Chapitre 2 • Perdre ses moyens

- T'as vraiment une tête à faire peur ! me lance Andréa, comme si elle ne l'avait pas déjà fait à maintes reprises.

La matinée de notre deuxième jour de cours est achevée depuis plus d'une vingtaine de minutes. Cependant, nous sommes toujours en train de faire la queue pour aller déjeuner.

- Vas-y, répète-le encore. Tu ne me l'as pas suffisamment dit.

Je réplique d'un ton à la fois sec et ironique. Je ne veux pas que nous nous engueulions pour une raison aussi futile que celle-ci, juste qu'elle comprenne que ce n'est pas parce que j'encaisse ses remarques qu'elles ne m'excèdent pas pour autant.

- Qu'est-ce que tu peux être susceptible, souffle-t-elle. J'ai seulement dit que tu semblais être fatiguée, rien de plus.

En signe d'innocence, ma meilleure amie lève ses deux mains devant elle.

- J'en ai l'air parce que je le suis. J'ai révisé pendant une grande partie de la nuit pour mon évaluation d'histoire, allant même jusqu'à m'endormir avec mon manuel sur le ventre.

- Moi qui pensais que la cause de ta fatigue était une folle nuit d'amour, je suis déçue.

Je roule des yeux à l'entente de sa moquerie, avant de rire devant sa pitoyable interprétation de la déception.

- Bonne élève un jour, bonne élève toujours ! plaisanté-je.

Nous atteignons enfin la pile de plateaux. J'en prends un, que je fais ensuite coulisser devant les plats qui nous sont proposés ce midi. J'inspecte les différentes entrées lorsque la brune attire de nouveau mon attention.

- Pssst, m'interpelle-t-elle.

Je m'oriente dans sa direction après avoir sélectionné un friand au fromage. Curieusement, elle arbore un sourire qui dévoile la quasi-totalité de sa dentition.

- Tu n'as rien de coincé entre les dents, si c'est ce que tu veux savoir.

À mon tour, je la taquine. Andréa me flanque une légère claque sur le bras en contre-partie, puis se rapproche de moi pour me chuchoter quelques mots à l'oreille.

- À défaut d'être drôle, tu remplis ton plateau aux côtés du mec le plus convoité de La Sidoine.

En fronçant les sourcils, je me tourne vers l'individu situé à ma gauche. Ce dernier n'est autre que le seul élève de ce lycée capable de ruiner une réputation en un claquement de doigts ; Simon.

Anticipant les actions diaboliques de ma meilleure amie, je la supplie de rester discrète. Elle acquiesce d'un hochement de tête, compatissante.

Au moment où je me penche pour atteindre une pomme sans imperfections, mon portable vibre dans l'une des poches de mon pantalon. Je le sors, le déverrouille, et constate que j'ai un message non lu en provenance de Charlie.

J'ai oublié de te dire que j'avais rendez-vous avec mon orthodontiste à 15h. Je ne viendrai donc pas en cours cet après-midi. Bisous Éla 😘

Je termine de taper une réponse à son texto quand je reçois un coup de coude et que mon téléphone m'échappe. Il s'écrase au sol sans que je ne parvienne à le rattraper au vol.

- Bon sang ! m'énervé-je. Tu ne pou...

Je m'apprête à injurier la personne qui a provoqué sa chute, mais je me ravise. Simon est en train de se baisser pour le ramasser.

- Merde, grogne-t-il.

Incapable de faire le moindre mouvement, je ne récupère pas mon cellulaire lorsqu'il se redresse et qu'il me le tend. Je me contente de fixer la main dans laquelle il le tient.

- C'est à toi, non ?

L'agacement que je distingue au ton qu'il emploie m'incite à lever les yeux. Dès qu'ils se bloquent dans les siens, noirs et hypnotisants, mes joues s'enflamment.

Ses cheveux bruns sont ébouriffés, les manches de son pull moulent les muscles de ses bras, et son expression mécontente accentue la forme carré de sa mâchoire.

- Tu préfères peut-être que je le garde ? insiste-t-il.

Je me rends soudainement compte de la bizarrerie de mon comportement. Je m'empare de mon portable d'un geste brusque, avant de le ranger maladroitement dans ma poche.

- Euh... merci, bafouillé-je.

Un sourire niché au coin des lèvres, Simon saisit son plateau. Alors qu'il s'éloigne, allant rejoindre ses amis, sa voix résonne à nouveau.

- Au plaisir de te refaire rougir !

En entendant cette plaisanterie, quelques étudiants se retournent. Je me fige, oppressée par les multiples regards braqués sur moi.

Andréa m'extirpe de mon immobilité en me secouant l'épaule. Elle me guide jusqu'à une table inoccupée où nous nous installons. Je ne me suis pas encore débarrassée de ma veste qu'elle me transperce déjà un tympan.

- Simon Menzer vient de t'adresser la parole ! s'écrie-t-elle. Nom de Dieu, tu arrives à le croire ?

Ma meilleure amie reprend son monologue sans attendre une quelconque réponse de ma part.

- C'est décidé, je ferai tomber quelque chose à chaque fois que je passerai près de quelqu'un de sa bande.

Son plan parvient à me faire esquisser un rire. Bien qu'il soit ridicule, il est apparemment le seul qui fonctionne.

Devoir prendre le risque d'abîmer un objet qui nous appartient pour que certaines personnes sachent que l'on existe m'indigne. Temporairement qui plus est, puisque je suis prête à parier que Simon ne me reconnaîtra pas quand il me reverra.

- J'espère que tu réalises à quel point tu es chanceuse, me dit la brune.

Je repose les couverts avec lesquels je coupe mon friand, outrée par la phrase qu'elle vient de prononcer. Je me sens obligée d'utiliser le sarcasme pour répondre à une telle absurdité.

- D'avoir été humiliée en public ? Bien-sûr, quelle chance !

- Arrête de te plaindre, me réprimande-t-elle. Il t'a remarqué au moins, c'est déjà ça.

*****

Tout d'abord, je tiens à vous remercier pour vos retours positifs sur la partie précédente.

Dépasser les 500 vues et les 100 votes en moins d'une semaine, c'est énorme 😱

En ce qui concerne le deuxième chapitre, malgré le fait qu'il soit court, j'espère que vous l'avez apprécié.

Partagez-vous l'avis d'Andréa ou celui d'Éléanore ?

À bientôt pour le chapitre numéro 3, dans lequel l'un des personnages que je préfère débarque !

Charleen,
XO
💋

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