Chapitre 20 • Émeute

Je sors de la salle de sport avec ma classe, après une séance de handball. Je suis nulle à un tel point que l'on ne me passe pas la balle en deux heures, mais je ne m'en plains pas. Charlie est à mes côtés, elle est en train de me dire quels sont les numéros des exercices que nous avons à faire pour le cours de littérature qui est demain. Je range mon agenda une fois qu'ils sont inscrits et on repart en direction du lycée.

- Tu ne sais pas à quel point j'ai hâte d'être sous la douche ! s'exclame la rousse à mon attention.

On ne s'est pas démenées, et on est tout de même épuisées. Je n'imagine pas quel est l'état des élèves de mon école qui ont réussi à mettre la balle dans les cages, dans ce cas.

- Si, lui assuré-je, vu que moi aussi.

Je me réjouis de ne pas être en cours pour le reste de la journée. J'ai de la chance que les séances de sport aient lieu tous les mercredis, étant donné que je finis à midi et que je n'ai pas à prévoir un sac à part qui sert à se changer. Andréa a pris l'habitude de se trimballer avec sa maison le jour où elle a du sport. La trousse à maquillage, les vêtements qui sentent le propre, les chaussures de ville, le déodorant qui finit par servir à tout le monde, et j'en passe. En pensant à ce genre de choses, je me pose des questions sur le fait qu'on a été proche l'une de l'autre.

- Tu es sûre que ça va ? (Charlie me sort de mes pensées, alors je secoue la tête.) Tu as une drôle de tête.

- Oui, lui souris-je. Tu n'as pas à t'en faire.

Elle fait une grimace, me signifiant qu'elle n'en est pas certaine. Néanmoins, elle ne se lance pas dans un interrogatoire qui n'a pas de fin et je lui en suis reconnaissante. Je change le sujet de conversation et on se parle de ce que l'on a prévu de faire de nos après-midis respectives lorsqu'elle interrompt une de mes phrases.

- Qu'est-ce qu'ils font, tous ?

Elle me persuade, en faisant un signe de la tête, de lorgner à ma gauche. Je le fais, afin de connaître la raison de ce qui attire son regard. Il y a un groupe de personnes, que je reconnais en tant que des étudiants de La Sidoine, qui est disposé en cercle et qui tourne le dos à ma direction.

- Je ne sais pas, lui affirmé-je en haussant les épaules. On s'approche ?

Alors que je me rends compte que la moitié de ma classe est déjà en train de se ruer pour être au courant de ce qu'il se passe, elle acquiesce. J'avance, mon amie sur les talons, et des cris se bousculent à mes oreilles.

"Battez vous !", "Tu n'as qu'à lui péter la gueule !", ou encore "Là, ça ne m'aurait pas plu !" qui est la phrase que semblent répéter les fauteurs de troubles à chaque occasion qui se présente. En tout cas, il est certain que l'ambiance est à son comble, mais la raison ne m'est pas connue.

Je me tourne pour voir Charlie qui est bousculée de tous les côtés. Je réussis à lui dire que j'ai envie de m'enfouir dans la foule, et elle me donne son accord. Elle me signale qu'elle reste là tandis que je compatis en hochant la tête.

Je me fais un passage à travers les personnes serrées les unes aux autres qui sont en proie à l'hystérie. À cet instant là, un garçon que je ne connais pas se permet de me broyer le pied. J'ouvre la bouche pour lui sortir des insultes de toutes les sortes qui fusent à mon cerveau, jusqu'à ce que des mots qui me donnent les frissons soient prononcés.

- On est de ton côté, Izzie ! se met à crier une fille. Défonce la !

Dès le moment où est crié le prénom en question, je n'ai pas le temps de réfléchir à ce que je fais. Je me précipite en fonçant dans le tas, et il s'avère que j'ai de la chance étant donné que je me place à l'avant en moins de quelques secondes.

Oh mon Dieu. Izzie se trouve ici, elle est présente au milieu du cercle qui s'est formé. Je me rends compte de la gravité de ce qu'il se passe en voyant qu'elle est déchaînée. Le teint de cette dernière est rouge de colère.

