insinuant dans mes narines.

- Laisse-moi partir, dis-je d'une toute petite voix. S'il te plaît.

Puisqu'il ne répond pas et qu'il ne me lâche pas non plus, j'essaie à nouveau de m'en aller. Face à mes tentatives de lui échapper à répétition, il se remet à parler.

- D'accord, mais pas avant que tu ne m'aies fais savoir ce que tu entendais par là.

Il continue de me garder avec fermeté entre ses bras. Étant dans l'incapacité de me dégager de sa poigne, je finis par accepter de lui dire ce que j'avais en tête.

- Quelle est pour toi l'utilité de remporter ce jeu si ce n'est pas de changer la nature de ta relation avec moi par la suite ?

Les yeux rivés sur son cou, je lui fais part de mes interrogations. Je refuse de les lever vers lui, de peur que les mots qu'il s'apprête à me dire soient si durs que la peine que j'aurais se remarque sur mon visage.

- Je... hésite-t-il, surpris par ma demande. Il me semble te l'avoir déjà dit, le but était de trouver des réponses à nos questions.

Confus, il desserre un peu son étreinte. Je profite de ce moment pour me reculer, déçue mais pas tant que ça par son intervention. Même s'il ne s'agit pas d'une déclaration, elle me permet de rebondir afin d'en arriver là où je voulais en venir.

- Justement, on les a eu. (Je ne fuis plus son regard tandis que je parle avec conviction.) On a tous les deux bien vu que ça nous faisait du mal de se partager avec les autres, de garder des secrets, de résister à la tentation ou encore de se voir en cachette.

Je lui énonce toutes les choses que nous ne serions pas contraints de faire si nous étions un couple, sans réussir à trouver le courage de prononcer ce mot.

- Tout ça est vrai, admet-il. Et ? (Il hausse les sourcils avec exagération, comme s'il en avait marre que je ne sois pas claire.) Je pense que ce serait plus facile si toi tu me disais ce dont tu as envie en finalité de ce jeu.

Il le sait déjà, je le vois à la façon qu'il a de me pousser à lui dire. Il tente de retarder le sourire qui menace de se positionner sur ses lèvres en constatant ma gêne, en vain. Excédée, je roule des yeux.

- Pourquoi est-ce que tu m'infliges cette torture ? le questionné-je. C'est à toi que je posais la question, à la base !

Désormais, il ne cache plus sa volonté de rire. Qu'est-ce qu'il m'énerve quand il parvient à retourner la situation à son avantage !

- Parce que, depuis la première fois où l'on s'est adressés la parole, te faire rougir est mon plus grand plaisir.

Il me parle d'une voix douce, presque sensuelle, qui a le don de me donner la chair de poule. Si on m'avait dit que la fameuse conversation à laquelle il fait allusion aurait engendré tout ça, je ne l'aurais jamais cru. Tant de chemin parcouru en pourtant si peu de temps...

Comme s'il voulait me soulager en dissimulant le sang ayant afflué dans mes joues, il y dépose les paumes de ses mains. Pendant qu'il me tient le visage entre ses doigts, je plonge mon regard dans le sien. Je vois de l'impatience dans la manière dont il m'observe, mais aussi une certaine lueur d'espoir.

- Vas-y, Éla. Dis-moi ce que tu veux.

Il a posé son front contre le mien au moment de prononcer ces demandes qui sonnent comme des supplications. Son souffle s'abat sur mon menton tandis que ses pouces me caressent délicatement les pommettes. Les yeux fixés sur ses lèvres humides à cause de la bière, je sens que la raison est en train de me quitter. Tout à coup pleine d'audace à cause de mes hormones en ébullition, je place une main dans ses cheveux afin d'en attraper une poignée et de l'obliger à redresser la tête.

- Ce que je veux, c'est pouvoir t'embrasser à chaque fois que l'envie m'en prend, comme maintenant, qu'importe où nous sommes et qui est susceptible de nous voir.

Sans attendre une seconde de plus, je ferme les yeux et me hisse sur la pointe des pieds pour joindre mes lèvres aux siennes. Avec vivacité, je fais ce que j'attends depuis une semaine, c'est-à-dire réitérer le moment qui m'a transcendée. Heureusement l'effet de surprise n'est pour lui que de courte durée puisqu'il s'empresse de répondre à mon baiser, ne me laissant pas le temps de paniquer. Ses paumes encadrant toujours mon visage, il ne perd pas de temps avant de l'approfondir, enroulant sa langue à la mienne. À cet instant, j'ai l'impression que mon coeur explose dans ma poitrine. Tous les doutes, toutes les peines et toute la colère que j'ai pu ressentir au cours de ces derniers jours disparaissent de mon esprit au fur et à mesure que notre fougue gagne en intensité.

Sans même que je ne le fasse exprès, mon assaut soudain l'a forcé à reculer de quelques pas, au point qu'il se cogne dans le pied de son lit et se retrouve assis dessus dans la foulée, ce qui signifie aussi éloigné de moi. Cela nous fait à tous les deux esquisser un rire et, afin que nos bouches se retrouvent de nouveau, il passe ses mains derrière mes cuisses pour m'intimer l'ordre de me positionner à califourchon sur lui. Je ne sais pas si je me serais laissée aussi facilement faire si je portais une robe et non un pantalon mais, quoi qu'il en soit, je ne me fais pas prier pour retrouver notre proximité.