- Putain mais laisse-moi à la fin ! se met à crier son ennemi.

Les mains de Izzie tirent sur les cheveux de la fille avec qui elle est en train de se battre. Ils sont teints en noir, et les traits de maquillage qui sont dessinés au niveau de ses yeux ont une épaisseur qui lui donne une image que je qualifie de vulgaire. Elle est grande, ce qui serait un avantage si elle n'était pas maigre. À l'aide de ses ongles, elle se venge en griffant les bras de celle que je soutiens de toutes mes forces.

- Non, il fallait que tu penses à ça avant de parler sur les gens à qui je tiens. Tu le mérites, continue-t-elle, vu que tu es une pute.

Aussitôt, elle lui met un coup de poing en pleine gueule, il n'y a pas d'autres mots. Sous le choc, je me couvre la bouche avec les paumes de mes mains tremblantes, ce qui étouffe le cri qui en sort. Je panique étant donné que ma partenaire en ce qui concerne les rigolades ne tient pas sur ses jambes, et que le sang se met a couler de son nez.

- Tu vas me le payer, ça !

Izzie a de la force. J'en ai conscience, alors ce n'est pas grave si elle n'est pas au mieux de ses capacités. Ainsi, elle avance en crachant de la salive qui est relié à un peu de sang, et la phrase qu'elle a déclaré se transforme en menace. Je me tais, en attente de la réaction de mon amie, et elle se jette sur la fille qui a utilisé les poings au début. Elle se met à la rouer de coups, mais ça ne se fait pas car elle est déjà à terre.

- Je t'en supplie ! hurlé-je. Arrête, et tout de suite !

Les cris des élèves qui sont à mes côtés me percent les oreilles, donc il est certain qu'elle ne m'entend pas au milieu de tout ce bruit. Et c'en est trop pour moi. Je m'en vais, parce que je ne sais pas de quelle manière est-ce que je suis censée réagir à cela. Je ne tolère pas la violence, quelle qu'elle soit, et ici elle concerne la personne qui m'est chère.

Simon. Il faut que je trouve Simon, et vite. Je me mets à courir en direction du parking, espérant le trouver là bas. Par chance, je l'aperçois dès que j'atteins les allées de voiture. Il est adossé au capot de son pick up et il a le téléphone posé sur l'oreille. Je me précipite vers lui et il relève la tête en entendant les pas lourds de ma course.

- Parfait, ça tombe à pique ! Tu sais ce qu'est en train de faire Izzie ? Je n'arrête pas de faire son numéro mais elle ne me répond pas. (Il s'arrête en notant ma respiration saccadée et mes cheveux en bataille.) Éla, est-ce que ça va ?

- Oui, ce n'est pas moi qui... Tu n'as pas à t'en faire, je n'ai pas...

Je bredouille pour tenter de lui expliquer, toute essoufflée. Mon discours ne le rassure pas, au contraire. Son regard se fait plus inquisiteur. Il met une main sur mon épaule en plongeant ses yeux dans les miens.

- Je sais que ça ne va pas, vu que tu as les larmes aux yeux, me déclare-t-il en regardant les traits de mon visage. Bordel, mais qu'est-ce qu'il t'est arrivé pour que tu te mettes dans cet état ?

La première partie de sa phrase est douce, mais la deuxième est beaucoup plus dur. Je ne m'étais pas rendu compte que je pleurais, mais il faut croire que de telles scènes me sont insupportables. Je m'essuie les yeux d'un revers de la main.

- Écoute, je te... lui bredouillé-je. Izzie est en train de... Il y a eu une altercation, et...

- Attends, que m'as-tu dit ? (Il réfléchit, et les dents de Simon sont serrées entre elles.) Je crois qu'elle est pire que moi !

- Il faut que tu... (Je pointe le lieu d'où est-ce que je suis venue.) Vas-y !

Il ne cherche pas à en savoir davantage et il se met à courir. Sauf que, au passage, il attrape ma main, me forçant à le suivre dans sa course.