Nous recommençons à nous embrasser avec toujours autant de passion que tout à l'heure, puis nos doigts se mettent à explorer nos corps de façon plus entreprenante. Tandis que les miens parcourent sa nuque et son épaule, les siens se positionnent sur ma hanche et sur ma fesse. Sa langue ne cessant de danser avec la mienne, je suis de nouveau emportée par toutes les sensations que j'étais pourtant sure de n'avoir plus jamais l'occasion de ressentir. Mais, quand je sens que l'une de ses mains est en train de remonter jusqu'aux bonnets de mon soutien-gorge pour me toucher avec plus de vigueur, je choisis de mettre un terme à la fureur du moment.

- Arrête, fais-je avec difficulté contre ses lèvres. Tu devras te contenter de ça pour ce soir.

Je mets une paume à plat sur son torse pour le repousser et, non sans avoir essayé de me faire changer d'avis à l'aide de plusieurs baisers me procurant des frissons le long de ma mâchoire, il finit par se laisser retomber sur le matelas en soupirant.

- J'ai compris, annonce-t-il en me regardant planer au dessus de lui. Il va falloir que je sois patient.

Je ne peux m'empêcher de sourire en le voyant, allongé en dessous de moi, avec une expression à la fois déçue parce que je ne le laisse pas aller plus loin mais aussi satisfaite après le moment plein de frénésie que nous venons de partager.

- Donc si je résume, continue-t-il, n'être que mon amie ne te suffit plus ?

Il prend l'initiative d'en revenir au sujet de conversation que nous avions tout à l'heure, avant que je ne perde la raison. La façon dont Simon me pose sa question est suffisante, comme s'il insinuait que son charme est irrésistible.

- En quelque sorte, oui. (Je lui réponds avec franchise, avant de lui poser une contrainte.) Mais, tant que Pénélope n'a pas été remise à sa place, on ne peut être que ça.

Dans les toilettes du gymnase, il m'a dit ne pas être du genre à partager, et bien je ne le suis pas non plus. Amusé par ma jalousie, il hausse les sourcils.

- En plus, tu me veux que pour toi. (Il regarde le plafond, comme s'il réfléchissait à ce que je souhaite.) Ça peut se faire, mais il est nécessaire que toi aussi, tu fasses tes preuves.

Le soulagement que j'ai de l'entendre dire qu'il est prêt à lâcher Pénélope est aussi vite remplacé par l'incompréhension. Je fronce les sourcils, étonnée qu'il ait également des conditions.

- Qu'est-ce que je vais devoir faire ?

Le dernier mot a tout juste passé la barrière de mes lèvres que le brun attrape ma taille. Je n'ai pas le temps d'anticiper ses intentions qu'il m'a déjà faite basculer, se plaçant ainsi au dessus de moi, ce qui me tire un cri de surprise.

- Pénélope n'est pas la seule qui a besoin d'être remise à sa place. (Il est si près de moi que son nez et le mien se frôlent.) Ce que tu me demandes de faire avec elle, fais-le avec Elliot.

Bien qu'il ait placé ses bras autour de ma tête pour ne pas m'écraser, je sens tout de même le poids de son corps peser sur le mien. Dans cette position, je pourrais me soumettre à toutes ses exigences, sauf que celle-là n'est pas justifiée.

- Moi, je n'ai pas couché avec lui. (Je me défends parce que ça n'a rien à voir.) Et de toute façon, il ne veut plus m'adresser la parole depuis que tu l'as menacé à cause de moi.

Face à ma réaction, qui n'est pas celle qu'il attendait, le regard qu'il porte sur moi se durcît. Je lui montre qu'il n'a pas de raison d'avoir des inquiétudes par rapport à Elliot, et pourtant ça ne lui est pas suffisant.

- J'ai accepté de remplir ma part du contrat, à toi d'en faire de même. (Il baisse le ton pour me dire la suite.) À prendre ou à laisser.

Je réalise qu'il en train de me faire du chantage mais je n'ai pas le droit de l'en blâmer. Après tout, moi aussi je lui ai posé une condition. Et comme il le dit, nous devons tous les deux y mettre du nôtre.

- D'accord, finis-je par lâcher. Si tu y tiens, je mettrais les choses à plat avec lui.

Il n'a pas été convaincu par mes paroles étant donné que ce qu'il veut, ce sont des actes qui les suivent. Simon est prêt à mettre un terme à sa relation avec Pénélope afin de me prouver qu'il est sincère, alors je lui dois de prévenir Elliot quant au fait qu'il n'y aura jamais rien de plus entre nous.

- Parfait, dit-il avant de me caresser le visage pour enlever mes cheveux. Une fois qu'ils auront été mis à l'écart, tu auras ce que tu veux.

Émue, je me retiens de le prendre dans mes bras pour le serrer contre moi, plus qu'il ne l'est déjà. Les battements de mon coeur ont pris un rythme effréné dans ma poitrine car, mes yeux abandonnés dans la noirceur des siens, je me rends compte des mots qu'il vient de prononcer.

- Je... bégayé-je. Tu es certain que tu en as envie, toi aussi ?

Sous le choc, il m'est difficile d'émettre un son. Je suis au courant que Simon ne s'est jamais mis en couple de sa vie, donc je veux être sûre qu'il est prêt. Avec toutes les galères qui risquent de se produire à cause du regard des élèves du lycée, de la haine des filles qui ont le béguin pour lui, des craintes de mon père et des jugements de la bande, il n'est pas envisageable que l'un de nous ait ne serait-ce qu'un doute.

- Plus que tu ne le crois.

*****

Je sais que l'attente a été plus longue que d'habitude mais je me fais pardonner avec la tournure du chapitre 💑

Éléanore et Simon sont désormais tout prêt du but, mais vont-ils pour autant y parvenir ? Donnez-moi vos prédictions dans les commentaires !

Charleen,
XO
💋

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