- Qu'est-ce que tu...

Je suis trop chamboulée pour former une phrase cohérente alors je tente tant bien que mal de suivre son rythme. Il me tire plus que je ne le suis, mais du coup nous arrivons rapidement au rassemblement qui s'est formé autour de la dispute, et il comprend immédiatement qu'elle est de grande envergure.

Il ralentit et me lâche la main, alors une sensation de vide s'empare de moi. Tout à coup, il s'arrête, me jette un coup d'œil pour savoir si je suis toujours derrière lui, et une fois que c'est fait, il m'adresse un regard rassurant. Ensuite, il se racle la gorge et commence à parler d'une voix forte, de façon à être entendu par tous malgré le brouhaha.

- Qu'est-ce qu'il se passe, ici ?!

Le monde semble s'être arrêté de tourné, et ça en moins d'un centième de seconde, avec une seule phrase prononcée par lui. Tous les visages se tournent vers nous, sans exceptions, même ceux des deux filles à l'origine de l'agitation. Ils sont tous livides.

- Merde, Izzie ! Qu'est-ce que tu fous ?

Elle ne répond pas à sa question, elle regarde ses chaussures. Comment est-ce possible qu'une seule personne ait autant de pouvoir sur les autres ?

- Excuse-moi, je ne... lui dit Izzie, mais elle ne continue pas.

Elle se passe une main sur le front pour en ôter la transpiration, puis elle remet son haut de l'autre. Il fait un pas en avant et, instantanément, une allée est créée pour qu'il voit celle qui vient de s'adresser à lui. Je ne le suis pas, je regarde seulement la scène qui se déroule devant mes yeux, incapable de faire autre chose que d'admirer le charisme de cet homme dont la main était autour de la mienne il y a moins de deux minutes.

- Putain, tu n'assures pas, critique-t-il en regardant son allure.

Il lui soulève le menton avec son index pour regarder l'état pitoyable de son nez.

- Ce n'est pas de ma faute si...

- Ferme là, ordonne-t-il à sa meilleure amie avant de se tourner vers la brune, décorée d'un œil au beur noir. Tu n'en as pas marre de foutre la merde partout où tu vas, Léa ?

Elle se recoiffe rapidement avant de le regarder de la tête aux pieds d'un air dédaigneux.

- Arrête de te prendre pour ce que tu n'est pas. Tu ne peux pas me faire de mal et tu le sais mieux que personne. (Elle pose les mains sur ses hanches et parle d'un air confiant en poursuivant.) D'ailleurs, je compte le tenir au courant de ce qu'il vient de se passer, et tu sais que ça peut aller loin.

Ok, je suis perdue. De qui est-ce qu'elle parle en disant "il" ? Et pourquoi Simon ne la détruit pas sur place ? Au lieu de ça, il se contracte et rit jaune.

- Ouais, je vais te laisser penser que tu as raison, répond-il d'un ton plein de sarcasme. Allez, casse toi avant je ne m'occupe personnellement de toi.

Léa ne cherche pas à comprendre et en voyant qu'il insiste sur les derniers mots, elle rassemble aussitôt ses affaires. Mais avant de s'en aller, elle adresse à Simon un regard on ne peut plus aguicheur, et lance une phrase remplie de sous entendus.

- Il me semble que c'est déjà fait, susurre-t-elle à son égard. Et n'oublie pas de surveiller tes arrières, mec. Ça me ferait de la peine s'il abimait ta gueule d'ange.

*****

Je dédie ce texte à mes anciens lecteurs qui ont contribués aux 50k de vues et aux 5k de votes de "Le Phénix", et aux nouveaux aussi qui sont de plus en plus. Merci, de tout mon coeur ❤️

Aussi, je suis sûre que vous pensiez qu'il s'agissait de Simon dans la bagarre 😋

Qui est le garçon qui est cité à la fin de la conversation ? Les problèmes qui attendent la bande dans la suite sont de taille, alors préparez-vous !

Charleen,
XO
💋

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